L’extrême droite en Europe (4) Belgique

vendredi 1er juillet 2016.
 

L’extrême droite en Belgique présente un double visage, puisque le pays est composé de deux communautés linguistiques principales (wallone-francophone et flamande-néerlandophone) dont la division est exacerbée notamment par l’extrême droite flamande.

Dans la partie francophone du pays, il existait un mouvement pro-nazi avant 1945, le mouvement « rexiste » dirigé par Léon Degrelle, promu général des Waffen-SS par Adolf Hitler lui-même (puis réfugié dans l’Espagne franquiste). Après la Seconde guerre mondiale, c’est essentiellement l’époque des guerres coloniales qui a permis à l’extrême droite de briser son isolement. Comparable aux yeux des nationalistes à « l’abandon de l’Algérie française », la « perte » de l’ex-Congo belge, devenu pays indépendant en 1960, jouait un rôle essentiel dans la réanimation d’un courant d’extrême droite. Jouant un rôle similaire à celui de l’OAS en France, mais à un moindre degré de violence, le Mouvement d’action civique (MAC) s’activait à cette période-là. A l’instar de la situation française, certains intellectuels d’extrême droite ont également conclu de l’échec de l’activisme au cours de ces années-là, à la nécessité de reconstruire sur des nouvelles bases théoriques ou idéologiques. Ce fut le cas, en Belgique, autour du courant « communautariste-européen » de Jean Thiriart (décédé en 1992), variante de l’idéologie « natonaliste-révolutionnaire » très sectaire et qui se distingue par un verbiage « anti-système » ultra-radical. Elle est aujourd’hui représentée par le « Parti communautaire national-européen » (PCN), dirigé par Luc Michel et qui dispose de quelques petites antennes en France.

Depuis la fin des années 1970, l’extrême droite nationaliste et séparatiste (au sens où elle souhaite séparer la Flandre du reste de la Belgique) est devenue un facteur politique important dans la partie néerlandophone du pays. Elle est aujourd’hui essentiellement représentée par le parti Vlaams Belang (Intérêt flamand), qui obtient des résultats électoraux autour de 25 % dans cette partie du pays.

En Wallonie, l’émergence de partis de masse à l’extrême droite a été plus tardif. Les forces situées à l’extrême droite y ont tenté de s’inspirer de modèles français. Il existe ainsi un Front national (FN) belge, proche de Jean-Marie Le Pen, dirigé par Daniel Féret qui l’a fondé en 1985, pouvant totaliser jusqu’à 8 % des voix dans la partie francophone de le Belgique (résultat aux européennes de 2004). Jusqu’en 1991, il existait aussi un Parti des forces nouvelles (PFN), autre nom d’importation française, mais qui désignait en Belgique une formation ouvertement néonazie. Ses militants ont fini par rejoindre le FN belge. Scission de ce dernier parti, le Front nouveau de Belgique, né en 1996, est dirigé par François-Xavier Robert, un ancien officier supérieur des Para-commandos. Ce parti est plus proche des jeunes activistes néo-nazis, dont certains avaient été exclus du FN en 1995, mais plus marginal électoralement.

VLAAMS BELANG

Le parti Vlaams Belang (Intérêt flamand) est la principale formation de l’extrême droite en Belgique. Uniquement présente dans la partie néerlandophone du pays et à Bruxelles (zone linguistique mixte), elle totalise au cours des dernières années 15 % des voix au niveau de la Belgique et 25 % au niveau de la Flandre. Les dernières élections municipales tenues en octobre 2006, ont confirmé le bon enracinement de ce parti à qui elles ont encore permis de progresser légèrement, mais sans lui offrir la « conquête » de la mairie d’Anvers, métropole qu’il convoitait.

Le Vlaams Belang est le successeur du Vlaams Blok (Bloc flamand, fondé en 1978), parti condamné pour racisme par la Cour de cassation belge, en date du 9 novembre 2004. Cette condamnation excluait pratiquement ce parti de l’accès au financement public. Ainsi le parti, dont les structures s’inscrivent en réalité dans une continuité quasi-totale, à décidé le 15 novembre 2004 d’abandonner son ancien nom et de changer d’appellation.

Sous son ancienne comme sous son actuelle dénomination, le VB est un parti politique qui porte principalement deux propositions : l’arrêt de toute immigration et le retour (volontaire ou forcé) de tous les immigrés en situation irrégulière ou « ne voulant pas s’adapter à notre culture », et l’autonomie renforcée puis la séparation de la Flandre par rapport au reste de la Belgique. Quant à l’antisémitisme, le parti se retient de l’exprimer au moins publiquement, ayant conclu depuis des années une sorte de pacte de non-agression avec la communauté juive à Anvers, afin de concentrer ses attaques surtout sur les immigrés d’origine africaine, arabe ou asiatique.

Le parti est dirigé par un président à vie (sic), Franck Vanhecke, né en 1959. Parmi les autres dirigeants principaux, Filip Dewinter, né en 1962, avait d’abord milité dans des milieux néo-nazis et ouvertement négationnistes. Son « programme sur l’immigration » en 70 points, présenté en 1992, fut analysé par les autres partis représentés au parlement belge comme inspiré par l’Allemagne nazi et l’Afrique du Sud de l’époque du système d’apartheid.

Chose étonnante pour un parti anti-francophone au point de vouloir bannir toute trace de français des panneaux de route à quelques kilomètres seulement au nord de Lille, le VB collabore de faon excellente avec le FN français depuis au moins une dizaine d’années. Il se trouvait parmi les partis étrangers invités à tous les congrès du FN ainsi qu’à la « convention présidentielle » de Jean-Marie Le Pen, en novembre 2006 au Bourget.


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