Après ses victoires à l’Assemblée nationale, la gauche attend d’être appelée pour Matignon

jeudi 25 juillet 2024.
 

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Le Nouveau Front populaire aspire toujours à gouverner.

Les victoires ne sont pas si nombreuses pour la gauche ces temps-ci. Alors elle savoure logiquement celles obtenues samedi 20 juillet à l’Assemblée nationale. À la chambre basse, elle est parvenue à la surprise générale à décrocher une majorité absolue de sièges au sein du bureau de l’Assemblée, la plus haute instance décisionnaire de l’institution. Quelques heures plus tard, l’insoumis Éric Coquerel parvenait pour sa part sur le fil à s’imposer, en conservant son fauteuil de président de la puissante commission des finances. Et au même moment, on apprenait qu’un imbroglio interne à la macronie permettait à la socialiste Fatiha Keloua-Hachi de décrocher la présidence de la commission des affaires culturelles.

À l’Assemblée nationale, le NFP obtient la majorité absolue au sein du bureau De sacrés succès qui n’étaient pas attendus par le Nouveau Front populaire, qui s’attendait plutôt à être battu par l’alliance nouée entre LR et Ensemble, le camp présidentiel.

Alors forcément, sur les réseaux sociaux, les représentants de gauche y sont allés de leur message de joie et de félicitation… sans oublier de rappeler qu’ils aspirent toujours à gouverner, liant ainsi les résultats de l’Assemblée à ceux du gouvernement.

Le NFP (pour l’instant) dans l’opposition

Car loin du NFP l’idée de s’avouer battu. « J’aspire à gouverner le plus rapidement possible le pays, n’a pas manqué de souligner Éric Coquerel quelques secondes après son élection. Dès que Macron se sera rendu à l’évidence, je démissionnerai pour laisser ce poste à l’opposition », s’est engagé le président renouvelé de la commission des finances, poste qui échoit traditionnellement à un député issu de l’opposition.

Les bons résultats engrangés depuis vingt-quatre heures sont le signe, pour la présidente du groupe LFI Mathilde Panot, que la gauche doit « imposer la cohabitation au président de la République à la tête de l’État », comme elle a réussi à « imposer aux macronistes une cohabitation à l’Assemblée nationale ».

Si sur le papier, les choses peuvent sembler aussi simples, elles le sont beaucoup moins au regard de l’état des forces. Le NFP dans son ensemble s’est déclaré membre de l’opposition auprès des services de l’Assemblée. À l’inverse, le bloc macroniste (Ensemble, MoDem, Horizons) s’est inscrit comme membre de la majorité. Un positionnement qui peut être modifié à n’importe quel moment de la législature, rappellent les députés du NFP, qui espèrent se défaire le plus rapidement possible de cette étiquette d’opposants.

Ce qui dépend d’Emmanuel Macron, qui peut dès à présent les appeler à former un gouvernement, mais aussi d’eux. Les socialistes, communistes, écologistes et insoumis ne se sont, pour le moment, toujours pas mis d’accord sur un nom de Premier ministre. Plusieurs sont sortis du chapeau, tels que ceux d’Huguette Bello et de Laurence Tubiana, sans toutefois trouver d’assentiment unanime.

« L’impatience légitimement monte »

Le Parti socialiste, par la voix de son Premier secrétaire Olivier Faure, tente de mettre la pression sur ses partenaires, en indiquant qu’un nom doit être trouvé avant mardi 23 juillet. « Le temps presse. L’impatience citoyenne légitimement monte », soulignait encore le PS dans un communiqué publié vendredi 19 juillet. Jean-Luc Mélenchon a indiqué être en phase avec cette date butoir, même s’il a déclaré sur BFMTV que l’alliance de gauche pouvait aussi se retrouver… sans nom.

D’autant que si les alliés du NFP ne sont pas d’accord sur l’identité de la bonne personne à envoyer à Matignon, ils divergent aussi sur la manière d’aboutir à un choix. Entre ceux - au PS, chez les écolos et les communistes -, qui plaident pour un vote afin de sortir de « cette situation de blocage », et les insoumis qui s’y refusent catégoriquement au nom d’une solution au consensus, et donc acceptable pour tous, il y a un fossé.

Reste donc à savoir si les bonnes nouvelles enregistrées à l’Assemblée peuvent forcer la main du chef de l’État, et faire que les choses s’accélèrent côté négociations. Beaucoup l’espèrent. « Les choses sont désormais claires, considère Aurélien Le Coq, député LFI du Nord. Macron doit accepter le résultat des urnes et du vote des députés. Il doit designer un Premier ministre du Nouveau Front populaire. »

Les discussions devraient reprendre très rapidement, puisque la situation est désormais stabilisée à l’Assemblée. Il faudra alors (enfin) trouver un accord et se faire appeler par le président de la République. Deux conditions loin d’être remplies.

Article de Marceau Taburet


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