Iran : la police tue pour une mèche de cheveux dépassant du foulard islamique

jeudi 29 septembre 2022.
 

Mahsa Amini, 22 ans, iranienne, originaire de la ville de Saqqez au Kurdistan iranien, est morte des suites d’un traumatisme crânien, vendredi 16 septembre à Téhéran, deux jours après son interpellation par les forces de l’ordre à cause d’une mèche de cheveux qui dépassait de son foulard. L’onde de choc secoue l’Iran.

Il fait 32° à Saqqez. Le soleil se couche à 19h28. Le cimetière est déjà noir de monde et le restera toute la nuit, pour empêcher que le corps inanimé de Mahsa Amini ne soit enterré de nuit par les autorités iraniennes qui veulent à tout prix empêcher les cérémonies de commémoration. Mais la foule tiendra bon. Des manifestations ont éclaté à Saqqez depuis vendredi, ville dont Mahsa Amini était originaire. A Sanandaj, autre ville kurde, même constat. Mais aussi à Téhéran. Et les forces de l’ordre tirent à bout portant sur la foule. On ignore le nombre de blessés. Tout comme on ignore l’enchaînement exact des évènements qui séparent le moment de l’interpellation de Mahsa dans une rue de Téhéran, et le moment où son corps inanimé a été admis à l’hôpital. La mort cérébrale avait déjà eu lieu, a-t-on déclaré sur le compte Instagram de l’hôpital KASRA, son cœur a été réanimé, puis s’est de nouveau arrêté de battre vendredi. Ledit post a été retiré du compte Instagram une heure après.

Les seules images qui subsistent de Mahsa entre ces deux moments, proviennent des caméras de surveillance du « Centre de rétention et de guidance » où sont conduites les femmes arrêtées pour les motifs liés à leur « héjab », et montrent que Mahsa titubait dès son arrivée et que du sang coulait de ses oreilles. Alors que lorsqu’elle a été embarquée, elle était en parfaite santé. Elle était venue à Téhéran pour un court voyage, accompagnée de son frère. Comment éviter de penser que l’origine kurde de Mahsa Amini a augmenté le degré de violence des policiers contre elle, ce qui au final a abouti à sa mort...

Dans le même temps, les rumeurs de l’opération d’Ali Khamenei, et de sa mort imminente font rage sur le net et la question de sa succession reste sans réponse. Khamenei, la dernière personne encore en vie de la garde rapprochée de Khomeini, et l’un des architectes de la forme actuelle du régime iranien, un monstre incontrôlable qui dévore ses propres enfants.

Les iraniens pleurent la mort de Mahsa Amini que les organes de propagande du régime ont décidé d’attribuer à ses prétendus problèmes de santé depuis l’âge de cinq ans. Problèmes que nie en bloc sa famille. « Notre Mahsa », comme tout le monde l’appelle désormais, était une jeune fille Kurde de 22 ans, venue visiter la capitale avec son frère. Les images des manifestants se filmant les pieds, évitant de montrer leur visage sur les réseaux sociaux, par peur de représailles, inondent la toile.

On lit sur un mur à Téhéran : Qui faut-il appeler lorsque le meurtrier est un policier ?

Nous sommes loin des journées de lutte de l’été 2009. Mois où malgré la forte répression, l’espoir d’un changement politique en Iran portait la couleur de la vague verte. Vague de protestation que le monde a laissé échouer, matée dans le sang par le régime iranien.

« Zhan, Zhian, Azadi » hurlé les bras brandis, est l’un des slogans les plus entendus ces-jour-ci au Kurdistan, et résume en trois mots le dilemme de mon pays : Femmes, Vie, Liberté.


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