L’été 22, c’est l’été des catastrophes

dimanche 21 août 2022.
 

L’été, c’est la saison des vacances, à domicile ou jusqu’au bout du monde, selon ses moyens. On y « reconstitue sa force de travail », c’est-à-dire, en startupnachione, on « lâche prise » (il paraît qu’il y a des « coaches » pour ça, on manque de médecins mais pas de coaches dans le monde macronien). On se vide la tête ou on se la remplit. On se repose ou on s’hyperactive. L’été, c’est la saison du couple chaleur-torpeur, particulièrement actif cette année, une aubaine pour le groupe Pernod-Ricard à peine égratignée par les restriction d’eau, et auquel, selon les augures gouvernementaux, il va falloir s’habituer, « vivre avec ».

L’été 22, c’est aussi l’été des catastrophes. Un pic de covid de plus en juillet, pas trop violent ; en langage de tour de France, on parlerait de col de troisième catégorie. Toujours porteurs de bonnes nouvelles, la cohorte de nos épidémiologistes-médiatiques, toujours optimistes, nous annoncent un nouveau pic en automne. Il faut les comprendre, ils ont hâte de retrouver les plateaux télé. On manque de médecins, mais pas d’épidémiologistes médiatiques. Signalons aussi l’arrivée de la variole du singe, plus circonscrite mais cependant inquiétante. Tout cela met une fois de plus en lumière le délabrement de notre service public de santé, qui se poursuit et nous éclate à la figure. Quarante ans d’incurie, qui a continué de s’aggraver avec Macron. Le « diagnostic flash » du nouveau ministre François Braun confirme la situation, mais ne propose que cautères sur jambe de bois. Aucune remise en cause des erreurs, pourtant largement et longuement documentées, qui ont abouti à la situation présente.

Autre catastrophe estivale majeure : les conséquences de la canicule, qui a connu elle aussi ses « pics ». Si les conséquences sanitaires ont été mieux maîtrisées qu’en 2003 (où 15 000 personnes, en grande majorité âgées avaient péri) grâce aux mesures de prévention des municipalités et de la majorité des Ehpad, les conséquences sur l’environnement et l’agriculture ont été dramatiques. Ce qui a dévoilé, encore une fois, les carences de l’action publique : incohérences dans la gestion de l’eau, insuffisance des moyens techniques, notamment aériens mis à disposition des pompiers, insuffisances criantes des moyens de prévention (les crédits affectés à l’Office national des forêts ont été riquiquisés, merci Bercy !, et on croit entendre, au fond de la forêt transformée en bûcher le fantôme de Le Maire éructant poliment « La dette ! Pensez à la dette !). Les conséquences désastreuses du changement climatique sont de plus en plus visibles, ce qui n’est pas le cas des initiatives gouvernementales pour les combattre.

Encore un gros souci qui pourrait devenir une grosse cata, le couple pénuries-inflation. Les pénuries qui sont les plus visibles aujourd’hui par la population, en France et ailleurs, concernent le secteur agroalimentaire. Elles sont alimentées, si on peut dire, par la sécheresse, phénomène saisonnier bien connu mais qui, réchauffement climatique aidant, devient de plus en plus aigu et conduira à terme à un réaménagement majeur des cultures et des élevages qui risque de se faire dans la douleur, et plus ponctuellement par le conflit russo-ukrainien, dont la fin n’est pas pour demain, mais, espérons-le, moins éloignée que celle des sécheresses récurrentes. A ce sujet, beaucoup de nos compatriotes privés de moutarde apprendront, avec une stupeur qui n’a d’égale que celle d’un enfant apprenant que le père noël n’existe pas, que « notre » moutarde de Dijon, fierté nationale, provient à 90% de graine venues d’Ukraine et du Canada, victime d’une sécheresse sévère, et que les deux principales marques appartiennnent à une multinationale anglo-hollandaise. A cela s’ajoute évidemment la spéculation sur la rareté, une parfois organisée, au niveau local comme international, pour faire monter les prix, qui touchent toutes les matières premières, agricoles ou industrielles. Et là, chacun prend sa part au passage, depuis certains états, des entreprises multinationales jusqu’au détaillant du coin de la rue. Le fameux « ruissellement » touche toute la chaîne et s’arrête au consommateur, vous, moi, qui paye l’addition. Racket ? Oui. Criminel ? Ah, tout de suite les grands mots, cher ami : que faites-vous du « secret des affaires », beaucoup mieux protégé par la loi que votre vie privée, et particulièrement prisé par notre gouvernement. Dernière preuve en date : le refus de légiférer sur la taxation des « surprofits » dûment encaissés par les entreprises du CAC 40 lors de la crise du covid, et qui prospèrent dans la poussée inflationniste par les députés macronistes, soutenus par les autres partis de droite. La poudre aux yeux de la loi sur le pouvoir d’achat ne doit échapper à personne : l’inflation annuelle est à ce jour légèrement supérieure à 6%, et ça va encore monter ces prochains mois, tout le monde en convient. La loi prévoit 4% de hausse pour les retraités, 3,5% pour les attributaires de minima sociaux, une « prime Macron » (thank you, your majesty) hypothétique puisque soumise au bon vouloir du patronat. Pouvoir d’achat ? Tout le monde y perd, sauf les rentiers du capital. Le « vil peuple » de Sa Majesté va encaisser l’aumône, toujours ça mieux que rien, mais la trouvera de plus en plus mauvaise à chaque fin de mois (et même avant pour beaucoup).

Allons, gardons le sourire pour profiter de la clémence des températures estivales, car ça risque de coûter bonbon de se chauffer dès les premiers frimas. Prévoyez d’acheter des pulls pour contribuer à l’effort national d’économie d’énergie. Et puis ça nous donnera l’occasion de rigoler un bon coup en voyant à la télé madame Borne en parka et monsieur Macron en doudoune, tous deux avec des moufles, prêcher depuis leurs bureaux à Matignon et à l’Elysée la sobriété énergétique


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