Présidentielle Equateur : Militarisation et Politique de la Peur ont Assuré la Victoire de la Droite

jeudi 24 avril 2025.
 

L’élection d’avril 2025 en Équateur confirme un schéma mondial : les institutions démocratiques ploient sous le poids d’un autoritarisme axé sur la sécurité tandis que les forces progressistes peinent à présenter des alternatives convaincantes.

3) La Crise Démocratique en Équateur : Comment la Militarisation et la Politique de la Peur ont Assuré la Victoire de la Droite

Daniel Noboa, fils de 37 ans du magnat de la banane, a assuré sa présidence non pas par l’innovation politique mais en exploitant une réponse militarisée à la crise sécuritaire de l’Équateur, en manipulant les ressources de l’État et en capitalisant sur les ressentiments généralisés après les promesses non tenues du gouvernement « progressiste » de Correía (2007-2017).

L’élection révèle la stratégie de plus en plus adoptée par les forces de droite dans le monde entier : déclarer des ennemis intérieurs, brouiller les frontières institutionnelles, mobiliser l’appareil d’État à des fins partisanes et présenter les opposants comme des menaces existentielles pour l’ordre et la stabilité. Comme dans d’autres pays d’Amérique latine, les crises sécuritaires sont instrumentalisées pour justifier le recul démocratique et les violations des droits humains tout en paralysant une opposition significative.

La gauche équatorienne, malgré une tentative de rapprochement entre le mouvement de l’ancien président Correa et les organisations indigènes, n’a pas réussi à surmonter les désavantages structurels et son propre héritage historique. Cette défaite met en lumière un défi crucial pour les mouvements progressistes à l’échelle mondiale : comment articuler des visions convaincantes de la sécurité et de la gouvernance qui ne cèdent pas le récit de « l’ordre » aux forces autoritaires, tout en reconstruisant la confiance avec les électeurs aliénés par les erreurs du passé.[AN]

Noboa est arrivé au gouvernement en novembre 2023 pour un an et demi afin de compléter le mandat de Guillermo Lasso, qui a dû quitter prématurément le gouvernement : il a activé ce qu’on appelle la « mort croisée » pour dissoudre le Parlement et convoquer des élections - législatives et présidentielles - afin d’éviter un procès politique imminent. Noboa, dans le contexte d’une croissance incontrôlée du crime organisé, a empiété sur l’État de droit et a fait appel à la « main forte » et à la militarisation, au milieu d’une situation marquée par la crise énergétique et l’inefficacité gouvernementale.

Nueva Sociedad a demandé à trois analystes éminents leur opinion sur les élections et ce que les résultats anticipent en termes d’avenir politique et de devenir de la démocratie. Franklin Ramírez Gallegos est sociologue et professeur-chercheur au Département d’Études Politiques de la Faculté Latino-américaine de Sciences Sociales (FLACSO)-Équateur ; Augusto Barrera Guarderas est docteur en Sciences Politiques et de l’Administration et Relations Internationales de l’Université Complutense de Madrid. Il a été maire du District Métropolitain de Quito entre 2009 et 2014 et travaille actuellement comme professeur à l’Université Pontificale Catholique de l’Équateur (PUCE). Pablo Ospina Peralta est enseignant à l’Université Andine Simon Bolivar, chercheur à l’Institut d’Études Équatoriennes et militant de la Commission de Vie, Foi et Politique.

Comment expliquer la différence surprenante en faveur de Daniel Noboa au second tour ?

Augusto Barrera Guarderas : Le processus électoral global, au-delà de l’exercice du suffrage et du décompte des votes, a été marqué par une série d’irrégularités. Le rapport même des observateurs électoraux attire l’attention sur le manque de clarté des rôles de président-candidat qui brouillaient « les limites entre les rôles et générait un déséquilibre dans les conditions de compétition ». Pour arriver à cette équivoque juridique, Daniel Noboa a affronté sa propre vice-présidente, Verónica Abad, qu’il a empêchée d’occuper la présidence pendant la campagne électorale, comme l’établit la Constitution. En même temps, il a utilisé ouvertement les ressources publiques, à travers une foire de subventions de dernière minute qui coûteront au fisc près de 600 millions de dollars et, dans les derniers jours, a fait porter aux fonctionnaires de l’État les couleurs de son parti dans un énorme dispositif de mobilisation territoriale. Vu cela et plus encore, le processus s’est déroulé sur un terrain incliné, ce qui a été possible grâce à la permissivité et à la complicité de l’appareil médiatique et institutionnel.

Cela étant reconnu, il est peu probable qu’une fraude électorale avec manipulation des votes, des procès-verbaux et des urnes ait été exécutée. Bien que cela ait été jusqu’à présent la position de Luisa González et Rafael Correa, une bonne partie des autorités locales de Revolución Ciudadana, comme le maire de Quito, Pabel Muñoz, et la préfète de Pichincha, Paola Pabón, se sont déjà démarqués de cette dénonciation qui aura peu de parcours. Jusqu’à présent (16 avril), il n’existe pas d’impugnation formelle au Conseil National Électoral (CNE).

Cela signifie que ce résultat surprenant de 11 points d’écart (55,6% à 44,4%) reflète effectivement la décision de la population. Pour avoir une idée de l’évolution électorale, de l’égalité technique virtuelle à 44% au premier tour, Noboa a augmenté de 1.283.433 voix, presque tout ce qui était en jeu, tandis que González n’a ajouté qu’environ 158.000 voix, presque dix fois moins. Cette différence de près d’un million de voix, il l’obtient d’une augmentation à Quito et Guayaquil (un demi-million de voix), suivie de l’augmentation dans la sierra centre-sud (Cotopaxi, Chimborazo, Tungurahua et Azuay).

Aucun des instituts de sondage ni des sondages de sortie des urnes n’a montré une différence de cette ampleur, mais une analyse détaillée révèle que tandis que le vote de Luisa González a atteint son plafond au premier tour, capitalisant sur la mauvaise gestion gouvernementale, l’opération politique, médiatique et institutionnelle de Noboa a été plus efficace pour conquérir presque tout ce qui était encore en jeu.

Franklin Ramírez Gallegos : Le tableau final du second tour de 2025 était inattendu et invraisemblable. Il faut encore étudier en profondeur, avec la loupe sur chaque territoire, quelles reconfigurations des préférences et transferts de votes se sont produits dans les dernières semaines et jours. Cela, en particulier, parce que toutes les agences de recherche d’opinion publique - et même les deux sondages à la sortie des urnes du dimanche électoral - ont donné une distance de 1 ou 2 points en faveur de l’un ou l’autre candidat (avec même de meilleures options pour Luisa González tout au long de la campagne et même quelques heures avant les élections). Aucune n’a anticipé la distance finale favorable à Daniel Noboa.

Les élections ont commencé, fin 2024, avec l’interdiction de Jan Topić, précandidat de droite dont l’agenda se concentre de façon monothématique sur la sécurité. Topić était l’un des rivaux les plus menaçants pour la candidature de Noboa et sa présence sur le bulletin de vote aurait probablement changé l’histoire que nous connaissons aujourd’hui. L’ensemble de l’institutionnalité électorale est coopté par le pouvoir exécutif. Le Tribunal du Contentieux Électoral, qui a résolu cette disqualification (de même pour la liste des députés de Pachakutik [parti indigène]), est également intervenu pour suspendre les droits politiques de la vice-présidente Verónica Abad (qui devait remplacer Noboa dans le cas où il aurait demandé un congé pour la campagne) et a ignoré les dénonciations contre le président et les dirigeants de son mouvement pour utilisation des ressources publiques en campagne et pour avoir fait du prosélytisme en tant que fonctionnaires. Il a également permis des procédures contre des politiciens de l’opposition. Le cas le plus emblématique, encore en cours, est l’initiative visant à révoquer le maire de Quito, Pabel Muñoz, de Revolución Ciudadana, accusé d’avoir fait campagne électorale en 2023 tout en exerçant ses fonctions. Tout comme Noboa maintenant. Le président s’est placé au-dessus de toutes les réglementations électorales et de divers principes constitutionnels (par exemple, il aurait dû demander un congé et ne l’a pas fait) tout au long de la campagne.

Les institutions électorales ne lui ont imposé aucune limite. Elles ont plutôt restreint les droits - utilisation du téléphone portable pour le contrôle électoral le jour des élections - et ont étayé des décisions arbitraires de dernière minute (état d’exception, interdiction d’entrée aux étrangers, changement de lieu des bureaux de vote, présence inusitée des forces armées dans le processus, annulation du vote des Équatoriens résidant au Venezuela, entre autres). La mise en place de sept subventions sociales (pour 560 millions de dollars) au cours des deux derniers mois, comme levier clientéliste, n’a même pas été observée par les autorités électorales.

En somme, les élections de 2025 ont été les plus inégales et opaques depuis le retour à la démocratie et ont favorisé démesurément le candidat-président. Les doutes sur les résultats doivent être compris à la lumière du caractère frauduleux de l’ensemble du processus. Il est clair que Luisa González - que la Revolución Ciudadana elle-même a laissée seule dans la dénonciation de la fraude - a besoin d’une « théorie de la fraude » plus cohérente pour que sa demande de recomptage des votes puisse peser, mais il est également clair que la compétition ne s’est pas déroulée dans des conditions minimales d’équité et de transparence. Des élections truquées ne donnent pas de légitimité démocratique à ceux qui gagnent. Elles affirment seulement un pouvoir abusif.

Pablo Ospina Peralta : Il est très peu fréquent qu’au second tour, avec 1.200.000 voix en jeu, 1.100.000 optent pour l’une des candidatures et seulement 100.000 pour l’autre. C’est rare. Mais, en même temps, il n’y a aucun indice matériel de fraude. Le parti de González a déployé plus de 40.000 observateurs dans les bureaux de vote de tout le pays et on n’a présenté que quelques procès-verbaux discutables. Dans ces conditions, une fraude d’une telle dimension n’est concevable que par la manipulation du système informatique au moment d’agréger les procès-verbaux et d’additionner leurs résultats. Revolución Ciudadana compte une conseillère au Conseil National Électoral, qui n’a fait aucune dénonciation ni déclaration à l’appui des allégations de fraude. Il semble difficile d’accepter la thèse de la fraude uniquement parce que les résultats sont surprenants, sans aucune preuve directe.

Que nous disent les campagnes de Daniel Noboa et Luisa González de la confrontation politico-idéologique dans le pays ?

Augusto Barrera Guarderas : Les campagnes électorales ont connu une transformation radicale. Loin de constituer des espaces de débat sur des projets de pays, elles ont adopté des logiques de marketing commercial. Cette tendance se manifeste dans la personnalisation des leaderships, l’« émotionnalisation » du discours, la segmentation numérique des messages et la disparition des plateformes programmatiques. La dernière campagne électorale de l’Équateur n’échappe pas à cette tendance mondiale.

Après l’impact des premières mesures de sécurité (déclaration de « conflit armé interne ») qui a élevé l’approbation gouvernementale, dans les mois précédant immédiatement l’élection, la popularité de Noboa déclinait. Le manque de résultats en matière de sécurité, la gestion de la crise énergétique - avec des coupures d’électricité récurrentes -, une mauvaise performance gouvernementale et certaines décisions arbitraires laissaient entrevoir la possibilité d’une victoire de Luisa González.

Mais cette perception s’est transformée pendant la campagne pour le second tour. D’une part, l’omniprésence de la sécurité dans le débat public a conduit presque immédiatement à légitimer les propositions de main forte et de populisme pénal, tout en invisibilisant tout autre aspect programmatique ou même une approche différente de l’insécurité. En même temps, plusieurs points faibles de la campagne de Luisa González ont été amplifiés : le fantôme de la sortie de la dollarisation (que l’Équateur a adoptée il y a 25 ans), la proposition de « gestionnaires de paix » dans les quartiers - que le pouvoir a comparés aux collectifs chavistes - ou la position contradictoire de reconnaître Nicolás Maduro et menacer d’expulser les immigrants vénézuéliens, à quoi s’est ajouté le doute sur une tutelle de Rafael Correa sur sa présidence. Le débat social s’est déplacé des carences du gouvernement de Noboa vers une nouvelle version du clivage corréisme-anticorréisme.

Tandis que Noboa exprimait de plus en plus clairement un accord organique de tous les secteurs du pouvoir pour éviter l’arrivée du corréisme, la principale initiative de Revolución Ciudadana a été de souscrire un accord d’unité des gauches. Bien qu’il s’agisse, sans doute, d’un pas important qui, espérons-le, aura une continuité, l’unité s’est traitée avec et par les dirigeants dans des situations douteusement participatives et avec l’opposition de plusieurs de ses membres. Il est très difficile de penser que les méfiances et ressentiments accumulés et amplifiés pendant des années disparaîtront sans une pédagogie sincère et claire des principaux leaders, qui ont brillé par leur absence dans les moments décisifs, et sans un horizon réellement partagé. Sans ces attributs qui nécessitent du temps et de la volonté, l’unité n’a pas eu d’effet électoral positif. Plus que des adhésions, elle a produit des réactions alimentées par la peur du chaos et de la violence, potentialisée par une longue campagne de stigmatisation contre les dirigeants indigènes et sociaux qui a pénétré dans l’imaginaire des secteurs urbains, y compris moyens et populaires.

Il faut signaler en outre qu’il y a eu une grande différence dans la profondeur territoriale des campagnes. Tandis que Noboa mobilisait tout l’appareil étatique dans un activisme qui ne s’est jamais vu dans sa gestion et réussissait des alliances avec des autorités, des leaders et des caudillos locaux, Revolución Ciudadana n’a pas pu construire une stratégie d’expansion territoriale. Les résultats montrent la faible augmentation du vote dans pratiquement tout le pays.

Le contexte hautement conservateur et « sécuritaire » dans lequel se développe la société impose des limites à la capacité de formuler et de penser des solutions. Le débat présidentiel et le climat social ont été faits d’attaques, de disqualifications, de polarisation extrême, de fausses nouvelles. Et ainsi, la peur installée, on a construit la dichotomie du bien contre le mal, de l’ordre contre le chaos, de la liberté contre l’oppression.

Franklin Ramírez Gallegos : Plus que les campagnes elles-mêmes - qui en général se sont déplacées dans les coordonnées de l’« anti » (antinoboïsme / anticorréisme) -, la façon dont se sont configurés les blocs politiques et les alliances a délimité avec une relative clarté le terrain du combat idéologique. En particulier, la façon dont Leonidas Iza et la Confédération des Nationalités Indigènes de l’Équateur (CONAIE) ont abordé la construction d’une position collective de soutien à Luisa González comme une dynamique unitaire des gauches contre la « droite néofasciste » de Noboa a été clé - ce qui, néanmoins, n’a pas éliminé les méfiances mutuelles. Ce faisant, Iza a souligné la différence du mouvement indigène avec le corréisme, mais a éloigné radicalement les siens de tout soutien à Noboa. « Pas une seule voix pour la droite », « le vote nul n’est pas viable ». La résolution, construite lors de successives Assemblées Plurinationales du mouvement, a rapproché des forces, comme le Parti Socialiste et des organisations sociales (paysannes, anti-minières, écologistes, communales, afro-descendantes, féministes, de quartier, syndicales, etc.) de la thèse de soutien à Luisa González.

Une telle convergence établit un point d’inflexion dans les tranchées qui ont bifurqué le corréisme du reste des gauches. L’implication directe de González dans l’« unité » semble avoir été décisive dans sa mise en scène finale plus ou moins bien réussie - les critiques à Iza de diverses organisations indigènes n’ont pas été rares pour son soutien à la candidate corréiste.

L’allusion d’Iza au « moment néofasciste » de la droite est liée à la « guerre interne » que Noboa a déclarée en janvier 2024 dans le cadre de la vague croissante de violence nationale. Depuis lors, les cas de disparition forcée, de faux positifs, d’exécutions extrajudiciaires, de déplacements forcés, etc., se sont multipliés, non seulement comme effet de la violence des bandes mais de la militarisation même de la sécurité publique. La question des droits humains se place à nouveau au centre de la dispute. Le cas des assassinats des « quatre [adolescents afro-descendants] de Las Malvinas », après avoir été retenus par une patrouille militaire, a eu un long impact dans le champ populaire. Ainsi, il ne s’agit pas, seulement, d’affronter la « droite oligarchique néolibérale » de toujours. Le débordement de la violence étatique nécessite - telle a été la lecture - la plus large unité politique. Noboa n’a pas fait le moindre geste de perturbation face aux dénonciations contre sa « guerre interne ». En campagne, il a exacerbé l’agenda de guerre en annonçant des contrats avec des mercenaires étrangers, des bases militaires américaines, et des accords avec Trump à ce sujet. Le soutien des forces armées au président tout au long de la campagne dessine l’axe du bloc de pouvoir dans les années à venir. La « guerre au narcoterrorisme » est la grande innovation discursive de la droite équatorienne au milieu de l’inertie de sa plateforme idéologique néolibérale et anti-gauchiste (ou anticorréiste). Les majorités se sont approprié ce cadre et ne voient pas d’autre façon d’aborder les problèmes de sécurité qu’en redoublant de cruauté et de violence contre « le mal ». Les droits humains, dans cette logique, font partie de l’ennemi à vaincre.

Dans l’avancée de cette frontière du pouvoir et de l’idéologie de guerre, on constate que les résultats du 13 avril ne concernent pas seulement une défaite ponctuelle de Revolución Ciudadana mais sont un coup pour l’ensemble des gauches et du champ plurinational populaire qui, de façon inédite, a convergé dans ces élections. En première ligne de la dénonciation de la militarisation du pays se sont situés des collectifs afro-équatoriens, des organisations de quartier, communales, de droits humains, et de familles et femmes de victimes et de prisonniers. Ce tissu organisationnel vit aussi comme une défaite le dénouement du second tour. Un bras de la campagne officielle a fait du prosélytisme explicite en se moquant des droits humains.

Pablo Ospina Peralta : Dans la pratique, les deux candidatures se sont beaucoup rapprochées dans leurs propositions programmatiques spécifiques. Toutes deux ont promis une Assemblée Constituante pour s’assurer le contrôle du reste des institutions de l’État et pour réformer les innovations incommodes de la Constitution de Montecristi (2008). Elles ont rivalisé pour convaincre que leur main serait plus dure et leur gâchette plus facile contre la délinquance. Noboa a convoqué un mercenaire étranger, Erik Prince, pour résoudre ses problèmes de crédibilité ; González a obtenu le soutien de dernière minute de Jan Topić, candidat présidentiel en 2023, dont la carte de présentation était d’avoir été mercenaire dans plusieurs guerres. González promettait une plus grande sensibilité sociale et une meilleure compétence professionnelle dans les politiques de compensation et de contention sociale, au lieu des livraisons assistancielles et désinstitutionnalisées de subventions, d’aides médicales et de réductions de tarifs. González s’est engagée à réduire la Taxe sur la Valeur Ajoutée, augmentée par Noboa, de 15% à 12%. Les deux ont promis de continuer à promouvoir l’exploitation minière métallique à grande échelle, qui a suscité tant d’opposition dans les communautés affectées par l’extractivisme. En politique internationale, l’une promettait de reconnaître le régime de Nicolás Maduro, tandis que l’autre de se rapprocher pour mendier les restes de la politique de Donald Trump. Les différences étaient magnifiées par les uns et les autres comme si le stalinisme affrontait le mussolinisme.

Sommes-nous face à un régime autoritaire ?

Augusto Barrera Guarderas : On observe une tendance vers une forme de démocratie détériorée avec des profils autoritaires. Il y a plusieurs facteurs qui poussent à dépasser la ligne ténue de l’État de droit (états d’exception, utilisation partisane des institutions de justice, y compris électorales, etc.).

Ces décisions se justifient par la nécessité d’affronter la violence et l’insécurité ; ce climat social octroie un blanc-seing pour pousser toujours plus vers un État autoritaire. Mais en même temps, il y a une certaine complicité médiatico-institutionnelle pour affronter le corréisme et par extension toute forme de réponse populaire ou alternative. Dans ce cercle de terreur, les institutions républicaines s’affaiblissent.

Il ne faut pas oublier que la réélection de Noboa exprime la concentration du pouvoir économique et politique avec des teintes familiales qui annonce une forme de régime oligarchique. La campagne et la propre porte-parole gouvernementale ont très peu de contenus substantiels qui permettent d’identifier la vision du pays que propose le président réélu. Il faudra suivre avec attention si cette perspective autoritaire va s’approfondir ou si une forme de gestion avec des tonalités institutionnelles va s’ouvrir.

Franklin Ramírez Gallegos : Peu avant le second tour, le gouvernement de Noboa a rendu public son refus de se conformer à une sentence de la Cour Constitutionnelle qui a ordonné la formation d’une « Commission Interinstitutionnelle de coordination, planification et mise en œuvre de mesures structurelles contre la violence et le crime organisé ». Il s’agit d’un mécanisme technique pour « surmonter les problèmes de violence à travers le régime constitutionnel ordinaire ». La résolution de la Cour, la plus haute instance en matière d’interprétation de la Carta Magna, est d’« application obligatoire et immédiate » et suppose une critique ouverte à la politique de sécurité du gouvernement tout en mettant en doute l’usage arbitraire des états d’exception tout au long de la dernière année. Mais Noboa a complètement ignoré la Cour. Le pays de la militarisation et de l’état d’exception permanent constitue un terrain propice aux violations des libertés politiques basiques et des droits humains et pour diriger une relation despotique avec la société.

Tout comme dans le mépris envers la Cour Constitutionnelle, la configuration d’une volonté autocratique qui s’impose sur les institutions a été constitutive du jeu politique du gouvernement à mesure que s’approfondit son attachement à la « guerre interne ». Il est même allé jusqu’à ordonner l’expédition de normes préalablement rejetées et archivées par l’Assemblée Nationale.

Les hautes cours, y compris la Constitutionnelle, ont collaboré à cette érosion démocratique en retardant la résolution de cas complexes ou en se prononçant de manière ambivalente sur des décisions attentatoires aux droits. Elles ont joué aux équilibres de pouvoir - avec des égards et des craintes envers le président - et non au respect nécessaire de l’ordre constitutionnel. La large victoire électorale de Noboa, encore en discussion, pourrait encourager la plus grande disposition autoritaire du gouvernement. L’indice démocratique récemment publié par The Economist situe déjà 2023 et 2024 comme les années de plus grande détérioration de la démocratie en Équateur depuis que la mesure existe (2006).

Pablo Ospina Peralta : Tout l’environnement mondial, régional et local pousse vers la demande d’ordre à n’importe quel prix. La peur, l’incertitude et, très spécialement, la crainte d’une délinquance débridée avec des chiffres de criminalité organisée inconnus dans l’histoire équatorienne, créent un danger réel. Il existe aussi en Équateur un conservatisme social et culturel, sensible à la propagande religieuse, qui reprend les sujets de la vie quotidienne, comme l’avortement, l’adoption par des couples homosexuels ou la corruption des valeurs traditionnelles, pour les utiliser politiquement. Mais Noboa n’a pas encore mis l’accent là-dessus.

Le centre de son autoritarisme réside dans le fait de donner liberté et impunité aux forces policières et militaires contre le crime organisé, sans égard pour les moyens ni les victimes collatérales. Il est même allé jusqu’à promettre des grâces aux policiers pour des opérations futures. Son mépris pour les institutions libérales et la légalité n’a pas encore dépassé les limites d’un pays sans institutions respectables ni respectées par personne. Cela ne signifie pas qu’il ne peut pas continuer à pousser les frontières de l’acceptable. Or, reconnaissant le danger, le gouvernement de Daniel Noboa a montré assez d’incompétence, d’indolence et de manque de professionnalisme pour douter de son habileté politique à forger une hégémonie stable du style et de la durée de l’uribisme en Colombie ou du fujimorisme au Pérou.

Quel scénario s’ouvre à partir des résultats électoraux ?

Augusto Barrera Guarderas : Le président a dit qu’il s’agit d’un triomphe du bien sur le mal, mais en même temps son ministre du Gouvernement, José de la Gasca, a appelé à l’unité et à la conciliation. Malgré ces incertitudes, il est clair que l’alignement international de l’Équateur dans le nouvel axe de la droite mondiale va s’approfondir et une logique de sécurité basée sur le déploiement militaire et policier va se maintenir.

Dans les premières heures après le triomphe électoral de Noboa, on observe une euphorie des groupes entrepreneuriaux et financiers qui ont positionné deux demandes : reprendre l’ajustement de l’État et, de manière spéciale, convoquer une Assemblée Constituante.

S’il existe bien des déséquilibres institutionnels très graves, comme le chaos institutionnel du Conseil de Participation Citoyenne et Contrôle Social (CPCCS), l’idée qu’avancent ces secteurs est de transférer ce triomphe politique électoral dans l’arène des règles constitutionnelles dans des aspects centraux comme les droits, la flexibilisation du travail, les privatisations et le régime de développement. Ce sera l’une des batailles cruciales au milieu de l’aggravation de la saignée du pays, du chômage, de l’augmentation de la pauvreté.

Pour Revolución Ciudadana et pour une bonne partie des gauches, c’est une dure défaite politique. Mais il n’y a pas encore d’indices si cela provoquera des réorientations substantielles. En tout cas, il est clair qu’une nouvelle période s’ouvre pour laquelle il sera nécessaire de repenser les formes d’action et d’articulation politique et sociale du champ populaire et de ses organisations politiques et sociales. Il y a un affaiblissement du tissu social et la guerre interne approfondit la méfiance envers les institutions et les personnes. Il semble indispensable de faire un grand effort de rapprochement avec la société qui oxygène et renouvelle la capacité politique pour affronter le chemin complexe que le pays devra parcourir. D’une certaine manière, un cycle se ferme aussi qui pourrait ouvrir des opportunités de reconfigurer de manière large et démocratique un champ pour les gauches.

Franklin Ramírez Gallegos : On peut s’attendre à un approfondissement des coordonnées de la « guerre interne » comme principal axe de l’action étatique face à l’avancée du narcotrafic et au pouvoir des bandes criminelles sur le territoire. La violence continuera à opérer comme principal régulateur social (avec la peur comme ressource politique) et levier de soutien des voies d’accumulation et de contrôle des résistances. Le maintien de cette stratégie restreindra le reste de l’action étatique tant en termes de promotion du développement national que de politiques soutenables de protection sociale. Les déséquilibres budgétaires sont graves - encore plus après la campagne officielle millionnaire avec des ressources du fisc - et la dynamique d’endettement et d’austérité sera réactivée. En somme, guerre interne, financiarisation - les mécanismes de surveillance et de contrôle du colossal blanchiment d’actifs dans la banque nationale et les paradis fiscaux continueront à être relâchés - et relancement du paquet néolibéral (privatisations, flexibilisation du travail, traités d’investissement), le tout dans des conditions de plus grande érosion démocratique (ou franche autocratisation), de renforcement de l’axe civico-militaire et d’expansion de la précarisation et des zones de sacrifice des pauvres et des racialisés.

Une bonne partie des réformes structurelles en attente pourront être résolues dans une Assemblée Constituante que le gouvernement prévoit de convoquer dans les prochains mois. C’était l’une de ses promesses de campagne, bien que sa feuille de route et la place qu’elle peut avoir dans le projet de Noboa ne soient pas très claires. Le renforcement du pouvoir obtenu de sa récente réélection pourrait lui assurer la couverture institutionnelle nécessaire pour traiter les réformes qu’il dispose - le seul point de contrepouvoir institutionnel résiderait, éventuellement, dans l’Assemblée Nationale si l’accord Revolución Ciudadana-Pachakutik se maintient - sans passer par un processus de remplacement constitutionnel. L’installation d’une Assemblée peut être très coûteuse pour un gouvernement sans aucun talent pour la délibération et la négociation politique.

Il est probable, en tout cas, qu’une Assemblée Constituante finisse par servir de mécanisme d’aval politique qui permette à Noboa de gagner du temps pour configurer quelque chose comme un projet national - concept historiquement élusif pour la droite oligarchique du pays - dont il manque maintenant complètement. Ce projet, néanmoins, suivrait les lignes de la contre-réforme étatique que l’anticorréisme a poussée depuis 2018 sous trois gouvernements différents. Pour être bref, ce serait le miroir inverse de la Constitution approuvée en 2008 pendant le début du gouvernement de Revolución Ciudadana. Une rancœur particulière se situerait envers le garantisme, la plurinationalité, le rôle actif de l’État dans la planification du développement et le contrôle des marchés, les verrous aux privatisations dans des secteurs stratégiques et à la possibilité de situer des bases militaires sur le sol national, les droits sociaux, les droits de la nature et les mécanismes participatifs qui y sont contemplés. Tant face à l’accélération de la politique de guerre qu’à une éventuelle constituante, il semble fondamental que le pari encore incipient et fragile sur l’unité du champ populaire puisse mûrir et prendre des formes plus robustes à l’avenir. Le tissu social, communal, territorial requiert des sauvegardes minimales politico-démocratiques pour soutenir ses dynamiques de résistance, de soin et de reproduction au milieu de la violence et de la désertion étatique. Tout cela demande réflexion, autocritique et capacité d’innovation politique dans l’espace des gauches.

Pablo Ospina Peralta : L’impression que donne le résultat électoral est que le peuple équatorien se rend peut-être compte des maladresses et des erreurs du gouvernement, mais le considère encore comme « nouveau », « jeune » et qui « peut apprendre ». Un an et demi a été jugé trop peu pour un jugement définitif. L’électorat a décidé de prolonger la période d’essai pour quatre ans de plus. Surtout, cette indulgence a été possible parce que l’alternative corréiste n’a été capable ni de se différencier suffisamment, ni de se débarrasser de ses poids morts du passé. L’anticorréisme est encore bien vivant, spécialement dans la Sierra et l’Amazonie, bastions traditionnels des gauches et du centre-gauche équatoriens. Les scénarios possibles semblent être deux. S’appuyant sur la recherche d’ordre à n’importe quel prix, Noboa cherche à construire une popularité similaire à celle de Nayib Bukele, qui lui permet de mettre en œuvre un agenda de libéralisation économique et de réduction de la taille de l’État à ses formes les plus minuscules et assistancielles. Le chemin de Fujimori. Le second scénario est l’usure progressive et irrémédiable d’un gouvernement inutile, qui malgré ses mises en scène échoue dans une guerre contre le narcotrafic que personne n’a jamais gagnée nulle part, et qui profite du temps qui lui reste pour le pillage des biens publics.

Le cauchemar se terminera dans quatre ans, laissant place à une nouvelle incertitude, semblable aux incertitudes du système politique péruvien, sans partis dignes de ce nom, avec un en-tête politique qui remplace le suivant sans trajectoire ni avenir. Du côté de l’opposition, le corréisme est plongé dans la paralysie : ce résultat a convaincu amis et ennemis qu’il ne peut pas dépasser son plafond, ni contre des représentants organiques du patronat, comme Guillermo Lasso, ni contre des gouvernements ineptes, comme celui de Noboa. Le fardeau de l’héritage vivant de Rafael Correa est authentiquement paralysant : sans lui, Revolución Ciudadana n’est rien ; avec lui, elle ne peut pas gagner un second tour. Outre n’importe quelle formule de droite ou de nouveaux outsiders, il ne reste que la structure du mouvement indigène, comme refuge et expectative. En marge de toutes ses limitations, il conserve une structure, un prestige et une réserve morale. C’est un mouvement social authentique. Il a eu une opportunité entre 2021 et 2023. Il l’a gaspillée. Peut-être n’est-il pas trop naïf de rêver qu’il puisse en avoir une autre.

https://nuso.org/articulo/por-que-l...

2) Équateur : pourquoi la victoire de Daniel Noboa, le candidat de Washington, est « statistiquement impossible » selon Rafael Correa ?

Le libéral Daniel Noboa, candidat ouvertement soutenu par Washington, s’est imposé dimanche 13 avril sur fond de forts soupçons de fraude électorale. Luisa González, dauphine de l’ancien dirigeant Rafael Correa et candidate malheureuse, demande un recomptage des voix.

’Équateur vient-il de vivre « la pire et la plus grotesque des fraudes (électorales) de son histoire » ? Face à des résultats qui ont effectivement de quoi faire planer le doute, c’est ce que dénonce Luisa González, candidate malheureuse au second tour de la présidentielle tenue ce dimanche 13 avril dans le pays sud-américain.

En effet, les chiffres annoncés par le Conseil national électoral (CNE) – montrant une large victoire du président sortant Daniel Noboa (Action démocratique nationale, droite) face à la candidate progressiste avec 56 % des voix contre 44 %, soit une différence de plus d’un million de voix – sont bien éloignés de ce que pouvaient laisser présager les résultats du premier tour, en février.

Luisa González, du mouvement Révolution citoyenne (RC), était alors arrivée au coude-à-coude avec le libéral Noboa (44 %) avec un écart de moins de vingt mille voix. D’où l’énorme incompréhension chez ses militants – et nombre d’observateurs – en constatant que la proclamation des résultats contredisait les résultats du 1er tour, les résultats locaux et les sondages.

1) En Équateur, la gauche de rupture renoue avec des espoirs de victoire

Équateur. Après des élections anticipées en 2023, les Équatoriens ont à nouveau été appelés aux urnes. La candidate de la gauche de rupture, l’avocate Luisa González, a réalisé le score remarquable de 43,9 % lors du premier tour. Elle est devancée de peu par le très libéral président sortant Daniel Noboa (44,6 %), héritier d’un empire financier reposant sur la production de bananes. Un second tour incertain se tiendra ce dimanche 13 avril.

Hier, Jean-Luc Mélenchon a lancé l’alerte quant à la « fraude électorale généralisée » et les menaces contre la candidature présidentielle de gauche. « Les trumpistes locaux et les cartels de la drogue sont en action. Il nous est demandé à tous de communiquer pour protéger les équatoriens de cette violence. Passez à l’action, ne regardez pas ailleurs quand on nous appelle à l’aide ! » a écrit le leader insoumis. Notre article.

L’Équateur, berceau de la révolution citoyenne et victime du lawfare

Ce n’est pas la première fois qu’une gauche combative est en situation de l’emporter en Équateur. C’est en effet dans ce pays d’Amérique du Sud qu’est né le concept de révolution citoyenne, qui a donné son nom au « Movimiento Revolución Ciudadana » dont le leader Rafael Correa est un allié proche du mouvement insoumis et de son leader, Jean-Luc Mélenchon. Rafael Correa a été président de l’Équateur de 2007 à 2017, période durant laquelle les politiques sociales mises en œuvre par le gouvernement équatorien avaient permis de sortir plus de 900 000 personnes de la pauvreté.

Seulement, Rafael Correa a comme les insoumis aussi été victime de « lawfare », cette pratique qui consiste en une instrumentalisation politique de la justice mobilisée partout dans le monde pour faire taire les responsables de gauche radicale en situation de prendre le pouvoir. Il s’agit par ailleurs d’un phénomène dénoncé de longue date par les insoumis et d’autres personnalités à l’international, comme le rappelait Jean-Luc Mélenchon dans son dernier point politique.

Toujours est-il que Rafael Correa a dû s’exiler en Belgique pour éviter les 108 affaires judiciaires qui lui sont intentées. Depuis le retour de la droite au pouvoir en Équateur, la violence n’a cessé d’augmenter : on comptait en moyenne 6 homicides pour 100 000 habitants lorsque Rafael Correa a quitté le pouvoir en 2017, ce chiffre battait un record en 2023 de 47 homicides pour 100 000 habitants.

Face au président sortant ultra-libéral, Luisa González mène une campagne de combat pour ramener la gauche de rupture au pouvoir

La candidate de 47 ans Luisa González est, elle aussi, victime d’intimidations et de menaces de mort, mais elle a décidé de faire campagne sous le signe de l’espoir. La candidate de la gauche a insisté dans ses nombreuses interventions sur la nécessité d’œuvrer à nouveau pour la justice sociale en Équateur, tout en luttant contre la criminalité organisée. Face à elle, le président sortant, Daniel Noboa vient d’une famille traditionnelle et milliardaire profondément liée au pouvoir.

Ce que n’a pas manqué de lui faire remarquer Luisa González durant le débat de l’entre-deux-tours, lui rappelant les affaires de corruption qui touchent à la fois son parti et l’entreprise de sa famille. Non seulement libéral, mais aussi autoritaire, durant ses deux ans de mandat, Daniel Noboa a souvent eu recours à des imaginaires sécuritaires, déclarant par exemple en 2024 que le pays se trouvait « en état de guerre ». Au contraire, Luisa González a souvent recours au mot d’ordre « Luisa pour la vie », semblable à celui du président colombien Gustavo Petro qui appelait à une « paix totale » lors de sa campagne dans le pays voisin.

Un second tour serré se tiendra dimanche

La campagne officielle a pris fin ce jeudi, et le second tour de l’élection se tiendra dimanche. Il sera particulièrement scruté, puisqu’un candidat avait été assassiné durant la dernière élection en 2023, compliquant fortement la fin de la campagne.

Si le premier tour s’est cette fois-ci déroulée sans heurt majeur, le retour de la gauche au pouvoir pourrait provoquer des résistances, d’autant que les dernières projections laissent supposer un résultat particulièrement serré. Hier, Jean-Luc Mélenchon a lancé l’alerte sur la « fraude électorale généralisée » et les menaces contre la candidature de Luis Gonzalez, soulignant que « les trumpistes locaux et les cartels locaux sont en action ».

Une victoire de la gauche de rupture inquiète ces derniers en ce qu’elle amènerait l’Équateur aux côtés du Mexique et de la Colombie dans une situation de résistance au capitalisme destructeur et à l’impérialisme trumpiste.

Par Mathieu Rateau


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