Netanyahu sur CNEWS : Rima Hassan a raison, les médias auront des comptes à rendre

dimanche 3 novembre 2024.
 

Vous n’avez pas pu le rater. Ce 23 octobre 2024, CNEWS a reçu en grande pompe le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu pour une interview en direct. L’information sort lorsque l’infâme génocidaire Meyer Habib, l’un de ses très bon amis, pose sur une photo publiée sur Twitter avec lui et la journaliste qui le recevra en personne : Laurence Ferrari. 25 minutes durant lesquelles le Premier ministre israélien va pouvoir dérouler sa propagande, sous l’œil complaisant de l’une des journalistes phares de la chaine de Vincent Bolloré.

Celle-ci était toute heureuse de l’entendre saluer le traitement médiatique de sa chaine. « J’apprécie votre chaîne CNEWS, car vous combattez pour la civilisation judéo-chrétienne », lui a déclaré Benjamin Netanyahu. 25 minutes d’interview qui illustrent la complicité des médias occidentaux vis-à-vis du génocide à Gaza. Pourraient-ils rendre des comptes devant la justice ? En tout cas, des précédents existent. Notre article.

Sur CNEWS, Netanyahu déroule sa propagande génocidaire sans être contredit ou brusqué par Laurence Ferrari

CNEWS accorde donc 25 minutes à un dirigeant menacé d’être poursuivi par la Cour Pénale Internationale et dont le pays qu’il dirige est considéré comme responsable d’un risque génocidaire à Gaza par la Cour internationale de Justice. Netanyahu déroule sa propagande tranquillement. Sur la chaine de Vincent Bolloré, il est chez lui. Laurence Ferrari ne le contredit guère, ne le brusque pas. Elle laisse passer des mensonges pourtant démentis depuis longtemps. Face à lui, Benjamin Netanyahu fait l’éloge de sa chaine « combattant pour la civilisation judéo-chrétienne ». Le même qui a d’ailleurs fait sauter des villages chrétiens au Liban.

Prenons deux exemples de questions ou de propos où le Premier ministre israélien n’a pas été contredit. « Cette aide humanitaire, elle arrive aux femmes, aux enfants, aux civils palestiniens ? », demande la journaliste. Réponse de Benjamin Netanyahu : « Nous laissons les camions humanitaires rentrer. C’est le Hamas qui les affame ! ». Culotté, lorsque l’on sait que Tsahal utilise la famine comme arme de guerre. Ce mensonge sur le blocage de l’aide humanitaire a déjà été débunké par l’ONG Oxfam en mars 2024, dans un rapport intitulé « Sept façons dont le gouvernement israélien bloque et/ou sape délibérément la réponse humanitaire internationale dans la bande de Gaza ».

Parmi ces façons, nous pouvons en citer trois du rapport d’OXFAM : Israël ne permet « l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza que par deux points de passage, Rafah et Kerem Abu Salem/Shalom, alors qu’il serait possible d’en ouvrir d’autres » ; Israël a « réprimé des missions humanitaires, en bouclant en grande partie le nord de la bande de Gaza et en restreignant l’accès des équipes humanitaires internationales non seulement à Gaza, mais aussi à Israël et à la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est ».

Enfin, Netanyahu et ses alliés ont mené des « attaques disproportionnées et aveugles contre les ressources civiles et humanitaires (y compris les personnes), comme les installations solaires, d’eau, d’électricité et d’assainissement […] les convois d’aide et les entrepôts, même lorsque ces actifs sont censés faire l’objet d’une ‘déconfliction‘ ».

Le Premier ministre israélien citera pendant cette interview une énième fois les soi-disant « bébés décapités », « mis dans des fours », un mensonge déjà démenti, signé Tsahal, au sujet des attaques du 7 octobre 2023. « Les quarante bébés massacrés n’existaient pas. Le chef de la diplomatie numérique au ministère des affaires étrangères israélien, David Sarenga, admet qu’il y a eu « parfois des erreurs » dans la communication de l’Etat hébreu […] Démentie à l’étranger, la rumeur demeure vivace au sein de l’État hébreu », écrit Le Monde.

Génocide à Gaza : les médias peuvent-ils rendre des comptes devant la justice ?

Souvenez-vous, c’était le 8 octobre 2024. Invitée sur BFM TV en duplex depuis le Parlement européen, Rima Hassan est interrogée par les journalistes Alain Marshall et Olivier Truchot. En préambule de l’interview, l’eurodéputée insoumise a tenu à dénoncer les propos d’Olivier Rafowicz, porte-parole francophone de l’armée israélienne, tenus sur BFM TV la veille. « Votre chaine fait du travail excellent par rapport à la présentation du conflit », déclarait le très médiatique colonel de Tsahal face à un Benjamin Duhamel ne s’attendant pas à un tel compliment.

« Ça dit beaucoup de la ligne éditoriale qui est la vôtre sur le sujet. J’espère que vous vous rendez compte que vous aurez des comptes à rendre en tant que médias », a déclaré Rima Hassan, sans lever la voix. La suite est connue : les deux journalistes de BFM TV aboient comme deux chiens de garde et coupent court à l’interview au bout de 2 minutes.

L’extrait est éclairant à tous points de vue : surréaction et corporatisme à outrance des journalistes lorsqu’ils sont critiqués, quasi-impossibilité à dénoncer les crimes de Tsahal sans être coupé, voire censurée dans ce cas précis et illustration de pourquoi, effectivement, certains médias devront rendre compte vis-à-vis de leur traitement de la guerre au Proche-Orient depuis 1 an.


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