Mensonges macronistes sur le financement du cinéma français

jeudi 15 juin 2023.
 

Les grands macronistes ont réagi comme d’habitude par des fake news à la prise de parole de Justine Triet après sa palme d’or : « Anatomie de l’ingratitude d’une profession que nous aidons tant…" pour l’ami et ministre de l’industrie de Macron, « discours d’enfant gâté » pour Eric Woerth...

Les journalistes main stream s’en sont donnés à coeur joie contre les "subventions publiques " dont "les cinéastes de gauche" seraient gorgés. Or, tout cela est faux.

Le financement du cinéma français n’a pas grand-chose à voir avec les impôts des Français. ""Dire que le cinéma français est subventionné, c’est un terme qui n’est pas approprié à ce système qu’on nous envie", explique ainsi Laurent Delmas sur France Inter. Pierre Lescure, président du Festival de Cannes de 2014 à 2022, ne dit pas autre chose. "Quoi que vous pensiez des propos de Justine Triet", demande-t-il sur Twitter, "cessez de parler d’argent public et renseignez-vous sur le CNC et son financement (sur son site)."

Le CNC, c’est le Centre national du cinéma et de l’image, un établissement public créé par la loi du 25 octobre 1946, et c’est la principale source d’aide au cinéma français aujourd’hui (mais aussi à la création audiovisuelle en générale : séries, jeux vidéo, etc.). Les aides régionales, par exemple, ne représentent qu’une infime part du financement des films (1,7 % en 2013, par exemple).

Le CNC est placé sous l’autorité du ministère de la Culture mais est doté de l’autonomie financière : c’est-à-dire qu’il gère lui-même son budget, ressources et dépenses.

Un budget qui n’est pas financé par l’impôt, mais par des taxes spécifiques. La plus connue est la taxe spéciale additionnelle : quand vous achetez une place de cinéma, 10,72 % du prix du ticket vont au CNC, quel que soit le film. L’idée était d’ailleurs, dès la création, de financer le cinéma français avec ce que rapportent les films, y compris étrangers (et en particulier américains). Parmi les autres sources de revenus, on peut aussi citer la taxe sur les éditeurs et distributeurs de services de télévision (bref, sur les chaînes de télévision), calculée en fonction des recettes publicitaires notamment : c’est celle qui rapporte le plus d’argent au CNC. Mais aussi la taxe sur les services vidéo physique ou en ligne (5,15 % prélevés sur les revenus liés à la vente de DVD, Blu-Ray, les services de VOD ou d’abonnement). L’argent du CNC vient donc des sociétés qui payent toutes ces taxes, pas des contribuables.

Ces trois taxes sont directement affectées au fonds de soutien du CNC. En 2020, elles ont rapporté 576,91 millions d’euros, soit beaucoup moins que les deux années précédentes. Elles sont revenues à la normale en 2022, avec 671,6 millions d’euros récoltés. Des ressources qui sont propres au CNC... Le fonds de soutien du CNC est financé très largement par les chaînes de télévision (près de 70 % des ressources en 2022), un peu moins par les ventes de vidéos ou d’abonnements en ligne (18,9 %) et enfin par une petite partie du prix de la place de cinéma (17,5 %).

Un budget géré par le CNC, est souvent bien géré : ironiquement, il est même arrivé qu’il récolte assez d’argent pour rendre l’État jaloux. En 2013 par exemple, le gouvernement avait prélevé 150 millions d’euros sur le fonds de roulement de l’organisme, pour "participer au redressement des comptes publics".

Francis Glover


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