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Le système des dépassements d’honoraires devient de plus en plus insupportable, produisant deux médecines différentes. D’un côté, les généralistes, de moins en moins nombreux et pourtant essentiels, dans un pays où la population vieillit, avec des patients atteints de maladies chroniques qui nécessitent une coordination des soins plus qu’une addition d’examens effectués par des spécialistes.
Parmi les généralistes, une très faible proportion effectue des dépassements d’honoraires, l’ensemble des frais est pris en charge par la Sécu et les complémentaires. Du côté des spécialistes, la situation est inverse : une majorité d’entre eux est en secteur 2 (avec dépassements). Dans certaines spécialités comme la chirurgie, la proportion atteint 90 %. Cela signifie qu’il est impossible de trouver un chirurgien libéral qui ne pratique pas de dépassement.
Or, dans certaines spécialités comme l’urologie ou l’ophtalmologie, et dans certaines régions, le secteur privé est en quasi-monopole, l’hôpital public ayant été vidé de ses praticiens, attirés par les conditions de travail et de rémunération dans les cliniques. Le pouvoir politique a en permanence favorisé l’essor du secteur privé, au mépris de l’intérêt des assurés sociaux – qui payent les cotisations rémunérant les médecins.
De puissants lobbies médicaux ont obtenu des avantages choquants pour les « cochons de payeurs » que sont les patients. Afin de soi-disant plafonner les dépassements, il a été demandé à l’assurance-maladie de proposer aux médecins des contrats qui leur permettent, s’ils respectent des objectifs très peu contraignants, de bénéficier d’avantages financiers.
Les derniers chiffres officiels indiquent que la prime atteint 11 700 euros par an en moyenne, avec des écarts variant de 4 300 euros pour les gynécologues médicaux à 23 000 euros pour les médecins nucléaires. Ceux-ci, avec un revenu annuel moyen supérieur à 210 000 euros, font partie des médecins les mieux payés. Encore plus étonnant : 60 % seulement des médecins respectent les clauses du contrat. Un chiffre tombe même à 35 % pour les spécialités anesthésie, chirurgie ou obstétrique, où les dépassements sont souvent les plus élevés.
Il n’existe pas de mécanisme pour récupérer les sommes qui peuvent être considérées comme indues. Plus grave pour les patients : ces dépassements ne sont pris en charge que partiellement par les complémentaires et près de 60 % restent à leur charge. Il y a donc urgence à revoir les mécanismes de rémunération des médecins afin de supprimer ces dépassements d’honoraires. La meilleure solution est d’en finir avec la rémunération à l’acte et de privilégier le salariat.
Christophe Prudhomme
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