19 novembre 2022 Journée de manifestation nationale contre les violences sexistes et sexuelles

mardi 22 novembre 2022.
 

C) Violences sexistes : manifestations dans plusieurs villes contre l’« impunité » des agresseurs

Près de 90 associations, syndicats et partis de gauche ont organisé des manifestations dans plusieurs villes de France pour dénoncer les dysfonctionnements de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

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Elles voulaient un déferlement dans les rues. A Paris, la manifestation pour dénoncer les dysfonctionnements de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles a rassemblé 80 000 personnes, selon les organisatrices. Seulement 18 500 selon la police.

A Rennes, la manifestation, aux cris de « pas d’violeurs dans nos quartiers, pas d’quartier pour les violeurs », a rassemblé 2 200 personnes, selon la préfecture qui a revu à la hausse son évaluation initiale de 700 personnes. A Metz (280 personnes selon la police), des manifestantes brandissaient des pancartes comme « dans 12 féminicides, c’est Noël » ou « Me croirez-vous quand je serai morte ? ». La préfecture de Lille a recensé 1 750 participants, celle de Marseille 500.

« Nous sommes fortes, nous sommes fières et féministes et radicales et en colère », scandaient des manifestantes, tandis que d’autres criaient « MeToo partout, justice nulle part ». Sur des pancartes, uniformément violettes, la couleur emblématique du rassemblement, on pouvait lire notamment « mâle dominant, pour qui tu te prends ? », « stop à la culture du viol » ou encore « croire les victimes sauve des vies ».

Cinq ans après l’émergence du mouvement #MeToo, près de 90 associations, syndicats ou partis de gauche appelaient à un « raz de marée dans la rue pour crier (leur) colère ». Face aux violences sexistes et sexuelles, qui « trouvent racine dans le patriarcat », « les institutions ne sont pas à la hauteur », dénoncent les organisatrices.

« L’impunité des agresseurs »

Dans les commissariats, les tribunaux ou au sein des partis politiques, « les derniers mois ont prouvé à quel point la parole des victimes de violences de genre était remise en cause », s’insurgent-elles. « Ce qui nous met en colère, c’est l’impunité des agresseurs et le mauvais traitement réservé aux victimes » lorsqu’elles déposent plainte, explique à l’AFP Maëlle Noir, membre de #NousToutes qui coordonne l’organisation des défilés.

« On ne cesse de nous répéter que la justice doit faire son travail, mais quel travail ? On ne peut pas reprocher à la victime de ne pas porter plainte si elle sait que ça ne mènera nulle part », s’insurge la militante. Les associations féministes se désolent des « classements sans suite et peines dérisoires » décidées par la justice et fustigent les « procès bâillon » intentés par « des hommes puissants, connus, accusés de viol », qui attaquent en diffamation leurs accusatrices pour les « réduire au silence ».

Pour lutter contre les violences, elles réclament un budget public de deux milliards d’euros par an, mais aussi une « loi-cadre » qui instaurerait notamment des « brigades et juridictions spécialisées », une aide financière pour la « mise en sûreté » des femmes victimes, 15 000 places d’hébergement supplémentaires dédiées ou encore le renforcement de l’éducation à la vie sexuelle et affective à l’école.

Interrogée sur ces revendications, la ministre chargée de l’égalité hommes/femmes, Isabelle Rome, a rappelé qu’elle était ouverte à la mise en place d’une police et d’une justice spécialisées. Une mission parlementaire planche sur le sujet et doit remettre ses conclusions au gouvernement dans quelques mois pour une « justice plus réactive et performante », a-t-elle souligné ce samedi au micro de RMC.

Déjà 100 féminicides depuis le début de l’année

À Paris, le cortège partira à 14 heures de la place de la République et rejoindra celle de la Nation. Des manifestations sont également prévues à Marseille, Nice, Toulouse, Lille, Strasbourg, Rennes, Nancy ou Dijon, notamment.

En 2021, la mobilisation - organisée en amont du 25 novembre, journée mondiale de lutte contre les violences à l’égard des femmes -, avait rassemblé 50 000 personnes à Paris selon les organisateurs, et 18 000 selon la préfecture de police.

Un an après, l’exaspération des organisations féministes est toujours aussi vive, alimentée par le nombre élevé de féminicides - déjà 100 depuis le début de l’année d’après un collectif associatif, contre 122 l’an dernier selon les chiffres officiels -, et par la frilosité du monde politique à écarter certains responsables accusés de violences envers les femmes.

Les faits dénoncés sont pourtant de plus en plus nombreux : entre 2017 et 2021, le nombre de viols ou tentatives de viols enregistrés par le ministère de l’Intérieur a doublé, passant de 16 900 à 34 300. Les victimes ont davantage tendance à dénoncer des faits anciens, explique le ministère, qui y voit aussi le signe de la « libération de la parole ». Une expression qui exaspère désormais les associations, car « les femmes ont toujours parlé, mais elles ne sont pas écoutées », pointe Maëlle Noir.

Dans le monde du travail aussi, la lutte contre les violences sexistes avance trop lentement, ont pointé les principaux syndicats français dans une lettre adressée jeudi à la Première ministre. Les politiques de prévention y sont encore insuffisantes, et lorsqu’un cas problématique est signalé, « au lieu de suspendre, puis de sanctionner le salarié mis en cause, on continue souvent de déplacer, discréditer, voire placardiser ou licencier la victime », déplorent les signataires.

B) 19 novembre 2022 Journée de manifestation nationale contre les violences sexistes et sexuelles

Depuis 2018, le collectif #NousToutes organise avec de nombreuses organisations féministes et syndicales, un samedi de manifestation nationale autour du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faîtes aux femmes. Cette année, la date retenue : ce samedi 19 novembre.

Pour appeler à la manifestation d’aujourd’hui contre les violences sexistes et sexuelles, le collectif #NousToutes publie un état des lieux préoccupants. « 225 000 femmes victimes de la violence de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année, un tiers des femmes victimes de harcèlement sexuel au travail, 80 % des femmes handicapées sont victimes de violences, 85 % des personnes trans ont déjà subi un acte transphobe, 69 % des femmes racisées sont victimes de propos discriminants au travail, les femmes grosses ont 4 fois plus de risque d’être discriminées au travail, 6,7 millions de français·es ont subi l’inceste ».

L’Insoumission sera dans le cortège du samedi 19 novembre 2022 pour recueillir des témoignages afin de faire résonner ce combat. Rendez-vous à 14 heures place de la République.

La date s’adapte au calendrier de chaque année, le mot d’ordre reste le même : STOP aux violences sexistes et sexuelles. Il faut dire que le combat est loin d’être gagné. Tant en terme de victimes que de réponse pénale.

Ainsi, l’appel à manifester rappelle les chiffres des victimes de violences sexistes et sexuelles :

« Quand 225 000 femmes sont victimes de la violence de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année, quand un tiers des femmes sont victimes de harcèlement sexuel au travail, quand 80 % des femmes handicapées sont victimes de violences, quand 85 % des personnes trans ont déjà subi un acte transphobe, quand 69 % des femmes racisées sont victimes de propos discriminants au travail, quand les femmes grosses ont 4 fois plus de risque d’être discriminées au travail, quand 6,7 millions de français·es ont subi l’inceste, quand des patient·es sont violé·es dans cabinets gynécologiques ou des maternités, nous n’avons pas le choix ! Nous appelons toute la société à nous rejoindre.

Nous manifesterons pour porter la voix de celles qui ne peuvent plus parler, la voix des 700 femmes assassinées sous la présidence d’Emmanuel Macron. »

Le texte commun rappelle également les lacunes en matière de réponse policière et judiciaire :

« Les chiffres sont sans appel : 80 % des plaintes pour violences au sein du couple sont classées sans suite ; 65 % des victimes de féminicides avaient saisi les forces de l’ordre ou la justice ; 2 victimes sur 3 font état d’une mauvaise prise en charge lorsqu’elles veulent porter plainte ; 90 % des plaintes pour harcèlement sexuel au travail sont classées sans suite ; seulement 0,6 % des viols sont condamnés ; 92 % des enfants qui parlent des violences sexuelles ne sont pas protégé·es. Nous manifesterons pour crier que NON, la justice et la police françaises ne font pas leur travail !« 

A) Pour que nos vies ne soient plus classées sans suite.

Texte d’appel Nous toutes à la manifestation du 19 novembre 2022

Le collectif #NousToutes et l’ensemble des associations féministes et organisations syndicales signataires de ce texte appellent tou·tes celles et ceux qui veulent en finir avec les violences sexistes et sexuelles à manifester le samedi 19 novembre 2022 à Paris et partout en France. La mobilisation continuera toute la semaine jusqu’au 25 novembre, date de la journée mondiale de lutte contre les violences à l’égard des femmes.

En 2022, les violences sexistes et sexuelles restent massives. Elles abîment et parfois brisent la vie de millions de femmes, de personnes LGBTQIA+, d’enfants, de familles. Face à cette réalité, une prise de conscience collective a eu lieu. Mais elle n’est pas suffisante. Alors qu’il est maintenant devenu évident que le président de la République et ses gouvernements sont en décalage avec les attentes de la société sur ces questions et ne mènent pas de politiques publiques adaptées à l’enjeu, nous appelons la société toute entière à se mobiliser, dans chaque ville, chaque école, chaque université, chaque établissement de santé, chaque entreprise, chaque parti politique, et sur les réseaux sociaux.

Les violences sexistes et sexuelles surviennent partout, et tout le temps. Elles trouvent racine dans le patriarcat et se situent aussi, souvent, au croisement d’autres discriminations racistes, classistes, validistes, psychophobes, LGBTQIA+phobes, sérophobes, grossophobes, âgistes, islamophobes, antisémites, xénophobes, etc.

Nous serons dans la rue le 19 novembre pour dénoncer des réalités insupportables, que tou·tes doivent connaître. Quand 225 000 femmes sont victimes de la violence de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année, quand un tiers des femmes sont victimes de harcèlement sexuel au travail, quand 80 % des femmes handicapées sont victimes de violences, quand 85 % des personnes trans ont déjà subi un acte transphobe, quand 69 % des femmes racisées sont victimes de propos discriminants au travail, quand les femmes grosses ont 4 fois plus de risque d’être discriminées au travail, quand 6,7 millions de français·es ont subi l’inceste, quand des patient·es sont violé·es dans cabinets gynécologiques ou des maternités, nous n’avons pas le choix ! Nous appelons toute la société à nous rejoindre.

Nous manifesterons pour porter la voix de celles qui ne peuvent plus parler, la voix des 700 femmes assassinées sous la présidence d’Emmanuel Macron, et de toutes celles qui l’ont été sous les gouvernements précédents. Nous manifesterons aussi pour crier notre colère face au fonctionnement défaillant des institutions, notamment de la justice et de la police.

Alors que les discours publics incitent les victimes à parler et dénoncer les violences sexuelles subies, des personnages politiques de premier rang prennent la parole pour défendre haut et fort les agresseurs, y compris lorsqu’ils ont été condamnés, envoyant un signal d’impunité à toute la société. Aujourd’hui des hommes puissants, connus, accusés de viol, instrumentalisent la justice pour attaquer leurs victimes à travers des procès-bâillon avec pour seul but de faire peur et de réduire les victimes au silence.

Lorsque les victimes portent plainte ou saisissent la justice pour faire valoir leurs droits, les institutions rejettent massivement leur parole. Aux violences dénoncées s’ajoute la violence institutionnelle. Absence d’enquêtes, blâme des victimes, discrédit de la parole des enfants, déqualification des viols, classements sans suite, peines dérisoires. Partout en France, tous les jours, des milliers de victimes de ces violences masculines entendent leur parole niée ou décrédibilisée, se voient humiliées et attaquées.

Lorsque nous, mouvements féministes, portons dans le débat public des violences que les institutions refusent de traiter, le Président de la République parle de tribunal médiatique et d’inquisition, et appelle à « laisser la justice faire son travail ».

Son travail ? Les chiffres sont sans appel : 80 % des plaintes pour violences au sein du couple sont classées sans suite ; 65 % des victimes de féminicides avaient saisi les forces de l’ordre ou la justice ; 2 victimes sur 3 font état d’une mauvaise prise en charge lorsqu’elles veulent porter plainte ; 90 % des plaintes pour harcèlement sexuel au travail sont classées sans suite ; seulement 0,6 % des viols sont condamnés ; 92 % des enfants qui parlent des violences sexuelles ne sont pas protégé·es.

Nous manifesterons pour crier que NON, la justice et la police françaises ne font pas leur travail ! Il est temps que l’ensemble de la société et les pouvoirs publics regardent en face cette situation, qui ne relève pas de dysfonctionnements ponctuels, mais d’un système qui reproduit les mécanismes de violences et de domination qu’il est censé combattre.

Nous serons dans la rue le 19 novembre pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles au travail et l’inaction des employeurs, qui silencient et discréditent la parole des victimes, minimisent les faits, refusent d’enquêter. Chaque jour en France plus de 20 viols ou tentatives de viols ont lieu sur le lieu de travail. Il est urgent de généraliser les plans de prévention au travail. Tout comme il est urgent de protéger les victimes de violences conjugales par de nouveaux droits au travail tels que l’interdiction de licenciement, les journées d’absence rémunérées, le droit prioritaire à la mobilité géographique ou fonctionnelle.

Le 19 novembre, créons ensemble un raz-de-marée dans la rue pour crier notre colère, et porter l’urgence de protéger les victimes et garantir à chacun·e son droit fondamental de vivre à l’abri des violences.


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