Carlos Tavares, PDG de Stellantis, gagne 1 139 fois plus que ses salariés

samedi 27 mai 2023.
 

Carlos Tavares est PDG du groupe Stellantis, une multinationale issue de la fusion en janvier 2021 du constructeur automobile français PSA et de Fiat-Chrysler. Ancien collaborateur de Carlos Ghosn, il est connu pour avoir empoché la modique somme de 66 millions d’euros en 2022, au titre des résultats de Stellantis en 2021. Une rémunération sans trop de concurrence en France. Un scandale de plus à l’heure où la pauvreté explose en France sous l’effet conjugué de l’inflation et de mesures anti-sociales macronistes, telles que la casse de l’assurance-chômage.

Selon le dernier rapport d’OXFAM France, 3 heures et 30 minutes de travail de Carlos Tavares suffisaient en 2021 pour gagner le salaire annuel moyen de ses employés. Une rémunération indécente. Elle illustre parfaitement le pillage des richesses au profit du privé et surtout de quelques assistés d’en haut. Mais qui est Carlos Tavares ? L’insoumission vous en dresse son portrait.

Ces profiteurs de crise, ils ont des noms, ils ont des adresses. L’insoumission va s’atteler à les démasquer. 16e épisode de notre série sur les profiteurs de crise : Carlos Tavares. Portrait.

Carlos Tavares, la belle histoire du capitalisme

Les médias au service du grand capital se font régulièrement l’écho du parcours de Carlos Tavares, venu en France à 17 ans du Portugal pour ses études et intégrant dès l’âge de 23 ans le secteur de l’automobile une fois son diplôme d’ingénieur de l’École centrale en poche. Carlos Tavares est désormais à la tête d’une « galaxie » de 14 marques, d’un effectif de 280 000 personnes, galaxie ayant réalisé un bénéfice net de 13,4 milliards d’euros durant l’exercice 2021. Alors que le travail précaire et intérimaire domine dans l’industrie automobile, la dureté du management de Carlos Tavares, saluée dans un article des Échos en février 2023 comme un levier de « rentabilité », lui vaut l’assentiment du pouvoir.

Tout comme d’autres grands patrons français, Carlos Tavares apparaît en effet comme un représentant du pillage du pays au service des intérêts privés. Lors de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle en avril 2022, Carlos Tavares perçoit la rémunération record de 66 millions d’euros, au titre des bénéfices de l’année précédente. Un moment bien choisi. Ce, alors que le pays sort à peine de la crise sanitaire et que le Rassemblement national présent au second tour fait campagne sur une imposture sociale.

Le grand écart permanent : Carlos Tavares gagne 1139 fois plus que la moyenne de ses salariés

En même temps que le « coup d’État permanent » permis par une constitution délétère avec notamment l’attirail des articles 49.3, 47-1 et 40 que les Français connaissent bien aujourd’hui, se produit le phénomène du grand écart permanent entre les profits records des entreprises du CAC40 et l’explosion de la pauvreté en France. La France compte environ 10 millions de pauvres, selon un rapport d’OXFAM France publié en novembre 2022. Dans un autre rapport, sur les inégalités salariales, cette fois-ci, OXFAM France pointe du doigt le partage inégal des richesses produites au sein des entreprises.

Entre 2011 et 2021, « l’écart de rémunération entre le salaire moyen et le salaire des dirigeants est passé de 64 à 97 ». Ce même rapport précise encore qu’entre 2011 et 2021, « leurs PDG [ceux des grandes entreprises françaises cotées en bourse] ont augmenté leur rémunération de 66% tandis que celle des salariés n’a augmenté que de 21% et le SMIC de 14% ».

Ainsi, Carlos Tavares, PDG de Stellantis, gagne 1139 fois plus que la moyenne de ses salariés.

Le patron exécutif du géant automobile a bel et bien touché un jackpot se plaçant deuxième au podium des grands patrons grassement payés, encouragés par un État qui ne cesse de favoriser le versement de dividendes stratosphériques aux actionnaires. Devant lui, le PDG Daniel Julien de l’entreprise Teleperformance, leader mondial des call center, et derrière lui Bernard Chalès, à la tête de Dassault Systèmes.

Un système pourri à l’os

L’inégal partage des richesses en France se fait avec la complicité de l’État. La cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), déjà réduite de moitié en 2021, va disparaître à compter de 2024. Un cadeau fiscal de plus sous forme d’un accroissement de 9 milliards d’aides directes à l’actionnariat d’entreprise. Dans le même temps, Emmanuel Macron annonce vouloir baisser les impôts des classes moyennes sans rehausser ceux des plus riches, au détriment des services publics. [Voir à ce sujet l’article de Mathias Thépot sur Mediapart].

La réception donnée le lundi 15 mai 2023 à Versailles, réunissant ministres et plus de 200 grands patrons de multinationales étrangères, est une illustration parlante de la proximité des réseaux du pouvoir et de ceux du milieu des affaires. Rappelons à ce titre qu’en 2021, la banque publique d’investissement (BPI) détenait 6,15% du capital de Stellantis. L’engraissement des patrons tels que Carlos Tavares est un bel exemple de la tyrannie du marché auquel le pouvoir semble assujetti.

La capitalisation sur l’industrie automobile, entre autres, corrélée à l’effondrement du vivant et la crise climatique, entraîne notre société dans une crise sans précédent. Rappelons que taxer les super-profits permettrait de financer un système social plus juste tout en ouvrant le débat sur les questions environnementales. Quand est-ce qu’on les taxe


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