Arié Alimi : « Le sionisme n’est pas le cœur du judaïsme »

samedi 13 avril 2024.
 

Comment être juif et de gauche après le 7 octobre 2023 ? Comment se sentir concerné par le sort d’Israël tout en étant solidaire de la cause palestinienne ? Réponses avec l’avocat Arié Alimi, qui plaide contre l’indifférence.

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Qu’est-ce qu’être juif et de gauche en France aujourd’hui ? C’est par cette question que commence l’entretien d’Edwy Plenel avec l’avocat Arié Alimi. Une question que ce dernier pose, non sans douleur, dans un livre écrit pour faire face à la double épreuve des massacres de civils israéliens commis par le Hamas le 7 octobre 2023 et de la guerre génocidaire menée à Gaza contre le peuple palestinien par Israël, qui se veut un État juif.

Juif, français, de gauche… dans le désordre (Éditions La Découverte) fait volontairement écho au premier texte publié par Arié Alimi, il y aura bientôt dix ans : Français, avocat, juif, né à Sarcelles, dans le désordre. C’était le 27 juillet 2014, dans le Club de Mediapart. Ayant défendu comme avocat, parce que le droit ne se divise pas, des jeunes accusés de djihadisme ou soupçonnés d’antisémitisme, il subissait alors une violente réprobation venue de la communauté juive.

Or, depuis le 7 octobre 2023, Arié Alimi s’est trouvé confronté à une autre réprobation, venue cette fois de son monde politique – la gauche antiraciste et décoloniale –, pour s’être senti solidaire des victimes israéliennes, sans pour autant renoncer à critiquer la politique d’Israël et à soutenir la cause de la Palestine. C’est de cette complexité qu’il rend compte en s’adressant à celles et ceux qui ne la tolèrent pas, le traitant de « sioniste de gauche » ou le soupçonnant d’être « juif avant [d’être] de gauche ».

En somme, Arié Alimi s’efforce de tenir les deux bouts. D’un côté, une critique du sionisme qui, dit-il, « n’est pas le cœur du judaïsme », à tel point qu’il accuse l’État d’Israël d’oublier, par son aveuglement colonial, « les messages fondamentaux du judaïsme ». De l’autre, une critique des gauches antisionistes qui ne s’alarment pas de la montée de l’antisémitisme alors que « les luttes contre les racismes et les antisémitismes doivent être indivisibles ».

À la fois confession sur son itinéraire personnel, qui l’a amené à rompre avec le nationalisme sioniste, et réflexion sur l’instrumentalisation politique de l’antisémitisme, qui contribue à la banalisation de l’extrême droite, ce livre stimulant est une invitation à échapper aux pièges de l’appartenance, en assumant des identités plurielles, jusque dans leur contradiction. Refusant l’injonction d’appartenir à une seule identité, culture ou religion, Arié Alimi y oppose une invitation à « faire société ou communauté ».

Autrement dit à ne pas s’enfermer dans une prison d’indifférence aux autres, quels qu’ils soient


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