Alors que Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux Transports, a présenté hier, en Conseil des ministres, son « projet de relance » des places portuaires françaises, les sept ports autonomes français ont cessé leur activité, à l’appel de la Fédération nationale des ports et docks CGT (majoritaire).
Pascal Galéoté, secrétaire du syndicat CGT du Port autonome de Marseille, le premier port français, évoque la situation.
Après quatre jours de grève à Marseille, vous avez décidé, dimanche, de suspendre le mouvement. Pourquoi ?
Pascal Galéoté. Nous inscrivons notre mouvement dans la durée. Avec la grève déclenchée jeudi dernier, nous voulions interpeller. L’objectif est atteint. Depuis lundi, nous avons défini d’autres modes d’action avec des arrêts de travail dans la réparation navale ou la pétrochimie. L’ensemble des agents cessera le travail ce mercredi pour 24 heures, dans le cadre d’un mouvement sur l’ensemble des ports autonomes. Nous sommes entrés en résistance contre ce projet de loi.
Comment se présente la mobilisation pour cette journée d’action ?
Pascal Galéoté. Les salariés sont déterminés et conscients que cette lutte va durer. On nous a menés en bateau. Lors de la table ronde du 21 février dernier, on nous a fait croire qu’on pouvait négocier. Il y avait même un engagement de la part du gouvernement. L’attitude du gouvernement qui a laissé croire qu’il y avait une place pour la négociation a exacerbé les tensions.
Qu’attendez-vous du gouvernement ?
Pascal Galéoté. Ce qui se dira au conseil des ministres constituera un des éléments de notre appréciation. S’il y a un signe d’apaisement du gouvernement, ce sera une bonne chose. Nous demandons au gouvernement qu’il révise son projet de loi, notamment sur le transfert des personnels. On était partis sur un plan de relance et on est arrivés à la réforme. D’un point de vue économique, rien ne justifie la décision du gouvernement. Elle est purement idéologique. La réforme va favoriser les grands armements et les monopoles privés.
Nous voulons également rappeler quelques évidences. D’abord : sans investissement public, pas d’investissement privé. Ensuite, les ports français sont en train de se développer. Le Havre gagne des parts de marché. Marseille a franchi la barre des 100 millions de tonnes de trafic et va développer son activité conteneurs. On peut certes encore améliorer des choses mais les perspectives de développement sont là, sans remettre en cause le statut des salariés. Enfin, la réforme vise à rendre indépendantes les activités : celles qui sont rentables, comme le trafic de conteneurs, et celles qui le sont moins. À terme, ce sont les emplois qui seraient menacés.
Entretien réalisé par Christophe Deroubaix
Paru dans l’Humanité du 23 avril 2008
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