Besançon, Paris, Limoges, Nice, Marseille, Rennes, Toulouse, Montpellier... : la gauche rassemblée à l’appel des organisations de jeunesse et des insoumis contre le "coup de force" d’Emmanuel Macron
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Manifestations contre Michel Barnier : la gauche rassemblée à l’appel des Insoumis contre le "coup de force" d’Emmanuel Macron
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À Marseille, la manifestation a réuni entre 3500 (police) et 12.000 personnes (organisateurs) à l’appel des organisations syndicales de jeunesse, du PCF, de LFI et de la CGT 13.
Entre 2500 personnes, selon la préfecture, et 8000 participants selon les organisateurs, ont défilé à Nantes.
L’affluence était moindre à Nice, ou entre de 900 et 1000 personnes, selon les sources, ont manifesté derrière la banderole "Défendons notre démocratie".
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11) Reportage à Montpellier pour prendre le pouls militant après un été désespérant.
Du souffle d’espoir au soupir consterné. De l’euphorie à l’écœurement. Du joyeux frisson au malaise total. Deux mois après les législatives anticipées, les soutiens du Nouveau Front populaire (NFP) ressortent de l’ascenseur émotionnel avec un sérieux vertige. Leur force politique, arrivée en tête au second tour du scrutin, ne gouvernera pas. C’est celle qui a obtenu 5,41 % des suffrages exprimés – Les Républicains (LR) – qui voit l’un des siens entrer à Matignon.
Attablée au Quartier généreux, dit « le QG », un bar associatif de Montpellier, Cathy Aberdam, coprésidente de la structure, évoque l’état de « sidération » dans lequel les militant·es de gauche sont aujourd’hui plongé·es. Il y a deux mois tout juste, le 7 juillet, le QG accueillait des centaines de personnes, venues fêter la victoire du NFP. Soixante jours plus tard, celles et ceux qui étaient soulagé·es sont désormais affligé·es.
« Quand j’ai su le nom du premier ministre, je me suis dit : “Mais c’est pas vrai !” », soupire Cathy Aberdam, qui va manifester samedi 7 septembre. Annoncés fin août, après le refus d’Emmanuel Macron de choisir Lucie Castets, les rassemblements prévus partout en France prennent une nouvelle dimension avec la nomination de Michel Barnier. Les manifestations entendent désormais dénoncer « le coup de force » du président de la République.
« On nous vole non pas notre victoire – car je ne sais pas si c’en était une – mais notre soulagement », se désole la militante Murielle Kosman, membre du collectif Nos services publics et de l’association montpelliéraine Une école, un avenir. « On s’est déplacés massivement aux urnes en juillet face à la menace de voir le Rassemblement national exercer le pouvoir pour qu’à la fin, la nomination d’un premier ministre soit suspendue à la validation de Marine Le Pen ! », ajoute-t-elle.
La joyeuse surprise du 7 juillet – à 20 heures, ce jour-là, les premiers résultats avaient contrecarré tous les pronostics – a laissé place à une froide torpeur. « On se sent englués dans un truc, décrit Murielle Kosman. On se dit : “Vraiment, au bout de soixante jours, c’est ça ? C’est ça qui se passe ?” » Elle qui n’était pas certaine d’aller manifester samedi n’hésite plus une seconde. Elle sera au rendez-vous, place de la préfecture à Montpellier, à 18 heures. « Il faut y aller, même si on n’a pas beaucoup de souffle. Ce sera peut-être le coup d’envoi de quelque chose ! »
Ces rassemblements feront-ils le plein ? Personne ne se risque à répondre. « On pourrait se dire : “Mais à quoi ça sert, puisque même notre vote n’a pas été respecté ?”, avance Cathy Aberdam. Mais oui, il faut y aller. Pour faire corps, pour retrouver l’énergie. »
Abonnée à nombre de boucles WhatsApp et Telegram, qui maillent les réseaux militants des circonscriptions de l’Hérault, la coprésidente du Quartier généreux a vu l’état d’esprit évoluer au fil des semaines. « Juste après le second tour, quand Macron a décrété une trêve pendant les Jeux olympiques, il y a eu beaucoup de messages d’indignation. Puis plus grand-chose. Même la nomination de Michel Barnier n’en a pas déclenché beaucoup. Hier, une personne a lancé : “Je suis la seule à être résignée ?” »
Cette résignation, Cathy Aberdam la comprend. Selon elle, c’est d’ailleurs le but recherché par l’exécutif, qui joue sur « la stratégie du choc » et de l’épuisement face à « la violence étatique ». Elle énumère : « Il y a la violence des mots de Macron depuis son premier mandat, quand il parle de traverser la rue par exemple. Il y a les violences physiques et la répression policière. Et maintenant, la violence de ne pas respecter les urnes. L’itération de la violence et de la non-prise en compte de la volonté du peuple peut conduire à la résignation. » Mais elle reste convaincue que le fatalisme cédera rapidement la place à l’action.
« C’est quand même un échec terrible pour tous ces gens venus militer pour la première fois avec espoir, ça me dégoûte ! », tempête de son côté Arnaud Matarin, porte-parole du mouvement municipaliste de Montpellier Nous sommes, et candidat aux dernières municipales. Il pense aussi à toutes les personnes qu’il a fallu convaincre pendant les opérations de tractage et de porte-à-porte. « On a passé notre temps à leur expliquer qu’il fallait croire au pouvoir des urnes. Et maintenant, on leur dit quoi ? J’avoue que j’appréhende un peu... »
Cathy Aberdam abonde : « Il y a une forme de responsabilité d’avoir mis des gens en mouvement, de leur avoir relayé des messages d’espoir. Mais il n’y a pas de culpabilité, surtout pas, car ce n’est pas de notre faute si nous sommes violentés. » La coprésidente du QG a fait le bilan de la campagne des législatives au niveau local. D’après son décompte, 60 % des personnes qui ont milité pour le NFP n’avaient jamais fait de militantisme politique. Dont un tiers ne s’était jamais engagé nulle part, même dans une association. « Ces gens ont fait un pas et ont vu, le 7 juillet, que cela avait servi à quelque chose. Et maintenant, tout est balayé », déplore-t-elle.
Thomas est de ceux-là. Militant pour le climat et salarié d’une association qui propose des ateliers autour de l’écologie dans les écoles, il n’avait jamais franchi le pas en matière politique, mais a tracté pour le NFP tout au long de la campagne. Vendredi, veille de la manifestation, il a passé une tête au QG pour se renseigner sur l’horaire du rassemblement.
La nomination de Michel Barnier le laisse coi. « Il est de droite et en plus, ils ont choisi le plus vieux de la bande ! », rit-il, un peu jaune. Thomas se remémore l’engouement de la campagne et son issue heureuse, le 7 juillet. Et se demande si cette énergie est retombée chez lui. « Je suis partagé, dit-il. Oui, c’est très décevant ce qu’il se passe, mais je pense que je continuerai à donner des coups de main. »
Arnaud Matarin, lui, se dit « plus abattu qu’enragé ». Il nourrit toutefois une « colère immense ». Contre « l’aile droite du PS qui a joué son jeu en interne avant de penser au bien commun », citant la présidente de région Carole Delga et le maire de Montpellier Michaël Delafosse. « Ils ont profité des errements pour jouer leur partition, pour prendre le PS et le tirer vers la droite. Je leur en veux beaucoup. » Mais aussi contre « les macronistes, qui ont bénéficié du front républicain et dealent maintenant avec le RN ».
Désormais, le porte-parole de Nous sommes entend reprendre le travail de terrain. « C’est notre responsabilité de militants locaux. Le NFP n’était pas juste un cartel de partis, comme on a pu l’entendre. Ça fédérait un espoir populaire et on n’a pas le droit de le décevoir. »
Cathy Aberdam compte de son côté sur le Quartier généreux pour relancer la dynamique et faire revenir les déçu·es de l’après-législatives. Jeudi soir, quelques heures après la nomination de Michel Barnier, le bar associatif proposait une soirée sur « les dessous du burlesque ». Une programmation décidée de longue date, mais fort à propos dans ce contexte grand-guignolesque.
Cécile Hautefeuille
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