« Les carreleurs ont des genouillères » : la bourgeoisie défend la retraite à 64 ans… le cul assis confortablement dans ses salons

samedi 21 janvier 2023.
 

Retraites. La macronie championne du monde de la déconnexion. « Un carreleur, aujourd’hui, a accès à des protections pour ses genoux ». Ces propos ont été tenus par Marc Ferracci, vice-président du groupe Renaissance (ex-LREM) à l’Assemblée nationale, hier soir sur le plateau de France 5. Il fallait oser. Après les « exosquelettes » magiques qui protègent les ouvriers selon le chef des sénateurs macronistes, voici donc les « genouillères » magiques pour les carreleurs. Culotté, quand on a le cul assis confortablement sur les plateaux et sur les bancs de l’Assemblée. Des propos terriblement révélateurs.

Depuis des décennies d’injonctions du capital à repousser l’âge de départ à la retraite, ce sont des professionnels de la politique, des « experts », des intellectuels, des éditorialistes, qui se succèdent sur les plateaux de télés parisiens, pour disserter sur le « travail ». Petit problème : ces gens n’y connaissent pas grand-chose. La pénibilité ? Restaurant gastro face à la Tour Eiffel, le 8ème bureau, taxis pour se rendre sur les plateaux, équipe de collaborateurs en guise de nounous, femmes de ménage pour laver son bureau et son salon, ouvriers pour construire sa maison de vacances, soignants pour sauver ses proches… La bourgeoisie : des parasites, des assistés d’en haut qui profitent du travail des autres.

Pendant ce temps-là, les millions de travailleuses et de travailleurs créent la richesse et font tourner le pays, mais n’ont jamais voix au chapitre. Vous en voyez beaucoup vous des carreleurs, des caissières, des serveurs, des soignantes, des femmes de ménage, des cheminots, des coffreurs sur les plateaux de télé ? Avec les annonces d’Élisabeth Borne à 17h30, un débat crucial s’ouvre aujourd’hui sur notre avenir à tous. 80% des Français sont opposés au recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Il serait peut-être bon pour une fois de les écouter et de leur donner la parole ? Notre article.

« Ce carreleur avait 48 ans. Il était abimé comme pas possible, même avec les genouillères, il n’ira même pas jusqu’à 60 ans »

Le culot. « Un carreleur aujourd’hui, il a accès à des protections pour ses genoux qu’il n’avait pas il y a 15 ou 20 ans ». Ces propos ont été tenu ce lundi 9 janvier dans l’émission « C ce soir » sur France 5. Par un certain Marc Ferraci. Aujourd’hui vice-président du groupe Renaissance (ex-LREM) à l’Assemblée nationale, ce sympathique personnage est le témoin de mariage de… Emmanuel Macron. Diplômé d’HEC, témoignant de sa passion pour l’intérêt général humain avant l’attrait des gros sous, Marc Ferraci a rencontré Emmanuel Macron à Sciences Po. Un lieu où l’on croise beaucoup de carreleurs avec beaucoup de genouillères.

Hier soir, face à lui, Édouard Martin, syndicaliste, connu pour sa défense des sidérurgistes lorrains, notamment lors de la fermeture des derniers hauts fourneaux d’Arcelor Mittal. « Vous parlez des carreleurs ? L’année dernière j’ai eu un carreleur chez moi. Le garçon avait 48 ans. Il était abimé comme pas possible, même avec les genouillères il n’ira même pas jusqu’à 60 ans ». Le témoin de mariage d’Emmanuel Macron bafouille. « L’employeur lui même sait très bien que l’emploi est tellement pénible qu’il ne va pas faire travailler quelqu’un de 55, 56, 57 ans, donc il va rester au chômage ».

Comme le rappelait très justement Marlène Schiappa dès 2015 : « après 50 ans, on ne t’embauche plus ». Les chiffres donnent raison à la secrétaire d’État de Macron. Michaël Zemmour, professeur d’économie à l’université Paris-I, spécialiste de la protection sociale, explique dans l’Huma « qu’une personne sur deux » n’a plus de travail au moment où elle prend sa retraite. Repousser l’âge de départ à la retraite, repousser la durée du chômage plutôt que de partager le travail ? Dans quel état allons nous arriver à la retraite ? Non pas Marc Ferraci, le témoin de mariage de Macron en genouillère, mais les carreleurs, les caissières, les soignants, les serveurs, les ouvriers agricoles, les maçons, les femmes de ménages ?

Retraite : qui a la parole ?

Car c’est bien d’eux dont il s’agit, de la santé des « essentiels ». Marc Ferraci aurait du mieux écouter son ami Emmanuel Macron : « notre pays tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies rémunèrent si mal ». Ces femmes et ces hommes qui font tenir le pays tout entier, leurs corps vont-ils tenir jusqu’à 64 ans ?

Les dos bloqué, les tendinites, les sciatiques, les genoux flingués, n’arrivent ils pas bien avant 60 ans ? Mais quand est-ce que Marc Ferraci a-t-il croisé des ouvriers, à part dans les livres ? Qui est « expert » dans la pénibilité du travail ? Les éditorialistes de plateaux ou les ouvriers ? Quand est-ce que la bourgeoisie croise, parle et écoute vraiment des travailleuses et des travailleurs aux métiers pénibles ?

Une petite épine s’est enfoncée dans le pied du gouvernement ce mardi, alors qu’Élisabeth Borne devrait faire ses annonces sur les coups de 17h30 : 80% des Français sont contre la retraite à 64 ans. Il serait peut-être bon de leur donner la parole ? Vous avez un métier pénible et vous êtes contre la retraite à 64 ans ? Écrivez à contact@linsoumission.fr

Par Pierre Joigneaux.


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