Le clivage Gauche Droite en 2023

dimanche 24 septembre 2023.
 

"L’opinion des Français se tourne vers la droite sous nos yeux" Article de Paul Cébille • 10h

Les résultats du baromètre « Être de gauche aujourd’hui » publié par l’Ifop chaque année à l’occasion de la Fête de l’Humanité nous rappellent que cette ligne de fracture perdure dans l’esprit des Français et qu’elle les fait plutôt pencher vers la droite. Les résultats du baromètre « Être de gauche aujourd’hui » publié par l’Ifop chaque année à l’occasion de la Fête de l’Humanité nous rappellent que cette ligne de fracture perdure dans l’esprit des Français et qu’elle les fait plutôt pencher vers la droite. © Hans Lucas via AFP Avec les premières évocations de l’élection présidentielle de 2027, la vie politique française tente naturellement de retrouver la ligne claire de marquage entre la droite et la gauche qu’Emmanuel Macron a su parfaitement transgresser pour mener à bien ses réformes. Pour preuve, les résultats du baromètre « Être de gauche aujourd’hui » publié par l’Ifop chaque année à l’occasion de la Fête de l’Humanité nous rappellent que cette ligne de fracture perdure dans l’esprit des Français et qu’elle les fait plutôt pencher vers la droite.

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Immanquablement, depuis 2014, les Français se positionnent du côté droit de l’axe politique : 57 % d’entre eux se disent du centre droit, de droite ou d’extrême droite cette année, contre 53 % en 2014, soit un taux proche du niveau historique à 58 % observé en 2020 et qui confirme la tendance depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Toutefois, on remarque surtout que, sur cette période, c’est principalement le bloc « central » qui se renforce, la part des Français se disant de centre droit ou de centre gauche passant de 29 % en 2014 à 36 % en 2017 pour atteindre 42 % cette année. Ces deux phénomènes parallèles – qui ont pour conséquence de gonfler une droite dans sa version modérée – peuvent toutefois être nuancés par le regard que portent les Français sur différents mots ou concepts idéologiques qui structurent la vie politique contemporaine.

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Parmi les concepts les moins bien considérés par les Français, on retrouve en tête le communisme (76 %), l’ubérisation (75 %), la Nupes (68 %), l’immigration (66 %), le capitalisme (65 %), les grèves (54 %), le socialisme (53 %) ou encore les syndicats (50 %), des termes qui rassemblent une opinion majoritairement négative. Les Français expriment donc un fort rejet de plusieurs piliers de la gauche, que ce soit ses fondements idéologiques (communisme, socialisme, Nupes) mais aussi ses modes d’action (syndicats, grèves), une aversion cohérente avec la tendance « droitière » de l’opinion.

Aucun candidat identifié

Mais là où une incohérence peut être soulevée, c’est que non seulement l’opinion rejette le socialisme et le communisme mais qu’elle rejette également le capitalisme. Alors, que penser de ces Français qui refusent tout et son contraire ? Quelle cohérence ? Cette apparente contradiction peut s’expliquer par le fait qu’au-delà du capitalisme en lui-même, les Français soutiennent les principes qui caractérisent ce système comme la liberté (87 %), le mérite (83 %), le travail (79 %), l’entreprise (76 %) et même la compétitivité (67 %), simplement ils semblent ne pas souhaiter les combiner avec d’autres vertus comme la solidarité (82 %) ou l’égalité (78 %). À l’inverse, comme expliqué plus haut, la gauche voit ses valeurs remises en cause directement et assez largement, que ce soit l’idéologie ou les moyens d’action.

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Et c’est sans doute pour cela que malgré les critiques qu’ils portent contre notre système économique et malgré leurs aspirations en faveur d’une organisation économique et sociale moins inégalitaire, les Français se détournent de la gauche, en ne se reconnaissant plus dans l’idéologie qu’elle porte, et se tournent vers des solutions visant à encadrer un capitalisme dont ils se méfient, comme la nation (77 %, contre « à peine » 54 % pour l’UE), la protection de l’environnement (82 %), le Code du travail (76 %), les relocalisations (69 %) et dans une moindre mesure les services publics (64 %).

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L’opinion des Français qui se dessine alors sous nos yeux montre donc bien un électorat tourné vers la droite, une droite plutôt libérale, en tout cas penchant plus du côté de l’entreprise que de la grève, mais aussi plus protectrice grâce à une protection « physique » (avec les frontières) ou légale (avec le droit du travail). En revanche difficile d’identifier à ce stade un seul candidat ou une seule candidate capable de porter un tel projet d’équilibre. Que ce soit la nouvelle stratégie du binôme Marine Le Pen / Jordan Bardella ou les déclarations critiques de l’immigration portées par plusieurs personnalités du centre, certains montrent pourtant qu’ils ont bien compris les tendances traversées par l’opinion française… tous sauf peut-être les forces de la Nupes.


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