En Inde, ces femmes qui luttent contre l’avortement sélectif de fœtus féminins

vendredi 15 septembre 2023.
 

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Dans un État du nord de l’Inde, des travailleuses sociales et des femmes enceintes tentent de démanteler des réseaux qui participent à l’avortement sélectif des fœtus féminins, rapporte “The Indian Express”.

Lorsqu’elle n’est pas occupée à faire de la prévention sur des questions de santé, Santosh, une travailleuse sociale de l’État de l’Haryana, dans le nord de l’Inde, joue les appâts. Pour cela, elle prétend être une proche d’une femme enceinte ou bien elle se présente comme étant elle-même enceinte, raconte The Indian Express. Objectif : mettre un terme aux avortements illégaux et aux centres d’échographie qui proposent de révéler le sexe d’un fœtus. En Inde, révéler le sexe d’un bébé avant sa naissance est illégal depuis 1994 pour lutter contre l’avortement sélectif des fœtus féminins.

Les femmes enceintes qui participent à ces stratagèmes touchent de la part de l’État 25 000 roupies, soit l’équivalent de 280 euros. Ces volontaires sont généralement enceintes de 14 à 20 semaines et chaque opération nécessite un nouvel appât. En près de dix ans, plus de 1 000 astuces de ce genre ont eu lieu dans l’Haryana, État qui borde la capitale indienne. Rien que cette année, cinq centres d’échographie et deux centres d’avortement illégaux ont été ciblés par les autorités.

Les cas de fœticide féminin ont connu une recrudescence dans les années 1980, “après l’entrée des échographes dans le paysage médical du pays”, indique le quotidien anglophone de référence. En 2014, selon le gouvernement, l’Haryana avait un sexe-ratio de 871 filles pour 1 000 garçons. En mai 2023, il est passé à 905 filles pour 1 000 garçons.

“Tout le monde voulait un garçon”

“Je sais que les familles ont tendance à favoriser les garçons ; mon premier enfant était une fille. Quand j’étais enceinte pour la deuxième fois, tout le monde voulait un garçon”, se souvient Santosh, la travailleuse sociale qui a ensuite donné naissance à un garçon. “Si ça avait été une fille, j’aurais été contrainte de tomber enceinte encore et encore jusqu’à ce que je donne naissance à un garçon”, affirme-t-elle dans les pages de l’Indian Express.

“La plupart de ces opérations demandent du temps pour être planifiées. Les informations sur les lieux effectuant des échographies illégales sont reçues dans un délai très court, généralement quelques heures. Cependant, en amont, l’informateur travaille en coulisse pendant environ six mois avant de pouvoir transmettre des indications. Pour organiser un rendez-vous piège, il faut compter de quelques jours à deux ou trois mois. Nous restons en contact avec ces coupables jusqu’à ce que nous soyons capables de détruire leurs opérations. C’est pourquoi nous prenons le temps de bien préparer nos stratagèmes”, explique le docteur Gaurav Punia, qui fait partie de l’équipe de lutte contre les fœticides féminins.

Courrier International


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