Aditya Mittal : l’héritier d’une multinationale climaticide gavée d’argent public

jeudi 30 novembre 2023.
 

Aditya Mittal a 47 ans. CEO du géant sidérurgique ArcelorMittal, il est le fils de Lakshmi Mittal, milliardaire indien qui lui a légué le poste en février 2021.

L’héritier, auparavant directeur financier de l’entreprise familiale pendant près de 15 ans, dirige aujourd’hui une multinationale inlassablement condamnée pour déverser des substances toxiques dans la nature, première industrie émettrice de CO2 de France, où se multiplient les morts au travail et les discriminations syndicales.

Profitant d’une société capitaliste où l’argent ne va qu’à l’argent, Aditya Mittal n’a pourtant rien à craindre. Qu’importent les amendes et les condamnations en cascade, son industrie figure parmi les plus gavées d’argent public, et la bourgeoisie ne sait bien qu’applaudir aux millions d’euros desquels il se rémunère chaque année, et aux milliards déversés sur ses actionnaires.

Ces profiteurs de crise, ils ont des noms, ils ont des adresses. L’insoumission travaille à les démasquer. 19ᵉ épisode de notre série sur les assistés d’en haut : Aditya Mittal. Portrait.

Aditya Mittal, héritier d’un héritier, s’est rémunéré plus de 10 millions d’euros en 2021

Lakshmi Mittal, père d’Aditya, a lui-même hérité de Mohan Mittal, industriel du métal, issu de la caste des Marwari (caste des grands commerçants indiens). La méritocratie on vous dit.

Envoyé faire ses études dans une prestigieuse école de commerce américaine, Aditya Mittal devient directeur financier de l’entreprise de papa (Mittal Steel Company) en 2006. La même année, il participe activement à sa fusion avec Arcelor, un autre géant de la sidérurgie, pour créer ArcelorMittal qu’il dirige aujourd’hui.

Le bilan social de cette fusion est cataclysmique. Les fermetures d’usines, les promesses non tenues et les licenciements se succèdent depuis 17 ans. ArcelorMittal compte aujourd’hui près de moitié moins de salariés qu’à sa naissance, soit une réduction de plus de 150 000 travailleuses et travailleurs entre 2006 et 2022.

En 2021, sans doute fier de l’incroyable bilan de son fiston, Lakshmi Mittal propulse Aditya CEO de son entreprise, poste qu’il occupe encore aujourd’hui. Probablement pour se féliciter d’une promotion acquise à la seule force de son travail, Aditya Mittal se rémunère la même année de la coquette somme de 10 040 762€, se taillant une place de choix dans le classement des patrons super-profiteurs de crise.

En 2022, le chiffre d’affaires d’ArcelorMittal s’élevait à près de 80 milliards de dollars, et ses bénéfices à près de 10 milliards. Des milliards, c’est aussi la quantité de dollars de dividendes versés aux actionnaires de l’entreprise en 2022. Comme pour tous les milliardaires de cette planète, de tels montants ne peuvent résulter que d’une chose : la prédation. Cette prédation, qu’elle s’incarne dans la destruction de notre planète ou dans la mise en danger de la vie des travailleuses et des travailleurs, est la marque de fabrique d’ArcelorMittal.

ArcelorMittal, super-pollueur, déverse des substances cancérigènes dans la nature

Établie au Luxembourg, ArcelorMittal compte près de 40 sites de production en France. Ses deux usines les plus importantes, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et à Dunkerque (Nord), contribuent à faire du géant de l’acier l’industrie la plus émettrice de CO2 en France. Mais ces deux sites sont aussi le théâtre répété de pratiques hautement dangereuses de la part de la multinationale. Depuis plusieurs années en effet, les condamnations et les rappels à la loi se succèdent pour enjoindre ArcelorMittal à stopper la violation du droit environnemental sur l’émission de particules fines et le déversement de substances toxiques, des pratiques gravissimes pour la nature et pour la santé humaine.

À Fos, près de Marseille, les journaux d’investigation Disclose et Marsactu ont pu se procurer un rapport interne de l’entreprise témoignant du dépassement de la limite d’autorisation d’émissions de particules fines pendant 240 jours en 2022. L’usine rejette d’ailleurs 80% des particules fines du territoire où les habitants de deux communes (dont Fos) ont, selon une étude financée par l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, deux fois plus de cancers que la moyenne nationale, et plus de chances d’être atteints de diabètes et de maladies auto-immunes.

Ces révélations prennent malheureusement place dans une longue liste de condamnations et de mises en demeure dans une zone qui compte près d’un demi-millions d’habitants (onze mises en demeure par la préfecture des Bouches-du-Rhône depuis 2010 pour pollution de l’air et dépassement des seuils autorisés d’émission de particule ; trois condamnations en justice).

À Fos, ArcelorMittal met en danger la vie des habitants, et encore davantage celle de ses 4 000 ouvriers à qui il arrive parfois de retrouver des vêtements propres recouverts d’une épaisse poussière grise, et qui certains jours, lorsqu’ils se mouchent, constatent que « ce qui sort est noir ».

À Dunkerque aussi, où l’usine d’ArcelorMittal représente 85% des émissions de particules fines de la région des Hauts-de-France, les rapports se multiplient pour constater les dépassement des limites d’émissions de particules fines ou de dioxyde d’azote. Disclose révèle par exemple qu’entre janvier et octobre 2022, l’usine de Dunkerque a émis pendant 100 jours entre 1,5 et 2 fois plus de particules fines qu’elle n’y était autorisée. En lien avec l’activité de l’usine, la préfecture du Nord a par ailleurs relevé la prolifération de bactéries légionelles dans des eaux polluées, des bactéries potentiellement mortelles pour l’être humain.

Alors que le scandale du crassier de Florange, en 2017, s’est soldé par une manœuvre juridique de la multinationale lui évitant une condamnation (des sous-traitants d’ArcelorMittal ont déversé des dizaines de mètres cubes d’acide et de déchets non-traités dans un crassier de Florange), ArcelorMittal multiplie aujourd’hui les violations du droit environnemental, menaçant gravement la santé des travailleurs, des riverains, et l’avenir de notre planète.

Ce n’est d’ailleurs pas qu’en France (où de nouvelles plaintes pour pollution de l’eau et de l’air ont été déposées à Lille et Marseille en mars 2023 par France Nature Environnement) qu’ArcelorMittal souille l’environnement de substances toxiques et de particules fines. Au Canada par exemple, l’entreprise a été condamnée en 2021 à une amende de 14,5 millions de dollars pour des infractions commises entre 2011 et 2013, et est accusée d’avoir entravé en 2023 une inspection du ministère de l’Environnement et du Changement climatique canadien.

Mais outre la destruction de l’environnement, ArcelorMittal c’est aussi la mort au travail et la discrimination syndicale.

Morts au travail et discriminations syndicales

Conformément aux données consultées par L’Humanité, depuis 2012, au moins 251 salariés ont perdu la vie chez ArcelorMittal. Ce chiffre ne connaît d’ailleurs pas de baisse malgré la chute des effectifs. En d’autres termes, on a de plus en plus en plus de chances de mourir au travail chez ArcelorMittal. « On a l’impression de ne voir aucune amélioration, un peu comme si on avait atteint un palier mortifère », dénonce un syndicaliste CFE-CGC.

Coupables de cette situation dramatique, le manque d’investissements, la dégradation des équipements, la course aux profits et la baisse des budgets ont notamment conduit, en mars 2023, à un immense incendie dans l’usine de Dunkerque. Les syndicats avaient pourtant multiplié les alertes.

Aussi, outre la mise en danger de la vie et de la sécurité de ses employés, ArcelorMittal c’est aussi la répression de l’engagement syndical et de de la défense des droits sociaux. Ce ne sont ainsi pas moins de 10 condamnations qui ont frappé l’entreprise pour discrimination syndicale depuis 2009. Récemment, en février 2023, ArcelorMittal a d’ailleurs été condamnée à indemniser 7 salariés membres de la CGT pour les avoir maintenu à « des niveaux de classification et de rémunération très inférieurs à ceux de leurs collègues de travail non syndiqués » (avocat auprès de France Info).

ArcelorMittal : gavé d’argent public, assisté d’en haut

Si ArcelorMittal est l’industrie la plus polluante de France, elle est aussi l’une des plus subventionnée. Selon les calculs de Disclose, entre crédit d’impôts et subventions directes, l’entreprise aurait perçu près de 400 millions d’euros d’argent public depuis 2013.

Comble du cynisme, ces milliards d’euros du contribuable ont notamment été dirigés vers la réduction des émissions de particules fines des usines d’ArcelorMittal, réduction d’émissions dont l’entreprise démontre, scandale après scandale, qu’elle est prête à la sacrifier sur l’hôtel du profit. C’est notamment le cas d’une aide de 8 millions d’euros accordée par l’Agence de l’environnement en 2015, et d’une autre subvention de 20 millions d’euros en 2019 pour financer un projet encore loin d’aboutir.

Profitant par ailleurs de la souplesse du marché européen des « crédits carbone », ArcelorMittal, pourtant première industrie émettrice de CO2 en France, n’a jamais dépassé son quota de « permis à polluer » depuis 2006. La revente de ses crédits non-consommés lui aurait même permis d’engranger près de 5,2 milliards d’euros entre 2008 et 2019.

Souillant l’environnement de substances toxiques, viciant l’air de particules fines, violant le droit environnemental de manière répétée, mettant en danger la vie de ses employés et maltraitant la démocratie sociale, ArcelorMittal et son patron Aditya Mittal doivent pourtant dormir sur leurs deux oreilles. Malgré les condamnations, malgré les fermetures d’usines et les licenciements, rien ne semble pouvoir arrêter l’engouffrement de l’argent public dans les poches des milliardaires, des héritiers, des assistés d’en haut.

Dans la France de Macron, l’argent ne va qu’à l’argent. Qu’importent les familles qui ont faim, qu’importent les milliers d’enfants qui dorment à la rue, qu’importent que les 1% les plus riches polluent plus que 5 milliards d’êtres humain, les riches ne sont guidés que par la cupidité, la bourgeoisie est obsédée par le maintien de sa domination.

Il y a urgence à empêcher les riches de détruire notre planète, et à rendre au peuple les richesses qu’il a lui seul produites.

Par Eliot


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message