Alors que l’Ukraine est entrée hier dans sa quatrième année de guerre, Volodymyr Zelenskyfait face à une double pression, non seulement celle de Poutine qui continue de l’agresser militairement, mais également celle de Trump, avec sa vision mensongère du conflit, selon laquelle l’Ukraine est responsable de cette guerre. Hier, Emmanuel Macron a été reçu à la Maison Blanche et il espérait infléchir Trump avec un discours, qu’il a annoncé la semaine dernière : « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine… Comment ensuite être crédible face à la Chine si tu es faible face à Poutine ? Et si tu laisses l’Ukraine à la Russie, elle sera inarrêtable pour les Européens… Elle va récupérer l’Ukraine et son armée avec tous nos équipements, y compris les équipements américains. C’est une faute stratégique énorme". Le président français voulait aussi convaincre Donald Trump d’accepter les européens dans la négociation en cours. Quel contraste, entre le cynisme de Trump préoccupé de se rembourser de ce que les Etats-Unis ont dépensé pour aider militairement l’Ukraine et Macron qui, lui, rend hommage au courage des Ukrainiens et souligne que précise l’argent donné par la France est « un don » !

L’objectif de Trump c’est d’obliger Zelensky à signer un accord permettant aux Etats-Unis d’exploiter des terres rares pour "rembourser le contribuable américain pour les milliards de dollars qui ont été dépensés dans ce pays". Chacune de ses terres rares a son utilité pour l’industrie, entre l’europium utile aux écrans de télévision, le cerium destiné au polissage du verre ou le lanthane pour les catalyseurs dans les moteurs à essence. On peut en trouver aussi bien dans un drone, une éolienne, un disque dur, un moteur de voiture électrique, une lentille de télescope ou un avion de chasse ou une éolienne. Dans le même temps, les États-Unis essaient de faire passer à l’ONU une résolution demandant la fin de la guerre en Ukraine, évidemment sans tenir compte de l’agression russe ! A l’ONU aujourd’hui, la Russie a appelé à soutenir le texte des États-Unis et à ne pas appuyer « Zelensky et ses parrains » ! Depuis Kiev, Rafael Glucksmann se désolait hier soir : « Tout effort qui permettra de calmer la colère de Trump contre l’Ukraine est louable mais on assiste à un processus de lâchage. C’est un coup de poignard dans le dos des Ukrainiens… une situation extrêmement grave pour l’Ukraine mais pas seulement pour elle, pour l’Europe qui est seule et ne peut plus compter sur le parapluie américain. On assiste au ralliement de Donald Trump à la croisade de Poutine contre les démocraties ». Et finalement, face à cette alliance de fait entre Washington et Moscou, il y a fort à parier qu’hier Macron a fait de la figuration.

Jean-Marcel Bouguereau