« Scandaleux » : l’UNRWA (ONU) ferme son QG de Jérusalem Est après une tentative d’incendie par des « extrémistes israéliens »

samedi 18 mai 2024.
 

Les personnels de l’ONU « en danger ». L’UNRWA a annoncé jeudi soir fermer ses bureaux de Jérusalem Est après que « des extrémistes israéliens » ont « mis le feu » à des zones en plein air de l’enceinte, un deuxième « incident odieux » en une semaine, a annoncé le patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens.

Jeudi soir, « des Israéliens ont mis le feu deux fois au périmètre du QG de l’UNRWA à Jérusalem Est occupée », et ce alors que « du personnel de l’UNRWA et d’autres agences de l’ONU étaient présents » à l’intérieur, indique Philippe Lazzarini sur le réseau X. Si aucun « membre du personnel onusien n’a été blessé », cette nouvelle atteinte est « scandaleuse », s’irrite-t-il.

« J’ai pris la décision de fermer l’enceinte jusqu’à ce que soit rétablie une sécurité adéquate », ajoute-t-il, dénonçant un « deuxième incident odieux en moins d’une semaine » commis par des « extrémistes israéliens » et dans lequel « les vies d’employés de l’ONU ont été mises gravement en danger ».

Ces bureaux de l’UNRWA abritent une station-service pour les véhicules de l’agence onusienne, souligne-t-il, rappelant qu’il « est de la responsabilité de l’État d’Israël, en tant que puissance occupante, de faire en sorte que le personnel et les installations des Nations unies soient protégés en permanence ».

« Harcèlement et intimidation »

« Notre directeur, avec l’aide d’autres membres du personnel, a dû éteindre l’incendie lui-même car il a fallu un certain temps aux extincteurs et à la police israélienne avant d’arriver », déplore aussi le patron de l’agence, selon qui « une foule accompagnée d’hommes armés a été vue à l’extérieur de l’enceinte scandant Brûlez les Nations Unies ».

Dans une vidéo publiée sur son compte, filmée de l’extérieur de l’enceinte onusienne, on entend en effet des manifestants clamer ces mots, tandis que de l’autre côté de la clôture grillagée un employé de l’ONU éteint avec un tuyau d’arrosage de la végétation qui se consume.

Mardi, Philippe Lazzarini avait déjà publié une vidéo filmée de l’intérieur des bureaux de l’ONU à Jérusalem Est montrant des manifestants endommager le portail. « Des manifestants ont lancé des pierres sur le personnel de l’ONU et sur les bâtiments de l’enceinte », rappelle-t-il jeudi soir.

« Ces derniers mois, le personnel des Nations unies a été régulièrement victime de harcèlement et d’intimidation. Notre enceinte a été gravement vandalisée et endommagée. À plusieurs occasions, des extrémistes israéliens ont menacé notre personnel avec des armes », insiste Philippe Lazzarini. « Les auteurs de ces attaques doivent faire l’objet d’une enquête et les responsables doivent rendre des comptes. »

Une atteinte condamnée par plusieurs pays de la région

L’Autorité palestinienne a condamné « l’attaque contre le quartier général de l’UNRWA » à Jérusalem et appelé à des « mesures strictes » de la communauté internationale contre des « milices » israéliennes.

De leur côté, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Jordanie ont aussi condamné dans des communiqués séparés l’attaque « menée par des colons israéliens sur les bureaux de l’UNRWA » à Jérusalem. L’incident s’est déroulé « sous les yeux de la police » israélienne, dénonce Ryad, tandis que Doha estime « dans le ciblage systématique de l’UNRWA (…) vise en fin de compte à la liquider et à priver des millions de Palestiniens dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, Jordanie, Syrie et Liban de ses services nécessaires ».

Le ministère jordanien des Affaires étrangères a appelé la communauté internationale « à prendre des mesures immédiates et efficaces » pour forcer Israël à « assumer ses responsabilités en tant que puissance occupante à Jérusalem » et ainsi mettre fin à ces « violations » du droit humanitaire, selon l’agence officielle Petra. D’après Amman, cet incident à Jérusalem témoigne « d’une évolution dangereuse » dans le « ciblage systématique par Israël » de l’UNRWA.

Les tensions entre Israël et l’agence onusienne ont culminé ces derniers mois, après que l’État hébreu a accusé une douzaine des quelque 13 000 employés à Gaza de l’UNRWA, qui coordonne la quasi-totalité de l’aide dans le territoire, d’avoir participé à l’attaque menée par des combattants du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre. L’agence avait alors connu une baisse de financements, avec la suspension de plusieurs versements de ses donateurs.

Fin avril, un groupe d’évaluation indépendant dirigé par l’ex-ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna avait conclu qu’Israël n’avait pas fourni la « preuve » de prétendus liens de certains membres avec des « organisations terroristes » comme le Hamas.

Le rapport soulignait aussi que l’UNRWA manquait de « neutralité » à Gaza mais était « irremplaçable et indispensable » aux Palestiniens. L’ONU avait annoncé quelques jours après avoir classé ou suspendu cinq dossiers sur les 19 enquêtes visant des employés de l’agence, faute de preuves fournies par Israël pour étayer ses accusations. Plusieurs versements, dont ceux de la France, ont également repris.


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