Agriculteurs : les conséquences du traité de libre-échange signé avec la Nouvelle-Zélande

samedi 10 février 2024.
 

Agriculteurs. « Nous ne pouvons pas laisser notre agriculture à la merci de la concurrence déloyale », explique Prisca Thévenot, porte-parole du gouvernement ce 29 janvier 2024. Pourquoi alors, au Parlement européen, les macronistes ont-ils voté en faveur du traité de libre-échange entre la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne, aux côtés des socialistes et des verts ? Seuls les insoumis s’y sont opposés.

20 000 kilomètres en container pendant 42 jours pour avoir du lait : voilà comment ce traité pourrait être résumé. La Nouvelle-Zélande est la première laiterie du monde : comment les producteurs laitiers vont-ils pouvoir rivaliser ? Suppression des droits de douane, concurrence déloyale, entrée de pesticides interdits dans l’Union européenne… Les conséquences de cet accord signé fin 2023 sont connues et vont être désastreuses. Notre brève.

Concurrence déloyale pour nos agriculteurs – Comment rivaliser avec la première laiterie du monde ? Pourquoi faire entrer des produits interdits en Europe ? Dans le plus grand secret, fin 2023, l’Union européenne a autorisé l’augmentation du commerce de 30% en l’espace de 10 ans entre l’Europe et la Nouvelle-Zélande. L’accord prévoit notamment une suppression totale de droits de douane sur de nombreux produits agricoles : kiwis, pommes, oignons, miels et des contingents importants sur la viande bovine (10 000 tonnes), viande ovine (38 000 tonnes), beurre (15 000 tonnes), fromages (25 000 tonnes) et lait en poudre (15 000 tonnes). Des produits venant de l’autre bout de la terre : 20 000 kilomètres.

Le traité avec la Nouvelle-Zélande va également faire rentrer dans l’Union européenne un pesticide qui y est interdit depuis 2003 : l’Atrazine, notamment pointée comme potentielle cause des cancers de la prostate ou du sein, ou comme responsable de la faible circonférence crânienne de nouveaux-nés. Sans parler des conséquences en terme d’émissions de gaz à effet de serre, comme pointées dans l’étude d’impact de la Commission européenne elle-même.

Un tel accord de libre-échange va mettre la pression sur les éleveurs laitiers. En effet, la Nouvelle-Zélande est considérée comme la laiterie du monde. Au cours des 10 dernières années, la France a perdu 24% de ses éleveurs bovins et 650 000 têtes. Afin de pallier la baisse continue de la production laitière française, l’importation de produits laitiers n’a donc cessé d’augmenter dans notre pays. En 2019, 29% des produits laitiers consommés en France étaient fabriqués à base de lait importé. Puisque la Nouvelle-Zélande est considérée comme la laiterie du monde, cela ne fera qu’aggraver ce phénomène

« Vous portez un nouveau coup aux agricultrices et aux agriculteurs de ce pays. En augmentant l’importation de viande bovine et ovine, de produits laitiers et de lait alors que les coûts de production en Nouvelle-Zélande sont plus faibles qu’en Europe, vous avez autorisé une nouvelle concurrence déloyale », avait dénoncé la députée insoumise Nathalie Oziol à la tribune de l’Assemblée nationale.

En pleine crise agricole, le Parlement européen continue d’approuver des traités de libre-échange. Récemment, deux nouveaux accords avec le Chili et le Kenya, auxquels seuls les insoumis ont voté contre. La Commission européenne s’active aussi pour conclure les négociations entre l’Union Européenne et le MERCOSUR (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela, Bolivie), troisième bloc économique mondial. Continuer à négocier des accords de libre-échange dans cette période est une pure folie. Entre le libre-échange destructeur et le protectionnisme écologique, le chemin à emprunter est évident.


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