Message de forum Causes de la Première Guerre Mondiale : capitalisme, nationalisme et responsabilité des Etats

samedi 10 mai 2008.
 

Réponse à l’article

Je vous remercie pour cet article que je trouve profond et pertinent. Ca fait 25 ans que je m’interroge sur les causes de ce conflit sans trouver de réponse, vraiment satisfaisante...

Les travaux récents montrent que l’on s’approche d’une bonne compréhension des ressorts profonds de cette guerre. Sur le déclenchement du conflit, je suis tout à fait d’accord. J’ai lu par ailleurs un bon article d’Alexandre Adler, qui identifie clairement un lien solide entre Gavrilo Princip (qui ’était pas seul), les services Serbes et la Russie (sans laquelle ceux ci n’auraient pas osé agir). Je pense cependant que Nicolas II était suffisamment bien informé des conséquences possibles d’un conflit pour ne pas déclencher directement cette opération. Il a du se laisser déborder par des officiers "croyant bien faire". Il est évident aussi qu’il n’avait pas la vision des conséquences d’un tel geste...

Sur la responsabilité de l’Autriche Hongrie, d’accord aussi. L’empereur Guillaume II n’aurait sans doute pas déclenché les hostilités lui même. (Il était en vacances au moment des faits).

Le hasard a bien joué un rôle, puisque les acteurs en mesure de freiner ou d’empêcher l’extension du conflit étaient absents ou empêchés d’agir. Mais sans l’accumulation des antagonismes de différentes natures, ce "hasard malheureux" n’aurait jamais pu déclencher un tel seïsme. Ce mécanisme d’amplification des crises devrait nous guider pour la compréhension des conflits contemporains.

IL est clair aujourd’hui qu’il y a des analogies entre la concurrence industrielle des années avant 14, et la concurrence pour les ressources qui sévit aujourd’hui. Sans parler des mécanismes relatifs au mysticisme national qui s’appliquent de bien des manières. On sent bien cependant que les analogies sont limitées par ailleurs. IL faut aussi chercher du coté de l’effet à la fois dissolvant et destructeur d’une crise de type crise de 29, pour bien évaluer les risques à court terme.

Ce qui reste profondément pertinent, c’est le mécanisme d’entrée dans la guerre. Le mécanisme de la dissuasion joue aujourd’hui réellement un rôle de frein (même si la compréhension actuelle de la crise de Cuba notamment montre qu’on est passé à plusieurs reprises très près de la catastrophe). Mais ca n’est qu’un frein...

L’accumulation des facteurs de crise favorise de manière progressive le basculement dans une sorte de folie (le mot est mal choisi, il faudrait parler d’un état particulier ou la conscience collective perturbée par la peur, et l’hyper nationalisme, vient perturber la conscience individuelle d’un assez grand nombre de personnes...suffisamment en tout cas pour permettre le déclenchement d’une crise que tous les hommes raisonnables (particulièrement les dirigeants) perçoivent bien comme excessivement dangereuse).

Aujourd’hui, on trouverait sans doute difficilement des hommes assez fous à la tête de nos états pour reproduire ce qu’on fait les Autrichiens et les Russes en 14. Le déclenchement d’une crise pourrait cependant être provoqué de manière extrêmement brutale par la quasi automaticité de la réponse à une agression jugée insupportable que provoquent nos organisations hyper structurées...


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