Royaume-Uni : de nouvelles envies de république au sein du Commonwealth

vendredi 23 septembre 2022.
 

C’est comme une note dissonante dans un choeur de louanges. Le décès d’Elizabeth II a déclenché dans certains pays du Commonwealth de nouveaux appels en faveur de la république, sans même attendre la fin de la période de deuil national, très observée au Royaume-Uni . Des signaux que le roi Charles III ne pourra ignorer, lui qui succède à sa mère en tant que chef du Commonwealth.

Le décès d’Elizabeth II a déclenché dans certains pays du Commonwealth de nouveaux appels en faveur de la république, sans même attendre la fin de la période de deuil national, très observée au Royaume-Uni. Le roi Charles a accordé l’une des premières audiences à la secrétaire de l’organisation, au lendemain de sa proclamation.

Au lendemain de sa proclamation , celui-ci a accordé l’une de ses premières audiences à la secrétaire générale de l’organisation basée à Londres, Patricia Scotland. Un ensemble de 56 pays, parmi lesquels 14 considèrent encore le roi ou la reine comme leur souverain.

Référendum à Antigua-et-Barbuda

Au même moment, l’île caribéenne d’Antigua-et-Barbuda annonçait vouloir tenir un référendum dans les trois ans pour devenir une république. « Ce n’est pas un acte d’hostilité ou le signe d’un différend entre Antigua-et-Barbuda et la monarchie, mais c’est l’étape finale pour achever le cycle de l’indépendance, et pour nous assurer que nous sommes réellement une nation souveraine », a déclaré son Premier ministre, Gaston Browne, sur la chaîne ITV.

D’autres Etats caribéens veulent suivre la même voie. Une démarche qui est parfois associée aux demandes de réparation liée à l’esclavage. Un ministre au Belize a déclaré que c’était maintenant le « bon moment pour passer à la prochaine étape vers notre indépendance », faisant suite à des appels similaires en Jamaïque. Ces états marcheraient ainsi dans les pas de la Barbade, devenue république en novembre 2021.

Pas de référendum en Australie

Cette tentation dépasse le simple cercle des Caraïbes. En Australie, le nouveau Premier ministre, Anthony Albanese, est un républicain avéré, même s’il a écarté la possibilité d’un référendum durant son mandat. « C’est le moment de rendre hommage à Elizabeth II », pas de « traiter des questions liées à notre Constitution », a-t-il déclaré. Le risque politique n’est pas négligeable en cas de vote défavorable : en 1999, l’Australie avait tenu un référendum en faveur de la république où le « non » l’avait emporté à 55 % contre 45 %.

Au sein du Commonwealth, Elizabeth II était perçue comme un ciment du fait du « soft power » qu’elle exerçait naturellement et de son intérêt pour cette organisation. Elle avait elle-même vécu cette transition de l’Empire au Commonwealth et sa visite en Australie, en 1954, est restée comme l’un des moments forts du début de son règne.

Position neutre du Royaume-Uni

Aussi a-t-elle souhaité que son fils Charles devienne automatiquement chef du Commonwealth à sa mort, une demande acceptée par les Etats de l’organisation lors de leur réunion de 2018. Bob Morris, expert de la monarchie au sein de University College London, estime que « Charles sera tout à fait en mesure d’adopter la même attitude et de nourrir la même relation ». L’an dernier, lorsque la Barbade est devenue une république, il a assisté aux cérémonies, voulant donner le signal que la couronne britannique était prête à accompagner ces changements.

« En réalité, la position du Royaume-Uni est neutre sur le sujet. Les pays du Commonwealth sont libres de devenir des républiques s’ils font ce choix », explique-t-il. Ceci en vertu du compromis de 1949 qui a permis à l’Inde de devenir une république tout en restant membre du Commonwealth.

Ainsi, rien n’empêche le Commonwealth de perdurer, même si ses membres décident de ne plus reconnaître le roi Charles III comme chef de l’Etat. C’est d’ailleurs déjà le cas aujourd’hui pour la grande majorité d’entre eux. Se posera alors la question de savoir si le prisme britannique est encore perçu comme légitime, dans cette libre association de pays amis et pour la quasi-totalité d’entre eux anglophones.

Ingrid Feuerstein (Correspondante à Londres)


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