« J’ai quatre enfants à nourrir » : si seulement Bruno Le Maire était ministre de l’Économie

mardi 30 mai 2023.
 

À 10 000 euros bruts par mois, le locataire de Bercy ne doit pas « se serrer la ceinture », contrairement à 79% des Français. S’il constate que les pâtes sont plus chères pour ses enfants, pourquoi ne bloque-t-il pas les prix ? Ah, si seulement il était ministre de l’Économie… Bruno Le Maire rajoute de l’indécence à sa propre inutilité.

Une crise alimentaire fracasse notre pays, la 7ème puissance mondiale. 55% des Français se privent de nourriture. D’où vient cette flambée des prix ? « La guerre en Ukraine », nous répond le ministre de l’Économie, écrivain en devenir. Encore un disque rayé. Les super-profits des multinationales de l’agroalimentaire sont les premiers responsables de l’inflation. Plusieurs économistes et la Banque Centrale Européenne s’accordent sur ce sujet ? Cela importe peu à Bruno Le Maire. Et en même temps, le ministre de l’Économie n’arrive toujours pas à prononcer ce mot : super-profits. Faible avec les forts, fort avec les faibles. Et ainsi de suite.

Face à l’urgence sociale absolue, les solutions sont sur la table : augmentation immédiate du SMIC à 1600 euros nets, blocage des prix, indexation des salaires sur l’inflation, encadrement des salaires de 1 à 20. Il serait temps pour Bruno Le Maire de (enfin) servir à quelque chose. Les Français attendent sa signature au bas d’un projet de loi pour les sortir de la précarité. Pas au bas d’un livre érotique. Notre article.

10 000 euros bruts par mois : le locataire de Bercy ne sait pas ce que « se serrer la ceinture » signifie

« J’essaie d’être juste, de faire attention à ce que les prix baissent pour le consommateur. Parce que j’ai moi-même une famille nombreuse, j’ai quatre enfants à nourrir. Et je paie beaucoup de prix de paquets de pâtes. Et je sais parfaitement à quel point ces prix sont devenus insupportables pour les Français », explique Bruno Le Maire ce samedi 20 mai 2023 sur le plateau de l’émission « Quelle époque », présentée par Léa Salamé. La déclaration du ministre de l’Économie choque, aussi bien dans sa déconnexion que dans son indécence.

Comme tout le monde, Bruno Le Maire paient effectivement ses pâtes plus chères. Cependant, avec 10 00 euros bruts par mois, le locataire de Bercy n’est pas Monsieur-Tout-le-monde. Voilà typiquement le genre de déclarations à l’emporte-pièce, dont la macronie s’est rendue spécialiste. Des déclarations qui n’ont qu’une seule conséquence : mettre de l’huile sur le feu. S’il en a conscience, pourquoi ne fait-il que supplier les multinationales de réduire leurs marges ? S’il constate que les pâtes sont plus chères pour ses enfants, pourquoi ne bloque-t-il pas les prix ? Ah, si seulement Bruno Le Maire était ministre de l’Économie…

Non, à 10 000 euros bruts par mois, le locataire de Bercy ne sait pas ce que ça fait quand un paquet de pâtes prend davantage de place dans un budget, comme lorsque le gouvernement dont il a fait partie a supprimé cinq euros par mois aux étudiants dès l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée en 2017. 79% des Français doivent « se serrer la ceinture ». 82% des Français ne peuvent plus épargner à la fin du mois. Mais pas lui.

Inflation : Bruno Le Maire n’arrive toujours pas à dire « super-profits »

« Je préfère ne pas mentir aux gens et leur dire ; ‘pourquoi est-ce que l’on a une explosion des prix ?’ Mais c’est parce qu’il y a eu la guerre en Ukraine ! », s’exclame Bruno Le Maire lorsqu’on l’interroge sur l’explosion des prix alimentaires. Encore un disque rayé. « L’Ukraine a bon dos », disait déjà en juin Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc. La dramatique guerre à l’est a effectivement eu des conséquences sur les prix du blé sur les marchés. Mais imputer à ce conflit la responsabilité de l’inflation actuelle est au pire du déni pur et simple, au pire de la malhonnêteté.


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