Le néo-libéralisme destructeur 1

vendredi 22 septembre 2023.
 

Le néo-libéralisme destructeur (ou la nouvelle révolution conservatrice, selon la formule de Guy Sorman) « Les gouvernements sont intéressés à faire en sorte que la société ne soit pas éclairée car s’ils éclairaient la société qu’ils gouvernent, il ne faudrait pas beaucoup de temps avant qu’ils soient anéantis par cette société qu’ils auraient éclairée. »Thomas Bernhard, écrivain autrichien (1931-1989)

Sommaire

1. Les fondements de la révolution néo-conservatrice ultra-libérale.

1.1 La leçon économique et politique de la crise de 1929 et de ses conséquences

1.2 Le programme du conseil national de la résistance.

1.3 Un capitalisme régulé par l’Etat.

1.4 Le rôle des Etats unis et le début de la construction économique européenne.

1.5 Un capitalisme à assise industrielle de forte croissance.

1.6 Le développement de l’Etat social.

1.7 Les débuts de la crise structurelle des années 1970.

1.8 Un bilan des guerres coloniales.

1.8.1 Bilan de la guerre du Viet-Nâm

1.8.2 Bilan des guerres coloniales françaises.

1.9 La baisse du taux de profit.

1.10 La dépendance post coloniale : la dette du tiers-monde.

1.11 L’instabilité politique systémique 1965-75 fragilise les bases politiques du capitalisme.

2. La révolution ultra-libérale.

2.1 Du capitalisme managérial au capitalisme actionnarial.

2.1.1 Le capitalisme managérial et actionnarial

2.1.2 Des nouvelles techniques de l’information et de la communication (NTIC) ou du capitalisme informationnel au capitalisme cognitif.

2.2 Stratégie économique et sociale de l’ultra-libéralisme.

3. Les conséquences économiques des stratégies néo libérales.

3.1 - Des revenus exorbitants et forte concentration du patrimoine des ménages.

3.2 - Scandales financiers multiples et nouvelles régulations.

3.3 - Les crises financières s’enchaînent au niveau international.

3.4 - La corruption : danger mortel pour la démocratie.

4. Les conséquences sociales du néo libéralisme.

4.1 Perte de sens du métier et de l’identité professionnelle.

4.2 Perte du sentiment d’appartenance et délitement du lien social.

4.3 La réorganisation du travail , précarité et l’impact sur la santé.

4.4 Le morcellement des liens familiaux

4.5.Evolution du taux de suicide.

4.6 Croissance et aggravation de la délinquance

4.7 Croissance de la population carcérale.

4.8 Détérioration des services publics.

4.9 La corruption et la mise en danger de la démocratie

S : Les différentes stratégies

S1 - La privatisation des entreprises publiques

S2 - Le blocage ou freinage des salaires.

S3 - Restructuration de l’appareil productif au niveau mondial.

S4 - Le libre-échangisme généralisé et la globalisation.

S5 - Le chômage et la précarisation des emplois. La vulnérabilité des ménages.

S6 - Stratégie d’affaiblissement du pouvoir de l’Etat

S7 - Stratégie d’affaiblissement des organisations de salariés.

S8 - La financiarisation de l’économie.

S9 - L’application des dogmes libéraux aux pays en difficulté : le consensus de Washington.

S10 - Concentration des dépenses militaires

S11 - La concentration et le contrôle médiatique.

S12 - L’instrumentalisation des organismes supranationaux par la grande bourgeoisie internationale et les think tanks nationaux.

S13 - La force de l’organisation.

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Avertissement : ce texte a été rédigé fin 2006 et en 2007. Il sera prochainement actualisé en respectant le même sommaire avec quelques ajouts. Il reste néanmoins tout à fait d’actualité. Les hyperliens figurant dans ce texte sont pour la plupart devenus inactifs.

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1. Les fondements de la révolution néo-conservatrice ultra-libérale.

Il n’est pas possible de comprendre les transformations du capitalisme en France et en Europe dans les années 1970-80 puis son déploiement actuel sans un rappel de quelques éléments de la situation économique de 1945 à 1975.

1.1 La leçon économique et politique de la crise de 1929 et de ses conséquences

Dénonçant déjà en 1933 la financiarisation de l’économie ayant provoqué la crise de 1929, Roosevelt déclara : « nous devons mettre en place une stricte surveillance des banques, de la distribution et des investissements mais devons mettre fin à la possibilité de spéculer avec l’argent des autres. ». Cette crise fut une cause majeure du développement du nazisme, des fascismes et de la seconde guerre mondiale . La plupart des hommes politiques, après la fin de la guerre adoptèrent le point de vue de Roosevelt et décidèrent de redonner à l’Etat une grande puissance d’intervention dans l’économie. Ils mirent en application les préceptes de l’école économique keynésienne tout en s’appuyant sur une conception fordiste pour le développement industriel. C’est ainsi que l’on peut parler pour la période 1945-1975 environ, de compromis fordo-keynésien.

En France, l’élan fut donné, en grande partie, par le programme du conseil national de la résistance

1.2 Le programme du conseil national de la résistance.

Il nous paraît important de citer de larges extraits de ce programme pour pouvoir comprendre, non seulement l’existence de grands acquis sociaux auxquels sont attachés la grande majorité des français mais aussi pour mesurer les enjeux des choix politiques actuels qui tendent à mettre en cause l’esprit et la lettre de ce programme écrit avec des lettres de sang.

Le programme du conseil national de la résistance (15/03/1944) précisait, entre autres

• l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ;

• une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l’image des États fascistes ;

• l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’État après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ;

• le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques ;

• le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales ;

• le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie.

• le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ;

• un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ;

• la garantie du pouvoir d’achat national par une politique tendant à la stabilité de la monnaie ;

• la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;

• un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ;

• la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ;

• l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs, améliorant et généralisant l’expérience de l’Office du blé, par une législation sociale accordant aux salariés agricoles les mêmes droits qu’aux salariés de l’industrie, par un système d’assurance contre les calamités agricoles, par l’établissement d’un juste statut du fermage et du métayage, par des facilités d’accession à la propriété pour les jeunes familles paysannes et par la réalisation d’un plan d’équipement rural ;

• une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ;

• le dédommagement des sinistrés et des allocations et pensions pour les victimes de la terreur fasciste.

http://perso.orange.fr/felina/socia... ou

http://www.gaullisme.fr/cnr.htm

Ce programme a constitué, répétons-le, une ligne directrice de la politique française qui a permis au capitalisme de se développer sur les bases de ce qu’il est convenu d’appeler le compromis fordo-keynésien de 1945 jusqu’au début des années 70. Termes synonymes : Etat-providence, Trente glorieuses, Etat social….

1.3 Un capitalisme régulé par l’Etat.

Les nationalisations.

L’État prend alors le contrôle de tous les secteurs considérés comme vitaux, par des nationalisations qui touchent (après les chemins de fer et la Banque de France, nationalisés avant guerre, et le pétrole, en partie sous domination étatique dès les années 1920) d’une part le secteur financier (avec les principales banques et compagnies d’assurances), d’autre part l’essentiel du secteur de l’énergie (production et distribution d’électricité et de gaz, production houillère), sans parler de la nationalisation de Renault pour collaboration.

Le plan.

Le plan devient l’outil de gestion économique de la France : 3 janvier 1946, le Général de Gaulle signe le décret fixant les attributions du Commissariat Général du Plan. Jean Monnet est nommé commissaire général du Plan. Le 1er plan est adopté le 27 novembre 1946.

En 1949, l’État finance ainsi 41% de l’investissement des entreprises (contre 20% à l’autofinancement. L’instrument principal de son intervention a été le Fonds de modernisation et d’équipement (le futur F.D.E.S.), d’abord créé pour distribuer l’aide Marshall mais dont le rôle s’est alors largement étendu dans le financement des activités industrielles de grands groupes privés (sidérurgie,…) (Le système financier français depuis 1945 Pierre-Cyrille Hautcoeur http://www.pse.ens.fr/hautcoeur/ris... ).

1.4 Le rôle des Etats unis et le début de la construction économique européenne.

Ce rôle de l’Etat s’ accompagne d’une ouverture des marchés sur l’Europe, avec en arrière plan politique l’instauration d’une paix durable et la mise en place en Europe de la politique dite d’endiguement (containment) prônée par le président Truman.

Rappelons un extrait de cette phrase célèbre : "Je crois, dit-il au Congrès le 12 mars 1947, que les États-Unis doivent soutenir les peuples libres qui résistent à des tentatives d’asservissement (...)Je crois que notre aide doit consister essentiellement en un soutien économique et financier. (...) de maintenir la liberté des États du monde et à les protéger de l’avancée communiste. ».Cette politique a sous-tendu le plan Marshall .

Cette assistance économique s’étala du 3 avril 1948 au 30 juin 1952 et s’éleva à 2,438 milliards de dollars de l’époque pour la France.) http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_M... .

Rappelons, en passant, qu’en 1946, lors des négociations du plan Marshall, les Américains ont exigé et obtenu que chaque année 30 % de leurs films soient projetés sur nos écrans. Cette « directive » américaine a été suivie à la lettre.

L’OCDE : organe atlantiste.

"Dès 1947, les pays ayant accepté l’offre américaine se concertèrent avec les Etas-Unis (et le Canada) dans une Organisation Européenne de Coopération Economique7 (OECE) pour aider l’ERP (European Recovery Program) à décider des quotités par pays des crédits apportés et de leur emploi. Quand l’OECE eut achevé sa mission première, en appui du plan Marshall, elle ne tarda pas à être transformée (1952) en une Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) qui prit l’allure d’un club inter-étatique… la charte fondatrice de l’OCDE fixa clairement les objectifs à moyen et long terme assignés à tous les ex-bénéficiaires de l’aide Marshall : abaisser les barrières douanières, promouvoir le libre-échange et favoriser les paiements multilatéraux c’est-à-dire la libre convertibilité des monnaies les unes dans les autres, ce pourquoi une Union Européenne de Paiements (UEP) fut créée en 1950 . Ce clearing inter-étatique permettait d’"économiser" les dollars alors peu abondants dans les réserves de change des banques centrales. Mais, pour la grande joie des banques commerciales, l’UEP fut dissoute par l’OCDE dès 1958." (Robert Fossaert l’Europe au temps de la guerre froide http://www.macrosociologie.com/macr... )

Le traité de Paris signé 18 avril 1951 instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) entre l’Allemagne, la France, l’Italie, et les trois pays du Benelux. entre en vigueur le 25 juillet 1952. Un marché commun du charbon et de l’acier est instauré : suppression des droits de douane et des restrictions quantitatives à la libre circulation des produits, interdiction des mesures discriminatoires et des subventions ou aides accordées par les Etats. Le marché est dominé par le principe de libre concurrence, mais la communauté contrôle son approvisionnement régulier et la fixation des prix au plus bas niveau. L’intégration économique européenne commence réellement avec la signature du traité de Rome le 25 mars 1957 : création d’Euratom et droit à la concurrence. (à la fin du 2ème plan)

Cette forme de capitalisme fut appelée par les communistes français dans les années 1970 capitalisme monopoliste d’Etat

L’influence des Etats Unis et de l’Angleterre poussa à libérer toujours plus les échanges.

"L’Europe de 56 à 73, c’était ça : on construit petit à petit un grand marché intérieur, donc on lève les barrières internes, et donc on garde des barrières externes. En 73, ça a été cassé pour deux raisons : l’entrée de la Grande-Bretagne dans l’Europe et surtout les efforts des États-Unis via différents rounds du GATT, qui au fur et à mesure que l’Europe construisait sont marché intérieur, demandaient la levée des barrières extérieures." (Emission DSEDH n°162 Libre-échange : quand la troisième mondialisation s’en mêle... Hakim El Karoui http://dsedh.free.fr/emissions_pass... )

1.5 Un capitalisme à assise industrielle de forte croissance.

L’industrialisation de la France s’accompagne d’une forte croissance de la productivité du travail et d’une forte croissance du PIB. . "Pour l’ensemble des pays développés, on observe de 1950 à 1973 une croissance du rythme annuel du volume du PNB par habitant de 3,9 % alors qu’avant la deuxième guerre mondiale, cette croissance du PNB par habitant était seulement de 2 % ( La croissance économique en Occident de 1918 à 1970 Lomont Julia Université de Bordeaux http://beagle.u-bordeaux4.fr/yildi/... )

Les gains de productivité permettent une hausse des salaires et de la consommation. Par exemple, " l’accélération de la productivité agricole caractérisée par un taux annuel de 4.8 % de 1950 à 1970 dans les pays développés occidentaux, est favorisée par l’usage intensif des pesticides, des engrais, par l’utilisation de plus en plus massive de machines agricoles et par le développement des concentrations d’exploitations agricoles" (idem). Les préoccupations écologiques ne sont pas d’actualité à cette époque…

1.6 Le développement de l’Etat social.

La mise en place d’une politique de protection sociale débutant à la libération (4 et 19 octobre 1945 Ordonnances créant la Sécurité sociale ;. 13 septembre 1946 Loi généralisant l’assurance-vieillesse) se poursuit. Par exemple, le 26 juillet 1956 est créé le Fonds national de solidarité (FNS). L’Etat joue un rôle de régulateur, d’investisseur et de protecteur.

En Allemagne, dans les années 50, inventée par les ordo-libéraux allemands et popularisé par Ludwig Erhard sous la présidence de Konrad Adenauer, apparaît ce que l’on a appelé "l’économie sociale de marché" , expression oubliée qui a ressurgi dans le vocabulaire politique à l’occasion du référendum sur le TCE en 2005.

Le chômage est quasi-inexistant à cette époque. Ainsi, c’est durant la période où la productivité a cru le plus vite, en raison notamment de la mécanisation, que le chômage était le plus faible. On ne peut donc invoquer la mécanisation comme source principale du chômage.

Les taux d’intérêt sont bas ; les transactions financières sont dites administrées (par les banques et contrôlées par l’Etat) ; les monnaies sont appariées à l’or.

1.7 Les débuts de la crise structurelle des années 1970.

Au début ses années 1970, le capitalisme entre dans une crise de ralentissement des gains de productivité et de débouchés. L’inflation commence à devenir élevée. La croissance du PIB se ralentit. Certains économistes parleront alors de stagflation.

De 1962 à1980 la croissance moyenne de la productivité de travail était de 4,6%. Elle tombait à 2,0% sur la période 1980-2004.

Pour plus de détails : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/fr...

L’abandon du système monétaire international (SMI) de Bretton Woods (1944) qui assurait la stabilité monétaire est remplacé par un système de change variable en 1973. En outre, le 15 août 1971, le président américain Richard Nixon annonce la suppression totale de la convertibilité du dollar en or. Cela a entraîné une instabilité monétaire et financière mondiale qui persiste encore aujourd’hui. La Création du système monétaire européen (SME) le 13 mars 1979. pour réduire les marges de fluctuation des monnaies européennes entre elles, n’a pas réussi à stabilisé le système.

Les chocs pétrolier de 1973.et 1979 : des boucs-émissaires.

Sans nier l’impact de la hausse du prix du pétrole pour certains secteurs de l’économie et sur la croissance du PIB mondial celui-ci a eu on impact global limité sur l’économie des pays développés. A cette époque, un rapport d’enquête parlementaire, dont la publication est restée très discrète, avait évalué à environ 1% l’effet de ce "choc" sur la hausse générale des prix (taux d’inflation).

En réalité cette hausse a profité aux firmes pétrolières et a servi de bouc émissaire pour expliquer d’une manière simpliste la crise structurelle du capitalisme de cette époque. Pour plus de détail sur ce que certains appellent une mystification, on peut se reporter à : http://www.agoravox.fr/article.php3... ou à

http://www.convergencesrevolutionna...

Des économistes libéraux sont arrivés à cette conclusion : "L’inflation a pris naissance à partir de 1965. Elle a connu un pic en 1973, au moment où le prix du pétrole a brusquement augmenté à la suite de circonstances géopolitiques. Il y a eu coïncidence entre cette augmentation de prix du pétrole et la récession, et non pas de relation de cause à effet ! Il en est de même en 1979….L’analyse économique est corroborée par les faits : il n’y a pas de relation de cause à effet entre l’augmentation du prix du pétrole et une baisse de la croissance du PIB…." Mais je ne tronquerai pas la citation à cet endroit, ce qui serait malhonnête intellectuellement. Le ralentissement de la croissance du PIB est due, pour les libéraux à la croissance des prélèvements obligatoires. "Pour que la croissance du PIB se maintienne à son potentiel optimal, le taux des prélèvements obligatoires doit rester aux alentours de 33 % (selon les courbes d’Armey-Laffer) et la banque centrale doit ajuster ses taux de base de façon à la réguler correctement." Institut Turgot. JP Chevallier http://chevallier.turgot.org/a322- Prix_du_petrole_et_croissance.html

Les causes de cette crise structurelle du capitalisme sont en fait la baisse du taux de profit, l’instabilité monétaire et le coût humain et financier des guerres coloniales et de la guerre du Viet-Nâm,.. Rappelons les bilans de celles-ci souvent oubliées par les économistes de tous bords.

1.8 Un bilan des guerres coloniales.

1.8.1 Bilan de la guerre du Viet-Nâm

"Le bilan de la guerre est stupéfiant : 1,7 million de morts, 3 millions de blessés et de mutilés et 13 millions de réfugiés. Les États-Unis larguent 7 millions de tonnes de bombes et 75 millions de litres d’herbicide, et perdent 10 000 hélicoptères et avions militaires. Quelque 56 000 soldats américains sont tués et 303 000 blessés. Le coût direct de la guerre s’élève à 140 milliards de dollars et les coûts indirects sont évalués à 900 milliards" Cette guerre cesse avec les Accords de Paix de Paris, signés en janvier 1973 (http://www.thecanadianencyclopedia.... )

Ce choc financier de 900 milliards de dollars aura moins de publicité que le fameux "choc pétrolier".

1.8.2 Bilan des guerres coloniales françaises.

La décolonisation ne permet plus une exploitation sans frein des ressources par les puissances coloniales.

La période dite des 30 glorieuses et du compromis fordiste n’est pas une période économique et politique des plus calmes et glorieuses.

A - Bilan de l’insurrection de Madagascar 1947

De 18 000 hommes à la mi-avril 1947, les corps expéditionnaires dépêchés sur place ont atteint des effectifs de 30 000 hommes pour réprimer l’ insurrection du Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM). Selon les comptes officiels de l’état-major français, les vingt mois de répression auraient fait, directement, 89 000 morts malgaches .Pierre de Chevigné a revu cette évaluation à la hausse, en lui ajoutant les pertes enregistrées par les fuyards dans la forêt, et en estimant le bilan final à « plus de 100 000 morts ». Cette sauvage répression est peu connue et quasi absente de nos livres d’histoire : nous avons une mémoire sélective..

http://www.rfi.fr/actufr/articles/0... et

http://www.marianne-en-ligne.fr/arc...

B - Bilan de la guerre en Algérie 1954 à 1962

1954 à 1962, la guerre non déclarée d’Algérie a mobilisé pas moins de deux millions de jeunes Français du contingent, appelés pour deux ans ou parfois davantage Guy Pervillé s’est appuyé sur des données démographiques - notamment les recensements de 1954 et 1966 - pour conclure à une fourchette de 300 000 à 400 000 victimes algériens tués sur une population totale de dix millions d’habitants (le FLN arrondit le nombre de victimes musulmanes à... un million). Sans parler de 8.000 villages incendiés, un million d’hectares de forêts incendiées et 2,1 millions de musulmans déportés dans des camps de regroupement.

33000 soldats et civils français sont tués ou disparus. Le nombre de Harkis massacrés après le cessez-le-feu, les estimations varient entre 30 000 et 100 000 personnes Le terrorisme algérien a fait 4.000 victimes en France comme en Algérie du fait des règlements de comptes et des attentats perpétrés par les indépendantistes, sans compter les enlèvements.

http://www.herodote.net/histoire031... et

http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d’Alg%C3%A9rie#Les_pertes_fran.C3.A7aises

C - Bilan de la guerre d’Indochine

30 milliards de francs, 92 000 morts ou disparus, 114 000 blessés et 28 000 prisonniers dont 20 000 morts français, 11 000 légionnaires, 15 000 Africains et 46 000 Indochinois.

Il faut ajouter à ces chiffres le nombre très important de prisonniers de l’armée française qui moururent durant leur captivité et qui reste inconnu. Le Viêt-minh eut très probablement des pertes supérieures.

Au total, 500 000 personnes civiles ou militaires perdirent la vie durant ce conflit. D’autres sources indiquent : entre 700.000 et 800.000 http://pedagene.creteil.iufm.fr/res... et http://www.histoquiz-contemporain.c...

"On notera par exemple que la France dépensa dans ses colonies, entre 1945 et 1960, deux fois le montant reçu des États-Unis au titre du plan Marshall" (http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A... )

Bien entendu, ces guerres ne constituent qu’une petite partie des conflits dans le monde. La seule Afrique a eu, de 1945 à nos jours, 35 conflits majeurs qui ont causé plus de 10 millions de morts.( http://www.ritimo.org/F/f02_intro_p... )

Ces guerres n’eurent pas seulement des conséquences économiques importantes mais aussi des conséquences idéologiques, notamment sur les couches intellectuelles, pour qui démocratie occidentale devint synonyme d’impérialisme. Jean Claude Guillebaud, dans son ouvrage La refondation du monde écrit ainsi

" Dès après la défaite de I ’hitlérisme, il y eut également (et surtout) la pesante ambiguïté des guerres coloniales ou impériales. De l’Indochine à l’Algérie, de l’Afrique portugaise au Vietnam américain, de l’Empire des Indes au glacis latino-américain, partout la démocratie occidentale -devenue effectivement « impérialiste » - tenta d ’ opposer la puissance de ses armes et de sa technologie à ceux-là mêmes qui retournaient contre elle les valeurs de .justice et de liberté dont elle se prétendait porteuse. Dans cette affaire, les héritiers légitimes de l’histoire occidentale n’étaient plus véritablement en Occident mais debout face à lui, partout où luttaient les « peuples opprimés » . Les trois longues décennies allant de 1945 à 1975 furent habitées par cette décisive contradiction. Les intellectuels, les jeunesses d’Europe et d ’ Amérique, les démocrates de partout vivront dans la colère et la confusion ce reniement fondamental. Là prendra sa source une tenace mauvaise conscience, un remords obsédant dont le gauchisme, le tiers-mondisme ou la désespérance terroriste d ’ Allemagne et d’Italie des années 60 et 70 furent les fruits amers. La « donne » économique d’alors contribue, elle aussi, à renforcer ce sentiment d’iniquité et d’hypocrisie." (p44)

1.9 La baisse du taux de profit.

Il résulte de tous ces facteurs une baisse continue du taux de profit aux USA et en Europe depuis les années 1960. Les classes possédantes voient leurs privilèges de plus en plus altérés.

Pour avoir des graphiques sur l’évolution de ces taux aux USA on peut se reporter aux travaux de l’économiste Gérard Duménil Economie marxiste du capitalisme (p.25 et p.31) ou au site

http://www.jourdan.ens.fr/ levy/bib... ( dossier L’impérialisme à l’ère néolibérale ) ou à l’étude de Lipietz http://lipietz.net/spip.php?article831

1.10 La dépendance post coloniale : la dette du tiers-monde.

"Au lendemain de la seconde guerre mondiale, un système radicalement nouveau de régulation de l’économie, de la monnaie, de la finance, du commerce avait été mis en place à l’occasion des accords de Bretton-Woods en 1944. Ce système reposait sur trois piliers : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, et une organisation qui n’a jamais vu le jour et qui devait s’appeler l’Organisation internationale du commerce, l’OIC, s’appuyant précisément sur la Charte de La Havane….L’idée de la Charte de La Havane, c’est que les relations entre deux pays doivent aboutir à un équilibre, à un certain équilibre de la balance des paiements. Autrement dit, personne ne détient un surplus, un excédent par rapport à d’autres pays. Je t’achète autant que tu m’achètes. C’est un principe absolument fondamental, qui respecte l’indépendance des pays et qui oblige à des discussions entre les gouvernements pour se mettre d’accord sur les produits qui vont faire l’objet de commerce, au lieu de la concurrence acharnée, de la véritable guerre commerciale que nous connaissons aujourd’hui.

…Or, les Etats-Unis à cette époque-là avaient besoin de vendre beaucoup plus qu’ils n’achetaient à l’extérieur. Donc, pour des motifs de politique intérieure, les Etats-Unis n’ont pas signé la Charte de La Havane." (J. Nikonoff Emission "Des sous et des hommes" n° 150 du 03/10/06 écoutable à http://dsedh.free.fr/emissions_pass... )

A l’époque où l’Etat jouait un rôle moteur dans le développement économique des pays capitalistes, la conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui s’est réunie à partir de 1964, a institutionnalisé cette conception comme stratégie officielle d’un nouvel ordre économique mondial. Avec son aide, le commerce mondial devait être conçu explicitement comme instrument du développement et un traitement privilégié des pays sous-développés devait être inséré dans l’ordre économique mondial. De plus, la politique de la CNUCED visait explicitement à une modification de la répartition de la richesse économique du Nord au Sud.

Mais la réalité est devenue de moins en moins conforme à ce schéma. " Dans les empires coloniaux maintenus sous la domination directe des pays centraux, sauf exceptions très particulières, très peu d’investissements industriels ont été réalisés, et les développements techniques et économiques sont restés insignifiants, en dehors de l’exploitation des ressources minières et agricoles… Dans le reste des périphéries, ce qui domine tout au long de cette période, c’est le blocage consécutif à la crise des pays centraux initiée en 1970. Pour recycler les capitaux surabondants du système bancaire central (provenant du déficit de la balance américaine et des chocs pétroliers), des prêts massifs à bas taux d’intérêt ont été offerts aux états périphériques, souvent avec la complicité intéressée de leurs responsables. Ce que l’on a appelé la dette du Tiers Monde s’est ainsi constituée, qui, après la hausse des taux décidée à la fin des années 70 par les USA pour drainer l’épargne mondiale à leur profit, est devenue un instrument puissant et efficace pour le prélèvement du surplus économique dans les périphéries, au bénéfice du système financier mondial." (http://www.ismea.org/INESDEV/OLLIVI... )

Mais la dépendance des pays pauvres ou moins développés de la "périphérie" augmente malgré les mouvements d’indépendance nationale

1.11 L’instabilité politique systémique 1965-75 fragilise les bases politiques du capitalisme.

Pour comprendre les causes de la révolution ultra-libérale des années 1970-80, des explications purement économiques ne sauraient suffire : en rassemblant certains événements politiques de cette époque, une configuration politique mondiale apparaît : les assises politiques du capitalisme mondial se trouvent déstabilisées, et ce, ne l’oublions pas, dans un contexte de guerre froide menaçant. Il n’est pas possible de séparer le politique de l’économie et des rapports de force sociaux.

Robert Fossaert a raison de rappeler, concernant les politiques sociales keynésiennes ; que : " lesdites politiques étant rendues possibles par les craintes de bourgeoisies - assouplies par la menace "interne" qu’exerçaient les fortes minorités communistes de plusieurs pays dont l’Italie et la France, et un syndicalisme longtemps puissant presqu’en tous pays et assouplies plus encore par la menace "externe" d’un communisme soviétique dont il fallait surclassser les modestes performances en Europe orientale, tout en se dotant des moyens de contrebalancer sa puissance militaire." (http://www.macrosociologie.com/macr... )

France : Evénements de mai 1968 et accords de Grenelle, excellent résultat du communiste Jacques Duclos aux présidentielles de 1969 recueille 4 808 285 voix (21,5%)., Signé le 26 juin 1972 par le Parti socialiste, Parti communiste et les radicaux de gauche, le programme commun prévoyait notamment des nationalisations. Remis en cause en sept 77. 1974 –1981 Giscard D’Estaing président.

Allemagne : Dans les années 70et 80, la RFA a été notamment marquée par l’émergence des mouvements d’extrême gauche : Fraction armée rouge, mouvement autonome, mouvements des squatters, mouvement antinucléaire, mouvements pacifistes ou anti-impérialistes. En 1980, une partie de l’extrême gauche allemande a rompu avec la violence politique pour fonder le parti des Grünen (Les Verts) et s’engager dans une voie électoraliste.

Grande-Bretagne 19 juin 1970 : (fin en 1974). Victoire des conservateurs aux législatives. Le parti conservateur au pouvoir passe sous la direction d’Edward Heath. Celui-ci entreprend une politique d’inspiration néolibérale : réduction des impôts directs, dont la tranche maximale passe de 90 à 75%, libération du crédit pour relancer la consommation, diminution des dépenses de l’État, arrêt des subventions aux industries en difficulté. L’Angleterre est la première a mettre en œuvre une politique néolibérale.

Italie : 20 octobre1970 : Fondation des Brigades rouges à Milan Pendant les années 1970, Moro porta son attention sur le projet d’Enrico Berlinguer de Compromis historique. Le dirigeant du PCI (Parti communiste italien) proposait une alliance entre les communistes et les démocrates-chrétiens à une époque de grave crise économique, politique et sociale en Italie. Moro, qui présidait alors la Démocratie chrétienne, fut l’un de ceux qui contribuèrent à former un gouvernement de « solidarité nationale ».Moro était en route pour une session de la Chambre des représentants lorsqu’il fut enlevé. Lors de cette session les députés devaient discuter le vote de confiance au nouveau gouvernement de Giulio Andreotti qui pour la première fois recevait l’aval du parti communiste. Ce devait être la première application de la vision stratégique que partageait Moro avec Berlinguer (chef du PCI) de Compromis historique.

Espagne  : L’Église catholique cesse d’être un appui pour le régime et se range dans l’opposition à partir de 1970. Le pouvoir de Franco diminue alors. Il cède en juillet-septembre 1974 les fonctions de chef de l’État à Juan Carlos qui est couronné roi d’Espagne conformément à la volonté de son prédécesseur.

Portugal : Octobre1970 : Fondation de l’ARA (Action révolutionnaire armée).

Pologne : 14-21 décembre 1970 : Troubles ouvriers en Pologne dans les ports (Gdańsk.) À l’annonce d’une très forte hausse des prix, de véritables révoltes de la faim éclatent à Gdańsk et Szczecin. L’état d’urgence est déclaré pendant une semaine et les manifestations sont sévèrement réprimées.

USA : Les insurrections urbaines de la population noire de 64 à 68, les mobilisations autonomes de la classe ouvrière (souvent emmenées par des travailleurs noirs) de 66 à 73, les révoltes des étudiants et des jeunes, et l’apparition de mouvements militants féministe, gay, écologiste étaient autant d’indicateurs d’un séisme social majeur. Premiers raids au nord Viet Nâm en 1966. En 1969 250000 manifestants contre la guerre à Washington. En 1971 Gigantesque sit-in à Washington 500 000 manifestants (hippies, objecteurs de conscience et vétérans) se sont retrouvés dans la capitale fédérale américaine pour dénoncer la guerre du Vietnam commencée en 1964. Les forces de l’ordre procèdent à l’arrestation de 7 000 personnes, remplissant les prisons du district de Columbia et même un stadePrésidence 1969-1974 de Nixon et watergate

Canada : 10 octobre 1970 : Le Front de Libération du Québec kidnappe le vice-Premier ministre du Québec Pierre Laporte. 16 octobre : Loi martiale au Québec. 17 octobre : On découvre le cadavre du vice-Premier ministre Pierre Laporte, assassiné par le FLQ (par strangulation).

Chili : 1970-1973 : Salvador Allende est élu démocratiquement, est au pouvoir et entreprend un plan de nationalisations : coup d’Etat 11 sept 1973. Dictature pro-américaine de Pinochet.

Bolivie : 7 octobre1970 : Le général Juan José Torres Gonzales arrive au pouvoir (fin en août 1971). Il fait assumer aux militaires la responsabilité révolutionnaire du développement national. Comme son prédécesseur, il s’oppose au libéralisme de Barrientos, procède à des nationalisations (dont celle des biens de la Gulf Petroleum Company) et adopte des mesures favorables aux syndicats. Il rencontre l’opposition de l’oligarchie et les relations avec les États-Unis se dégradent, d’autant plus que le nationalisme d’Ovando et de Torres les poussent à se rapprocher de Cuba.

Cambodge : 8 octobre1970 : La république est proclamé au Cambodge. Ses chefs ne contrôlent que les villes avec l’aide des États-Unis. Les campagnes tombent aux mains des Khmer rouges.

Moyen Orient : juin 1967 : guerre israélo-arabe des 6 jours Octobre 1973 : guerre du Kippour entrainant la hausse de 70% du prix du pétrole par l’OPEP. (choc pétrolier). Pour mémoire, rappelons la guerre irako-iranienne (1980-88) et la 1ère guerre d’Afghanistan où s’affrontent indirectement URSS et USA (1979-1989)

2. La révolution ultra-libérale.

La politique économique keynésienne où l’Etat joue un rôle d’investisseur et de régulateur est alors remise en cause par la bourgeoisie états-unienne et européenne..

Les salaires progressent ensuite plus lentement que les gains de productivité. Les bases idéologiques de la nouvelle donne libérale sont formalisées par l’école de Chicago par les maîtres à pensée de l’économie néolibérale Hayek, Friedman et par des organisations telles la société du Mont Pèlerin, Adam Smith Institut. Cette dernière élabore un programme économique et politique de libéralisation, de déréglementation qui servent ensuite de base électorale à Teacher en 1979 et à Reagan en 1980.

Il s’agit donc pour la bourgeoisie de reconquérir le terrain perdu : démonter pierre par pierre l’édifice social, concrétisant le programme du CNR impulsé principalement (mais pas seulement) par les communistes français ; briser pas à pas les résistances sociales, en utilisant l’arme du chômage et de la précarisation de l’emploi et en contrôlant les médias.

L’effondrement de l’URSS en 1990 permit une accélération du processus. La tâche des ultra libéraux n’est pas encore achevée comme nous le verrons dans notre conclusion.

Avant d’examiner les fers de lance de ce néolibéralisme examinons le passage du capitalisme managérial au capitalisme actionnarial.

2.1 Du capitalisme managérial au capitalisme actionnarial.

2.1.1 – Le capitalisme managérial et actionnarial

Indiquons en préambule qu’il n’y a pas deux capitalismes : un bon ; le managérial, ancré dans la production industrielle, et un autre, un mauvais, flottant sur un océan financier et poussé par les vents boursiers.. Il n’y a fondamentalement qu’un seul capitalisme, fondé sur la propriété des moyens de production et d’échange, et du capital. La classe capitaliste dirigeante comprend 2 pôles indissociables : l’un fonctionne sous le mode de la propriété et du marché, l’autre sous le mode de la compétence et de l’organisation. (voir à ce sujet "Explication et reconstruire du capital" p62 et 241 de J.Bidet PUF)

La séparation des pouvoirs dans l’entreprise entre les gestionnaires (managers) et actionnaires-propriétaires ne date pas d’hier. Cette séparation résulte de la création des sociétés par actions à la fin du XVIIIème siècle et A. Smith considérait déjà cette séparation comme une imperfection.

Entre les 2 guerres mondiales, Berle et Means ont formalisé ce problème par la théorie du contrôle managérial.( The Modern Corporation and Private Property 1932). Ils se sont intéressés à la puissance des grands groupes industriels notamment dans leur pouvoir privé de fixer les prix et ce, en contradiction avec la théorie néo classique qui stipule que c’est la loi de l’offre et de la demande qui fixe les prix. Ils considèrent que ce ne sont plus les actionnaires propriétaires qui détiennent le pouvoir, les actions étant trop dispersées, mais les managers. (Cet ouvrage eu une influence considérable aux USA : il inspira le New Deal.)

John Galbraith a repris ces idées en considérant que de grands dirigeants assoient leur pouvoir non pas sur la propriété du capital, mais sur une indépendance qui s’explique beaucoup moins par la dispersion du capital que par la collusion entre le pouvoir économique d’État et celui des grandes entreprises. Ainsi naquit la fameuse théorie de la tecnhnostructure de Galbraith qui fut repris à toutes les sauces par de nombreux hommes politiques ou journalistes en France sous le terme d’"énarchie", "technocrates de Bruxelles" , "technocrates du FMI" etc

A l’inverse, James Burnham, à la même époque considéra les choses positivement et parla de "managerial .révolution".

Mais cela ne signifie pas que le capital financier soit peu important même à cette époque du capitalisme managérial.. L’économiste François Morin en 1970, en analysant les 200 premières sociétés en France, montra que les contrôles relevant de groupes industriels et bancaires, traduisaient bien l’existence d’un pouvoir financier déterminant pour la vie de ces sociétés.

La crise du capitalisme managérial survient en Europe d’abord en Angleterre "Le thème de l’échec entrepreuneurial est un thème qui remonte aux années 1880, alors que les entrepreneurs victoriens sont confrontés à la Grande Dépression et à la concurrence allemande puis américaine. Depuis la fin du XIXème, le chef d’entreprise britannique a été souvent été critiqué : il est dans le meilleur des cas un gentleman capitalist aux compétences inégales, dans le pire le fossoyeur de l’industrie nationale et l’un des responsables du déclin économique. C’est surtout pendant la période thatchérienne que le discours néo-libéral — relayé par une historiographie très critique a dénoncé les faiblesses entrepreneuriales — particulièrement aigues dans la période 1960-1979. Il s’agissait aussi de critiquer le rôle néfaste de l’Etat (dirigiste, interventionniste, frein à la liberté d’entreprise), de réhabiliter la culture d’entreprise et l’esprit de compétition, clés de la régénération du pays, à la fois morale et économique. D’où le recours fréquent, y compris de la part de Mrs Thatcher, au mythe de l’entrepreneur mid-victorien, véritable héros positif, défenseur des valeurs libérales et du crédo victorien (individualisme, travail, épargne et morale)."

Cette remise en cause se traduira en Angleterre par de nouvelles concentrations industrielles "Les fusions et les concentrations d’entreprise se sont accélérées à un tel rythme que la GB a en 1970 l’industrie la plus concentrée du monde occidental européen. En 1970, les entreprises de moins de 200 employés ne représentent plus que 10% de la production manufacturière et la main-d’œuvre des 100 plus grosses entreprises passe de 20 000 à 30 000 personnes en moyenne." (http://herodote.info/grandebretagne... )

On peut trouver des explications techniques à cette remise en cause (rigidités culturelles des chefs d’entreprise, baisse de la qualité des produits, …), mais la baisse des investissements du capital dans les activités industrielles diminue, de facto, l’importance du rôle managérial des capitaines d’industrie. "Un manque d’investissements dans la production. Sur la période 1961-79, l’investissement se monte en moyenne à 18,4% du PIB contre 22,6% en France et 24% en RFA." ." (http://herodote.info/grandebretagne... )

Mais compte tenu des baisses de productivité des entreprises et de la baisse du taux de profit, du manque de transparence dans la gestion, de "l’assymétrie de l’information" entre gestionnaire et actionnaires, les gros propriétaires de capital, les responsables d’institutions financières, donnèrent plus de pouvoir aux actionnaires et reconsidérèrent le fonctionnement des entreprises en donnant beaucoup plus de pouvoir aux actionnaires. Cela s’effectue en même temps que la libéralisation des marchés financiers. (voir aussi plus loin : la financiarisation de l’économie)

La part de leur financement par émissions de titres sur les marchés (actions, obligations et billets de trésorerie) tend à devenir plus importante que celle provenant du recours aux banques, aux emprunts institutionnels ou administrés.

L’investissement industriel ou dans les services devient ainsi subordonné directement ou indirectement à la bourse.

Le capitalisme devient alors actionnarial et la finalité de l’entreprise est de réaliser une "valeur boursière" permettant sur le court terme de réaliser des dividendes optimaux. L’entreprise a donc pour fonction fondamentale de créer de la "valeur actionnariale"

Cette distinction entre capitalisme managérial et capitalisme actionnarial recoupe la distinction faite entre capitalisme rhénan et capitalisme anglo-saxon.

Ainsi, Michel Albert distingue, dans son ouvrage "Capitalisme contre Capitalisme" ( Seuil, 1991 traduit en 17 langues), deux capitalismes : le néo-américain (ou anglo-saxon) et le rhénan.

Pour le premier, l’entreprise (stockholder model) est exclusivement un moyen de "faire de l’argent" et est soumise à la toute puissance de la finance, des actionnaires et du profit à court terme, pour le second, l’entreprise (stakeholder model) s’appuie sur "l’économie sociale de marché" d’idéologie ordolibérale qui se met en place après la 2ème guerre mondiale en Allemagne. L’entreprise est conçue comme une communauté d’intérêts entre les détenteurs du capital, la direction et les salariés. Il existe une cogestion (Mitbestimmung) qui fonctionne avec trois instances : le directoire responsable de la gestion -, le conseil de surveillance – élu par l’assemblée des actionnaires- et le conseil d’établissement- qui défend les employés et qui est consulté sur toutes les questions sociales. Le personnel est aussi présent dans le conseil de surveillance. L’entreprise doit se préoccuper de la promotion et de la formation de son personnel. En revanche, l’entreprise néo-libérale de type anglo-saxon adopte le mode de fonctionnement du capitalisme actionnarial.

Pour motiver les chefs d’entreprises à créer cette valeur en utilisant tous les leviers possibles, on leur distribue des stock-options dont le montant abracadabrantesque fait disparaître "tout état d’âme " ou scrupule (compte-tenu des conséquences sociales catastrophiques que ce type de politique économique peut induire).

Le capitalisme peut s’accommoder de systèmes institutionnels variés selon les époques, les pays et est influencé par les luttes sociales, les facteurs culturels qui existent dans chaque société

Ainsi, par exemple, Bruno Amable distingue 5 formes de capitalismes en utilisant 5 critères de différenciation : système financier, protection sociale, relations professionnelles, système éducatif, marché du travail. Il distingue alors : le modèle néolibéral, le modèle continental européen, le modèle social-démocrate, le modèle " méditerranéen " et le modèle asiatique. (Les cinq capitalismes : Diversité des systèmes économiques et sociaux dans la mondialisation de Bruno Amable). Mais , malgré ces variantes, le capitalisme reste le capitalisme.

Il est assez amusant de constater que certains médias semblent découvrir maintenant ce passage à la dictature actioninariale qui s’est réalisé il y a 15 ans et qu s’exerce sans entraves depuis. (émission du lundi 26 mars 2007 à France culture ; l’économie en question Questions autour du capitalisme mondial : qui a la main ? http://www.radiofrance.fr/chaines/f... ).

Mais ce n’est pas un hasard : le capitalisme est entré dans une phase de délégitimation remettant donc en cause la crédibilité du néolibéralisme. 2.1.2 Des nouvelles techniques de l’information et de la communication (NTIC) ou du capitalisme informationnel au capitalisme cognitif.

Le développement des TICE depuis les années 1980 et surtout 1990 a eu des effets considérables : restructuration des entreprises industrielles (grâce notamment à un usage généralisé des micordinateurs), naissance de nouvelles industries et relance de la productivité (de l’ordre de +1,2 à 2, 2,5 % en moyenne annuelle aux USA et en Europe), base technique pour l’économie de la connaissance, essor de l’Internet et du téléphone potable, modernisation et automatisation des tâches de gestion financière.

La sophistication des nouveaux produits financiers et de leurs modes de gestion aurait été impossible sans les progrès récents de l’informatique. Celle-ci est la base technologique de la financiarisation de l’économie..

La part des TICE dans l’investissement a doublé en 20 ans ( 15% en 1980 et 30% en 2000). Ce développement, loin d’être régulé par une intervention de l’Etat a été anarchique et conjoint à une intense activité de spéculation financière et boursière conduisant à des concentrations de capital sans précédent. Ainsi, par exemple, la fusion d’AOL et de Time Warner en 2000 a donné naissance au plus important groupe mondial par sa capitalisation. Les actions dites technologiques et start-up devinrent un nouvel Eldorado, réactualisent la l’épopée et la mythologie de la rue vers l’or, la silicon Valley devenant l’endroit le plus riche en pépites. Le beau rêve prend fin avec le e-krack de 2000-2001.L’effondrement des cours est colossal : baisse de 57% en un an du Nasdaq. On évalue ainsi que 4200 milliards de dollars sont partis en fumée (l’équivalent de 42% du PIB américain).

Mais il serait illusoire de penser que cette catastrophe boursière et les milliers de faillites qui ont suivi mettra fin aux appétits des actionnaires pour ce secteur toujours très porteur (on attend, entre autres, le développement de la fibre optique et de la photonique).

Il est assez significatif de se rappeler du "dynamisme" " moderne" du gouvernement de l’époque, pour ne pas dire libéral : "De 1997 à 2001, l’effort public en faveur de l’économie numérique a été sans précédent. Le gouvernement de Lionel Jospin a pris des mesures importantes pour favoriser le transfert des résultats de la recherche publique vers le secteur productif et encourager la création d’entreprises technologiques innovantes, à travers des dispositions fiscales, financières et juridiques et la mise en place de réseaux technologiques associant recherche publique et initiative privée.

En ce qui concerne le soutien à l’innovation, les principaux obstacles réglementaires et fiscaux ont été levés (loi sur l’innovation, contrats DSK pour l’assurance-vie orientés vers les sociétés innovantes, création des BSPCE, stock-options adaptées aux start-ups, etc.) comme en témoigne l’envol du nombre de création de start-ups en France et du volume de capital-risque investi." (Temps réel ; site très proche du PS http://www.temps-reels.net/article6... )

L’économie capitaliste de la connaissance tend à transformer en marchandise génératrice de profit le savoir lui-même, en tant que tel : brevets (y compris relatif au vivant avec le séquençage des génomes par exemple) ; logiciels en tous genres, bases de données,…Elle se heurte pour accomplir cela à différents types de résistances : objectives car la liberté de circulation des connaissances est nécessaire, politiques, éthiques. Certains économistes, victimes d’une nouvelle forme de fétichisme de la marchandise, pour reprendre l’expression de Marx, voient en cette production immatérielle une nouvelle phase du capitalisme, voire son dépassement. JM Harribey a raison de remettre ce phénomène à sa juste place : la création de valeur n’est pas liée à la forme particulière de la marchandise produite mais de la place qu’elle occupe dans les rapports de propriété de production. Il n’y a rien de bien nouveau sous le soleil, si l’on peut dire ! (Appropriation de l’intelligence par le capitalisme ou sortie de crise avortée du capitalisme contemporain ? http://netx.u-paris10.fr/actuelmarx... )

D’ailleurs cela s’inscrit dans un contexte de tentatives de privatiser l’enseignement (notamment le e-learning), la recherche et même les institutions culturelles comme les musées " Longtemps considérés comme n’étant pas soumis aux « forces du marché » les musées, bien que reconnus comme relevant du secteur non lucratif, connaissent à présent dans leur fonctionnement l’influence grandissante de la communication, de la commercialisation de la culture, de la globalisation et de la financiarisation de l’économie." (Le Nouvel Age des musées Jean-Michel Tobelem Éditeur : Armand Colin, Paris http://www.paris-art.com/livre_deta... )

Le fait que le savoir soit générateur de valeur et de profit est une évidence : de la machine à vapeur à la machine-outil à commande numérique et au robot, de l’atelier de filature à la centrale nucléaire la matière grise est bien présente dans le métal.

Il semble donc quelque peu abusif de qualifier le mot capitalisme de cognitif ou informationnel : pourquoi ne pas alors parler du capitalisme nucléaire ? Biochimique ? Etc

2.2 Stratégie économique et sociale de l’ultra-libéralisme.

Il ne s’agit pas ici d’analyser les conséquences du néo-libéralisme, mais les stratégies de sa mise en œuvre. Encore une fois, on ne peut considérer les phénomènes qui suivent comme résultant d’un pur déterminisme économique qui échapperait totalement à la volonté des capitalistes.

Il ne faut pas oublier, par exemple, que la financiarisation de l’économie, l’instauration d’un marché européen, la mondialisation des échanges résultent de décisions politiques, donc volontaires et stratégiques : l’optimisation du taux de profit qui est le moteur et finalité principale du système nécessite aussi des mesures politiques volontaristes . Cela n’exclut évidemment pas une autonomie relative des phénomènes économiques où, de surcroît, l’aléatoire est présent (exemple : les cours de la bourse)

- La privatisation des entreprises publiques

Il s’agit pour la classe capitaliste de marginaliser le rôle de l’Etat dans l’économie et d’empêcher celui-ci de contrôler les flux financiers. C’est un processus de dépossession de biens publics de la Nation au profit de l’appropriation privée.

L’argent n’est plus dans les sous-sols des colonies récemment perdues mais sous nos pieds : dans les entreprises publiques. Le fer de lance de la politique dite néolibérale est la privatisation des entreprises publiques nationales notamment en Europe L’attaque se focalise , par exemple, sur les télécommunications, secteur stratégique : 200 milliards de francs sont ainsi convoités dans les années 80. Le journaliste belge Gérard de Selys décrit, avec beaucoup de précisions, dans son ouvrage Privé de public.( Colophon : 1995 208 p) comment et pour le bénéfice de qui, se met en place et se développent les privatisations.

Il nous paraît utile de rappeler, en détails, l’ampleur de cette privatisation en France qui a bien été le résultat de décisions politiques.

En France celle-ci se réalise ainsi en 3 vagues :

a) La période 1986-1988 (gouvernement Chirac) Le gouvernement fixe tout d’abord un cadre législatif aux privatisations au travers les lois du 2 juillet et du 6 août 1986. environ 13 milliards d’euros de recettes de privatisations (soit 1 000 entreprises privatisées employant près de 500 000 salariés).

La réalisation du programme portant sur 65 groupes s’accomplie jusqu’au krach boursier d’octobre 1987. Les transferts réalisés portent sur 7 banques (Suez, Paribas, Sogenal, banquedu BTP, BIMP, Crédit commercial de France et Société générale), 3 sociétés industrielles (Saint-Gobain, Compagnie générale d’électricité et Matra) et 2 entreprises du secteur de la communication (Havas et TF1)

b) La période 1993-1997 (gouvernements Balladur et Juppé)

La loi du 19 juillet 1993 approuve la privatisation de 21 groupes Cette nouvelle vague de privatisation concerne 13 groupes publics, appartenant au secteur financier (BNP, UAP, AGF, Banque Laydenier, Banque française du commerce extérieur), mais aussi, en nombre plus important, des groupes industriels (Rhône-Poulenc, Elf-Aquitaine, Renault -dont le capital avait déjà été ouvert au public en 1994- Pechiney, la Seita, le groupe Usinor et Bull environ 26.4 milliards d’euros de recettes de privatisations (soit 1 000 entreprises privatisées employant près de 400 000 salariés).

c) La période 1997-2002 (gouvernement Jospin)

Environ 31 milliards d’euros de recettes de privatisations sont réalisées. (record) Cela représente 900 entreprises privatisées employant près de 145 000 salariés pour la période 1997-1998 C’est donc pendant un gouvernement socialiste que les privatisations ont été les plus importantes en montant des recettes. Elle voit la privatisation partielle de France Télécom (octobre 1997) , du CIC (avril 1998), privatisation de Thomson CSF et de Thomson Multimédia, privatisation d’Aérospatiale, cession du GAN et du CIC, de l’UIC (1998) de la CNP "assurances". d’Air France (1999), et du Crédit Lyonnais.(6/1999)

La construction libérale de l’Europe va permettre, avec l’aval des responsables politiques et la participation active de hauts responsables d’entreprises publiques, cette attaque systématique de toutes les entreprises publiques : Raoul Marc Jennar parle à ce propos de la "trahison des élites". (Europe : La trahison des élites Ed. Fayard. Le Prix des Amis du Monde Diplomatique 2004)

Il est vrai que la 5ème république favorise l’interpénétration de 3 pouvoirs : le pouvoir politique, le pouvoir administratif et le pouvoir économique ou financier.

Mais les gouvernements de droite privatisent les entreprises publiques de préférence performantes et génératrices de profits et non pas les secteurs déficitaires ou nécessitant de gros investissements sur le long terme, bien que cela ne soit pas toujours vrai. Mais il peut même arriver qu’un gouvernement de droite nationalise un groupe quand cela arrange les…libéraux.

"Quant à l’efficacité des libéraux, ça mériterait aussi d’être rappelé... Par exemple le grand chef du libéralisme en France, l’ancien patron du MEDEF, Mr Sellières, gère un fonds commun de placement qui est le résultat de la nationalisation de la sidérurgie De Wendel. De Wendel, entreprise libérale et capitaliste, était en faillite, et quand les libéraux sont en faillite, ils appellent l’Etat au secours ! L ’Etat est arrivé au secours, (c’était encore Giscard d’Estaing à l’époque), et c’est Giscard d’Estaing qui a nationalisé la sidérurgie française, (ce n’est pas Mitterrand)... Il a nationalisé la sidérurgie française, grassement, parce que si on avait appliqué les cruelles lois du marché à M. Sellières, Mr Sellières, aujourd’hui pointerait certainement à l’ANPE parce que son entreprise valait zéro franc zéro centime, puisqu’elle était en faillite… Mais avec cette grasse indemnisation que lui a donnée l’État français, Mr Sellières gère un fonds commun de placement de toute sa famille, et donne des leçons de morale à tout le monde !..." (Denis Collin, Agrégé de philosophie et auteur de "Revive la République", chez Armand Colin citation extraite de l’émission Des Sous...et des Hommes du 8 Novembre 2005 sur Aligre FM )

On retrouve cette stratégie de privatisation au point n°8 du consensus de Washington (voir plus loin) Cette politique de privatisations appliquée aux télécommunications et aux médias permet aux intérêts privés de mieux contrôler l’information, l’imaginaire, le culturel.

" Dans les télécommunications françaises, la déréglementation fut enclenchée plus tardivement, avec la loi Léotard de 1986 qui permit la création d’un concurrent de France Télécom dans les mobiles avec la SFR (Société Française de Radiotéléphonie) créée en 1988, puis elle fut accentuée par deux lois en 1990 et 1996 qui permirent la création de quatre vingts opérateurs de télécommunications dont Cegetel (groupe Vivendi) et Bouygues, déjà présents dans l’audiovisuel (respectivement avec Canal Plus et TF1). Ainsi, ces diverses sociétés issues de la déréglementation de l’audiovisuel, des télécommunications ainsi que des privatisations (Havas en 1987) se retrouvent aujourd’hui pour l’essentiel, regroupées dans Vivendi dont elles constituent le pôle communication (Havas, Canal Plus, SFR et la Cegetel). On peut constater a posteriori que ce groupe a constitué son portefeuille d’activités au fur et à mesure que les décisions étatiques de déréglementation entraînaient des démonopolisations ou des privatisations."…

" En France, durant dix années, les gouvernements successifs vont corriger les excès de leurs prédécesseurs, pour maintenir ou rétablir ce fameux équilibre : les gouvernements de droite renforceront le secteur commercial avec la loi Léotard du 30 septembre 1986, et la privatisation de TF1 ou avec la loi Carignon du 1er février 1994 en autorisant un même groupe à détenir jusqu’à 49% du capital d’une chaîne nationale hertzienne de télévision. Inversement, les gouvernements de gauche organiseront l’unité du secteur public en créant une Présidence commune de France Télévision, puis un holding du secteur public (lois du 17 janvier 1989 et du 1er août 2000)…." (La déréglementation, condition à la formation des groupes multimédias multinationaux http://www.acrimed.org/article1166.html )

S2 - Le blocage ou freinage des salaires.

Depuis le début des années 80, les salaires sont bridés dans leur évolution relative avec la croissance du PIB. Ainsi, en France, pour la période 1979-99, le niveau de vie médian augmentait de 1% par an en moyenne alors que son augmentation moyenne par an était de 5,3% pour la période 1970-79 selon les statistiques officielles. La création du RMI en 1988 (sous le gouvernement Rocard 1988-1991) permet de maintenir cette moyenne à un taux positif. Le nombre de RMIstes était de 396 160 en 1989, il devient 1 266 400 début 2006. (observatoire des inégalités http://www.inegalites.fr ). La désindexation des salaires sur l’évolution des prix dont l’idée fut lancée en 1980 par René Monory et appliquée en 1983 par Jacques Delors s’inscrit dans le programme libéral.

Cela s’est traduit par ce qu’il est convenu d’appeler "déformation du partage" salaires/profits dans le PIB. "….Ces calculs montrent une grande stabilité du partage aux Etats-Unis autour de 66% alors que la France connaît une forte hausse autour de 1975 passant de 66 % a 72% avant un effondrement continu pour atteindre 60% en 1995. Blanchard et al. [2001] reportent pour la France des mouvements encore plus nets de 74% au début des années 80 `a 60% dans les années 90" .( Partage de la valeur ajoutée et rentabilité du capital en France et aux Etats-Unis Philippe Askenazy CNRS et Cepremap)

Le pouvoir d’achat du salaire net annuel commence à baisser au début des années 1970 puis s’effondre au début des années 1980. Depuis lors il fluctue entre 0 et 2%. (INSEE DADS voir

http://alpha-etudes.com/admin/uploa... Groupe alpha du CEES Quel partage des richesses ?)

Pour essayer de maintenir leur pouvoir d’achat, les ménages ont donc de plus en plus recours au crédit qui ne cesse de croître malgré des taux d’intérêt pouvant être élevés : le taux d’endettement (par rapport au revenu disponible brut) était, en France, de 49% en 1995, il est passé à 64% en 2005 (INSEE) Ces taux étaient de l’ordre de 90% aux USA et 100% en GB, ils sont passés à 130 % et 140% sur les mêmes périodes.

Cet endettement des ménages limite leur liberté d’action sociale et rend les salariés plus dociles : il constitue une chaîne d’or. Ce blocage des salaires s’accompagne aussi d’un manque à gagner en impôts et cotisations sociales.

Evidemment cette situation a un impact sur la manière dont les français perçoivent leurs conditions de vie. Ainsi, par exemple, à la question "Selon vous, la vie en France est-elle plus facile, plus difficile ou ni plus facile, ni plus difficile aujourd’hui qu’il y a trente ans ?", 68% répondent : "plus difficile", et, comme par hasard, 68% répondent aussi que leur pouvoir d’achat s’est dégradé. depuis (sondage CSA réalisé pour la revue l’Expansion le 6 et 7 septembre 2006).

Mais les libéraux ont toujours en réserve des "arguments de choc", humanistes de préférence, pour justifier leur politique économique. En l’occurrence, les salaires trop élevés étaient considérés comme un obstacle à l’embauche, à l’obtention de prix concurrentiels, et donc constituaient, selon eux, la cause principale de chômage. Mais cette "modération" n’a pas eu l’effet escompté.

" Ainsi, un quart de siècle de modération salariale dans les pays d’Europe continentale n’aura pas suffi à faire régresser le chômage, au point que nombre d’observateurs sont tentés d’inverser le diagnostic originel : après une aussi longue (quasi)-stagnation des rémunérations, les salaires ne sont-ils pas aujourd’hui trop faibles pour permettre le retour au plein-emploi ? C’est dans ce contexte que les profits des entreprises apparaissent déraisonnables et que celles-ci sont invitées à mieux répartir les gains de productivité. "( JP Fitoussi OFCE http://www.ofce.sciences-po.fr/arti... )

La perte de pouvoir d’achat des ménages a contribué à augmenter le taux d’activité des femmes qui est passé de 42,1% en 1975 à 47,3 en 1996, soit une augmentation de 12,3%. : cette catégorie étant une catégorie à faible syndicalisation, cela a accentué la baisse de syndicalisation.

Cet appauvrissement salarial est exploité par les forces politiques libérales qui opposent, autant que faire se peut, les salariés entre-eux : travailleurs pauvres contre Rmistes ; smicards contre chômeurs "bien indemnisés" ; immigrés percevant des prestations sociales contre travailleurs pauvres mais français ; public contre privé, etc et force est de constater que cette démagogie de la misère a un certain impact.

Le déclin ininterrompu des taux de croissance depuis la fin des années 60 au sein des pays de l’OCDE, avec respectivement des taux de 5,2%, 3,5%, 2,8%, 2,6% et 2,2% pour les décennies 60, 70, 80, 90 et 2000 semble indiquer que le capitalisme est entré dans une crise structurelle profonde.

S3 – Restructuration de l’appareil productif au niveau mondial.

La décomposition du processus de production en plus petites unités réparties dans des entreprises différentes, performantes dans certaines productions et certaines tâches spécialisées, permet une baisse des coûts salariaux par leur externisation. Se développe ainsi la sous-traitance dans le domaine industriel mais aussi dans le tertiaire. (sociétés de services,…)

Ces entreprises peuvent être dispersées sur un même territoire national (régionalisation par pôle d’activité) ou dans de nombreux pays différents (délocalisation) . Cela permet aussi d’obtenir des avantages fiscaux importants et aussi la pénétration du marché local.

Cette spécialisation accrue des segments de fabrication et d’activité du tertiaire dans des pays différents rend plus complexe et diluée l’identification des responsabilités décisionnelles et conduit à un affaiblissement des contre-pouvoirs syndicaux qui perdent leurs bastions traditionnellement installés dans les grosses entreprises nationales.

Cette segmentation va de pair, répétons-le, avec une spécialisation de grandes entreprises sur un champ de métiers plus étroit pour lequel elle est la plus performante. Ainsi certaines entreprises abandonnent des pans entiers de leurs activités pour se centrer sue celles jugées les plus rentables par les actionnaires : peu importe si, parfois les carnets de commande sont pleins ou que l’entreprise a été modernisée il y a peu de temps.

Ce morcellement implique la formation de vastes réseaux inter-entreprises ou organismes financiers. Une inter-dépendance systémique enchaîne les entreprises dans un maillage pouvant faire apparaître de nouvelles vassalisations économiques. Les salariés, comme les entrepreneurs, chacun à leur manière, sont subordonnés à ces réseaux.

" Pour un sociologue, un économiste ou un informaticien, le réseau apparaît comme quelque chose de très moderne Pour un juriste, il évoque au contraire irrésistiblement les constructions de la féodalité, et notamment le lien vassalique qui plaçait un homme libre au service d’un ou plusieurs suzerains. Et c’est bien cela que cherchent les entreprises dans les nouvelles formes d’organisation du travail. On ne se contente plus de la subordination, on ne veut plus de travailleurs seulement obéissants. Les exigences de qualité des produits et de réduction des coûts conduisent à attendre des travailleurs qu’ils se comportent comme s’ils étaient indépendants et responsables. À l’inverse, la dépendance gagne du terrain dans les rapports des entreprises entre elles. Recentrée sur son métier principal, chaque entreprise doit contrôler étroitement la qualité et la ponctualité des prestations de ses fournisseurs ou ses sous-traitants, dont dépend la qualité de ses propres produits" (Alain Soupiot Homo économicus p194)

S4 – Le libre-échangisme généralisé et la globalisation.

En janvier 1994, le Canada, les États-Unis et le Mexique ont lancé l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et formé ainsi la plus vaste zone de libre-échange du monde. ( texte de l’accord : http://www.dfait-maeci.gc.ca/nafta-... )

Pour couronner le tout, les négociations du cycle de l’Uruguay de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), conclues à Marrakech en 1994, ont débouché sur la naissance de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995.

La construction européenne reposait sur une union douanière, fondée sur deux mécanismes : (1) la libéralisation de la circulation des biens et services à l’intérieur du Marché Commun, et (2) l’imposition d’un Tarif Extérieur Commun (TEC) vis-à-vis des pays tiers. Le dispositif consacrait le principe général de la « préférence communautaire », tendant à favoriser les échanges intra-communautaires. De nos jours, l’Europe tend à devenir une telle zone de libre échange, une régression manifeste du projet européen au profit de la mondialisation intégrale. Le principe de la préférence communautaire est graduellement abandonné

Les modèles LINKAGE, développé à la Banque Mondiale, et GTAP (pour Global Trade Analysis Project) de l’Université Purdue n’ont pas la fiabilité suffisante pour corréler de manière indiscutable la croissance du PIB et la liberté des échanges. "On touche ici à une conclusion importante des travaux de théorie économique des trente dernières années. Contrairement à ce qui est affirmé dans les médias et dans le discours de l’économie « vulgaire », il n’y a pas d’argument permettant de fonder de manière normative (et donc prescriptive) la supériorité de la concurrence, et donc des politiques de libéralisation. Les résultats normatifs issus de la Théorie de l’Equilibre Général sont aujourd’hui entièrement invalidés." (Libre-échange, croissance et développement : Quelques mythes de l’économie vulgaire. Jacques SAPIR Directeur d’études en Économie à l’EHESS http://www.protectionnisme.eu/index... )

Dire que la liberté des échanges a été bénéfique reste hypothétique. Entre 1990 et 2004 la croissance du PIB, dans le monde, a été de 1,4 % par an en moyenne mais de 0,3 % seulement pour l’Afrique sub-saharienne et de 1,1 % pour l’Amérique latine.. En outre, la marchandisation d’activités qui ne l’étaient pas et qui deviennent incluses dans le PIB, l’externalisation de productions par segmentation font que la croissance du PIB ne reflète pas forcément un accroissement de richesses produites. La FAO indique que si le nombre de personnes souffrant de la faim s’établissait à quelque 920 millions à la fin des années 1980, il s’était abaissé jusqu’à 780 millions en 1995 mais qu’il remonte depuis pour atteindre aujourd’hui plus de 850 millions d’êtres humains. On peut difficilement voir dans ces chiffres la traduction d’un progrès pour l’humanité. http://www.france.attac.org/spip.ph... Les dits « Traités de Libre Échange » (TLC) maintenant signés, tout comme les rounds (le terme est bien choisi) de négociations de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), accentuent la libéralisation sauvage et non maîtrisée des échanges, mais visent beaucoup à l’extension des privilèges des investisseurs étrangers, les firmes transnationales, en matières d’exploitation des populations locales et des ressources naturelles, de destruction de l’environnement, ainsi que de protection de la « propriété intellectuelle », c’est-à-dire la rétention du savoir à des fins lucratives http://www.france.attac.org/a6037

Pourquoi le libre-échange peut-il être socialement dévastateur ? Le coût d’une marchandise est déterminé, entre autres, par la part des salaires nécessaire à sa fabrication, les cotisations sociales assurant le niveau de protection social d’un pays et la part des investissements pour que cette fabrication respecte des normes écologiques.

La logique libérale étant la course au coût de production le moins élevé, le libre échange favorise les pays qui pratiquent des salaires minima, une protection sociale quasi-nulle et qui ne respectent pas l’environnement. Contre ce libre échangisme aveugle, un protectionnisme social intelligent est possible : voir les explications de Hakim El Karoui (émissions 162-163-164 ) et Jacques Sapir (émission 154) lisibles et écoutables à http://dsedh.free.fr/emissions_pass....

Ce libre échangisme au niveau planétaire se concrétise par une mondialisation ou globalisation de l’économie capitaliste au travers les sociétés multinationales industrielles et financières et où les Etats-nations voient leurs pouvoir d’intervention diminuer.

La liberté totale de circulation des capitaux. permet les délocalisations (ou fuites) fiscales ; ainsi, par exemple, en France, l’ISF aurait provoqué, entre 1997 et 2002 entre 350 et 370 délocalisations par an, " Les pertes en droits ISF s’établissent au total sur les six dernières années à 83,3 millions d’euros, soit environ trois fois le coût d’une actualisation du barème de l’ISF. Ces pertes ne prennent évidemment en compte que les seules recettes liées à l’ISF : il conviendrait de prendre en compte par ailleurs l’ensemble de la contribution fiscale des redevables délocalisés pour mesure l’impact de ces délocalisations sur les finances publiques…..

Au total, depuis six ans, les pertes en bases imposables s’élèvent à 9.943 millions d’euros, soit près de dix milliards d’euros. Il conviendrait de rajouter évidemment à ce chiffre les bases non imposables, notamment les biens professionnels exonérés, que la direction générale des impôts n’est pas en mesure d’évaluer. (http://www.senat.fr/rap/r03-351/r03... ) Il est alors facile de dire : "il faut supprimer l’ISF" !

Mais ceci n’est qu’un petit aspect de la question. L’utilisation des paradis fiscaux est devenue presque banale : par ce procédé multinationales et banques échappent à l’impôt.

" Selon les journalistes du journal L’Expansion, le montant des actifs gérés par 65 paradis fiscaux s’élèverait à la somme de 4497 milliards d’euros. Enfin, d’après une enquête menée par le quotidien français Libération et publiée le 8 mars 2000, l’ensemble des fonds placés dans les paradis fiscaux atteint près de 6000 milliards d’euros et évolue au taux de 12% par an." (http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradi... )

" Mais les paradis fiscaux ne servent pas seulement à payer moins d’impôts sur les profits. Les multinationales les utilisent aussi pour cacher leurs dettes, afin de faire apparaître aux investisseurs potentiels un bilan plus sain qu’il n’est vraiment,…" (http://www.alternatives-economiques... L’association Attac a beaucoup fait pour que ce type de pratique soit connue : http://www.france.attac.org/r31

La pénétration des capitaux étrangers pour le contrôle des grosses entreprises nationales font partie de ce processus de mondialisation. Ainsi, par exemple, pour l’Allemagne  :" C’est sans précédent. Les trente plus grandes entreprises allemandes sont maintenant en majorité détenues par des investisseurs étrangers, selon une étude publiée lundi 17 décembre par le quotidien Handelsblatt. Depuis 2005, la part du capital des entreprises allemandes entrant dans la composition du DAX, l’indice de la Bourse de Francfort, aux mains d’étrangers est passée de 43,8 % à 52,6 %.

Il y a cinq ans, un tiers du capital se trouvait entre des mains étrangères, un dixième il y a dix ans. Aujourd’hui, ces capitaux non allemands ne sont minoritaires que dans des cas très particuliers : des ex-entreprises publiques, comme la Deutsche Post ou la compagnie aérienne Lufthansa,… Ces chiffres montrent surtout que le modèle du capitalisme rhénan, ou "Deutschland AG", a vécu. Instauré après guerre, ce système de participations croisées a permis le développement d’une industrie puissante, financée par les grandes banques et sociétés d’assurances. Un verrouillage qui rendait impossible les prises de contrôle de l’étranger. "Les chiffres que l’on observe ne témoignent pas d’une rupture mais de la poursuite d’une tendance", nuance Franz-Joseph Leven, analyste de la Fédération des sociétés cotées en Bourse.

La suppression de la taxation sur les plus-values de cession, en 1999, a signé la fin du "Deutschland AG" et encouragé l’entrée en scène des investisseurs étrangers, notamment des fonds d’investissement et de pensions." (Le Monde du 18/12/07)

Le cas de la France peut surprendre : c’est l’un des pays où le taux de pénétration ou de contrôle par des sociétés étrangères est le plus élevé, et la situation devient telle que la notion de souveraineté économique et politique devient caduque. " Un seul chiffre pour donner l’ordre de grandeur : le CAC 40 - ce qu’on appelle le CAC 40, c’est-à-dire les 40 plus grands groupes industriels et financiers français - en 1985, était contrôlé par des investisseurs étrangers à hauteur de seulement 10 % de leur capital... En 1985, il y a 23 ans. Or maintenant on est à combien ?

On n’a pas les chiffres de 2007, les derniers chiffres connus sont de fin 2006. Près de 47 % du capital des grandes firmes du CAC 40 sont contrôlés par des fonds. Et donc cette question des fonds - ensuite on peut rentrer dans le détail : qui sont ces fonds ? qui possède l’argent ? – , mais c’est un choc immense, immense, pour le capitalisme français ! Juste par comparaison les mêmes firmes en Grande-Bretagne sont contrôlés seulement à 30 %, au lieu de 47 % en France, et aux États-Unis à 20 %.

Cela donne une indication, c’est qu’on est en France dans un complexe libéral. On s’est plus tardivement ouvert au marché et au libéralisme que d’autres pays mais, ensuite, beaucoup plus profondément. On est dans une économie beaucoup plus instable, beaucoup plus ouverte aux fonds. (G.Mauduit. http://dsedh.free.fr/transcriptions... Emission 191 -15 avril 2008)

S5 - Le chômage et la précarisation des emplois. La vulnérabilité des ménages.

Chômage : en France, entre 1968 et 1974, le chômage est de l’ordre de 2,5% ; puis croît régulièrement de 1975 à 1987 où il atteint plus de 10% : entre 1984 et 1992, il oscille autour de 10%.

Le cap des 1 million de chômeurs est franchi en fin d’année 1975, sous la présidence de VGE. Suit une 2ème phase de croissance de 1992 à 1994 où il atteint 12% et il se stabilise aux environs de cette valeur jusqu’en 1998. Suit une baisse jusqu’en 2001 puis il se stabilise aux environs de 10% depuis cette année là. La raison économique essentielle n’est pas due, comme le disent les libéraux au coût du travail mais à la confiscation, par la classe dominante des gains de productivité.

"Fondamentalement, la montée du chômage est liée à la déformation dans la répartition du revenu depuis 20 ans : la part des salaires dans le revenu national a baissé au profit des revenus financiers, tandis que la part de l’investissement restait à peu près constante. Cet énorme transfert des salaires vers les « rentes » (10 points de PIB, soit 160 milliards d’euros) a pesé sur la situation de l’emploi de deux manières. Le gel des salaires a bloqué la demande. Tout pouvoir d’achat supplémentaire est consommé à peu près intégralement par les salariés, mais il est en grande partie épargné par les « rentiers » et c’est d’ailleurs pour cette raison que les baisses d’impôts ciblées sur les hauts revenus n’ont pas relancé la consommation. Et surtout, la rétention des gains de productivité par la finance a bloqué le processus de réduction du temps de travail." (M. Husson http://hussonet.free.fr/autremh.pdf )

Les libéraux ont des "explications" du chômage qui se veulent techniques mais qui, en réalité, sans être totalement fausses, n’expliquent qu’une faible partie de celui-ci. Pour un condensé de ces "explications" déversées à longueur d’antennes, on peut se référer à : http://spoirier.lautre.net/chomage.htm

En réalité, les gains de productivité ne sont pas redistribués, ni en salaires, ni en emploi. Par exemple : "La productivité du travail, c’est-à-dire la valeur produite pour chaque heure de travail (production ou valeur ajoutée) a augmenté en France de 17,22 % en sept ans, de 1997 à 2003, pour l’ensemble de l’activité nationale…..En sept ans, sans rien changer à la production de richesses du pays, le nombre d’emplois aurait pu être augmenté de 17,22 % en réduisant de 14,69 % la durée réelle du travail (la durée affichée du travail d’une entreprise ne correspond pas à la durée effective travaillée). En moyenne, avec des transferts d’emplois entre secteurs d’activité, le nombre d’emplois aurait augmenté de 4 284 500. Cela n’aurait pas réduit le chômage à néant, car le chômage réel est plus du double du chômage officiel et les chômeurs découragés reviendraient sur le marché de l’emploi, mais un grand progrès aurait été réalisé pour plus de justice sociale." (http://travail-chomage.site.voila.f... )

Ce chômage provoque aussi une diminution des recettes fiscales de l’Etat et des cotisations sociales et augmente considérablement les dépenses de l’Etat social : indemnités de chômage et de formation, aides à l’emploi…Néanmoins, il ne faut rien exagérer car les indemnités de chômage ont toujours été globalement très encadrées : "l’effort financier de la société pour y répondre est particulièrement faible : les diverses allocations chômages représentent moins de 10 % du budget de la protection sociale, moins de 3 % du PIB." (Chômage : prendre les questions par la racine http://www.france.attac.org/spip.ph... ) Sur l’analyse des causes du chômage, on peut aussi se reporter aux émissions n°4 et n°137 de DSEDH ( http://dsedh.free.fr/emissions_pass... )

Précarité.

L’intérim (introduit en Europe en 1960) est légalisé en 1972 et le CDD en 1979 confirmé par les lois Auroux de 1982, la flexibilité en plus. Il y avait environ 100 000 intérimaires en 1980 et 500 000 aujourd’hui. 1973 : obligation de justifier les licenciements supprimée en 1986 ; le CNE, c’est en 2005. ( Histoire sonore de la précarité format mp3 ; http://www.la-bas.org/article.php3?... )

"Depuis le début des années 1980, les emplois temporaires ou à temps partiel ont fortement augmenté : multiplication par cinq pour l’intérim, par quatre pour les CDD, par plus de trois pour les stages et contrats aidés et doublement de la population en sous-emploi. Au total, le volume des emplois précaires a augmenté de 2,5 millions entre 1983 et 2005, cette hausse absorbant plus de 60 % de la croissance totale de l’emploi sil1arié (4 millions)." (Travail flexible, salariés jetables La Découverte p20).

La flexibilité

La flexibilité prend différentes formes.

1. Flexibilité quantitative externe : ajustement du volume de travail (nombre de travailleurs) au volume de la production. Impliquant une flexibilité du contrat de travail : CDD, Intérim

2. Flexibilité quantitative interne : faire varier le volume de travail en fonction du volume de la production mais avec le même personnel (pas de CDD, d’intérim) par recours au temps partiel, aux heures supplémentaires mais surtout à l’annualisation du temps de travail (1800 heures de travail répartie sur l’année en fonction des besoins).

3. Flexibilité salariale par individualisation des procédures de fixation du salaire. (2 manières : au recrutement, lors de la signature du contrat de travail en fonction de l’offre et de la demande ; faire varier le salaire en fonction des résultats de la personne). 4. Flexibilité de la fonction occupée par : variations de la nature même du travail : c’est la polyvalence .polyvalence.

Cela permet d’optimiser les coûts salariaux et d’augmenter le taux de profit, de briser les collectifs de travail favorables à la coopération entre salariés. Indiquons que le taux de syndicalisation est de l’ordre de 2,5% pour les salariés en CDD et intérims et de 9,5%% pour les CDI. http://www.travail.gouv.fr/IMG/pdf/...

Endettement et surendettement.

L’irrégularité ou l’insuffisance des revenus conduit les ménages à s’endetter. Le conseil économique et social publie des rapports précis sur cette question. En janvier 2000 : http://www.ces.fr/rapport/doclon/00...

Les citations suivantes sont issues du rapport de 2007. disponible à : http://www.ces.fr/rapport/Avis_PCRO... "Aux 33 % de ménages endettés au titre des différentes formes de crédit à la consommation, il convient d’ajouter près de 10 % de ménages utilisant uniquement le découvert bancaire. Ce sont donc 43 % des ménages qui utilisent une forme de crédit à la consommation et/ou le découvert bancaire…p91

Globalement, tous crédits confondus, depuis 25 ans, un ménage sur deux, environ, est endetté. "L’allongement de la durée des emprunts (12 ans en moyenne en 1995, 16 ans en 2004 et 21,5 ans en 200721) joue un rôle d’amortisseur mais contribue à un endettement pour une période longue, restreignant ainsi l’accès des ménages aux revenus modestes à d’autres types de crédits, par exemple à la consommation." p92

La détérioration croissante du pouvoir d’achat, principalement due au déplacement de 10% du PIB du travail vers le capital et les profits, conduit à un accroissement du surendettement. "Considéré au départ comme un « débordement » de la société de consommation qu’il s’agissait alors de corriger, le surendettement s’inscrit désormais durablement dans un panorama général de dégradation des conditions de vie d’une partie de la population, pour laquelle de simples moratoires ou plans de restructuration ne suffisent plus. Véritable fléau social, le surendettement participe au processus d’exclusion sociale."p104

Cet endettement rend très vulnérable les ménages et est un instrument très utile pour la bourgeoisie possédante et financière :

-  revenus des intérêts

-  titrisation des emprunts alimentant la spéculation boursière et des superprofits artificiels.

-  permet de vendre (à crédit) et d’accroître ainsi artificiellement les débouchés pour absorber la production et réaliser ainsi des profits,

-  contraint les travailleurs à la docilité : il est difficile de supporter le coût de grèves quand on est surendetté.. En outre, cette situation, comme la précarité de l’emploi, induit un sentiment permanent et latent d’anxiété rendant les individus plus fragiles, plus vulnérables au conditionnement idéologique (de type sécuritaire ou autre…), à la pression de conformité, si l’on veut utiliser un vocabulaire psychologique.

Mais à cette corde au cou des ménages que constitue l’endettement, se lie la chaîne d’or de l’endettement de l’Etat.

S6 - Stratégie d’affaiblissement du pouvoir de l’Etat

1 La dette publique.

L’accroissement de la dette publique rend dépendant les états des puissances financières privées. Giscard d’Estaing avait lancé en 1973 un emprunt censé compenser les pertes de recettes budgétaires causées par la baisse de la TVA. L’emprunt comprenait une indexation éventuelle sur le lingot d’or. Or, cette clause joua à partir de 1978 au moment même où le métal jaune atteignait des sommets. Résultat : en 1988 l’Etat acheva de rembourser 80 milliards de francs pour les 6,5 milliards de francs empruntés quinze ans plus tôt. D’autres emprunts à l’initiative des libéraux suivirent : Barre (1977), Balladur (1993).

Le texte suivant d’Ernest Mendel est assez éclairant à ce sujet : Les chaînes d’or visibles de la bourgeoisie... les dettes de l’État. " Le Parlement, et plus encore le gouvernement d’un État capitaliste aussi démocratique soit-il en apparence, sont liés par des chaînes d’or à la bourgeoisie. Ces chaînes d’or portent un nom : la dette publique. Aucun gouvernement ne saurait durer plus d’un mois sans devoir aller frapper à la porte des banques pour pouvoir payer ses dépenses courantes. En cas de refus des banques, le gouvernement fait faillite. Les origines de ce phénomène sont doubles. Les impôts ne rentrent pas tous les jours ; les rentrées sont concentrées à une époque de l’année, tandis que les dépenses, elles, sont continues. C’est de là que provient la dette publique à court terme. On pourrait résoudre ce problème, on pourrait imaginer un "joint technique", mais il y a un autre problème, bien plus important. Tous les États capitalistes modernes dépensent plus qu’ils ne reçoivent, c’est la dette publique pour laquelle les banques et autres établissements financiers peuvent le plus facilement avancer l’argent. Il y a là, pour l’État, un lien de dépendance direct et immédiat, quotidien, par rapport au Grand Capital." (http://www.ernestmandel.org/fr/ecri... )

La dette est bien, en effet un instrument privilégié de domination. Comme l’explique Maurice Godelier dans son livre L’idéel et le matériel : "La formule générale des liens de dépendance et d’exploitation est la dette que contractent les dominés vis-à-vis des dominants" (p210-211). La dette publique est un moyen stratégique pour la bourgeoisie nationale et internationale de rendre dépendant l’Etat français et ses hommes politiques de sa puissance financière et donc d’exercer sa domination sur eux et, par ricochet, sur l’ensemble de la population.

L’équilibre d’un budget, c’est une égalité approximative entre les recettes et les dépenses.

L’idéologie néolibérale est de faire intervenir le moins possible l’Etat dans l’économie et les affaires sociales. Selon les libéraux, la protection sociale doit être essentiellement financée par des organismes privés divers à but le plus souvent lucratif. Il est donc nécessaire, dans cette optique, d’empêcher les dépenses publiques que réclame la demande sociale, en bloquant ou freinant les recettes publiques. Pour ce faire : ils diminuent les recettes fiscales et les rentrées de cotisations sociales.

Petits salaires, emplois précaires, chômage, exonérations diverses contribuent à ce déficit de recettes.

Le déséquilibre étant établi, les libéraux accusent ensuite l’Etat d’être trop dépensier et justifient ainsi des réductions d’effectifs dans les fonctions publiques.

Ces réductions, les diverses économies faites sur la formation et l’organisation provoquent des dysfonctionnements des services publics qui seront alors accusés de tous les maux : on amorce ainsi la justification de privatisations aux yeux des usagers. Le déremboursement des médicaments conduit à faire appel à des assurances privées, les dysfonctionnements de l’Ecole encourage à développer l’enseignement privé, les dysfonctionnements des hôpitaux conduit à développer les cliniques privées, etc. Il s’agit ici, en réalité, d’une stratégie délibérée.

L’exonération totale ou partielle de cotisations sociales (les fameuses "charges" sociales) ou d’impôts ; les différentes formes d’aides financières aux entreprises, grèvent considérablement le budget de l’Etat. Ces "allègements" sont réalisés sans cohérence d’ensemble et sa ns étude d’impact. "Il existe un fort besoin de mise en cohérence et d’évaluation des aides publiques aux entreprises On peut estimer à près de 65 milliards d’€ l’ensemble des aides publiques aux entreprises, dont 90 % sont financées par l’Etat, et à au moins 6.000 le nombre cumulé des dispositifs d’aides, dont 22 aides européennes, 730 aides nationales et, par exemple, 650 pour l’ensemble des collectivités de la seule région Ile-de-France.

Ce total de 65 milliards d’€ représente un peu plus que le total du budget de l’Education nationale, près de deux fois le budget de la Défense, le même ordre de grandeur que le total des dépenses hospitalières , plus de trois fois le budget de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. C’est aussi un chiffre supérieur au déficit public. Il est certes méthodologiquement critiquable de faire ce type de rapprochement sans précautions, mais cela souligne l’importance du sujet au regard de l’efficience des politiques publiques.

La complexité du dispositif se traduit par l’empilement de mécanismes voisins ou aux objectifs quasiment identiques. A cela s’ajoute une succession de décisions prises sans tenir suffisamment compte d’analyses d’impact préalables (ainsi la mission a observé la création de plusieurs nouveaux mécanismes d’aide au cours de ses quatre mois d’investigation). Il est aisé de constater de multiples redondances, voire de franches contradictions entre les mécanismes d’aides publiques, sans oublier l’inadaptation de nombreuses aides aux besoins réels des bénéficiaires.

L’extraordinaire profusion des dispositifs ne permet pas aujourd’hui d’en cerner les interférences et les effets non escomptés. La sédimentation des aides publiques aux entreprises atteint un niveau tel que, pour une décision donnée, des dizaines dispositifs se trouvent en concurrence pour le même objet (au moins 42 dispositifs à ce jour d’allègements spécifiques de qui choisissent l’utilisation relative des aides charges sociales pour les aides au recrutement). En conséquence, ce sont parfois les entreprises qui leur sont destinées, réalisant ainsi de facto la régulation du système. (Rapport de Inspection générale des Finances ; Inspection générale des Affaires sociales ; Inspection générale au conseil d’orientation de l’emploi.de l’Administration http://www.coe.gouv.fr/IMG/pdf/Rapp... dans http://www.coe.gouv.fr/rubrique.php... )

On peut aussi se reporter pour plus de détails, à mon article : http://www.alternativeunitaire2007.... Aides publiques aux entreprises : écheveau broussailleux et tonneau des Danaïdes le 03/12/07

A cela s’ajoute, empilés d’année en année, une myriade d’allègements fiscaux pour les entreprises et les familles riches dont un volume de 200 pages suffirait à peine à faire le tour. Par exemple : "La part des entreprises dans le financement de la protection sociale a diminuée. On est passé d’un taux de contribution de plus de 41 % au début des années 90, à 35 % en 1999. Cette réduction correspond à une véritable « désengagement » des entreprises. À de pareils seuils, on peut dire que le financement est assuré par les cotisations des travailleurs et de l’État (mais alors ce sont les ménages qui financent)." (Évolution inégalitaire et faible redistributivité de la fiscalité. Moulier Boutang http://multitudes.samizdat.net/spip...

Ces différentes mesures tendant à affaiblir l’Etat doivent donc être pensées dans une dynamique systémique de destruction programmée.

En même temps,

Aux USA, l’impôt sur les sociétés est de 35% mais celui sur les fonds d’investissement est seulement de 15%. La part des revenus du capital PIB américain est passée à 2 % dans les années 2000, contre 4 % dans les années 1960. Pendant ce temps, les profits largement défiscalisés explosent : " James Simons, de Renaissance Technologies a ainsi empoché 1,7 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros) en 2006, après 1,5 milliard en 2005, selon un classement effectué par Institutional Investor. Les 25 plus riches patrons de fonds ont totalisé à eux seuls près de 14 milliards de dollars de compensations financières - l’équivalent du PIB de l’Islande." Constatant cela, certains sénateurs américains proposé en juin 2007 un projet de loi pour taxer les fonds comme des sociétés. (Le Monde du 15/06/07).

2 – La supranationalité. La mondialisation.

La mondialisation, que les libéraux veulent faire croire comme fatale, voire naturelle et forcément bénéfique, n’est en fait que le résultat de décisions politiques prises par des hommes politiques libéraux et socio-libéraux,.le plus souvent coupés des réalités sociales et défendant de facto les intérêts du groupe économique dominant.

Au pouvoir et à l’autorité juridique des Etats se substituent une floraison "d’Autorités" en tous genres ( dérégulation notamment), de normes internationales élaborées dans des instituts privés transnationaux. A la notion de gouvernement assuré par des représentants directs des peuples se substitue la notion de gouvernance contrôlée par des experts, technocrates non élus et fortement influencés par les institutions financières.

Les institutions européennes, les organismes internationaux (OMC, FMI, banque mondiale) disposent de prérogatives s’imposant aux états qui perdent ainsi leur souveraineté dans de nombreux domaines. Les politiques imposées sont de nature libérales ou ultra-libérales : libre-échangisme des marchandises et capitaux, mise en concurrence des systèmes fiscaux et des forces de travail . Les "experts" de l’OCDE donne les conseils nécessaires aux gouvernement pour appliquer le plus efficacement possible les politiques économiques libérales et apporte les cautions idéologiques utiles. Ces mesures s’attaquent aux possibilités des états à mener des politiques de protection sociale. Les droits du travail et de nombreux acquis sociaux sont remis en cause . Les plans dits de rigueur, de réajustement structurels se succèdent avec leurs cortèges de dégâts sociaux, tous censés, pourtant, avoir été décidés pour résoudre le chômage, la pauvreté, etc. Cette mondialisation est l’objet de 7 émissions sur le site : http://dsedh.free.fr/index800.htm

" Fait ainsi retour la vieille dichotomie du global et du local, typique d’une pensée impériale encline à tirer un trait sur les Etats- nations. Dans cette perspective néolibérale, le Droit de la concurrence occupe la place d’un Droit constitutionnel à l’échelle planétaire, et les institutions internationales du commerce disputent aux États le rôle de Tiers garant des échanges. Le malheur est qu’un Droit de la concurrence est impuissant à fonder un ordre juridique, car il ne connaît que la circulation des produits et ignore le sort des hommes et de la nature sans lesquels aucune production n’est possible. L’ordre économique international fait ainsi naître de graves problèmes sociaux et environnementaux, qui pèsent finalement sur les États, dont on réduit par ailleurs la capacité d’action. Au plan interne, les États doivent faire face à une demande de sécurité, de solidarité et de décentralisation, qui croît à proportion des effets déstabilisateurs de la globalisation…" ((Homo Juridicus de Alain Soupiot Ed. Seuil p.235).

3 – La régionalisation.

Celle-ci n’est pas indépendante du développement des institutions européennes. Les régions peuvent être conçues comme des alternatives concurrentes à l’Etat : "La politique régionale communautaire, appuyée sur les fonds structurels,.. ont popularisé l’Europe auprès des collectivités territoriales de tous les Etats membres en leur permettant d’avoir accès à des ressources nouvelles, et en leur offrant des marges de manoeuvre supplémentaires par l’institution d’un niveau de pouvoir à la fois supérieur à l’Etat, concurrent et alternatif". Ce ne serait être plus clair ! (La régionalisation en Europe http://grale.univ-paris1.fr/pgscien... ).

La régionalisation se développe en Europe par la mise en place de dispositifs juridiques variés et abondants principalement entre 1970 et 1982. Le fonds européen de développement régional (FEDER) est crée en 1975. Le transfert aux régions de certaines missions sociales de l’Etat sans accompagnement budgétaire peut conduire les régions à privatiser certains services : aides à domicile, cantines scolaires,…).

La régionalisation libérale accompagne le processus de désengagement de l’Etat.

S7 - Stratégie d’affaiblissement des organisations de salariés.

La syndicalisation en baisse.

La segmentation du travail, le chômage et la précarité de l’emploi, l’individualisation des contrats de travail et la mise en concurrence des travailleurs qui ont favorisé l’individualisme ont contribué à affaiblir les résistances des salariés à leur exploitation. Les grands médias, relais de l’idéologie libérale, véhiculent le plus souvent une image négative des syndicats dont le temps d’antenne est portion congrue. Le taux de syndicalisation des Français n’a cessé de diminuer depuis le milieu des années 70. Il était encore de plus de 23% en 1973, avant d’entamer une longue chute (environ 21% en 1978, 17% en 1983, 12% en 1988 et 11% en 1993).

Aujourd’hui, ce taux est d’environ 8%, ce qui place la France parmi les pays d’Europe où le taux de syndicalisation est le plus bas (80% en Suède, 70% au Danemark, 50% en Belgique, 40% en Grande-Bretagne, 35% en Italie, 30% en Allemagne...) et même du monde (40% en Australie, 25% au Japon ; 18% aux Etats-Unis...). http://www.france.diplomatie.fr/cul...

Ce phénomène de baisse est général dans tous les pays capitalistes. Voir par exemple pour les Etats Unis : http://www.sciences-po.fr/admission...

Le nombre de journées non travaillées en baisse.

Les 30 glorieuses ne sont pas des années socialement paisibles. Par exemple, en 1953 le nombre de journées non travaillées (JNT) atteint le record de 9,5 millions et 6 millions en 1963, 15 millions en 1968. Le niveau se maintient entre 2,5 et 3 millions entre 1970 et 1975.

Il a atteint des hauteurs maximales en 1975 et 1976 (3, 5 et 4 millions de JNT), reste à un niveau élevé entre 1975 et 1985 ( de l’ordre de 1,5 millions de JNT) puis est contenu à moins de 500 000 depuis 1988 à quelques exceptions près (1989 ;1990; 1996). Depuis les années 2000 le nombre de JNT est calé aux environs de 250 000 . http://www.travail.gouv.fr/IMG/xls/...

Contrairement à des idées véhiculées par les médias, la France n’est pas un pays développé où la conflictualité est la plus importante. Elle est devancée de loin par la Grande Bretagne, les USA, l’Italie,….(sur 18 pays classées elle se situe toujours entre le 10ème et 12ème rang. http://www.acrimed.org/article2415.html

Cet affaiblissement a aussi un effet en retour : l’altération de la "conscience de classe" dans la mesure où l’action fait prendre conscience aux travailleurs de leurs solidarités, de leur appartenance au même groupe de gens exploités (je dis cela en sachant par ailleurs que l’Action seule ne saurait suffire à rendre parfaitement conscient des mécanismes de l’exploitation).

S8 - La financiarisation de l’économie.

La restructuration de l’appareil productif s’accompagne aussi d’une concentration financière de plus en plus poussée. La liberté totale de circulation des capitaux, le développement des paradis fiscaux et institutions financières de type Clearstream permettent d’optimiser les surprofits et d’échapper à l’impôt.

Les taux d’intérêt sont maintenus à des niveaux élevés jusqu’à la fin des années 1980 permettant ainsi aux détenteurs de capitaux des gains faciles par le montant considérables des intérêts des emprunts qu’ils encouragent et rendent nécessaires par le blocage des salaires rendant difficile les achats au comptant. Cela provoque ainsi un endettement élevé des ménages, notamment un accroissement des dettes publiques des Etats et, par ailleurs, un frein à l’investissement productif d’emplois.

La financiarisation se développe d’abord aux USA. Par exemple, en 1974, aux USA, les fonds de pensions deviennent "précarisés" par remplacement du système à prestation définie qui assurait un revenu obligatoire par le régime des cotisations définies sans assurance de pérennité du revenu. Revenons à la situation française.

"Depuis 1986, les entreprises ont un accès direct au marché monétaire, tant pour placer des fonds que pour s’en procurer. Cette réforme permet :

- la mise en œuvre de nouvelles formes de collecte de ressources - pour les banques, le Trésor et les entreprises - et de nouvelles formes de placement de trésorerie pour les entreprises

- une gestion de la trésorerie des entreprises désintermédiée et financiarisée. L’essor du financement direct court contribue au vaste processus de désintermédiation qui caractérise cette période (les années 80) et qui se traduit aussi par le développement du marché financier." (L’évolution du système bancaire en France http://www.lyc-arsonval-brive.ac-li... ou http://www.lyc-arsonval-brive.ac-li... )

Rappelons aussi la déréglementation bancaire inauguré par la loi Delors de 1984 et concernant la dématérialisation des valeurs mobilières. Depuis le 3-11-1984, les valeurs mobilières émises en France et soumises à la législation française doivent être déposées en compte par leurs détenteurs auprès de leur intermédiaire agréé (banque, agent de change, etc.) ; les titres papier ont fait place à un enregistrement informatique à la Sicovam (Sté interprofessionnelle pour la compensation de valeurs mobilières) qui effectue les calculs de valorisation. Exceptions (titres non dématérialisés). Emprunts d’État " (source : Quid).

Après la loi bancaire de 1984 et la réforme du marché monétaire de 1985, l’année 1986 marque une année décisive dans la financiarisation : " Ministre des Finances, et l’équipe Naouri, Rubinowicz et son Cabinet ; la balle a été reprise, presque sans discontinuité, par M. Balladur, Ministre des Finances, en 1986. Il a enclenché la première grande loi boursière depuis 1885, un siècle et un an plus tard, loi qui a ouvert le métier d’agent de change pour le transformer en société de bourse et qui a donc permis, aux banques et aux non résidents de prendre des participations significatives chez les sociétés de bourse." (ANSAE La modernisation du système financier http://www.ensae.org/gene/main.php?... ou http://www.ensae.org/gene/main.php?... )

Selon Frédéric Lordon, la financiarisation s’appuie sur 3 piliers : la loi de dérèglement financière de 1986 qui va permettre alors aux capitaux étrangers, et notamment américains, "de se déverser sur le marché français, en repartir comme bon leur semble", la concentration de l’épargne des salariés sous une forme financiarisée dans le bilan de ces grands investisseurs institutionnels que sont les fonds de pension et les fonds mutuels (OPVMC, SICAV, Assurances,…) ; la réforme du contrôle capitalistique : remise en cause des participations croisées qui assuraient une certaine stabilité et prédominance du capital industriel et empêchaient que "tous les jours les entreprises soient à vendre"

(Le SLAM Comment l’actionnariat a-t-il pris le dessus sur l’économie Emission http://www.la-bas.org/mot.php3?id_m... avec transcription http://www.la-bas.org/article.php3?...

ou DSEDH émissions 167-68 – 69 http://dsedh.free.fr/emissions_pass... )

La spéculation en tout genre : financière, immobilière, foncière devient beaucoup plus rentable pour les possédants que l’investissement productif de biens et de services.

Par exemple, les actions représentaient 2,8% du financement externe des entreprises en 1980, elles représentent 52,5% en 2000. En 1989, 14% des ménages possédaient des actions, et 30% en 2001. ( respectivement 32% et 43% aux USA)

Pour améliorer leur rentabilité, les grandes entreprises pratiquent de plus en plus les fusions-acquisitions. Le but est de diminuer la masse salariale , de diminuer les prix de revient ,d’augmenter la valeur actionnariale. Un doublement de la production (par fusion) s’accompagne, en moyenne, par une réduction de 20% du prix de revient unitaire des produits. Les entreprises mettent leurs compétence en commun pour faire "synergie" en mutualisant leurs moyens : ces "restructurations" s’accompagnent le plus souvent de "compressions" des effectifs salariés et don accroît le taux de chômage. Ces F-A nécessitent un endettement croissant des entreprises, compte-tenu de la baisse des taux d’intérêt dans les années 1990 qui encourage les emprunts. Le nombre de F-A dans le monde faible au début des années 80 est déjà multiplié par 20 en 1990 et par 14 entre 1990 et 2000. Entre 1995 et 2000 la croissance est exponentielle pour atteindre le pic de 3 millions de F-A en 2000. Les paiements se font de plus en plus en titres et non en liquidité, ce qui rend la situation explosive à la fin des années 1990 qui se ponctuent par l’éclatement de la bulle financière de la net-économie.

L’apparition des nano-technologies, de la net-économie et plus largement de ce que certains nomment le "capitalisme cognitif" (ingénieurie de la connaissance dont l’intelligence artificielle, industrie des brevets d’invention et des "produits culturels",…) ont permis une hausse de la productivité et une financiarisation plus aisée en raison du caractère immatériel des services et produits. La technologie financière et boursière productrice de nouveaux produits financiers sophistiqués fait d’ailleurs partie elle-même de cette production immatérielle.

L’apparition des fonds spéculatifs dont le but n’est pas d’investir à long terme mais de réaliser les meilleurs profits par achats et reventes d’actions et produits dérivés a aggravé la situation.

Après s’être précipités dans les achats des actions de la net-économie et avoir réalisé des profits records, le dégonflage de la bulle internet entre 2000 et 2003 a provoqué des ventes massives qui ont ruiné de nombreuses entreprises et petits actionnaires.

Les "hedge funds" — fonds spéculatifs ou fonds alternatifs en français — sont gérés de manière que leurs performances soient décorrelées des indices boursiers. On en compte 8 000 à 9000 dans le monde, qui géreraient au moins 1 200 milliards de dollars (990 milliards d’euros). En France, on en compte 165, qui gèrent 18,6 milliards d’euros. Les velléités du gouvernement allemand de réguler ces fonds ont été revues à la baisse en raison des pressions anglo-saxonnes. Néanmoins, "la Securities and exchange commission (SEC), le gendarme américain de la Bourse, a donné jusqu’au 1er février 2007 à ces acteurs, régulièrement décriés pour leur court-termisme et leurs méthodes de gestion jugées trop risquées, pour s’enregistrer auprès de ses services. Ils seront désormais soumis aux mêmes règles que les fonds mutuels classiques (équivalents aux Etats-Unis des organismes de placement collectif de valeurs mobilières, les OPCVM français)…. Ne sont concernées que les sociétés de gestion américaines dont les actifs dépassent 25 milliards de dollars (20,6 milliards d’euros) ou les sociétés étrangères qui commercialisent leurs fonds auprès d’au moins 14 investisseurs américains. Mais étant donné le poids du marché financier américain, la réglementation de la SEC toucherait, selon des spécialistes, jusqu’à la moitié des fonds spéculatifs existant dans le monde" (http://www.lemonde.fr/web/article/0... )

Sachant que les fonds spéculatifs utilisent des sociétés off-shore, on peut s’interroger sur l’efficacité de cette "régulation"

Ainsi, la sphère financière se sépare de plus en plus de l’économie réelle : les performances financières ne sont plus en rapport direct avec l’activité productive des entreprises industrielles et de service. Cette déconnexion s’accompagne alors de catastrophes industrielles et financières :La mondialisation des marchés financiers et leurs interdépendances provoque des réactions en chaîne incontrôlables.

Le capitalisme japonais, resté plus industriel, à contrario, maintient des taux d’intérêt très bas dans les années 80 et favorise l’investissement innovant : c’est sa période de gloire, mais, à son tour, le Japon n’échappera pas à la financiarisation dans les années 1990, ce qui le conduira à la crise de 1998. Cette financiarisation engendre une baisse de l’investissement productif. Elle est donc une cause de chômage de masse.

" Cependant, l’investissement des entreprises paraît faible si on le rapporte à leur valeur ajoutée ou au PIB total. Le ratio investissement/PIB se situe àson plus bas niveau depuis des dizaines d’années dans l’ensemble des pays du G 7. Aux États-Unis, le tauxd’investissement des sociétés non financières s’élevait à 14,1 % en 2005, soit 0,4 point de pourcentage de moins que la moyenne observée sur vingt ans, et à son plus bas niveau en onze ans." (Banque de France Le comportement d’investissement des entreprises est-il « normal » ?

http://www.banquedefrance.fr/fr/pub... )

Cette financiarisation s’appuie sur des techniques financières de plus en plus abstraites, spéculatives dans les 2 sens du terme : produits dérivés, … L’épargne des ménages placée dans les banques constitue des ressources intéressantes pour la Finance. En France : 1979 : Loi permettant la création des fonds communs de placement (FCP). 1982. Création du Livret d’épargne populaire. 1983. Création des Codevi qui doivent alimenter le fonds industriel de modernisation des entreprises.

A ces crises boursières nationales s’ajoutent, comme nous allons le voir, de multiples scandales financiers.

Il est fondamental de comprendre que cette financiarisation n’a rien de naturel, ne résulte pas de pures contraintes économiques. C’est en fait le pouvoir politique des Etats investis par des activistes de l’économie de marché qui a souvent été l’agent moteur de ce processus conjointement avec les multinationales.

S9 - L’application des dogmes libéraux aux pays en difficulté : le consensus de Washington. La mise sous dépendance des pays émergents ou pauvres de la périphérie.

"Dans le reste des périphéries, ce qui domine tout au long de cette période, c’est le blocage consécutif à la crise des pays centraux initiée en 1970. Pour recycler les capitaux surabondants du système bancaire central (provenant du déficit de la balance américaine et des chocs pétroliers), des prêts massifs à bas taux d’intérêt ont été offerts aux états périphériques, souvent avec la complicité intéressée de leurs responsables. Ce que l’on a appelé la dette du Tiers Monde s’est ainsi constituée, qui, après la hausse des taux décidée à la fin des années 70 par les USA pour drainer l’épargne mondiale à leur profit, est devenue un instrument puissant et efficace pour le prélèvement du surplus économique dans les périphéries, au bénéfice du système financier mondial." (http://www.ismea.org/INESDEV/OLLIVI... )

Le FMI, la banque mondiale, ont imposé des politiques dites "d’ajustement structurel" chargés de réduire les dépenses locales publiques et privées pour dégager les moyens financiers des remboursements. Ceci qui n’ont fait qu’aggraver les problèmes au lieu de les résoudre.

En 1989, à Washington, l’économiste John Williamson a proposé une liste de dix prescriptions économiques recommandées aux économies en difficulté (notamment celles d’Amérique latine) afin de promouvoir leur croissance, qu’il a regroupées sous le nom de consensus de Washington. Cette liste tentait de résumer la position de la plupart des experts des institutions financières internationales (Banque mondiale, Fonds monétaire international) et du Département du Trésor américain.

1. Discipline budgétaire,

2. Orientation des dépenses publiques aussi bien vers la Croissance économique que la répartition équitable des revenus,

3. Des réformes fiscales pour obtenir une large assiette fiscale et des taux maximaux d’imposition faibles,

4. Libéralisation des marchés financiers,

5. Création d’un taux de change stable et compétitif,

6. Libéralisation du commerce,

7. Abolition des barrières à l’entrée sur le marché et libéralisation des investissements internationaux,

8. Privatisations,

9. Déréglementation,

10. Protection de la propriété privée. http://fr.wikipedia.org/wiki/Consen...

Jean Ziegler rapporte, dans son excellent ouvrage : Les nouveaux maîtres du monde (Ed.Fayard p65) l’anecdote suivante : "La revue britannique The Economist n’ est pas exactement un brûlot révolutionnaire. Pourtant son commentaire sur le Consensus de Washington est plein d’ironie : « Anti-globalists see the Washington Consensus as a conspiracy to enrich bankers. They are not entirely wrong » ( « Les anti-mondialistes tiennent le Consensus de Washington pour une conspiration destinée à enrichir les banquiers. Ils n’ ont pas tout à fait tort » ) " « A plague of finance », The Economist, Londres, 29 septembre 2001, p. 27. L’expérience a prouvé, en effet, la vérité de cette affirmation.

L’émergence de la Chine comme puissance économique de premier plan et son entrée à l’OMC est en train de changer la donne des rapports de force économiques au niveau mondial.

Par exemple : " La Chine a enregistré un nouveau record d’excédent commercial en 2007, de 262,2 milliards de dollars (178,8 milliards d’euros), en hausse de près de 50 % par rapport au précédent record de l’année 2006, selon des statistiques officielles publiées vendredi 11 janvier. La progression a été de 47,7 % sur un an, comparée aux résultats 2006 de 177,47 milliards de dollars (121 milliards d’euros), a annoncé l’agence officielle Chine nouvelle, en s’appuyant sur les chiffres fournis par les douanes.

Les échanges commerciaux entre la Chine et ses partenaires ont totalisé 2 170 milliards de dollars (1 480 milliards d’euros). Le géant asiatique avait dès la fin du troisième trimestre 2007 battu son propre record annuel d’excédent commercial, et les économistes tablaient alors sur un surplus annuel de 260 milliards à 280 milliards de dollars en fin d’année. " (Le Monde 11/01/08)

S10 - Concentration des dépenses militaires

En 2005 les dépenses militaires ont atteint environ 1118 milliards de dollars (en valeur actuelle) ce qui représente 787 milliards d’euros ou 173 dollars (136 euros) par habitant, selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche pour la paix à Stockholm (Sipri) publié en juin 2006.. Elles ont augmenté de 33 milliards soit 3,5 % depuis 2004, et de 34% pour la période 1996-2005. Les USA sont responsable de 80% des augmentations des dépenses militaires pour 2005, et les dépenses de l’administration américaine représentent environ 50% des dépenses totales militaires de toute la planète. Les dépenses militaires se concentrent de plus en plus dans certains pays. 15 pays sont actuellement responsables de 84% de la totalité de ces dépenses. Les Etats-Unis couvrent 48% de ces dépenses, suivis à distance par la Grande Bretagne, la France, le Japon, la Chine avec 5 et 4% pour chacun (source : centre de recherche sur la mondialisation http://www.mondialisation.ca )

" Les dépenses militaires mondiales ont progressé de 37 % en dix ans, atteignant 1 204 milliards de dollars (902 milliards d’euros) en 2006, selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri) publié lundi 11 juin. Par rapport à 2005, le montant total des dépenses a augmenté de 3,5 %, selon l’institut, qui estime que la tendance ne devrait pas s’inverser pour le moment. Les Etats-Unis, avec 528,7 milliards de dollars (395,8 milliards d’euros) dépensés en 2006, contribuent pour 46 % à l’ensemble des dépenses militaires dans le monde, loin devant tous les autres pays. En cause, selon le Sipri : "Les coûteuses opérations militaires en Afghanistan et en Irak". Suivent la Grande-Bretagne, la France, la Chine et le Japon, qui ont chacun compté pour 4 à 5 % des dépenses militaires mondiales de 2006. A eux seuls, les quinze premiers pays ont dépensé 83 % du budget global." (Le Monde 11/06/2007)

On pourrait penser que ces dépenses contribuent à la croissance économique. Même l’OCDE ne partage pas cet avis . Ainsi " dans une étude, le cabinet français d’analyses économiques Asterès explique que « la montée du risque terroriste se traduit par un accroissement des dépenses militaires (secteur public) et des dépenses de sécurité (secteurs public et privé). Ce qui, selon Asterès, a deux conséquences. « D’une part, la dépense et les déficits publics augmentent, ce qui peut entraîner des tensions sur les taux d’intérêt à long terme. D’autre part, les dépenses réalisées dans le domaine de la sécurité se substituent à des investissements avec une rentabilité supérieure ».

Ainsi, « selon l’OCDE, une hausse des dépenses de sécurité de 1,5% du PIB – 1% pour les dépenses publiques et 1% pour les dépenses privées – se traduit par une baisse de la production de 0,7% au bout de cinq ans », relate le cabinet." (http://www.easybourse.com/Website/a... )

Ces investissements énormes grèvent d’autres budgets gravement : lutte contre la pauvreté, la malnutrtion, l’éducation, etc Rappelons le coût exorbitant de l’armement nucléaire américain pendant la guerre froide. De l’ordre de 5800 milliards de dollars pour la construction de 70 000 armes nucléaires. selon la Brookings Institution (http://www.chez.com/atomicsarchives... )

Indiquons que la sous-traitance dans ce type d’industrie est "commode" : "Les fabricants d’armes de l’Union européenne ne sont pas obligés de sacrifier leurs profits pour leurs principes : il leur suffit de sous-traiter », a déclaré Rebecca Peters, directrice du RAIAL. « Par exemple, la société autrichienne de fabrications d’armes à feu Glock essaye d’établir une usine au Brésil. Si cela fonctionne, Glock pourra contourner le Code de conduite de l’Union européenne sur les exportations d’armes, en expédiant ses produits depuis son usine brésilienne. » (rapport Arms without Borders, publié le2 octobre 2006 de la campagne Contrôlez les armes : Oxfam International, Amnesty International et le Réseau d’action internationale contre les armes légères (RAIAL) http://web.amnesty.org )

Il est évident que si la fabrication d’armes n’est pas à coup sûr un élément de la croissance économique, elle est productrice de profits pour les marchands d’armes.

Rappelons que, tout de même, que le caractère astronomique des dépenses, a conduit à une certaine limitation.

1969 Début des négociations sur la limitation des armes stratégiques Alors que la Guerre Froide est dans un contexte de « Détente », les Etats-Unis et l’URSS entreprennent des négociations sur la limitation des armes stratégiques. Elles aboutiront au traité SALT qui limite le nombre d’équipements anti-balistiques et les armements offensifs stratégiques.

1972 : accords Salt 1 sur la limitation des armes stratégiques ; 1979 accords Salt 2 sur limitation des moyens armés qui n’entrera jamais en vigueur. Mais l’effondrement spectaculaire de l’URSS et du mur de Berlin ne se sont pas traduits par une diminution aussi spectaculaire des dépenses militaires.

S11 – La concentration et le contrôle médiatique.

Rappelons avant tout une évidence que l’on a parfois tendance à oublier : les médias ont une action directe sur le marché et peuvent même constituer un agent de structuration du marché. "Dans le cas des marchés finals, les informations concernant les biens et services sont diffusées, d’une part sur des médias comme la radio, le cinéma et la télévision, d’autre part à travers des réseaux personnels, selon un mode de transmission de bouche à oreille. Ces deux structures interactionnelles peuvent d’ailleurs se renforcer l’une l’autre et l’information circule d’autant mieux qu’elle atteint, par les médias de masse, des individus aux réseaux personnels denses : ceux-ci rediffusent en effet l’information et agissent comme des leaders d’opinion. La recherche en marketing a largement utilisé la synergie11 qui peut s’instaurer entre influence personnelle et médias de masse." (http://www.gensollen.net/2005_Resea... )

Il serait trop long ici de décrire en détail la concentration concernant la télévision, la radio, la presse, l’édition en France. Nous donnerons quelques exemples. On peut se reporter à l’étude de l’OFM La concentration dans les médias en France http://observatoire-medias.info/art...

Cette concentration s’accompagne d’une diminution du nombre de quotidiens et non d’une diversification dans le domaine de la presse. "Après avoir culminé à la Libération, le nombre de quotidiens d’information générale est passé de 28 à 10 à Paris entre 1946 et 2001, et de 175 à 56 en province. Au cours de la même période, le tirage des quotidiens a reculé, de 15 millions en 1946 à 9 millions en 2001. Entre 1946 et 2001, le nombre d’exemplaires tirés pour 1.000 habitants a diminué de 370 à 150, soit une baisse de 60 %. " . http://www.senat.fr/rap/r03-406/r03...

Cette concentration n’est pas sans incidence sur le pluralisme de la presse. "La perte du pluralisme dans la presse est liée à l’évolution du système économique qui tend à la concentration" (JF Kahn Emission 144 Médias et pluralisme http://dsedh.free.fr/emissions_pass... ).

Trois journaux nationaux de référence sont liés à de grands groupes industriels : Le Monde (Lagardère), Libération (De Rotchild), Le Figaro (Dassault) .

En France, de véritables dynasties familiales sont propriétaires de médias. " En 2003, selon M. Claude Bébéar, « quinze familles contrôlent près de 35 % de la place de Paris, ce qui constitue un record européen ». Or, sur les quinze premières fortunes françaises, cinq ont des intérêts dans les médias : MM. Bernard Arnault (La Tribune, Investir, Radio Classique), François Pinault (Le Point, Historia, La Recherche), Serge Dassault (Valeurs actuelles, 30 % du Figaro, de L’Express, du Progrès de Lyon, de La Voix du Nord...), Jean-Claude Decaux (JC Decaux, Avenir) et Francis Bouygues (TF1, LCI, TPS...). Suivent, dans les cent premières places du classement (1), Pierre Fabre (Sud Radio), Jean-Paul Baudecroux (NRJ), la famille Hersant (70 % du Figaro, de L’Express, du Progrès de Lyon...), Elisabeth Badinter (12 % de Publicis), Philippe Amaury (Le Parisien, L’Equipe), Claude Berda (RTL9), Arnaud Lagardère (Europe 1, Paris Match, le Journal du dimanche...) et la famille Seydoux (Gaumont, Pathé).

La plupart de ces grands noms, qui ont recours à la Bourse pour valoriser leur fortune professionnelle, sont des héritiers d’empires industriels : Dassault, Bouygues, Lagardère, ou encore Schlumberger pour les Seydoux….." ( De génération en génération : médias français, une affaire de familles http://www.monde-diplomatique.fr/20... Le Monde diplomatique)

A titre d’exemple de concentration, il est instructif d’avoir une idée sur l’étendue du groupe Lagardère. Lagardère Médias réunit :

1 - Hachette Livre, pour le domaine du livre les éditions Foucher, Hatier, Hachette Didier le livre de Paris, Clairefontaine, Conran octopus , Astérix , Disney Hachette Gautier-Languereau ,Stock, Fayard, Grasset Editions du Chêne, , le Livre de poche, JC Lattès

2 - Hachette Filipacchi Médias, pour celui de la presse, dirigé par Didier QUILLOT Directeur Général Orange France (HFM) est le premier éditeur de presse magazine mondial, présent dans 34 pays sur les 5 continents. Elle édite 260 titres dont 165 magazines, (47 en France) dont le tiers par déclinaison de ses marques principales. Elle représente 30,50% du chiffre d’affaire de Lagardère Media. Quelques noms : La Provence (appartient à 100% à HFM),Nice-Matin et Var-Matin (93,9%), Corse Presse (100%), Editions Philippe Amaury (25%), Marie-Claire (42%), Elle, Parents, Fémina, Première...

3 - Hachette Distribution Services, dirigé par Jean-Louis Nachury, pour « la commercialisation de produits et de services de loisirs culturels ». Principales marques :Virgin Megastore, Curtis Circulation Company ( premier distributeur de presse magazine aux Etats-Unis), BDP (magasins de proximité Espagne), Citypress (idem en Hongrie), InMedio (idem en Pologne), Relay ( aéroports, gares, métro), Aelia (filiale de Relay, spécialisé dans le commerce en aéroport)...

4 - Lagardere active dirigé par Arnaud Lagardère, regroupe tout ce qui concerne dans Lagardère Media l’audiovisuel, la radio, la régie publicitaire et les nouveaux médias. Principales marques : - Radio : Europe 1, Europe 2, RFM
- Télévision : Canal Satellite, Mezzo, Tiji, la chaîne Météo, MatchTV, MCM, MCM Africa, MCM2 ; détient trois chaînes sur la TNT : la chaîne jeunesse gratuite Gulli, en partenariat avec la holding publique France Télévisions, la chaîne musicale gratuite Europe 2 TV, ainsi que Canal J dans l’offre payante.

- Production Audiovisuelle : DMLS TV, Image et Compagnie , Les films d’ici, Telmondis...

- Nouveaux médias : pariscope.fr, routard.com, europe1.fr, plurimedia, HFG... Source : http://www.acrimed.org/article1484.html

En 2003, le groupe Lagardère a racheté Vivendi Universal Publishing, la société d’édition du groupe Vivendi Universal, qui a été rebaptisé Editis. Conformément aux engagements pris avec Bruxelles, Lagardère doit maintenant se séparer de 60% des actifs d’Editis.

Le 27 mai 2004, l’offre de Wendel Investissement a été retenue par le groupe Lagardère pour le rachat de 60 % d’Editis.

Le 6 février 2006, le groupe Lagardère annonce l’acquisition de Time Warner Book Group pour près de 540 millions de dollars US. Le groupe d’Arnaud Lagardère devient ainsi le 3ème éditeur mondial. http://www.businesspme.com/articles...

L’organigramme du groupe Lagardère en 2003 est disponible à : http://utangente.free.fr/2003/lagar... . Il est d’une étonnante étendue et complexité.

Matra était une filiale d’armement du groupe Lagardère qui possède 15,1 % des parts d’EADS.(qui a absorbé Matra) (source http://www.ihedn.fr/portail/portail... )

La publication du rapport de la commission Lancelot sur la concentration des médias en France à la mi-janvier 2006 aboutissait à cette idée que" l’état actuel de la concentration dans le domaine des médias médias ne constitue pas une menace pour le pluralisme, ces derniers pouvaient être que rassurés par les conclusions de la commission qui par ailleurs considère les médias relevant des dispositions du droit commun relatives à la concentration du capital.

L’information est donc avant tout une marchandise avec d’importants enjeux" (La concentration des médias en France http://www.voltairenet.org/article1... )

Un journal ou magazine important peut être l’objet de transactions entre groupes financiers puissants qui peuvent ainsi exercer, selon les conjectures, un contrôle sur les informations sensibles. Drnier exemple l’achat du magazine "Les Echos" par le groupe de B.Arnault, LVMH (groupe de produits de luxe) au britannique Pearson, propriétaire notamment du "Financial Times", pour 240 millions d’euros. (http://www.lesechos.fr/info/comm/30... )

La concentration de l’édition met en péril la parution les livres spécialisé ou à caractère culturel et notamment les presses universitaires. Voir par exemple Le contrôle de la parole. Dialogue avec André Scriffin. http://www.sens-public.org/article....

Informations sur les propriétaires des médias français : http://tempsreel.nouvelobs.com/spec...

Aux USA les groupes de communication atteignent des tailles gigantesques. Ainsi, Time Warner est le N°1 mondial de la communication CA 2006 : 44,2 milliards de dollars (Edition-presse : 5,2 milliards ; télévision : 10,3 ; câble : 11,8 ; cinéma : 10,6 ; AOL : 7,9) (source Les Echos du 01/02/2007) PDG : Richard (Dick) Dean Parsons

Le groupe Gannet N°1 américain pour le nombre de journaux diffusés CA 2002 : 6,4 milliards de dollars (source Gannett.com) PDG : Douglas H. McCorkindale Plus généralement : Disney (n°3 mondial des médias, propriétaire de ABC, CA 2003 : 27,1 milliards de dollars), Viacom (jusque 2005 propriétaire de CBS, MTV, Paramount, CA 2004 : 22,5 milliards de dollars), ou NBC Universal (détenu par General Electric à 80% et par Vivendi à 20%, CA prévisionnel 2005 : 15 milliards de dollars), dont les activités médias sont essentiellement centrées sur l’audiovisuel.

Un cas d’excellence : New Corp. Murdoch : CA 2005 : 23,9 milliards de dollars (source www.newscorp.com) Capital détenu à 18% par Liberty Media (John Malone), 14% par Rupert Murdoch (qui possède 30% des droits de vote). N°6 mondial des médias Leader de la télévision par satellite PDG : Rupert Murdoch DG : Peter Chernin

Pour connaître la puissance et l’histoire des groupes de presse américains : http://www.esj-lille.fr/article.php...

Parmi les 500 premières fortunes du monde, 10 sont françaises et parmi celles-ci, 6 sont pdg de groupes de médias.

Au niveau européen ; la concentration est en marche et un rapport sur ce thème montre bien un certains nombre de dangers. Par exemple : " Une autre pression importante sur les contenus provient des exigences des propriétaires désireux d’augmenter les bénéfices tirés de la vente de publicité. Il en résulte une réduction des émissions à controverse ou très spécialisées, car elles sont susceptibles de faire diminuer les ventes ou l’audience. Les chaînes de télévision commerciale sont donc réticentes à diffuser ce type de programmes, étant donné qu’ils peuvent avoir un effet négatif sur leurs revenus publicitaires. La même logique commande d’éviter ce qui pourrait fâcher les grands annonceurs et donc réduire les revenus publicitaires, par exemple le journalisme d’investigation critique visant certaines entreprises ou leurs produits. Nombre de grandes entreprises en Europe semblent se concentrer sur des marchés plus grands qu’un seul marché national (spécialement en ce qui concerne les petits pays) et les radiodiffuseurs qui ont plusieurs pays comme marché, comme par exemple TV3 dans les pays scandinaves, sont préférés par rapport aux radio diffuseurs nationaux, quand bien même ces derniers auraient une part d’audience plus importante dans un pays que le radiodiffuseur transnational. Cette tendance a un effet économique négatif sur les radiodiffuseurs commerciaux nationaux et pourrait conduire à une réduction des coûts de programmation." (Rapport sur les concentration transnationales des medias en Europe p30 http://www.coe.int/T/E/Human_Rights...)007_fr.pdf )

Le contrôle de l’objectivité de l’information confié au CSA est illusoire. Exemple : lors du référendum sur le TCE, 95% des chroniqueurs défendaient le vote oui. Les petites formations politiques sont quasi-invisibles, les syndicats quasi-inaudibles. Une chaîne indépendante comme Zéléa TV a été interdite d’émission par le CSA.

La Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL) remplace le 30/09/1986 la Haute autorité. Créée en 1982, cette dernière veillait, en principe, au respect des libertés attribuées notamment aux radios libres. La CNCL hérite de ce même rôle de régularisation de l’audiovisuel.. Elle sera finalement à son tour remplacée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) en 1989. Il est composé d’un Collège de neuf membres (les Conseillers) nommés par décret du président de la République. Trois sont désignés par le président de la République, trois par le président du Sénat et trois par le président de l’Assemblée nationale. A la présidence du CSA en, remplacement de Dominique Baudis. Est nommé Michel Boyon est l’ ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin, ex-Premier ministre. Pour les biographies voir http://www.csa.fr/conseil/compositi...

A cette concentration s’ajoute une réduction-homogénéisation du nombre de journalistes influents dont les idéologies deviennent très proches. "En faisant référence à Paul Nizan avec son livre Les Chiens de gardes, Serge Halimi, par une démonstration, met à plat les liens entre les journalistes et les hommes politiques et comment cela influence les lignes éditoriales des grands médias français :

« Un petit groupe de journalistes omniprésents - et dont le pouvoir est conforté par la loi du silence - impose sa définition de l’information-marchandise à une profession de plus en plus fragilisée par la crainte du chômage. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_... et sur le livre Les nouveaux chiens de garde : http://www.la-bas.org/article.php3?... et http://media.la-bas.org/mp3/051215/ ).

Ce contrôle des médias par les groupes économiquement dominants permet de faire accepter par le plus grand nombre les politiques néo-libérales qu’ils mettent en place dans le monde.

L’ouvrage "« Le Grand Bond en arrière » relate comment, d’idéologie minoritaire après la Seconde Guerre mondiale, le néolibéralisme a colonisé l’entier du champ politique dès la fin des années soixante." Ce livre, très documenté (624 p) de Serge Halimi été édité chez Fayard, en 2004,. (http://www.lecourrier.ch/modules.ph... )

S12 – L’instrumentalisation des organismes supranationaux par la grande bourgeoisie internationale et les think tanks nationaux.

1. Institutions internationales.

Toutes ces stratégies se développent grâce au travail de collaboration de différents organismes internationaux forts de leurs certitudes quasi religieuses aux dogmes du néolibéralisme.

Citons, à titre d’illustration un extrait de l’ouvrage de E.Stiglitz, ex-vis président démissionnaire de la banque mondiale (prix Nobel d’économie) : La grande désillusion (Ed. Fayard "Le problème, c’est que le FMI- et parfois les autres organisations économiques internationales -présente comme une doctrine reconnue des thèses et des politiques sur lesquelles il n ’y a pas consensus ; pour la libéralisation des marchés des capitaux, en fait, il n’existait pratiquement aucune preuve en sa faveur et beaucoup en sa défaveur. Si tous les économistes estiment que le succès est impossible lorsqu’il y a hyperinflation, il n’existe aucun consensus sur l’intérêt de faire baisser l’inflation toujours plus bas. Rien ne prouve que les gains d’une telle politique soient proportionnels à ses coûts, et certains économistes pensent même que trop réduire l’inflation a des effets négatifs.

S’il y a un mécontentement contre la mondialisation, c’est parce que, manifestement, elle a mis non seulement l’économie au-dessus de tout, mais aussi une vision particulière de l’économie -le fanatisme du marché -au-dessus de toutes les autres. L’opposition à la mondialisation dans de nombreuses régions du monde ne vise pas la mondialisation en soi -les nouvelles sources de financement pour la croissance ou les nouveaux marchés d’exportation -, mais un ensemble particulier de doctrines : les mesures du consensus de Washington qu’ont imposées les institutions financières internationales. …" (p286)

" La Banque mondiale et le FMI ont opposé une résistance aux idées nouvelles -et, ce qui est plus important, à leur traduction en mesures économiques -, tout comme ils avaient résisté lorsqu’il s’était agi d’étudier de près les expériences de l’Asie orientale, qui n’avait pas suivi les politiques du consensus de Washington et se développait plus vite que toute autre région du monde. Ce refus d’apprendre les leçons de la science économique moderne a pesé lourd dans l’impréparation de ces institutions face à la crise asiatique, et a compromis leur aptitude à promouvoir la croissance dans le monde.

Le FMI ne ressentait pas le besoin de les apprendre parce qu’il connaissait déjà les réponses : si la science économique ne les donne pas, l’idéologie -la foi pure et simple dans le libre marché -les apporte. L’idéologie offre un prisme à travers lequel voir le monde, un ensemble de croyances auxquelles on tient si fermement qu’on n’en cherche pas de confirmation empirique. Les preuves qui les contredisent sont sommairement récusées. Pour les fidèles du marché libre et sans entraves, la libéralisation des marchés des capitaux est évidemment souhaitable. Ils n’ont pas besoin qu’on leur prouve qu’elle stimule la croissance. Et si on leur prouve qu’elle provoque l’instabilité, ils verront là simplement l’un des conflits de l’ajustement, l’une des souffrances qu’il faut subir pour passer à l’économie de marché." (p287)

La politique économique étatsunienne est de facto moins libérale que celle préconisée par la commission européenne. En effet, aux USA les protections sociales étant moins élevées, l’Etat ne peut être gère plus dépossédé de ses fonctions de protection, ce qui n’est pas le cas en Europe où le modèle social peut être encore affaibli. J.Généreux résume bien la situation : "Faites la liste de toutes les interventions publiques pratiquées en permanence aux Etats-Unis, mais interdites ou très fortement limitées par les traités de l’Union européenne : mener une politique monétaire favorable au plein-emploi et à la croissance ; moduler les déficits publics en fonction de la conjoncture afin de soutenir l’activité ; subventionner les entreprises ; rétablir temporairement ou définitivement des droits de douane pour protéger une industrie ; réserver une part des marchés publics aux entreprises locales ou à certaines catégories d’entreprises, comme les PME ; investir massivement dans la recherche via le budget public, en l’occurrence le budget du Pentagone ; etc.

Il y a, aux Etats-Unis, un consensus politique, quelle que soit l’administration, sur le fait que, dans cette société dure, sauvage, violente pour les individus, l’Etat doit être actif, au sens le plus keynésien, pour garantir une croissance économique soutenue. Quand on comprend cela, on peut mettre au jour le projet insidieux des néolibéraux européens.

Quel est ce projet ?

Un projet idéologique : se débarrasser du modèle social et de civilisation caractéristique de la vielle Europe, qui privilégiait la solidarité collective et la cohésion sociale. Si leur souci était la prospérité de l’Europe, ils imiteraient pour de bon l’Amérique. L’Europe aurait deux fois moins de chômage et deux fois plus de croissance. Et plus rien ne « justifierait » la remise en cause de notre modèle social." (http://dissociete.viabloga.com )

2. Groupes de réflexion et de coordination moins formels.

Le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, la commission européenne, l’OCDE sont des organismes officiels et permanents mais il existe aussi des réunions, assemblées moins officielles, plus informelles où la pensée libérale s’ajuste au niveau mondial :

Ceci se fait à travers trois institutions principales issues de la guerre froide :

-  La Commission Trilatérale née en 1973 à l’initiative de David Rockefeller et Zbigniew Brzezinski, regroupe 325 citoyens distingués de la Communauté européenne, d’Amérique du Nord(les États-Unis et le Canada), et du Japon.

-  Le Council on Foreign Relations (CFR ou Conseil des Relations Etrangères en français) fondé vers 1921 "En fonction des analyses menées, le CFR publie le magazine Foreign Affairs et propose des résolutions (de type politique, militaire ou autre) au gouvernement américain. Il exerce une influence certaine sur le rôle que jouent les Etats-Unis sur la scène internationale. Il siège à New York, et possède des bureaux à Washington DC. Aussi, étant donné son influence, son opacité et sa discrétion dans les médias, et bien qu’il soit aujourd’hui quelque peu relayé par le think tank néoconservateur PNAC, certains voient en lui le véritable organe décisionnel de la politique étrangère des États-Unis, et de fait, au vu de la puissance américaine dans le monde, l’un des plus importants lobbies au monde. A noter que bon nombre de membres du CFR sont également des Bilderbergers, tandis que d’autres sont membres de la Commission Trilatérale, autant de groupes régissant l’économie et la géopolotique mondiales." (http://fr.wikipedia.org/wiki/Consei... )

- Le Bilderberg Group constitué en 1952 de manière informelle à l’initiative de David Rockefeller (encore !...). Sa première réunion de constitution en mai 1954, a été convoquée sur invitation du prince Bernhard des Pays-Bas à l’hôtel Bilderberg à Oosterbeek en Hollande.

Sylvain Timsit, sur son site : Les véritables maîtres du monde, en décrit le rôle et la composition : http://www.syti.net/Organisations.html . Néanmoins cette approche , bien que documentée, doit être prise avec précaution, car rien ne prouve qu’existerait un gouvernement occulte mondial. Ce type de démarche serait alors une forme de la théorie du complot qui favorise la rumeur d’intoxication et les thèses de l’extrême droite.

Mais ce ne sont pas les seuls groupes d’influence. Pour avoir une idée plus précise du mode d’action de ces groupes, on peut se reporter à :

Le G8 et les associations professionnelles (article publié le 28/03/2007 Texte proposé par Thierry Brugvin, membre du Conseil scientifique de attac-France http://www.france.attac.org/spip.ph... )

3.Groupes de réflexion nationaux.

Il existe aussi, dans chaque pays des think tanks où l’on parle de stratégies économiques, financières et politiques.

Voici, pour la France, la liste assez complète mais probablement pas exhaustive.

http://www.institut-entreprise.fr Institut de l’entreprise Association de réflexion économique associé au MEDEF,

http://www.lecercledeseconomistes.a... Site du cercle des économistes ; tendance plutôt sociale libérale.,

http://www.fondationconcorde.com/fo... Fondation Concorde Fondée en 1997 par l’économiste Michel Rousseau, et parrainée par Jerôme Monod, conseiller politique de Jacques Chirac, Fondation d’entreprises Prométhée, Présidé par Bernard Carayon (UMP) et Jean-Michel Boucheron (PS)),

http://www.promethee.asso.fr Prométhée Fondatrice Catherine Distler ; Secrétaire général Marie-France Boudet ,

http://www.fondapol.org/index.jsp Fondation pour l’innovation politique depuis octobre 2004, Francis Mer,

http://www.choiseul.info Institut Choiseul Pt Pascal Lorot, ancien conseiller à Bercy d’Alphandéry, http://www.institutmontaigne.org Institut Montaigne "think tank" à la française créé fin 2000 par Claude Bébéar, président d’AXA Vice Pt : Alain Mérieux, http://www.amipublic.com L’Ami Public Pt François Dupuy, président de Mercer Delta Consulting France ; fondé par Christian Blanc, http://www.clubdesvigilants.com Le Club des Vigilants créé en 1999 Pt Bernard Esambert, ancien PDG de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild,

http://www.croissanceplus.com Croissance Plus se veut un lieu de rencontres et d’échanges entre les dirigeants d’entreprises à très Pt Christian Poyau, PDG de Micropole-Univers Pt fondateur Denis Payre, associé gérant de ETV-.Kiala. Créée en 1997,

http://www.entreprise-progres.net Entreprise et Progrès Paul Dubrule, ancien co-président du groupe Accor, a créé en 1970,

http://www.generationentreprise.org Génération Entreprise Fondée en 1997 par un groupe de jeunes cadres,

cercleeconomiquesully@yahoo.fr. Cercle Sully Président national, Michel de Fabiani "Une centaine de dirigeants et de représentants d’entreprises s’est réunie le 6 avril au Sénat, en présence de François BAYROU, d’Hervé Morin, de Jean-Jacques Jegou et de Philippe Augier, pour participer au lancement du cercle…

http://www.parispwn.net/paris_home.html Paris PWN Fondatrice Avivah Wittenberg-Cox, http://www.pressclub.fr/acc_conseil.htm "Press Club de France est la réunion de deux entités, une Association de journalistes (Loi 1901), le Club Français de la Presse,

http://www.coe.ccip.fr COE Le Centre d’Observation Économique est l’un des premiers centres français de conjoncture et de prévision économique, créé en 1957 par la CCIP (chambre de commerce et de l’industrie de Paris) afin de compléter l’information de ses membres et ressortissants.

S13 La force de l’organisation.

Ce qui précède est implicitement sous-tendu par une grande capacité d’organisation du capitalisme. Ne voir dans le capitalisme que l’action des "lois" aveugles du marché ou l’irrationalité de certains acteurs financiers, serait une grave erreur.

L’organisation n’est pas seulement une force stratégique, elle fait partie structurellement de la classe capitaliste par sa capacité d’organiser la production et la circulation des marchandises, d’organiser l’exploitation de la force de travail du groupe dominé. Elle est intrinsèquement liée à l’autre pôle de cette classe : celui de la propriété des moyens de production, des moyens de circulation des marchandises et des capitaux sur le marché, et le contrôle-propriétaire des moyens d’information.

Après une relative autonomie de la gestion et de la mise en œuvre de la compétence technique des managers jusqu’au début des années 70, le néolibéralisme assujettit d’une manière plus étroite la gestion des managers aux exigences des actionnaires et de la Finance, comme cela a été examiné plus haut.

Au niveau macroéconomique et du marché , sans la mise en place de procédés de régulation, notamment par l’action des banques centrales, la création d’organes internationaux tels l’OMC, le FMI, la banque mondiale, le capitalisme n’aurait pas survécu à ses multiples crises financières. Ces règles de coordination peuvent être le fruit d’une gouvernance relativement opaque et échappant aux contrôles démocratiques, ou décidées par tel ou tel gouvernement ou encore…, votées par des assemblées parlementaires ! (généralement sans grande publicité car …"trop techniques" pour être comprises par le simple citoyen !)

Il ne s’agit plus simplement d’assurer correctement la circulation du Capital et de gérer simplement les taux d’intérêt, mais de faire fructifier au mieux la "valeur actionnariale" en utilisant des modélisations très sophistiquées nécessitant des outils mathématiques et informatiques complexes. L’intelligence artificielle est ainsi utilisée. Indiquons au passage que les mathématiques financières enseignées en 2ème et 3ème cycle de notre université Paris VI avec la collaboration de l’INRIA est la plus prisée au monde (devant les universités américaines, britanniques et japonaises). Ajoutons que les grands médias jouent un rôle actif dans l’organisation du marché.

Pour une étude de l’impact d’Internet et de l’évolution des organisations d’interaction sociale sur le marché voir : Des réseaux aux communautés : la transformation des marchés et des hiérarchies http://www.gensollen.net/2005_Resea...

Au niveau des firmes, des entreprises :

A l’OST (organisation scientifique du travail), dont le taylorisme et le fordisme sont de célèbres illustrations, a succédé la mise en application des théories des organisations, dont le management est le plus visible. On ne compte plus les écoles et filières de formation de gestion et management, de droit des affaires, etc Un personnel d’encadrement et d’exécution s’est considérablement développé, constituant ainsi une large part du secteur tertiaire.

Cette frénésie gestionnaire s’étend au-delà de la sphère de la firme et des organismes financiers, où les forces de travail, via les DRH, sont gérées d’une manière optimale : elle pénètre les administrations étatiques ou locales, les établissements publics et envahit la sphère privée : ne parle-t-on pas de bonne ou mauvaise gestion du "budget familial" ? On ne compte plus le nombre de magazines et d’émissions et même de logiciels, consacrés à ce thème ou à quelque "gestion de carrière".

La gestion des rapports sociaux se fait de plus en plus au niveau des individus et de moins en moins au niveau des collectifs affaiblissant ainsi les solidarités collectives et la "conscience de classe".

La formation et la qualification de la population active ont considérablement augmenté globalement, malgré les insuffisances décrites par ailleurs. " 1954 : 4/5 des actifs n’ont aucun diplôme ou que le certificat d’études primaires.

• Ampleur de l’absence ou de l’abandon précoce des études (80% de la population active).

• Rôle majeur du certificat d’études primaires.

• Quasi absence de la formation professionnelle (6% des actifs en 1954). 1996 : 1/5 des actifs a un diplôme du supérieur. 1/3 a un diplôme de niveau 5 (CAP, BEP). 29% n’a aucun diplôme." (http://www.sciences-sociales.ens.fr... Statistiques sur la longue durée concernant le travail en France 1800-2000)

Cela s’accompagne d’une croissance importante du personnel d’encadrement : Le nombre de cadres passe de 433000 en 1954 à 2,77 millions en 1995, c’est à dire est multiplié par 5 en pourcentage de la population active.

Le nombre d’emplois de cadre est sujet à des fluctuations annuelles : il varie entre 142 400 et 186700 sue la période récente 2000-2006 en France.

.(http://www.journaldunet.com/managem... ).

Les grandes écoles d’ingénieurs, de commerce, de gestion, de journalisme constituent des viviers où la bourgeoisie puise et prépare ses cadres de commandement qui constituent le pôle de compétence de la classe dominante.

Mais tout ce processus se réalise avec les contraintes de l’ultra libéralisme qui minimise les dépenses publiques de formation et tend à "prolétariser", du moins dans certains secteurs, la fonction de cadre, cadre qui devient aussi précaire et "jetable". Le cadre adonc un double statut qui échappe à la logique du tiers exclus : il fait partie de la classe dominante en participant activement à la mise ne œuvre de l’exploitation de la force de travail et il appartient à la classe des dominés en tant que salarié vendant sa force de travail à la classe capitaliste et comme étant assujetti au pouvoir des propriétaires qui peuvent disposer à leur gré de sa compétence.

Evidemment, ce déploiement de moyens matériels et intellectuels pour l’organisation a pour fonction essentielle de contrecarrer ce que Marx appelait, la baisse tendancielle du taux moyen de profit mais aussi de pouvoir gérer des processus de plus en plus complexes.. Marx ne pouvait imaginer, à son époque, ces énormes ressources que le capitalisme a mobilisé pour empêcher son effondrement.

Mais ce serait avoir une vision trop économiste de ne pas prendre en compte une autre dimension de la puissance de l’organisation : celle de l’organisation politique interconnectée aux précédentes.

Avant même la révolution ultra libérale des années 70-80, il existait déjà une interpénétration coordinatrice entre le pouvoir politique, l’appareillage administratif de l’Etat, les grands managers de l’industrie. "…Ces données montrent de façon éloquente que la Cinquième République a rapproché les hauts fonctionnaires du coeur du pouvoir politique, favorisant ainsi une forte interpénétration entre celui-ci et le pouvoir administratif, pour aboutir à leur fusion, réalisée aux dépens des professionnels de la politique, puisqu’une proportion significative de non-parlementaires ( de 39% à 18,5 % ) accède désormais aux fonctions gouvernementales après un passage dans les cabinets ministériels.

Cette évolution est étroitement liée à la volonté réformatrice de l’État qu caractérise la période gaulliste. Les hauts fonctionnaires sont alors chargés -éventuellement contre les hommes politiques -de mettre en oeuvre leur conception de la rationalité économique pour promouvoir la modernisation de la France. Ministres ou membres des cabinets, ils contrôlent et orientent la marche de l’économie en participant à différents organismes de planification dans lesquels ils rencontrent les grands industriels et financiers. L’État entrepreneur favorise donc délibérément l’institutionnalisation des relations entre la haute administration, le pouvoir politique et le monde des affaires, ce qui entraîne une intensification des flux d’échanges entre ces trois pôles de pouvoir."(L’interpénétration des catégories dirigeantes dans Sociologie du politique de B.Denni et P.Lecomte T2 ; p122 Ed. PUG)

Mais depuis cette évolution a continué crescendo. Avec l’avènement du capitalisme actionnarial et les vagues de privatisation, les capitaines d’industrie sont remplacés, pour une large part, par des financiers. Une collaboration étroite se développe entre par exemple l’UMP et l’Institut de l’entreprise http://www.institut-entreprise.fr, association de réflexion économique associé au MEDEF.

Les liens familiaux ou de solides amitiés entre les hommes politiques et les hommes (ou femmes) du monde des affaires sont de plus en plus nombreux Mais ce phénomène n’est pas propre à la France. Il est bien connu, par exemple, que la famille Bush fait elle-même partie du monde des affaires ! La bourgeoisie gère donc aussi les rapports politiques pour mettre en œuvre, sous forme de décrets ou de lois tant au niveau national qu’international, sa politique économique néolibérale.

La formation par science po ou l’ENA de politiciens professionnels, le marketing politique, l’utilisation des médias à grande échelle, font partie de cette gestion.

3. Les conséquences économiques des stratégies néo libérales.

3.1 Des revenus exorbitants et une forte concentration du patrimoine des ménages.

L’objectif fondamental des stratégies néo libérales est de réaliser un taux de profit maximum de manière à ce qu’il n’est pas désuet d’appeler grande bourgeoisie engrange le maximum de profit.

La mise en place de ces stratégies depuis 1975 ont bien atteint cet objectif. Ainsi, par exemple, le revenu moyen d’un patron d’une entreprise du CAC 40 est de l’ordre de 5,5 millions d’euros annuels soit3,10 millions de F mensuels (Marianne N° 475 Semaine du 27 mai 2006 au 02 juin 2006) . Cela ne signifie pas que les entreprises dont ils sont responsables fassent des bénéfices. Ainsi, en 2002, les dirigeants des entreprises du CAC40 augmentaient leurs salaires de 11 %, alors que ces mêmes entreprises accumulaient une perte totale de 20,1 milliards d’euros... (« Les bacchanales des patrons-voyous », Le Monde diplomatique, n° 593, p. 3, Août 2003). Mais "En 2005, pour la deuxième année consécutive, les rémunérations des présidents des 120 premières entreprises cotées en France (dans l’indice SBF120) ont baissé de 2,94% par rapport à 2004, à 3 millions d’euros en moyenne. Celles des présidents des sociétés de l’indice CAC40 (les quarante plus grosses capitalisations françaises) ont reculé de 14,07% à 4,86 millions d’euros en moyenne. ..En 2005, la rémunération en stock-options n’a pesé "que" 38% de la rémunération globale des présidents de l’indice SBF120 contre 61% en 2002. La part liée aux salaires (fixe et bonus) progresse, elle, de 5,65%.

Le passage en 2005 aux normes comptables IFRS pour les entreprises cotées explique en partie la diminution des plans de stock-options attribués aux dirigeants" (Le Monde 13/12/06). Il n’en reste pas moins vrai que le revenu moyen d’un grand patron s’élève à 300 fois le SMIC. Le record 2005 : John Schwarz, directeur général de Business Objects. 26,38 millions d’euros.

Le terme de capitalisme patrimonial ou actionnarial doit aussi être illustré par quelques chiffres :

La concentration financière vue abstraitement au niveau des groupes financiers existe plus matériellement et identitairement au niveau des ménages d’un pays comme la France. "Le fait saillant est le suivant : la distribution des actions parmi les ménages est très inégalitaire, ce qui induit un actionnariat très concentré. Près de la moitié des actions sont détenues par 1 % des ménages. Près des trois quarts le sont par 5 % des ménages…. La détention d’actions est donc principalement le fait d’un tout petit nombre de très gros actionnaires, qui s’opposent à une multitude de petits épargnants, détenteurs chacun d’une poignée d’actions. Une présentation graphique permet de mieux visualiser ce phénomène de concentration du patrimoine en actions." http://www.senat.fr/rap/r02-367/r02... L’épargne en actions des ménages Rapport d’information du sénat n° 367 (2002-2003) de M. Joël BOURDIN L’actionnariat salarié n’est en fait qu’un miroir aux allouettes.

La financiarisation de l’économie conduit à augmenter la part du patrimoine financier dans le patrimoine total.

" Alors qu’au début des années soixante-dix, le patrimoine brut des ménages se répartissait par tiers, entre les logements, les actifs financiers et les autres actifs (terrains et actifs professionnels), la part des actifs financiers atteignait 51 % en 1996….."

Et encore une fois, même pour l’ensemble du patrimoine, la concentration est très forte : plus de la moitié du patrimoine de la France est possédée par 10% de la population la plus riche. "La moitié des ménages disposant des patrimoines les plus modestes ne détient que 6 % du patrimoine net total, alors que les 10 % les plus riches en possèdent 53 %" (.http://www.ccomptes.fr/organismes/c... L’imposition du patrimoine 16ème rapport de la cour des comptes)

Cette concentration se densifie même au sein de la tranche des 10% des ménages les plus riches.

"- plus de la moitié du patrimoine est détenu par 10 % des ménages . Si l’on raisonne maintenant en fonction du niveau de patrimoine, la moitié des ménages disposant des patrimoines les moins importants (les cinq déciles les plus bas) détient 6 % du patrimoine net total, alors que les 10 % de la population ayant les plus hauts patrimoines (le dixième décile) détiennent 53 % du patrimoine net total ; (déjà vu dans le rapport précédent)

- plus de 78 % des valeurs mobilières et 62 % de l’immobilier de rapport sont détenus par le dixième des ménages possédant les plus gros patrimoines ;

- plus le patrimoine détenu est important, plus la part des actifs financiers en son sein est importante. Alors que le taux moyen de détention de valeurs mobilières est de 22 %, ce taux s’élève à 57 % pour les patrimoines d’un montant supérieur à 1,5 million de francs.

Mais en réalité, ces données, qui ont le mérite d’exister, sous-évaluent encore les inégalités.

D’après le conseil national de l’information statistique (CNIS) Groupe de travail sur les inégalités http://www.cnis.fr/doc/Stockage%20R...

Concernant le montant du patrimoine : "La source principale pour mesurer les patrimoines est l’enquête patrimoine, réalisée jusque-là tous les 6 ans. Dans cette source, la sous-estimation des montants de patrimoine détenu, avant recalage, est de l’ordre de 66 % pour les actifs financiers, et de l’ordre de 25 % pour les actifs immobiliers et professionnels par rapport aux données de la Comptabilité Nationale." Sic !

Concernant les revenus du patrimoine : "La sous-estimation par rapport aux données de la comptabilité nationale est de l’ordre de 80 % pour les revenus des valeurs mobilières, et de moins de 50 % pour les revenus des patrimoines immobiliers.

… Les revenus soumis à prélèvements libératoires figurent en principe sur la déclaration fiscale. Cette fraction des revenus s’avère largement sous-estimée, avec une couverture de 25 % selon la DGI. Enfin une fraction des revenus du patrimoine est exonérée de fiscalité directe. Il s’agit en particulier des comptes"

Le Conseil des impôts relève encore qu’au cours de ces mêmes vingt-cinq années, le patrimoine a augmenté plus vite que le revenu disponible brut, passant de 3,75 fois celui-ci en 1970, à 4,25 fois en 1995.

Si l’on se réfère à l’analyse des fichiers de l’impôt de solidarité sur la fortune, et selon les chiffres de l’ISF de 1996 (4), les 174 256 redevables de cet impôt, c’est-à-dire moins de 1 % des ménages, détenaient un patrimoine net de près de 1 890 milliards de francs, soit environ 8 % du patrimoine total des ménages au sens de la comptabilité nationale et 15 % du patrimoine net détenu par le 10 % des ménages les plus riches, le " dixième décile " dont il a été fait mention auparavant. Un quart des déclarants à l’ISF avaient un patrimoine nettement plus important que les autres déclarants (23 millions de francs en moyenne) et possédaient 53 % des 1 890 milliards de francs d’actif net total précités. Comme le notent les auteurs de l’étude précitée : "

Il est frappant de constater qu’on retrouve, à cette occasion, précisément la part détenue par le quart le plus fortuné du centième le plus riche dans l’enquête " Actifs financiers " (52 %) ". Les 1 % d’assujettis les " moins fortunés " - notion relative appréciée au regard de l’échantillon - détenaient seulement 0,4 % du patrimoine net total déclaré à l’ISF et la moitié la moins fortunée 27 %. A l’inverse les 1 % d’assujettis les plus riches en détenaient 13 %… " (Rapport n°1065 d’information de l’Assemblée nationale sur la fiscalité du patrimoine et de l’épargne présenté par Didier Migaud, député en 1998 http://www.assemblee-nationale.fr/r... )

Le nombre de riches augmente sensiblement : Le nombre d’assujettis à l’ISF s’élève à plus de 518.000 foyers en 2007. Le montant global de cet impôt progresse de 22% à 3,96 milliards d’euros par rapport à 2006. Rappelons qu’être imposable sur la fortune nécessite un patrimoine de 760 000 euros (avoisinant 5 millions de francs). En 10 ans le nombre d’assujettis a augmenté de près de 200%. Ces chiffres sont à relier aux hausses des cours boursiers et de l’immobilier, entre autres.

Mais ces chiffres assez ahurissants pour une société qui se dit moderne sont probablement sous-évalués (compte-tenu de l’utilisation des paradis fiscaux notamment.) comme déjà indiqué..

Par ailleurs," La mauvaise représentation des ménages les plus riches dans les enquêtes et la sous-évaluation des patrimoines, volontaire ou non, dans les réponses aux questionnaires de l’INSEE rendent fragiles les conclusions qui peuvent être tirées des enquêtes patrimoniales auprès des ménages…… Les sources fiscales ne fournissent que des informations partielles, puisque certains actifs ne sont pas soumis à l’impôt" peut-on lire dans le rapport de la cour des comptes cité précédemment.

Cette concentration du patrimoine existe aussi au niveau de la planète. " Une étude des Nations unies sur le patrimoine des ménages confirme le gigantesque écart entre les niveaux de vie sur la planète. Selon ce document, publié mardi 5 décembre, 2 % de l’humanité concentre 50 % du patrimoine de la planète, alors que la moitié de la population mondiale n’en détient que 1 %. "Cette étude montre que les inégalités de patrimoine sont encore plus grandes que les inégalités de revenus", a souligné, mardi, le directeur de l’Institut mondial de recherche sur l’économie du développement de l’université des Nations unies. Pour réaliser cette enquête, la plus exhaustive jamais réalisée sur le patrimoine des particuliers, les chercheurs ont fait la somme des actifs de chaque individu adulte moins ses dettes, en tenant compte des taux de change et du pouvoir d’achat. Les revenus ne sont pas pris en compte." (Le Monde 06/12/2006)

Selon le classement 2006 du magazine Forbes, le nombre de milliardaires en dollars dans le monde s’établit à 793, en augmentation de 102 par rapport à l’an passé. La fortune cumulée de ces 793 très riches individus s’élève à 2 600 milliards de dollars, soit autant que la totalité de la dette extérieure de tous les pays en développement.

Les écarts de revenus entre salariés est aussi considérable : Selon le récent rapport du CERC (Conseil de l’Emploi, des Revenus et de la Cohésion sociale, novembre 2006), les salaires annuels des 10 % de salariés les mieux payés représentent 54 fois ceux des 10 % du bas de l’échelle. Cette inégalité a progressé à la fois par le haut et par le bas. Par le haut, en raison notamment des rémunérations exorbitantes des cadres dirigeants des grandes entreprises. Par le bas, parce que le salaire annuel des personnes à temps partiel (parfois 10 à 20 heures par semaine, voire moins), en intérim, en CDD ou autres contrats courts n’est pas un salaire digne de ce nom. C’est du salaire partiel. Les 10 % des salariés les moins payés ne travaillent en moyenne que l’équivalent de 13 semaines par an ! Quant aux minima sociaux, faute de revalorisation, ils ont perdu du terrain : depuis 1990, le RMI a perdu 25 % de sa valeur par rapport au SMIC horaire.

On compte en France environ 7 millions de travailleurs pauvres, c’est à dire dont le revenu est inférieur à 722 euros mensuels.(émission http://www.la-bas.org/article.php3?... )

Aux USA, on en comptait en 2002, 35 millions avec cette réalité : travailler plus, au cours des années, pour gagner moins. " About 35 million Americans lived in poverty in 2002, which is 1.7 million more people than in 2001, according to Census data. The federal poverty threshold for a family of four in 2002 was 18,392 in annual income. Nearly 40% of working-age poor people were employed, and the percentage working full time all year increased 45% from 1978 to 2002." http://www.usatoday.com/money/econo...

Traduction : Environ 35 millions d’Américains ont vécu dans la pauvreté en 2002, soit 1.7 million de plus de personnes qu’en 2001, selon des données de Recensement. Le seuil de pauvreté fédéral pour une famille de quatre en 2002 était 18392 $ de revenu annuel. (1532$ soit 1147 € mensuels). Environ 40 % des travailleurs âgés pauvres ont été employés et le pourcentage travaillant à plein temps toute l’année a augmenté 45 % de 1978 à 2002.

3.2- Scandales financiers multiples et nouvelles régulations.

Suite à de multiples scandales financiers, naquit le concept de "corporate governance " ou gouvernance d’entreprise (Aux Etats Unis ce fut en particulier les « Savings & Loans », en Angleterre les affaires Maxwell, Poly Peck et BCCI.). Suivirent les affaires Enron (2001), Andersen (2002) et WorldCom ou Parmalat (2003) : il est apparu nécessaire de redonner confiance aux actionnaires, créanciers et employés, lésés par les nombreux scandales financiers. La loi Sarbanes-Oxley (ou SOX) a été adoptée aux USA en 2002. Elle impose à toutes les entreprises cotées aux États-Unis, de présenter à la Commission américaine des opérations de bourse (SEC) des comptes certifiés personnellement par leur dirigeant. Cette loi concerne aussi les 1 300 groupes européens ayant des intérêts aux Etats-Unis. À la demande du juge des faillites, s’occupant aux États-Unis de la survie de la société MCI(ex-WorldCom), Richard Breeden, l’ancien Président de la SEC, l’organe de régulation des marchés boursiers américains élabore un rapport en mai 2003 qui propose 78 recommandations qui devront , à terme, devenir la base de la réforme de la gouvernance d’entreprise pour toutes les grandes et moyennes entreprises. (pour plus de détails : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gouver...’entreprise )

L’histoire récente du Crédit lyonnais en constitue une parfaite illustration . En 1996, les pertes de cette banque ont été épongées sur fonds publics à la hauteur de 100 milliards de francs.

Mais au final, par l’aveuglement des dirigeants successifs, ce gâchis porte sur un montant déclaré de 150 milliards de Francs, chiffre officiel, soit : 7 porte avions nucléaires, 150 hôpitaux de 800 lits, deux ans de budget pour l’éducation nationale primaire, 5000 places de crèche, plus de cinq fois le budget annuel du RMI, etc.

En France, les rapports Viénot (1995 et 1999), Bouton (2002) font des propositions de réforme des conseils d’administration convergeant avec les dispositions anglo-américaines.

La loi votée le 2 mai 2001 dite NRE (sur les nouvelles régulations économiques) définit une nouvelle distribution des pouvoirs pour la direction des entreprises et arrête des dispositions pour le gouvernement d’entreprise (gouvernance). De facto, les représentants des actionnaires ont un pouvoir accru. (http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf... LOI no 2001-420 du 15 mai 2001 relative aux nouvelles régulations économiques J.O n° 113 du 16 mai 2001 page 7776 ou aussi : http://www.assemblee-nationale.fr/t... )

"Cependant, l’investissement des entreprises paraît faible si on le rapporte à leur valeur ajoutée ou au PIB total. Le ratio investissement/PIB se situe à son plus bas niveau depuis des dizaines d’années dans l’ensemble des pays du G 7. Aux États-Unis, le taux d’investissement des sociétés non financières s’élevait à 14,1 % en 2005, soit 0,4 point de pourcentage de moins que la moyenne observée sur vingt ans, et à son plus bas niveau en onze ans." (Le comportement d’investissement des entreprises est-il « normal » ? (Bulletin de la Banque de France, n°152,)

3.3 - Les crises financières s’enchaînent au niveau international.

Rappelons donc pour mémoire les principales crises financières internationales de ces 30 dernières années qui démontrent combien le capitalisme n’est pas aussi système "performant" que les libéraux veulent faire croire.

1982. Crise de la dette mexicaine

octobre 1987 Krach à Wall Street Le 19 octobre 1987 montre de façon exemplaire l’interdépendance des trois principaux marchés financiers (changes, taux d’intérêt et actions) et comment un déséquilibre né sur l’un peut se propager aux autres

.1989 :effondrement de l’URSS suivi dès 1990 du fameux "consensus de Washington" : le monde devient unipolaire.

1992. Effondrement de l’indice Nikkei à Tokyo, début de l’éclatement de la bulle spéculative.

décembre 1994 Crise financière au Mexique : Sous l’impulsion des États-Unis et du F.M.I., l’État mexicain surendetté s’était alors vu octroyer un prêt historique de 47 milliards de dollars en échange de l’engagement de mener à bien un plan d’austérité draconien (baisse des salaires, réduction des dépenses publiques, nouvelles privatisations). Un an après, un million de salariés mexicains avaient perdu leur emploi.

1997 : Crise asiatique : La crise économique dite crise asiatique a débuté, le 2 juillet1997, avec la décision des autorités thaïlandaises de laisser flotter le baht qui a entraîné dans sa chute la roupie indonésienne, le ringgit malais et le peso philippin . A l’automne, la crise s’est étendue à la Corée Taïwan , Singapour et Hong Kong . La situation financière des banques et des entreprises locales, qui étaient fortement endettées à court terme en dollars et en yens , s’est déteriorée rapidement. L’adoption par les pays du Sud-Est asiatique d’un taux de change fixe collé au dollar et les phénomènes de corruption sont des causes partielles de cette crise.

Au Japon cette crise a entraîné la faillite d’établissements financiers prestigieux (parmi les principales banques : Hokkaido-Takushoku en 1997, Long Term Credit Bank et Japan Credit Bank en 1998) et a provoqué un recul du PIB de 1,8 % en 1998. Au total, les fonds publics dépensés pour résoudre la crise bancaire ont été de l’ordre de 100 trillions de yens, soit 20 % du PIB. Là encore, ces "dragons" d’or étaient considérés dans les années 1980 comme des modèles et les revues du type "Le Point", "Capital" ne tarissaient pas d’éloge pour ces pays "travailleurs", "disciplinés" à haute "compétivité, productivité", "flexibilité". A la fin 1996, l’ensemble du système bancaire français portait 350 milliards de francs de créances en Asie du Sud-Est, dont 112 milliards sur Hong-Kong.

La crise financière asiatique a jeté sur le chemin du retour vers leur pays d’origine des millions de travailleurs immigrés des pays d’Asie du Sud-Est et de l’Est. Expulsions, vagues de clandestins, accroissement de l’intolérance vis-à-vis des migrants, déséquilibre des économies et marchés de l’emploi locaux, sont quelques unes des conséquences de cette crise.

Cette crise a eu des effets systémiques sur le Brésil et l’Argentine.

1998-99 : Crise au Brésil. Le Brésil était un "élève modèle du FMI et de la banque mondiale. Les entrées de capitaux internationaux, entamées dès 1992, prennent alors un essor impressionnant, passant de 43,3 milliards d’euros en 1995 à 201,5 milliards en 1999. Le 3 octobre 1994, Fernando Henrique Cardoso profite du succès rapide de ses réformes et remporte les élections présidentielles. Il applique les recettes du Consensus de Washington : austérité budgétaire, licenciement de 300 000 fonctionnaires, privatisations, hausse des taux d’intérêt, libéralisation. Mais la libéralisation commerciale aboutit davantage à une augmentation des importations que des exportations, ce qui provoque une croissance continue du déficit commercial

L’impact de la crise asiatique se répercute au Brésil à partir d’octobre 1997 et s’accentue au cours de l’année 1998. Les entrées de capitaux privés compensent de moins en moins le déficit commercial et le Brésil a beau, sous les conseils du FMI, augmenter ses taux d’intérêt jusqu’à 49,75%, la fuite des capitaux est irrésistible et les réserves du pays diminuent d’un milliard de dollars par jour ! Le service de sa dette publique gigantesque, passée de 128 à 288 milliards de dollars entre 1992 et 2002 ! Le 7 août 2002, alors que Paul O’Neill est au Brésil, le FMI annonce le plus important plan de sauvetage de son histoire : 30 milliards de dollars [7] sont prêtés au Brésil Il faut rappeler aussi que l’Amazonie a été victime d’un véritable crime écologique où la famine a touché quelque 20.000 Indiens Yanomamis en 1998, année du "Mondial". ( http://risal.collectifs.net/article... )

2001-2002 Crise en Argentine, autre "bon élève" du FMI La dette publique a dépassé les 140 milliards de dollars. Les quatre années de récession ont conduit à un recul de 21% du PIB entre 1998 et 2001. Au plus fort de la crise, le taux de pauvreté a atteint 57% (en 2002 et 40% en 2005) et le taux de chômage 23%. Cinq présidents se sont succédé à la tête du pays en un peu plus d’un an.

Un nouvel acteur de poids : la Chine

Après quinze ans de négociations, la Chine est devenue membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 2001. Elle s’est engagée à ouvrir son marché en libéralisant ses importations de biens et services

3.4 La corruption : danger mortel pour la démocratie.

Dans son ouvrage : Est-ce ans ce monde-là que nous voulons vivre ?( Ed. Les arènes) , la célèbre juge d’instruction anti-corruption Eva Joly attire notre attention sur l’aggravation colossale de la corruption et ses effets criminels sur les pays pauvres. En outre, elle met en parallèle, sans les confondre les énormes profits financiers légaux et les "revenus" de la corruption. La corruption atteignant le pouvoir politique, celle-ci constitue en outre un danger mortel pour la démocratie.

"Avec la mondialisation financière de ces vingt dernières années, nous avons changé de dimension. La grande corruption actuelle est un phénomène radical : elle n’est plus individuelle mais systémique. Les sommes en question ne sont plus marginales : au contraire, les transferts de richesse indus ébranlent en profondeur notre édifice politique. … (p 264)

"...Outre son coût politique dans les pays occidentaux, la grande corruption met en coupe réglée les pays les plus pauvres. Le graphique ci-contre résume à lui seul la situation. Il montre, en dollars constants de 1987, l’effondrement du PNB par habitant de l’Angola alors que les revenus pétroliers de ce pays ont explosé .

La différence est allée enrichir une poignée de potentats angolais et quelques dizaines de grands patrons occidentaux. Rien qu’à Paris, « l’ardoise de IL1ngola était, en novembre 1999, de 7,4 milliards de francs, avec 2,5 milliards d’arriérés dont 2,2 milliards couverts par la garantie publique à l’exportation, c’est-à- dire le contribuable français » .(p286)….

"Au regard de I ’Histoire, notre génération portera la responsabilité d’avoir laissé se développer dans le sillage de la mondialisation des germes mortifères pour la démocratie. La banalisation de la corruption est en effet l’ envers d’une société marchande où l’ ar- gent tend à devenir le seul critère de considération et l’unique horizon des individus.

En donnant une prime à la spéculation financière, la mondialisation a déplacé le curseur de nos références. Clé de voûte de ce nouveau système de valeur, les salaires des dirigeants des grandes entreprises se sont envolés de manière exponentielle. Nos chefs d’entreprise se sont attribué une fraction déraisonnable de la valeur ajoutée dégagée par les sociétés qu’ils dirigent. Nous avons consenti à ce dérapage, par une sorte d’anesthésie collective. Ainsi, l’attribution à Claude Bébéar, le PDG français de l’assureur AXA, en dix ans, de 1,6 milliard de francs de stock-optionsl n’a pas soulevé la moindre protestation. L’assemblée générale d’AXA a ainsi permis à son PDG d’accumuler au grand jour, et de manière tout à fait légale, ce que les dirigeants d’Elf ont tenté d’accaparer de manière occulte. Bien sûr, l’atteinte au contrat social n’est pas de même nature mais les deux comportements se renforcent l’un l’autre : ils s’autolégitiment. " (p292)

De nombreux hommes politiques français ont été mis en examen ou inculpés :

"En observant la liste des gouvernements successifs depuis 1992, on constate que, sur 128 personnes qui ont été une ou plusieurs fois ministre ou secrétaire d’Etat, 34 ont été mises en examen dans la décennie, soit plus d’un quart. Et l’analyse démontre que la proportion d’élus mis en examen varie considérablement selon le type de mandat : plus de maires que de conseillers municipaux, plus de ministres que de députés. La carte de France du nombre d’élus mis en examen met en évidence une plus forte proportion en Ile-de-France (141 élus mis en examen ces dix dernières années) et dans le Sud-est de la France.

Sur 549 instructions closes concernant des élus, 70,5% ont donné lieu à une condamnation provisoire ou définitive, 12,4% à un non-lieu et 17,1% à une relaxe et sur l’ensemble des personnes poursuivies par la justice, la délinquance financière représente moins de 4,5% contre 67,9% pour les élus. De plus, il faut remarquer que les élus poursuivis pour fautes involontaires sont relativement rares (5%), ce qui contredit le discours sur la protection des élus « non coupables »." (http://www.libres.org/francais/actu...

Il suffit de consulter l’Observatoire de la corruption pour constater l’ampleur du problème, sachant que les affaires révélées ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. ( http://www.adminet.com/obs/corrupti... )

La liste impressionnante de personnalités politiques mises en examen pour abus de biens sociaux et délits financiers de même type (essentiellement de droite) publiée par l’Express le 23/09/2004 (http://www.lexpress.fr/info/france/... ) donne un exemple de plus du caractère relativement massif de cette corruption en France..

4. Les conséquences sociales du néo libéralisme.

Chômage, précarisation des emplois, blocage des salaires, endettement des ménages et de l’Etat, parcellisation géographique des unités de production et des tâches, affaiblissement des résistances sociales ne sont pas des conséquences mais constituent l’armature même du néo libéralisme Nous avons traité de ces stratégies ci-dessus.

4.1 Perte de sens du métier et de l’identité professionnelle.

L’instabilité de l’emploi, le fait que certains métiers disparaissent, que d’autres se créent, que d’autres encore se transforment, et ce à une vitesse croissante, compte-tenu de la progression rapide des techniques, des spécialisations des productions dans certains pays…, font que les professions ne constituent plus des repères psychologiques stables et structurant. Ce fait a des conséquences considérables sur les psychologies individuelles et engendre souvent un "mal être" diffus..

Les nouvelles techniques de management dans les entreprises, l’absolutisation du "client roi", le culte des "cercles qualité" ont aussi une influence sur l’identité professionnelle qui s’inscrit alors dans un réseau mouvant.

" Dans les années 1980, à la suite de la crise américaine de la production et de la mise en valeur du modèle japonais, est apparu le mouvement « qualité totale ». Il se situe dans le contexte de la montée d’une économie de services qui met au premier plan la qualité des services. Désormais, ce n’est pas l’acte qu’on a posé qui importe, c’est son résultat. On a le souci de l’outcome. La satisfaction du client devient la règle pour évaluer le geste professionnel. Mais, selon M. Legault, il y a inévitablement une tension entre une relation vraiment professionnelle et le consumérisme. Le professionnel ne peut qu’être amené à se demander, lorsqu’il considère sa prestation : « Ai-je fait mon travail de professionnel, ou ai-je plutôt cherché à satisfaire mon client ? Si je bouscule le client, évaluera-t-il cette intervention de manière négative ? »" (http://agora.qc.ca/colloque/profess... )

La tendance à marchandiser les services publics conduisent certains agents de l’Etat ou des professionnels indépendants , investis d’une fonction sociale non marchande et traditionnellement à fort capital symbolique, à ne devenir que de simples prestataires de services. Enseignants, médecins, magistrats voient ainsi leur profession se "dévaloriser".

Les petits chefs d’entreprises ou petits commerçants, condamnés à devenir sous-traitants ou franchisés d’un vaste réseau de gros groupes industriels ou de grandes chaînes commerciales perdent aussi, dans une certaine mesure, leur identité de professionnel stable, "seul maître à bord.". La mise en concurrence des petites entreprises de sous-traitance entre-elles rend difficile pour celles-ci de donner du sens à leur action sur le long terme. La concurrence des grandes surfaces entraîne la disparition de milliers de petits commerces, en milieu rural notamment, alors que ceux-ci contribuaient à entretenir, entre vendeurs et acheteurs, des rapports non anonymes et parfois familiers : pour certaines personnes, ces petits commerçants constituaient aussi un encrage affectif. Cela fait aussi partie de cette déshumanisation des rapports sociaux.

"Ce sont les assises matérielles et affectives des individus qui sont fragilisées dès maintenant ou qui peuvent l’être à court ou moyen terme, que l’on soit salarié ou travailleur indépendant. Face à une situation individuelle menacée et anxiogène, tout le monde a compris que l’Etat, les partis, les syndicats étaient impuissants ou de mèche avec les diktats du marché. La famille est réactivée comme seule instance de protection et seul lieu de reconnaissance. Ce qui est gros de stress, de déceptions et de violences « privées » lorsque l’instance familiale entre en crise face aux agressions extérieures (licenciements, faillites) ou vécues comme internes (maladies, échecs scolaires). Ce qui est gros, lorsque plus aucune instance de reconnaissance ne tient, d’un ressentiment et de violences contre les plus faibles que soi ou contre les différents de soi." (Mise sous tensions et perte de soi dans la société capitaliste http://culture.revolution.free.fr/e... )

4.2 Perte du sentiment d’appartenance et délitement du lien social.

Le cas de la classe ouvrière "En 1966, 61% des personnes interrogées ont le sentiment d’appartenir à une classe, et plus augmente le nombre d’attributs ouvriers, plus augmentent les probabilités non seulement d’éprouver le sentiment d’appartenir à une classe, mais plus encore à la classe ouvrière, au détriment des autres classes. Ce sentiment d’appartenance à la classe ouvrière génère un ensemble de principes d’identifications et de représentations conflictuelles du monde social et de l’espace politique sur le mode d’un clivage typique des classes populaires, « eux/nous »3, qui s’exprime en particulier dans le registre d’une opposition permanente aux dirigeants patronaux. C’est à partir de cette vision classiste de l’opposition capital/travail que ce sentiment d’identification de classe leur offre la possibilité de rattacher leurs propres difficultés à une injustice collective :" Mais cette situation ne va pas perdurer et ce sentiment classiste qui expliquait le vote ouvrier pour les communistes (jusqu’en 1978) et socialistes (jusqu’en 1993) s’est progressivement affaibli ". Apparaît donc un processus de désaffection et "ce processus pourrait être imputée à l’importante régression que connaissent le sentiment d’appartenir à la classe ouvrière et sa corrélation avec l’appartenance au groupe ouvrier (pour les 2 attributs ouvriers, on passe de 51% en 66 qui s’identifient à la classe ouvrière à 33% en 2002). Ce délitement des identités classistes est encore davantage perceptible pour les jeunes générations ouvrières et s’inscrit dans un processus croissant de dénégation de toute forme d’appartenance classiste, puisque dorénavant c’est le sentiment de n’appartenir à aucune classe qui domine parmi le groupe des très ouvriers. En définitive, tout se passe comme si le groupe ouvrier ne constituait plus un groupe de référence, non seulement pour ceux qui lui sont extérieurs, mais surtout pour ceux qui lui sont liés.". (Les ouvriers et la politique à : http://grip.free.fr/textes/Interven..., très instructif ).

Rappelons que, numériquement, les ouvriers deviennent minoritaires dans la population active à partir de 1976 en France.

Cette perte d’identité, due à l’application des stratégies néo libérales, notamment dans l’entreprise, et à la perte d’identité professionnelle est orchestrée par une offensive idéologique d’accompagnement dont la thématique est bien connue : la fin des classes sociales.

".L’idée a germé dès 1959 dans la tête d’un chercheur américain, Robert Nisbet qui a eu, en exclusivité, la vision du "déclin et de la fin des classes". Nisbet avançait trois explications : une meilleure diffusion du pouvoir, dans la sphère politique, allait modifier les comportements ; l’extension du secteur tertiaire annihilerait les références sociales du passé sans en créer de nouvelles ; l’élévation du niveau de vie gommerait les antagonismes créant, avant toute autre distinction, une population de "consommateurs". La mort des classes était ainsi programmée. Mais, surtout, elle devait engendrer la fin de la gênante "lutte des classes". Le processus fut soigneusement entretenu Outre-Atlantique, relayé en France et en fanfare par Giscard, puis par Jacques Delors. Il n’en finit pas de finir." (Regards http://www.regards.fr/article/?id=1821 )

On comprend ainsi pourquoi les mots "classe sociale" ; "bourgeoisie" sont devenues inaudibles.

" Mais pour autant, si les classes sociales sont disparues du discours, je ne pense pas qu’elles soient pour autant disparues dans la réalité du monde social tel qu’on peut empiriquement tenter de l’étudier. En termes de visibilité, je pense que, s’il est vrai que les classes populaires, ou la classe ouvrière, sont devenues de plus en plus invisibles pour de multiples raisons, - y compris de bonnes raisons, empiriques- , on ne peut pas en dire autant des classes dominantes, de la bourgeoisie. Ça fait obscène, je sais bien, de dire « la bourgeoisie », je le fais exprès.... La bourgeoisie est une classe mobilisée, particulièrement visible dans l’espace social. Elle est dotée d’une idéologie propre, la pensée néo-libérale telle que l’ont construite les prophètes de la Société du Mont-Pèlerin, reprise dans le consensus de Washington, notamment…" (La notion de "classes sociales "a-t-elle encore quelque pertinence ? par Gérard Mauger. Emission 91 http://dsedh.free.fr/emissions_pass... )

4.3 La réorganisation du travail , précarité et l’impact sur la santé.

1. Aux conditions stressantes ancestrales du travail (cadence, intensification du travail, dangerosité, pénibilité physique,…) qui n’ont pas disparues, s’ajoutent des formes nouvelles d’aliénation avec le néo-libéralisme qui diffuse, à tous les échelons de la société, la peur, l’anxiété et l’idéologie totalitaire de la "société du risque", où tout doit être, comme les cours de la bourse, proie à l’incertitude permanente.

La mise en place de nouvelles techniques d’organisation et de gestion du travail ainsi que des "ressources humaines" utilisant les apports des sciences humaines dans un objectif de plus grande efficacité, a placé les personnels sous grande tension psychologique dans de nombreuses entreprises. Cette tension peut devenir une véritable souffrance au travail.

Le psychiatre Christophe Dejours, dans son ouvrage "La souffrance en France" a analysé ce qu’on pourrait appeler processus d’aliénation des travailleurs dans l’entreprise néo libérale. Mentionnons par exemple la peur de ne pas être à la hauteur, incertitude face aux contraintes de l’entreprise, la contrainte de mal travailler, la honte ou la peur de l’action collective, la soumission au mensonge,…. On trouve un résumé des thèses de l’auteur à http://1libertaire.free.fr/Dejours0... Souffrance En France La Banalisation De L’injustice Sociale )

La pression sur le (la) salarié(e) peut conduire au suicide (http://www.lemonde.fr/web/article/0... ; http://www.liberation.fr/actualite/... )

2. Les inégalités d’espérance de vie ne se sont pas atténuées depuis les années 1970 : " Malgré une augmentation importante du niveau de vie et un allongement continu de l’espérance de vie au cours du dernier quart de siècle, les inégalités devant la maladie et la mort sont demeurées stables : à 35ans, il reste 46 années à vivre aux cadres de la fonction publique, contre seulement 37 pour les ouvriers non qualifiés ; cet écart de 9 ans entre les extrêmes est le même que dans les années soixante-dix." (précarité et inégalités…"

3. "…Les relations entre précarité et santé présentent des caractéristiques propres. Ainsi, les chômeurs ont un risque de mourir qui est 3,1 fois supérieur aux actifs avec un emploi. Cet écart considérable s’explique par un double phénomène : d’une part, une morbidité accrue liée aux conséquences de la perte d’emploi ; d’autre part, la tendance croissante à mettre au chômage des personnes pour raisons de santé. Cette situation défavorable s’est encore dégradée au cours des deux dernières décennies puisque, dans les années quatre-vingt, l’écart était de 2,7, ce qui traduit l’aggravation des conditions de vie des chômeurs, notamment de longue durée. Par conséquent, il existe un lien spécifique et complexe entre chômage et santé….."

4. " D’autre part, plus la précarité de l’emploi s’accroît et plus l’exposition aux risques d’accidents du travail et de maladies professionnelles augmentent  : la fréquence de cette exposition est respectivement 1,5 et 2,5 fois supérieure parmi les salariés en contrat à durée déterminée et les intérimaires que parmi les salariés permanents…." ( http://www.sante.gouv.fr/htm/dossie... )

5. La normalisation des comportements. Plus fondamentalement, c’est le néolibéralisme met en place un nouveau mode d’assujettissement et de contrôle des salariés et même d’acteurs indirects.(sous-traitants par exemple). La technique dominante est la fixation de contrats d’objectifs définis à partir de normes relevant du droit privé, d’impératifs de production et de coûts, d’impératifs de production de "valeur boursière" avec la participation des intervenants (salariés, sous-traitants) de manière que ceux-ci intériorisent les normes utilisées et donnent "le meilleur d’eux même" pour atteindre les objectifs fixés. Cette nouvelle gouvernance se veut évacuer tout conflit, comme dans les systèmes totalitaires.

"C’est dans les grandes entreprises transnationales que cette nouvelle manière de discipliner les hommes a d’abord été conçue et expérimentée. Le fait nouveau dans la conduite de ces entreprises n’est pas la place qu’y occupent les échanges internationaux, mais leur émancipation du cadre institutionnel des États. Leur modèle est aujourd’hui celui d’un système mondial dans lequel les fonctions particulières (recherche, développement, conception, ingénierie, fabrication et marketing) sont organisées selon un plan transnational. Émancipées de la tutelle de l’État, mais privées de leurs marchés captifs, ces entreprises sont exposées à des risques nouveaux dans un monde ouvert aux échanges . Il leur faut contrôler non seulement leurs salariés, mais aussi tous ceux dont le comportement influe sur la réalisation de leurs profits (investisseurs, consommateurs, fournisseurs et sous-traitants, personnel politique des pays d’accueil, etc.). Elles sont ainsi devenues les laboratoires où s’inventent et se perfectionnent de nouvelles techniques de pouvoir, qui essaiment ensuite dans la sphère publique. Ces techniques font, bien, sûr, une large place à l’information et la communication.

A la faveur des privatisations et de la libéralisation des échanges, elles ont pris le contrôle du monde des idées et des images, en mettant la main directement (prise de contrôle financier) ou indirectement (financement publicitaire) sur tous les grands médias (radio, télé- vision, journaux, édition, production et distribution cinématographique) et peuvent ainsi occuper les esprits bien plus sûrement que n’a jamais pu le faire aucune Église. Elles ont aussi appris à se concilier les faveurs des hommes politiques et des intellectuels, en les convertissant en grand nombre aux valeurs de l’entreprise, voire en les achetant purement et simplement, ainsi qu’en témoignent les innombrables affaires de corruption qui empoisonnent partout la vie publique . Ce sont aussi des techniques juridiques nouvelles qui sont mobilisées pour s’assurer en amont le contrôle des sous-traitants ( certification technique et labélisation), pour fidéliser en aval les consommateurs (recours à des contrats relationnels, qui les lient au fournisseur au- delà de la fourniture ponctuelle d’un bien ou d’un service ). Mais c’est dans leurs nouveaux modes d’exploitation de la « ressource humaine » que se donne à voir le plus clairement la dimension juridique des nouvelles techniques de « gouvernance ». Sans exclure l’appel aux rituels (fort en vogue dans le monde du management), la « gouvernance » recycle les matériaux de la culture juridique d’Occident, notamment le contrat." (Homo Juridicus de Alain Soupiot Ed. Seuil p.253)

4.4 Le morcellement des liens familiaux

L’instabilité des couples est repérable à l’augmentation spectaculaire des divorces, à la diminution des mariages et à l’augmentation du nombre enfants nés hors mariage.

395 000 mariages et 39 000 divorces avec 8% des enfants nés hors mariage en 1970

285 000 mariages et 120 000 divorces avec 43% des enfants nés hors mariage en 2000 Source INSEE (http://www.social.gouv.fr/htm/dossi... )

Dans une étude remarquablement complète sur l’impact du chômage ou de l’instabilité de l’emploi sur la famille , il apparaît qu’il existe une corrélation causale entre le chômage et la séparation au sein des couples. " Comme pour la formation des couples, l’instabilité professionnelle et le chômage ont un impact fort sur la rupture. Quel que soit le sexe, plus l’emploi est assuré et moins l’instabilité conjugale est importante. Cet indice passe ainsi de 22.4% pour les personnes ayant un emploi stable à 38.7% pour les individus étant au chômage depuis plus de deux ans. La corrélation entre instabilité professionnelle et indice d’instabilité conjugale semble forte" (Famille et chômage Synthèse des connaissances Par Gilles NEZOSI CNAF (Caisse nationale des allocations familiales http://www.social.gouv.fr/htm/actu/... )

Sans vouloir expliquer exclusivement l’instabilité des liens familiaux par le chômage, il est établi que le chômage a un impact sur la stabilité familiale. D’autres facteurs économiques tels le stress au travail, une durée trop élevée du travail et des déplacements sont aussi à prendre en compte. Le modèle idéologique individualiste véhiculé par l’ultra libéralisme est aussi un facteur probable de dissociation. Les facteurs dits sociologiques post- mai 68 sont souvent mis en avant par les libéraux pour masquer ces facteurs économiques.

4.5.Evolution du taux de suicide.

La corrélation entre l’évolution du taux de suicide et la mise en œuvre de la politique néolibérale engendrant notamment le chômage ne relève pas d’une croyance partisane mais d’analyses scientifiquement conduites.

 :" ….Une telle croissance au milieu des années soixante-dix évoque sans contredit possible le passage des Trente glorieuses au ralentissement économique, ce dont Chesnais et Vallin (1981) eurent très tôt l’intuition. Différents indicateurs économiques et sociaux ont des profils proches, comme le chômage des jeunes, la croissance économique, ou l’opinion des ménages sur l’évolution du niveau de vie des français telle qu’elle est mesurée par les enquêtes de conjoncture auprès des ménages de l’INSEE, voire même la délinquance, l’âge au premier mariage ou la primo-nuptialité6. Les corrélations sont généralement supérieures à 0,8 mais elles sont d’autant plus fortes que ces indicateurs mettant en évidence une tendances globale assez claire sur la période 1975-1995 : élévation globale du taux de chômage des jeunes, de l’âge au premier mariage, de la délinquance, baisse de l’optimisme des ménages, du taux de la croissance du revenu disponible, de la primonuptialité... Chacune de ces courbes connaît une évolution défavorable des années soixante-dix au milieu des années quatre-vingt, une amélioration du milieu des années quatre-vingt jusqu’au début des années quatre-vingt-dix, et de nouveau une dégradation avec la récession de 1992-1993. Par exemple, sur la période 1977et 1993, la corrélation entre le taux de chômage des hommes de 15 à 24 ans et le suicide de l’ensemble de la population masculine est saisissante : comme il a été montré dans un précédent travail (Chauvel, 1997a), le coefficient de corrélation est de 0,92…" http://louis.chauvel.free.fr/Suicosc.pdf Stress au travail : un suicide chaque jour en France. " Le vice-président du Conseil économique et social révèle qu’entre 300 et 400 suicides par an sont imputables au stress dans le monde du travail." (NOUVELOBS.COM | 14.03.2007 )

4.6 Croissance et aggravation de la délinquance

Précisons par quelques données l’ampleur de la délinquance comptabilisée par les services de police en 2005.

Vols et recels : 2 138 506 dont 118 856 vols avec violences, 343 305 cambriolages, 783 055 vols liés à l’automobile et aux deux roues

Crimes et délits contre les personnes 354 836 dont 148 855 coups et blessures volontaires

Infractions économiques et financières : 318 680

Autres infractions (dont stupéfiants) : 963 816

(http://lesrapports.ladocumentationf... )

Ces chiffres expliquent l’importance du thème de la sécurité dans les préoccupations de la population. Compte tenu de la fragilité des statistiques dans ce domaine, du fait notamment que " les statistiques fournies par la police et la gendarmerie fournissent plus une mesure de l’activité de leurs services qu’une mesure de la délinquance réelle" (réf. Ci-dessous). il faut plutôt examiner les tendances que les chiffres en eux-mêmes. De 1945 à nos jours , les vols augmentent, avec quelques fluctuations mais : " Comme le constate M. Laurent Mucchielli : « Depuis la fin des années soixante-dix, et plus encore depuis la fin des années quatre-vingt, on assiste à une forte augmentation de ce que l’on peut appeler les violences contre les institutions pour désigner à la fois le vandalisme contre les biens publics et les différentes formes d’irrespect envers les personnes symbolisant les institutions publiques, c’est-à-dire, d’une part, essentiellement les policiers et parfois les pompiers, d’autre part, les enseignants ». (Rapport sénat .Délinquance des mineurs http://www.senat.fr/rap/r01-340-1/r... )

Il y a une certaine "logique" à cela dans une société ultra libérale qui n’a de cesse que d’affaiblir l’Etat et de discréditer ses agents et ce, dans un contexte d’accroissement des inégalités.

Par ailleurs, " le nombre de mineurs mis en cause pour des vols avec violence, des viols, des coups et blessures volontaires et des destructions de biens publics ou privés a littéralement explosé puisqu’il a plus que quadruplé." (idem Sénat).

Plus précisément, entre 1972 et 2002, le nombre de violences corporelles reste à peu près stable jusqu’en 1988 mais se trouve multiplié par 7 en 2002., délits d’usage de stupéfiants multiplié par 18, destructions et dégradations par 5,4 ; pour citer quelques exemples. ( Source : 1972-2002 : Evolution et spécificité de la délinquance juvénile CNRS http://www2.cnrs.fr/sites/communiqu... )

On constate aussi un rajeunissement des mineurs délinquants.

Cette délinquance est liée à des carences familiales multiples. "Les spécialistes de la famille s’accordent pour reconnaître à la famille proche une influence déterminante sur le comportement de l’enfant…. En bonne place des obstacles à l’épanouissement des familles figure la précarité économique et sociale. L’influence de ce facteur dans un contexte d’accroissement de la pauvreté et des inégalités mérite d’être soulignée." (idem)

Mais faute de moyens investis dans le dépistage et la thérapie précoce par les gouvernements libéraux successifs, la situation ne fait que s’aggraver. " Il existe donc un lien fort entre les troubles du comportement et la délinquance. Pourtant, la pédopsychiatrie reste une discipline pauvre dans le paysage médical français. Dans ses rapports annuels 2000 et 2001, la défenseure des enfants a dénoncé les carences de la pédopsychiatrie en France. Alors que le taux de suicide est le plus élevé d’Europe chez les 15-24 ans (40.000 tentatives et 800 décès par an), les moyens mis à la disposition de la pédopsychiatrie ne sont pas à la hauteur des besoins. " (idem Sénat).

La précarité de l’emploi a une incidence sur la mise en danger de l’enfant, notamment pour les familles monoparentales. "Cette fragilité de l’emploi a une incidence sur la cellule familiale. A titre d’exemple, parmi les enfants signalés en danger, l’inoccupation des parents est un facteur important :

- Dans le cas des familles monoparentales dont un enfant est signalé, 3 fois sur 4, la mère est inoccupée ; - Dans l’ensemble des familles monoparentales, la moitié des mères sont inoccupées ;

- Parmi les enfants vivant avec leurs deux parents, seuls 5% ont les deux parents inoccupés, c’est le cas de 36% des enfants en danger." (INSEE http://www.social.gouv.fr/htm/dossi... )

Le développement des effets néfastes du néolibéralisme va de pair avec un accroissement régulier de la délinquance, notamment depuis 1983 où le taux de criminalité dépasse régulièrement les 60 pour mille. (Taux de criminalité de 1949 à 2006 INSEE http://www.insee.fr/fr/ffc/figure/N... )

4.7 Croissance de la population carcérale.

Stable de 1953 à1983 (entre 45 et 65 pour 100 000 habitants), le taux de détention croît de 1984 à 1995 de 70 à 89. Il était de 93 en 2003 en France, de 139 en Angleterre, 64 en Norvège. http://www.justice.gouv.fr/minister... "Alors qu’en 1980, les condamnés pour viol et attentat aux moeurs ne représentaient que 5,5 % des condamnés, ils représentent aujourd’hui 21 % de la population pénale. Au centre national d’observation de Fresnes8(*), 54 % des détenus sont condamnés pour affaires de moeurs." (rapport d’enquête sénat http://www.senat.fr/rap/l99-449/l99... ) D"ailleurs, le nombre de viols croît de 324% en 20 ans , soit de 16 % par an en moyenne (1974-94) http://histoire-sociale.univ-paris1...

Indiquons que, selon étude effectuée de juin 2003 à septembre 2004, portant sur 800 détenus interrogés et examinés, huit hommes incarcérés sur dix présentent une pathologie psychiatrique. http://www.ldh-toulon.net/spip.php?... Mais ces pathologies ne sont pas pris en charge. Ainsi, par exemple, en janvier 2007, à la prison de Rouen, un détenu tue son compagnon de cellule et commence à le manger (cannibalisme) http://tempsreel.nouvelobs.com/spec... Mouvel’Obs’ 09/05:07

"Plus de 70 000 enfants, dont 73 % sont mineurs, ont un père ou un beau-père en détention. Leur âge moyen est de 16 ans. Parmi eux, un sur cinq a moins de 6 ans. Un tiers des enfants de moins de trois ans n’ont jamais connu leur père en dehors de la prison : ils sont nés après on incarcération". (INSEE http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc... )

4.8 Détérioration des services publics.

1 - La justice.

Il serait inexact de dire que l’insuffisance des moyens donnés à la justice serait dues exclusivement à la montée de l’ultra libéralisme. " Non, la pauvreté séculaire de la Justice en France n’est pas un mythe. Elle résulte rarement de politiques délibérées, de choix explicites, mais bien davantage d’une absence de politique, ou en tout cas de l’absence d’une volonté politique assez forte pour dégager les moyens nécessaires. La Justice se trouve implicitement sacrifiée à d’autres priorités, et la pression des besoins les plus immédiats se fait alors sentir au point d’exclure toute vision d’avenir, comme en témoigne la faiblesse chronique de la part des investissements dans le budget de la Justice."

La période de reconstruction et de décolonisation ne se prête guère à l’allocation de moyens au système judiciaire. "Le nombre des magistrats, au contraire, enregistre une stupéfiante baisse absolue jusqu’aux années 1960 (par delà la réforme de la magistrature en 1958), et ne retrouve que vers 1990 l’effectif du milieu du XIXe siècle, alors que le volume et la complexité du contentieux ont considérablement augmenté dans l’intervalle : les gains de productivité sont donc indéniables" (http://www.asmp.fr/travaux/communic... )

"On voit ensuite s’amorcer à partir des années 1970 une remontée rapide, mais qui n’a pas suffi, jusqu’à maintenant, à retrouver les maximums de la première moitié du XIXe siècle". Vers le milieu des années 90, on constate que :

….Une part importante des juridictions constate une aggravation de la situation face à laquelle l’institution, les magistrats, les greffiers en chefs, les greffiers, les fonctionnaires et vacataires se sentent démunis car pour eux les gains de productivité ont tous été exploités. Ils peuvent être préoccupés à juste titre du déni de justice lorsque les délais s’allongent ou ne sont maîtrisés qu’au prix d’une baisse de la qualité des jugements…" (Sénat http://cubitus.senat.fr/rap/r96-49/... )

Ainsi, malgré quelques augmentations quantitatives de moyens, ceux-ci restent très insuffisants pour rendre une justice de très bonne qualité, ce qui n"est pas étonnant en raison des restrictions budgétaires pour le fonctionnement de l’Etat.

La législation et les moyens mis à disposition de la justice pour lutter contre la fraude fiscale et l’évasion fiscale sont très largement insuffisants. " Le premier rapport du Conseil des prélèvements obligatoires qui porte sur la fraude et son contrôle estime entre 29 et 40 milliards d’euros les manques à gagner pour l’État et la Sécu, soit « entre 1,7 % et 2,3 % du PIB ». Et c’est un minimum. Compte tenu de la méthode « relativement fruste », « cette estimation est probablement une fourchette basse »… Mais c’est l’État qui est le plus exposé avec une fraude fiscale estimée entre 20,5 et 25,6 milliards, soit les deux tiers de l’ensemble. La TVA, à elle seule, représente une perte de 7,3 à 12,4 milliards. Ce n’est pas faute de traquer les fraudeurs. En 2005, le total des redressements réclamés par les Impôts a atteint 14 milliards - contre un milliard pour les cotisations sociales. Mais, compte tenu de l’insolvabilité des entreprises et des particuliers contrôlés ou encore de l’annulation par les juges de certains redressements, « le taux de recouvrement atteint seulement 53,3 % en 2005 ».(Le Figaro 21/02/2007)

Mais le cas de l’évasion fiscale (usage des paradis fiscaux notamment) est encore plus significatif : " "Le montant de l’évasion fiscale – fonds placés par des Français à l’étranger pour échapper au fisc – est estimé à 200 milliards d’euros (source : JT de 20h00, TF1, le 29/07/04). " ( source : http://www.actuchomage.org/modules.... )

Les moyens alloués aux inspections du travail sont dérisoires par rapport aux besoins. "En France, les effectifs de l’inspection du travail sont répartis géographiquement dans des « sections » composées d’un inspecteur du travail et de deux contrôleurs du travail ainsi que d’agents chargés du renseignement physique et téléphonique des salariés. 417 inspecteurs du travail et un peu plus de 800 contrôleurs sont donc chargés de l’application du Code du travail ainsi que des conventions et accords collectifs qui régissent la relation de travail d’environ 16 millions de salariés du secteur privé.

La faiblesse des effectifs alliée a une culture politique ambiante tout à fait défavorable au droit du travail conduit à la multiplication des situations d’obstacle aux contrôles, d’incivilités voire de violence sur les agents dont l’assassinat de deux agents de contrôle en septembre 2004 en Dordogne a été la plus effroyable illustration. Les interventions, ces fameuses « influences extérieures indues » d’employeurs délinquants, mais néanmoins influents auprès du pouvoir, se multiplient pour tenter de se soustraire aux contrôles ou à leurs éventuelles conséquences. " ( Bruno LABATUT-COUAIRON, Président de la CFTC du Ministère du travail. http://www.actuchomage.org/modules.... ) Dépendance étroite de la Justice du pouvoir politique.

Les moyens alloués au traitement pénal de la délinquance sont très insuffisants. "Faute de personnel en quantité suffisante, les fonctionnaires de police ou les militaires de gendarmerie sont contraints d’enregistrer les plaintes contre X sans possibilité d’ordonner le lancement d’une enquête. Or, il s’agit de la catégorie de classement sans suite la plus choquante pour l’opinion publique puisque 50 % des dossiers classés par les Parquets le sont pour ce motif….. Le rapport du ministère de la Justice déjà cité sur l’abandon des poursuites montre que plus des trois quarts des dossiers en provenance des services de police et de gendarmerie ne sont pas vus par un magistrat du Parquet mais sont directement traités par les fonctionnaires du bureau d’ordre. Cette proportion atteint 96 % des dossiers classés " auteur inconnu ". Ce dysfonctionnement est lié à l’insuffisance des effectifs du Parquet, alors même que leurs tâches ne cessent de s’accroître." (Rapport sénat Les infractions sans suite ou la délinquance mal traitée http://www.senat.fr/rap/r97-513/r97... )

2- La santé .

Contexte statistique. En 2005, les dépenses des administrations publiques (APU), y compris l’État, atteignent 919,7 milliards d’euros, soit 53,8 % du PIB

Le premier poste de dépenses (42,2 % soit 387,7 milliards d’euros) est consacré à la protection sociale : risques retraite, chômage, famille, exclusion, handicap, dépendance…, soit plus de 22% du PIB. (4ème rang européen).

Les dépenses de santé sont réalisées pour moitié (49,4 %) sous forme de prestations (remboursements de sécurité sociale), l’autre moitié étant constituée des dépenses des hôpitaux publics, essentiellement le versement de salaires (31,0 %) et les consommations intermédiaires (11,5 %). Au total, les dépenses de santé et de protection sociale ont gagné 1,5 point chacune en dix ans, passant de 52,7 % des dépenses en 1995 à 55,8 % en 2005. Elles s’élèvent à 7% du PIB (1er rang européen avec la Suède). (INSEE PREMIERE N°1102 - SEPTEMBRE 2006 DEPENSES SOCIALES, PREMIERES DEPENSES PUBLIQUES HTTP ://WWW.INSEE.FR/FR/FFC/IPWEB/IP1102/IP1102.HTML )

Le système de santé français reste performant mais n’est pas pour autant à l’abri des conséquences du néolibéralisme. Les progrès de l’hygiène et de la médecine ont permis de grandes avancées et les pathologies ont changé. " Les causes de morbidité et de mortalité ont radicalement changé depuis 1945. La tuberculose et les pathologies infectieuses représentaient 10 % des causes de mortalité, autant que les cancers. Aujourd’hui, la mortalité par cancer est 15 fois plus élevée que celle liée aux maladies infectieuses, malgré l’apparition du sida et bien que la menace infectieuse puisse resurgir à tout moment comme l’a montré le Sras. Le vieillissement n’explique pas tout.

Pour les cancers, l’étude la plus récente montre une progression de 63 % des nouveaux cas entre 1980 et 2000 ; seuls 25 % de ceux-ci sont liés au changement démographique. L’asthme progresse dans chaque tranche d’âge. Il a doublé en trente ans, tout comme l’ensemble des allergies. On pourrait aussi évoquer l’épidémie de diabète, en grande partie provoquée par l’obésité : 1 enfant sur 10 est obèse dès l’âge de 10 ans, deux fois plus que dans les années 80. Les pathologies mentales se diversifient et sont en augmentation : 15 % de la classe d’âge 25-45 ans sont aujourd’hui atteints de dépression. Les disparités sociales et géographiques s’élargissent.

Les ouvriers et employés ont, par rapport aux cadres supérieurs et professions libérales, 3,2 fois plus de cancers (contre 2,8 fois plus il y a huit ans), mais aussi 5,2 fois plus de diabète (contre 3,8 fois plus il y a huit ans)" Mais les réalités sociales ne sont pas étrangères à l’évolution de la santé publique. "L’obésité, le diabète et les nouveaux troubles mentaux sont la conséquence de notre mode de vie : alimentation déséquilibrée, liens sociaux déstructurés et monde du travail précarisé. Quant aux troubles musculo-squelettiques, ils sont la conséquence directe de la dégradation des conditions de travail provoquée par la flexibilité, la rentabilité de court terme et le manque d’information aux salariés" ( Libération Par André CICOLELLA et Martine BILLARD et Marie-Hélène AUBERT 15/07/04)

L’insuffisance de recrutement de médecins en raison d’un numerus clausus imprévoyant et trop étroit a conduit à une pénurie médicale en France et à la constitution d’une médecine à 2 vitesses : consultations privées avec délais d’attente plus courts que les consultations publiques.

Le retard pris ne pourra pas être rattrapé selon l’ordre des médecins. "Le processus (du déblocage du numerus clausus) est déclenché : le point bas de 3 750 admissions en 1997 a été chaque année relevé pour atteindre 5 600 en 2004. Les contraintes universitaires limitant l’augmentation annuelle à 600/700 étudiants. Cependant, avec en 2007/2008 un numerus clausus à 7 000 ou 8 000 maintenu une dizaine d’année pour diminuer ensuite, on constate trois réalités.

• La densité médicale descend de 338 à 271 vers 2025 pour remonter ensuite.

• Le temps médical à effectif constant offert par les médecins va se réduire (féminisation, réduction du temps de travail, augmentation des tâches administratives, vieillissement du corps médical.

• La consommation de soins de la population française va progresser du fait de son vieillissement, des techniques ou thérapeutiques nouvelles, de la revendication à une meilleure santé.

Dès lors, si l’augmentation du numerus clausus est incontournable, elle sera insuffisante à l’horizon 2020 pour assurer la prise en charge médicale de la population française…."( Rapport Conseil de l’ordre des médecins http://www.web.ordre.medecin.fr/rap... )

Rappelons quelques densités médicales mentionnées dans ce rapport :

Angleterre :175 médecins/100 000 habitants.

Allemagne : 464 médecins/100 000 habitants

Espagne 428 médecins/100 000 habitants ; Italie 572 pour la seconde

France : 335 médecins/100 000 habitants

Concernant les urgences, outre l’insuffisance de moyens humains et organisationnels, se pose aussi le problème de la qualification : "Le manque d’autorité de certains urgentistes s’explique aussi par le fait qu’il existe aux urgences « une frange de médecins précaires, plus ou moins bien intégrés, qui ne bénéficient pas d’une très bonne considération de la part des PH ». Ainsi, M. Philippe Aillères a jugé que « si on n’emploie que des médecins précaires, notamment des médecins à diplôme étranger, il est difficile d’asseoir l’autorité des urgentistes ». M. Michel Rosenblatt a, dans le même sens, regretté que, faute d’un nombre suffisant de médecins en formation, les hôpitaux soient amenés à « recruter des médecins formés à l’étranger et qui souvent mériteraient un complément de formation autrement que « sur le tas »…. Le recours à ces praticiens s’explique par une véritable pénurie de main d’œuvre. Un récent rapport de M. Yvon Berland sur la démographie médicale hospitalière recense en septembre 2006, pour les postes de PH en médecine d’urgence, 540 postes à temps plein vacants (soit un taux de vacance de 23,2 %) et 234 postes à temps partiel vacants (soit un taux de vacance de 46,2 %)…." (Rapport d’information 3672 Médecine d’urgence Assemblée Nationale http://www.assemblee-nationale.fr/1... )

La pénurie de médecins spécialistes dans certains domaines,… tout cela montre le manque de moyens investis dans la formation médicale et la construction d’hôpitaux.

Hôpitaux

"Aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens matériels et humains pour soigner correctement nos patients. Les restructurations des hôpitaux se font souvent en dépit du bons sens et les crédits qui nous sont accordés sont en constante baisse", a déclaré François Guérin, président de l’AMDDDM…. "Aujourd’hui, les patients doivent attendre trois mois pour passer une IRM (imagerie à résonance magnétique) et souvent 15 jours pour une échographie", a expliqué à la presse le professeur Levesque, chef de service de l’hôpital Louis Mourier.

Le professeur Chabernaud de l’hôpital Antoine Béclère à Clamart a attiré l’attention sur "le manque d’obstétriciens, de pédiatres et d’anesthésistes dans tous les hôpitaux".( 07/06/2000 http://survivreausida.net/a4081 ) "90 % des chefs de service déplorent la dégradation de leurs conditions de travail "(Le Monde 08/02/2003)

Il est tout à fait réducteur et caricatural de considérer la croissance des maladies nosocomiales à de simple problèmes de lavages de mains ! "plus de 750 000 personnes sont touchées par l’une de ces infections contractées à l’hôpital. 4 000 en meurent." ( L’Express 17/01/07 http://www.lexpress.fr/info/science... ) C’est le manque de moyens en formation et en personnel (de nettoyage notamment) qui est plutôt à incriminer.

La pénurie d’infirmière est devenue de notoriété publique. "6 683 postes d’infirmière pour plus de 8 000 collèges et lycées publics, 55 000 écoles maternelles et primaires publiques et 2 millions d’étudiants ! Les manques sont donc criants." (http://pour.fsu.fr/spippour/article... )

La pénurie d’infirmière est globalement considérable (20 000) comme le montre le reportage suivant : http://tf1.lci.fr/infos/media/jt/0,...

"La pénurie criante de personnel médical, en particulier d’infirmiers et infirmières, qui paralyse depuis quelques années les établissements de santé, ne s’arrange pas. 12 000 postes d’infirmiers de l’Assistance publique étaient vacants en 2003, il y en aurait 15 000 aujourd’hui.

Mais cela ne conduit pas forcément à la stabilité de l’emploi pour qui pourvoit ce type de poste !

La précarité règne en maître même là où il y a insuffisance de d’emplois ! "Depuis quelques années, l’intérim se développe à une vitesse folle, en particulier dans la région parisienne qui en est une grande consommatrice (22% de l’emploi intérimaire santé). Entre 1997 et 2002, le nombre de salariés intérimaires dans le secteur de la santé et de l’action sociale est passé de 1 761 à 6 512 en termes d’équivalents emplois temps plein, selon le calcul de la Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques . Un chiffre qui reste largement en dessous du nombre total d’intérimaires estimés en France, soit environ 55 000 dans le secteur de la santé. « La demande d’intérimaires médicaux et paramédicaux a doublé en six ans », relève la direction générale de l’Appel Médical, la division santé du groupe Vediorbis. La société, qui regroupe 23 000 intérimaires, a vu en quelques années son chiffre d’affaires (130 millions d’euros en 2002) quadrupler. « Nous ouvrons en moyenne cinq nouvelles agences par an en France" (http://www.infirmiers.com/doss/penu... )

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Hôpitaux, la saignée des emplois

Source : L’Humanité. Le 09/11/2008

Nantes, Le Havre, Nice, Villejuif… Petits ou gros, les établissements multiplient les "restructurations" et les "plans sociaux déguisés" selon les syndicats. Vingt mille postes sont menacés, dans un sous-financement organisé pour favoriser le privé.

C’est bel et bien devenu une réalité : le privé n’a plus l’apanage des plans sociaux, y compris dans le domaine de la santé. Partout, les hôpitaux, petits et grands, dégraissent. La logique financière imposée aux établissements pousse aujourd’hui un nombre croissant de gestionnaires à réduire les effectifs, devenus à leurs yeux la seule variable d’ajustement. Au vu des déficits existants, la Fédération hospitalière de France (FHF) estime qu’il faudrait supprimer 20000 emplois sur les 800000 actuels pour revenir à l’équilibre.

Certes, les suppressions de postes dans les hôpitaux existent depuis longtemps. « En dix ans, j’ai supprimé une centaine d’emplois en externalisant (…). La consigne n’est pas officielle, mais je n’ai pas le choix », confiait ainsi de façon anonyme un chef d’établissement public dans le Quotidien du médecin, la semaine dernière. « Nous sommes tous dans des logiques de non-remplacement de départs ou d’un remplacement sur deux pour les personnels hospitaliers », avouait de son côté le président de la conférence des directeurs généraux des centres hospitaliers universitaires (CHU). La seule différence, c’est qu’aujourd’hui les tutelles ne cachent plus la nécessité de réduire la masse salariale, seule possibilité, selon elles, de résorber les déficits astronomiques des établissements de santé. Seuls deux des 31 CHU (Limoges et Poitiers) ne sont pas en déséquilibre. Entre 2005 et 2007, le déficit global des CHU est passé de 24 millions à 367 millions d’euros. Et ils devraient terminer 2008 avec une perte de près de 800 millions d’euros. Mais les gros hôpitaux ne sont pas les seuls concernés : la plupart des centres hospitaliers du pays ont aujourd’hui leurs indicateurs dans le rouge.

Cette crise s’explique essentiellement par l’évolution du mode de financement. Depuis 2004, les hôpitaux ne reçoivent plus de dotation globale de l’État et sont passés, depuis le 1er janvier dernier, à une tarification à l’activité à 100 %. « Le sous-financement organisé de l’hôpital asphyxie petit à petit nos établissements », alertait il y a quelques mois Claude Évin, le président de la FHF. « Les situations déficitaires n’ont cessé de se multiplier et, aujourd’hui, même les établissements les plus performants se trouvent confrontés à de graves difficultés financières. » L’exemple le plus révélateur de ce paradoxe est sans doute celui du CHU de Toulouse. Classé parmi l’un des plus performants par le palmarès 2008 du journal le Point, il affiche un déficit de 12 millions d’euros, ce qui va entraîner la suppression de 120 emplois.

Car qui dit déficit aggravé, dit menace sur l’emploi. L’équation faite par le gouvernement est simple : l’emploi représente 70 % du budget des hôpitaux. Donc en réduisant les effectifs, les établissements feront forcément des économies. Pour les syndicats, cette logique est vraiment nouvelle. « Sept hôpitaux sur dix prévoyaient de s’attaquer à l’emploi contre un sur deux en 2007 », constate Philippe Crépel, secrétaire fédéral de la CGT santé. Contrairement aux hôpitaux privés, les établissements publics ne peuvent légalement pas appliquer un plan social. En revanche, ils jouent sur les non-remplacements de départs naturels. Des « plans sociaux » déguisés, selon les syndicats. Un dispositif existant depuis 1998, mais rarement utilisé, permet d’allouer une enveloppe pour favoriser les départs volontaires (selon certains critères), dans les cas de restructurations. C’est ce qui se passe actuellement au CHU de Nantes. « Aujourd’hui, le gouvernement met en oeuvre les mécanismes permettant aux hôpitaux de licencier », résume Philippe Crépel, indiquant que les hôpitaux commencent à cotiser aux ASSEDIC. Pour le syndicaliste, tout s’est « accéléré » depuis l’élection de Nicolas Sarkozy.

Une analyse partagée par Yolande Briand, secrétaire générale de la fédération CFDT santé. « Avec la crise, ce sera pire en 2009. Le problème, souligne cette dernière, c’est qu’il n’y a pas de restructuration. La plupart des directeurs diminuent immédiatement la masse salariale. Ils ne cherchent pas d’autre possibilité de réorganisation. C’est le degré zéro de réflexion. Il n’y a pas d’analyse du déficit. » Et de poursuivre : « Le fond de la question, c’est de savoir si l’on considère la santé comme une marchandise. » D’ici à 2015, près de 380000 agents de la fonction publique hospitalière vont partir à la retraite, soit près de 50 % des effectifs. Va-t-on, à cette occasion, assister à un dépeçage des hôpitaux ? Mais quid des patients ? « Si l’offre de soins reste, pour le moment, relativement protégée, c’est que les personnels prennent sur eux pour maintenir un service public de qualité », assure Philippe Crépel, de la CGT santé. Jusqu’à quand ? Alexandra Chaignon (Paru dans l’Humanité du 10 novembre 2008) *

Médicaments : Les ministères de la santé dé remboursent les médicaments (3 vagues : 84 dé remboursés et 617 médicaments abaissés de 65% à 35% en 2003 156 médicaments dé remboursés depuis mars 2006 puis 133 depuis en octobre 2006 pour une économie de 300 à 400 millions d’euros ). Dépense en 2004 : 17,5 milliards d’euros.

Pourtant, la revue médicale Prescrire indiquait (01/11/03) que les firmes pharmaceutiques sont totalement libres de leurs prix et que les coûts de recherche ne font pas l’objet d’une évaluation indépendante "Ces prix très élevés découlent du fait que les firmes pharmaceutiques ont, de fait, obtenu la liberté des prix dans tous les pays industrialisés, et/ou que les autorités chargées de la fixation des prix dans ces pays acceptent des prix proches de ceux exigés par les firmes…

Une transparence sur les coûts réels de recherche et développement est indispensable pour que les pouvoirs publics prennent des décisions raisonnées en matière d’allongement des brevets, de protection des données, et de prix des médicaments.

Le coût de recherche et développement doit être rapporté aux profits des firmes pharmaceutiques, qui restent les plus élevés de tous les secteurs économiques." " (http://www.prescrire.org/aLaUne/dos... )

Cette évolution favorise le recours aux assurances santé privées complémentaires. "Représentant environ 19,5 milliards d’euros en 2004 (en termes de prestations versées), le marché de l’assurance santé complémentaire a progressé à un rythme soutenu au cours de ces cinq dernières années, de l’ordre de + 7 % par an." (Eurostaf http://www.eurostaf.fr/cms/impressi... )

Cette privatisation rampante se décline dans des subventions d’Etat au secteur privé. "Au total donc, sur 1, 976 milliard d’euros inscrits au titre des plans régionaux d’investissements hospitaliers, seuls 22,15 % du total seront alloués au secteur public hospitalier. En revanche, près de 78 % du total est destiné à faciliter, de manière directe ou indirecte, le développement du secteur privé dans l’offre de soins." (Fondation Copernic http://www.fondation-copernic.org/C... )

La santé dans le monde.

Mais les conséquences du néo libéralisme sont particulièrement néfastes pour la santé de la population des pays pauvres. Ainsi, plus de 1,6 million de personnes meurent tous les ans par manque d’accès à une eau de bonne qualité ou à l’hygiène, a dénoncé la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à la veille de la Journée mondiale de l’eau, le jeudi 22 mars. Le Dr Margarert Chan précise que "90% de ces morts sont des enfants de moins de cinq ans et une grande partie se trouve dans des pays en développement".

Illustrons, avec un exemple, la politique du FMI dans un pays pauvre : le Niger, en citant un passage du chapitre : IV Les populations non rentables, de l’ouvrage remarquable de Jean Ziegler Les nouveaux maîtres du monde (Ed. Fayard) "Or, ignorant superbement ces magnifiques traditions, les satrapes du FMI ont imposé la privatisation de l’Office national vétérinaire du Niger (ONVN) et des pharmacies vétérinaires publiques. Résultat ? Les vaccins, les médicaments, les vitamines, bref, tous les produits pharmaceutiques vétérinaires, sont maintenant vendus par des représentants locaux de sociétés transnationales pharmaceutiques ou par des commerçants privés nigérians, libanais la plupart du temps -qui s ’ approvisionnent sur la côte atlantique ( distante de plus de 1 000 kilomètres) et revendent leurs produits au marché. Souvent les délais de vente des produits sont échus. Tout contrôle public de ces marchandises a été aboli. Et surtout : les prix sont tels que la plupart des éleveurs ne peuvent les payer.

Quant aux médecins vétérinaires de l’Etat, ils ont été congédiés, ont émigré ou sont partis à la retraite. Il existe bien encore quelques agents vétérinaires appartenant au ministère de l’Élevage, mais leurs déplacements sont payants. Les conséquences économiques et sociales de la privatisation de l’ ONVN sont désastreuses : des trou- peaux entiers disparaissent, victimes d’épidémies, de parasites, voire de médicaments avariés ; incapables de payer les prix du marché libre, des centaines de milliers de familles d’éleveurs perdent leur gagne-pain et viennent grossir les masses miséreuses des villes"

4. Education. Recherche

Malgré des difficultés chroniques du fonctionnement de l’Education Nationale, des progrès importants ont été réalisés pour le niveau de scolarisation. La proportion de bacheliers dans une génération atteint maintenant 62 %, contre seulement 24 % un quart de siècle plus tôt. Et, dans l’enseignement supérieur, auquel accède désormais plus de la moitié des jeunes Français, le nombre d’étudiants a été multiplié par sept en l’espace de trois décennies (de 300 000 à 2,1 millions). Une forte augmentation du taux d’accès à un diplôme du supérieur s’est produite entre 1990 (29% diplômés du supérieur) et 1995 (37%). Depuis le taux est stable, autour de 40%. Aussi 11 % des bacheliers généraux entrés dans l’enseignement supérieur sortent sans diplôme, 30 % des bacheliers technologiques et 61 % des bacheliers professionnels.

En 2004 On peut résumer ainsi les parcours d’une génération de la façon suivante 6 à 7% de sorties sans qualification • 93,5% d’accès au niveau V • 69% d’accès au niveau du baccalauréat (niveau IV) • 62% d’accès au baccalauréat • autour de 50% d’accès au supérieur • autour de 40% d’accès à un diplôme du supérieur (http://www.recherche.gouv.fr/rappor... p69) Mais la démocratisation de l’école marque le pas depuis 1995. Entre 8 et 15% des élèves se trouvent en difficulté plus ou moins grande à l’école et au collège, et 60 000 sortent sans qualification

Echecs scolaires massifs.

"En effet, en référence aux classifications internationales, et de façon stable depuis près de dix ans, 150 000 à 160 000 jeunes sortent chaque année du système éducatif sans diplôme, c’est à dire sans obtenir ni CAP, ni BEP, ni baccalauréat.

Si l’on ne retient que les jeunes ayant interrompu leur scolarité au cours du collège, en fin de classe de troisième ou après quelques mois de préparation du CAP ou du BEP, le chiffre total des « sortants sans qualification » s’établit à 60 000 jeunes par an (dont 13 000 sont titulaires du diplôme national du brevet). Ainsi, selon l’enquête « Génération 2001 » du CEREQ51(*), conduite sur les 762 000 jeunes sortis du système éducatif en 2001, 18 % sont sans diplôme, dont 8 % sans qualification….

A 14 ans, le taux de retard scolaire varie de 2 à 50% selon le pays d’Europe observé, la France ayant un taux de 47,7%. Il n’y a qu’un tiers des élèves qui à l’entrée en sixième « ont des performances qui permettent de considérer qu’ils maîtrisent de façon satisfaisante toutes les compétences ». (Rapport du Ministère de l’éducation nationale sur l’état de l’Ecole de 2004)

Ces difficultés précoces ont été soulignées lors d’une enquête approfondie menée en 1997 auprès d’élèves de 6e : 15 % se révélaient de mauvais lecteurs, 4 % se trouvant même dans des situations proches de l’illettrisme.

Par ailleurs, l’absentéisme scolaire, à la fois révélateur et cause du décrochage, est plus massif en lycée professionnel : un quart des établissements ont 17,3 % d’élèves absents sans justification quatre journées ou plus par mois et 10 % déclarent près de 38 % d’élèves dans cette situation (quand ces taux sont de 5,2 % pour un quart des lycées généraux et technologiques et de 13,5 % pour 10 % d’entre eux)" ( Rapport Sénat ; http://www.senat.fr/rap/a06-079-5/a... )

Qualification et chômage

Il y a corrélation entre le chômage des jeunes et les sorties scolaires sans qualification. "Les sortants sans qualification sont majoritairement issus des milieux populaires et sont les principales victimes du chômage avec des taux de 30% à 50% suivant les catégories de jeunes concernées (sans diplôme, origines sociales, situations familiales, lieux de résidence, nationalité des parents..) Les handicaps se cumulant plus souvent que se compensant"(Rapport ci-dessus)

On ne saurait mieux dire que le LIPSOR du CNAM : "Le taux de chômage élevé (20%) des moins de 25 ans provient essentiellement des 15 à 20% de jeunes qui vivent l’école comme un lieu d’échec et d’exclusion : près de 40% de ces jeunes qui sortent de l’école sans acquis minimum et que la société ne sait pas intégrer sont au chômage. La lutte contre le chômage des jeunes devrait commencer par tarir sa source : l’échec scolaire et l’incapacité de notre société (parents, enseignants, éducateurs sociaux) à transmettre les savoirs, les valeurs et les comportements élémentaires indispensables pour l’autonomie, l’épanouissement mais aussi la sociabilité et l’employabilité des individus." ( http://www.cnam.fr/lipsor/lips/arti... )

Mais cette situation n"est pas propre à la France : "Quinze à 20 % des jeunes des pays de l’OCDE quittent l’enseignement secondaire sans avoir acquis les connaissances et les qualifications requises pour entrer sur le marché du travail (Étude de l’OCDE sur l’emploi, 1994, Les éditions de l’OCDE, 1994. Peut-on lutter contre l’échec scolaire ? De Marcel Crahay, Editions de Boeck, 2003) .

Se développe pour palier à ces carences des cours privés "Soutien scolaire mais aussi cours de remise à niveau ou préparation aux examens : un « marché » scolaire se développe en marge du système scolaire, symptôme de l’importance qu’attachent les familles à la réussite scolaire. Rompant avec des dispositifs collectifs, associatifs ou sociaux d’aide aux devoirs, de véritables entreprises privées se créent et prospèrent, profitant à la fois des carences du service public (déficit de prise en charge des difficultés des élèves) et de déductions fiscales (qui ne profitent par définition qu’aux familles assujetties à l’impôt), mais aussi parce que l’illusion grandit que la solution de l’échec scolaire résiderait dans l’individualisation des apprentissages. Cet essor s’appuie aussi sur un fonctionnement favorisant la compétition entre élèves (orientations vers les lycées et vers les formations supérieures...). Par ailleurs, alors que le Ministère démantèle le service public d’orientation, il labellise des officines privées qui proposent aux établissements scolaires et aux parents des services payants d’information, de coaching et d’orientation…." (FSU http://congres-2007.fsu.fr/article.... )

Misère des universités

Le budget alloué à l’enseignement supérieur est passé de 27,2 milliards de francs en 1990 à 56,1 milliards de francs dans la loi de finances pour 2001 "Votre rapporteur considère que les conclusions du rapport Fitoussi mettent bien en valeur les conséquences engendrées par l’insuffisance des rémunérations de départ sur la qualité du recrutement initial : « un jeune titulaire de doctorat aux États-Unis est embauché en moyenne à un salaire supérieur à celui d’un professeur français de classe exceptionnelle en fin de carrière. Dans une discipline comme l’économie, où la concurrence du privé est importante, il faut savoir que le salaire moyen d’embauche des titulaires de certains DESS ou magistères est supérieur à celui d’un professeur des universités débutant mais de dix ans plus âgé. C’est la raison pour laquelle de très bons chercheurs découragés par les médiocres perspectives de carrière que leur offre l’université choisissent de travailler dans des services d’études économiques privé »." (Rapport Sénat 2001 http://www.senat.fr/rap/r01-054/r01... )

Le chômage post-universitaire

Depuis les années 90, le chômage n’est plus réservé aux non qualifiés ; il frappe aussi les diplômés : voir les courbes du CEREQ http://www.cereq.fr/cereq/b134.pdf

L’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur se dégrade. Ainsi, 3 ans après leur sortie, 11% des diplômés de l’enseignement supérieur sont au chômage. Un tel taux de chômage des jeunes diplômés du supérieur reste préoccupant alors que, par ailleurs des emplois nécessitant des qualifications ne sont pas pourvus dans de nombreux secteurs d’activités (industrie, commerce et distribution banques, services, bâtiment, travaux publics, hôtellerie restauration, etc.). Comme nous l’indiquions déjà plus haut : tous les ans, entre 80.000 et 100.000 jeunes qui se sont inscrits dans l’enseignement supérieur français finissent par le quitter sans avoir obtenu de diplôme, auxquels viennent s’ajouter ceux qui, tout en ayant obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur, mettent de deux à trois ans pour obtenir un emploi. Celui-ci étant d’ailleurs très souvent sans rapport avec la qualification obtenue.

Professionnalisation des formations universitaires

La pression du chômage sur les diplômés a permis de transformer la finalité traditionnelle de formation générale, de formations spécialisées et de recherche en finalité de formation assujettie au marché du travail du moment., voire de transformer l’université en organisme de formation professionnelle.

Sont ainsi apparus les licences et les masters professionnels ou professionalisants. "Il y a actuellement 62 900 étudiants apprentis dans l’enseignement supérieur dont 31 600 dépendent d’établissements de l’enseignement supérieur (contre 12400 au 1/01/95)…. Les rythmes peuvent varier d’une composante ou d’une filière à une autre : 2 jours de cours et 3 jours en entreprise, 15 jours de cours, puis 15 en entreprise. Cela suppose, entre autres, de désigner un référent pédagogique qui assurera la coordination de la formation, organisera l’exploitation des vécus professionnels des apprentis au retour des périodes en entreprise et la construction d’un projet de formation concerté avec les maîtres d’apprentissage. Une procédure unifiée de formalisation et de suivi des apprentis à l’échelle des universités, prenant en compte les spécificités propres à ce niveau de formation, est nécessaire pour mieux identifier cette voie au sein des composantes". (Rapport université emploi http://www.recherche.gouv.fr/rappor... )

La philosophie du rapport : « Selon l’OCDE, l’effet à long terme sur la production économique d’une année d’études supplémentaire est compris entre 3 et 6 %. D’autres analyses basées sur les niveaux scolaires atteints dans 14 pays de l’OCDE montrent que le capital humain a des effets positifs. » (HCEEE, 2006, page 146). Créer efficacement et durablement un partenariat entre les universités et les employeurs, c’est se situer dans une dynamique vertueuse pour le pays et qui permettra aussi de stimuler la croissance. (p 53). Il faut ’Utiliser tous les leviers d’un partenariat actif entre les entreprises et les universités.’

L’inspiration libérale conduit à mettre les universités en concurrence, certaines filières en compétition.

On peut être préoccupé de l’avenir si l’on se réfère à la manière de concevoir l’enseignement à distance ; « Une université ouverte est une entreprise industrielle où les étudiants sont des clients et les cours des produits vendus sur le marché de l’enseignement continu que régissent les lois de l’offre et de la demande » Commision Européenne, Rapport sur l’enseignement supérieur ouvert et à distance, 1991.

La recherche :

Selon les chiffres du ministère de l’éducation pour 2000, 47 000 chercheurs (équivalents temps plein) étaient employés dans le secteur de l’enseignement supérieur et 20 000 dans le secteur de l’Etat. Il faut cependant noter que dans ces statistiques, les effectifs du CNRS (14 000 chercheurs) sont comptabilisés dans le secteur de l’enseignement supérieur. Selon les statistiques de la Commission européenne, la dépense par chercheur universitaire est de 94 000 euros par an, tandis qu’elle est de 205 000 euros dans les organismes. Plus globalement, le financement de l’enseignement supérieur par élève en France est inférieur à celui de la moyenne de l’OCDE ainsi qu’au financement de la scolarité obligatoire. Rapport sur l’organisation de la recherche publique en Europe, Daniel GARRIGUE, oct 2004 http://www.assemblee-nationale.fr/1...

Vers la privatisation de la recherche.

La création de services d’activités industrielles et commerciales (SAIC), prévue la loi du 12 juillet 1999 sur l’innovation permet l’implantation de sociétés privées pour le financement de la recherche dans le privé mais les universitaires , pour leur grande majorité, ne sont pas favorables au recours de filiales privées. (voir rapport sénat La valorisation de la recherche dans les universités de Philippe ADNOT, http://www.senat.fr/rap/r05-341/r05... )Mais la perspective n’est pas abandonnée :

" A l’instar de ce qui se fait déjà en Italie, il serait sans doute opportun d’inciter les universitaires qui le souhaitent, à consacrer quelques années à la recherche appliquée en entreprise. Cela est notamment possible par le développement des aides à la mobilité. Certes, la loi sur l’innovation le permet déjà mais cela n’est, pour l’heure, que très insuffisamment pratiqué. ( rapport sur Université-emploi octobre 2006 p 45 http://www.recherche.gouv.fr/rappor... )

L’attractivité exercée par les Etats-Unis est forte. Si le phénomène n’est pas très prononcé pour les étudiants (3,9 % seulement de la population étudiante américaine est étrangère), celui-ci croît avec le niveau d’études : 33 % des thèses soutenues en 1998 (46 % des thèses en sciences et ingénierie) le sont par des étudiants étrangers et 51 % des post-doctorants sont étrangers (55 % des post-doctorants en sciences et ingénierie).

Les Etats Unis profitent largement des carences de l’investissement de certains états européens et notamment la France. La "fuite des cerveaux" lui permet d’employer des milliers de chercheurs sans avoir eu à lsupporter le coût de leur formation. Selon une étude de la National Science Foundation, 37,6 % des personnes titulaires d’un doctorat employées aux Etats-Unis en sciences et ingénierie sont étrangères et 24 % des étrangers occupant un emploi scientifique de haut niveau sont européens, ce qui représente 400 000 personnes sur 1,5 million d’emplois de ce type. La tendance semble s’être ralentie depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le nombre de visas accordés aux étudiants a baissé d’environ 20 % de 2001 à 2002, cette baisse étant plus accentuée encore en 2003 pour les visas aux personnes hautement qualifiées.

5. Le logement

La hausse des prix du logement.

Nous nous référerons d’abord sur là l’étude L’évolution sur longue période du prix des logements de Jacques FRIGGIT1 : 1840 à 2000.

La hausse des prix du logement suit, grossso modo, l’évolution du revenu disponible des ménages "Sur l’ensemble de la période 1965-1999, le prix des logements en France a évolué à l’intérieur d’un « tunnel » d’amplitude ±10 % autour du revenu disponible par ménage (graphique 3)." Néanmoins, les placements locatifs, non spéculatifs durant les 30 glorieuses, le deviennent avec l’essor du néolibéralisme : "La hiérarchie des rendements du placement locatif et des placements financiers a été extrêmement mouvante sur l’ensemble de la période étudiée (graphique 7 et graphique 8). Ainsi, par rapport à la valeur d’un placement locatif en logement à Paris, la valeur d’un placement en actions – dividendes réinvestis - a été multipliée par 3,7 entre 1901 et 1948, divisée par 18,4 entre 1948 et 1977, puis multipliée par 5,2 entre 1977 et 1999." ( http://www.statistiques.equipement.... )

Aujourd’hui, plus de deux Français sur trois connaissent dans leur entourage des personnes confrontées à des difficultés de logement, 40% considèrent que celles-ci se sont aggravées au cours des dernières années (Sondage TNS - Sofres, octobre 2003)...Il y avait en 2004 plus d’un million de demandeurs de logements en France entière, soit une augmentation de 20% par rapport à 1996.

"Autre raison structurelle : un appétit de la France de la part des étrangers, des Anglais, des gens de l’Europe du Nord, un peu des Allemands, qui en fait viennent ici pour trouver des logements moins chers que chez eux…. Au 1er semestre 2004, pour la France entière, la FNAIM (Fédération nationale des agents immobiliers) chiffre la hausse à 15,4 % en rythme annuel. Si l’on prend les chiffres depuis 1998 (date du départ de la hausse), on atteint 86,90 %." (http://www.lemonde.fr/web/chat/0,46... )

Cette hausse, qui ne suit plus le revenu disponible provoque un allongement important de la durée des crédits, alors que la conjecture économique est incertaine : " Désormais, emprunter sur 25 ou 30 ans n’effraie plus personne. Et l’on parle même de 40 et 50 ans. ….Alors qu’en 2000, la durée moyenne d’un prêt était de 13 ans, en 2005, cette moyenne passait à 17 ans et elle oscillait entre 18 et 19 ans en 2006. Deux facteurs, qui vont de pair, participent à cet allongement. D’une part, la hausse des prix de l’immobilier sur cette période et d’autre part, la baisse des taux d’intérêt" (http://www.seloger.com/155053/20655... )

Cette hausse des prix du logement dans certaines régions peut provoquer un véritable exil de la population locale, notamment des jeunes, dont les revenus sont insuffisants pour pouvoir se loger dans leur région (littoral, zones touristiques en particulier).

Les mal logés.

" Près de 14% des Français, soit 8,6 millions de personnes, sont mal logées. C’est ce que révèle le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, qui sera officiellement publié mardi. Il souligne aussi que plus de 2 millions d’entre elles ont des conditions de logements très difficiles, et recense 86.500 sans domicile fixe. Il s’inquiète de la forte progression des personnes hébergés chez des tiers, amis ou famille, une solution qualifiée de « cache-misère de la crise du logement ». Ils sont aujourd’hui 973.000 dans ce cas, ce qui traduit une augmentation de 5%." (L’expansion http://www.lexpansion.com/art/2705.... )

Selon le rapport sur le mal logement 2006, la difficulté de se loger ne frappe plus seulement les jeunes en errance, non qualifiés, mais aussi les jeunes qualifiés ayant un emploi. (http://www.fondation-abbe-pierre.fr... ). Ce rapport de 242 pages très complet explique comment le problème du logement cristallise tout un ensemble de difficultés sociales (revenus, qualification, précarité, spéculation sur les prix, politique du logement,…)

Insuffisance de construction de logements sociaux, spéculation immobilière, salaires insuffisants expliquent cette situation. Les fonds de pensions s’attaquent à l’immobilier : "La vente à la découpe, appartement par appartement, jette et menace de jeter à la rue des dizaines de milliers de locataires vivant dans leur appartement souvent depuis de longues années….

Les grandes villes (Paris au premier chef, Lille, Toulouse, Strasbourg, Lyon, Marseille) sont particulièrement touchées par ce phénomène.

Cette dérive scandaleuse est la conséquence directe de la vente, par des propriétaires institutionnels, de leurs immeubles à des fonds de pension qui entendent réaliser, à court terme, des plus values importantes.

Dans la capitale, ce sont ainsi 36 000 logements qui ont été ainsi vendus par leurs anciens propriétaires (compagnies d’assurance, investisseurs institutionnels, établissements de crédit, institutions financières) à des fonds de pension agissant comme de véritables prédateurs faisant « main basse sur la ville ».

Ils piétinent le droit au logement, alimentent la spéculation immobilière, aggravant par là même la grave crise du logement que connaît notre pays qui exclut des couches de plus en plus larges de la population de l’exercice du droit au logement.

Pour les locataires concernés, le choix est terrible : soit ils achètent, fort cher, leur logement d’origine, soit ils le quittent et vont grossir la liste des demandeurs, soit, encore, ils sont de facto rejetés des centres villes et contraints à l’exode." (Sénat mars 2005 http://www.senat.fr/leg/ppl04-238.html )

Des expulsions aux sans-abris.

Chaque année près de 100 000 jugements d’expulsion de logement sont prononcés en France Au cours des trois dernières décennies, les réformes législatives successives ont limité le droit au maintien dans les lieux des locataires et favorisé la liberté de fixation des loyers dans le parc locatif privé Au cours des 20 dernières années, les loyers ont doublé dans le parc locatif privé (euros constants), et augmenté de 50% dans le parc locatif social/public.

Conjugué à une progression de la précarité professionnelle, du chômage et de la pauvreté salariale, le renchérissement de l’immobilier et des loyers à alimenter la progression des expulsions locatives dans le pays…. Des mesures de prévention ont été prises depuis 1990 pour limiter le nombre d’expulsion sans résultat probant, notamment par le biais d’aides financières aux impayés de loyers, ou de suivi social anticipé. Malgré les dépenses élevées engagées par la collectivité publique pour réduire et suspendre les expulsions ou secourir les familles expulsées, les expulsions augmentent en nombre...

10% des locataires ont été l’objet d’un jugement d’expulsion depuis 10 ans : Ces dernières années, environ 140 000 demandes d’expulsions ont été présentées devant les tribunaux chaque année. Un peu plus de 100 000 jugements d’expulsion ont été rendus. Depuis dix ans, 9 à 10% des locataires ont été l’objet d’un jugement d’expulsion." (DAL : droit au logement http://www.globenet.org/dal/index.p... )

Ce processus conduit à l’augmentattion du nombre de sans abris : " Le logement est un droit fondamental, et pourtant nombreux sont ceux qui n’y ont pas accès : on compte aujourd’hui en France environ 100 000 sans-abri et plus de 3 millions de mal-logés. Les incendies des hôtels parisiens vétustes (près de 50 morts, pour la plupart des enfants) et la révolte des banlieues ont replacé la crise du logement au coeur du débat public. Environ 61% des patients vus par la Mission France sont sans abri ou vivent dans des logements précaires." (Médecins du monde http://www.medecinsdumonde.org/terr... )

A titre d’illustration, sur un plan local, on constate par exemple : "En 2002 dans le Rhône, plus de 4 052 avis d’expulsion ont été prononcés par voie de référé, qui est une procédure d’urgence qui ne laisse pas le temps aux personnes concernées de préparer leur défense. Et plus de 170 ont été réalisées avec un recours aux forces de l’ordre, alors que l’on comptabilise 13 000 logements vides dans le département, dont 7 000 rien que sur Lyon." (http://rebellyon.info/article200.html )

4.9 La corruption et la mise en danger de la démocratie.

Dans son ouvrage : Est-ce ans ce monde-là que nous voulons vivre ?( Ed. Les arènes) , la célèbre juge d’instruction anti-corruption Eva Joly attire notre attention sur l’aggravation colossale de la corruption et ses effets criminels sur les pays pauvres. En outre, elle met en parallèle, sans les confondre les énormes profits financiers légaux et les "revenus" de la corruption. La corruption atteignant le pouvoir politique, celle-ci constitue en outre un danger mortel pour la démocratie.

Mais ce chapitre a été développé au point 3.4 (en citant une des meilleures spécialistes de cette question, Eva Joly) .sur les conséquences économiques, que l’on aurait pu insérer ici comme conséquence sociale et politique. Selon E.Joly, "Les pays riches sont très forts pour les belles déclarations. Lors du sommet de chefs d’Etat de Saint-Pétersbourg en juillet 2006, le G8 s’est de nouveau engagé à lutter fermement contre la corruption….Mais la pratique n’est pas toujours à la hauteur des engagements. Le Premier ministre britannique Tony Blair a ainsi classé au nom de "l’intérêt national" une enquête du Serious Fraud office sur le versement de commissions par British Aerospace (BAE) à des officiels saoudiens dans le cadre de contrats d’armements. La France n’a montré aucun empressement particulier pour aider la justice sud-africaine dans son enquête sur le versement de pots de vins par Thalès…" (La Tribune.fr 06/06/07)

http://www.latribune.fr/info/Pour-E...


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