Qui a parlé d’idéologie ? Et si la gauche en reparlait... (Marie Noelle Lienemann)

mardi 13 mai 2008.
 

François Fillon, à France info, interrogé sur le bilan d’un an de son gouvernement a estimé qu’un de ses grands succès était "idéologique". Il considère avoir fait prévaloir auprès des français, les logiques de droite sur des sujets clés : la valorisation des heures supplémentaires plutôt que la réduction du temps de travail, l’autonomie des universités, la remise en cause des régimes spéciaux de retraites. Le premier ministre explique qu’il a fait tomber les résistances que la gauche avait toujours su mobiliser dans ces cas.

On retrouve là, la tonalité de la campagne de Nicolas Sarkozy : l’affirmation d’une droite décomplexée. Le candidat UMP l’avait dit, il a fait sienne l’analyse de Gramsci sur l’hégémonie culturelle indispensable à une véritable victoire et à la possibilité de changer la société. La transformation que veut imprimer Nicolas Sarkozy est libérale et atlantiste. Très libérale, très atlantiste et en cela, il y a une certaine rupture avec la période précédente.

Avant l’élection, il avait entretenu une certaine ambiguïté, avec les citations de Jaurès dans les usines, des phrases qui ont fait mouche : " Les socialistes vous ont oubliés, je vous défendrai ", " l’Europe ne doit plus être une passoire, elle doit défendre ses industries et la préférence communautaire ". Tout cela en parallèle à tout son discours économique réellement ultra libéral. Il cherche alors à neutraliser la gauche et jouant sur les mots et les concepts, tente une "synthèse" entre les préoccupations des ouvriers et l’idéologie libérale : c’est tout le discours sur la valeur travail, en lieu et place de la valorisation de ceux qui travaillent de la rémunération du travail... En fait de synthèse -qui est impossible- c’est un tour de passe-passe, une duperie qui fonctionnera d’autant plus que la candidate socialiste au lieu de déjouer la tromperie, de faire des propositions alternatives tant sur les salaires et le Smic mais aussi, de démontrer l’incohérence des promesses et des postures du libéral Sarkozy, enfourche le même cheval moralisateur de la valeur travail que les conservateurs ont maintes fois utilisé, avec d’ailleurs la référence appuyée à la famille contre la gauche.

Oui la droite française veut à son tour gagner la bataille idéologique comme ses homologues européens l’a fait chez tant de nos voisins. Mais si la bataille a été gagnée ailleurs, c’est qu’une partie de la gauche y a prêté volontairement ou involontairement main forte. Volontairement, comme les tenants de la troisième voie qui adhèrent au néolibéralisme et entrent dans la stratégie de la triangulation, à savoir la captation des thèses et valeurs des adversaires. Moins consciemment dans d’autres pays, où c’est au nom de la nécessité (on ne peut faire autrement) que l’on prend des décisions de libéralisation des mouvements de capitaux, des échanges etc. Les résultats sont les mêmes. Le plus grave est que les sociaux démocrates théorisent eux même le triomphe des idées de la droite et des défenseurs du capitalisme financier transnational, discréditent les fondamentaux de la gauche, qui serait devenus archaïques, reléguant notre vision et notre volonté d’un monde nouveau à quelques replâtrages du système dominant...erreur fatale.

Aujourd’hui le bilan de la globalisation libérale et financière est alarmant, en particulier avec l’accroissement des inégalités, aujourd’hui les peuples manifestent leur colère et l’électorat historique de la social démocratie qui paie le prix fort se sent trahi, ne lui fait plus confiance et pire encore est devenu fataliste, tentée par le sauve qui peut. C’est l’abstention, la tentation populiste ou néofasciste. Sur 11 élections nationales dans les pays de l’UE depuis 5ans : 10 défaites. Et récemment encore la débâcle des travaillistes en Grande Bretagne, la ville de Rome qui élit un maire néofasciste... Pourtant la crise de ce système devient évidente, plutôt les crises, financières, alimentaires, écologiques, sociales... Alors au moment où s’inverse le cycle du libéralisme triomphant, la droite reprend l’offensive idéologique : la thématique de la peur, des risques de déclin, la défiance de l’autre plutôt que le partage, la concurrence plutôt que la solidarité, le culte du passé, de l’effort pour l’effort plutôt le partage des richesse, les doutes entretenus sur le progrès la raison. Alors le temps est venu pour la gauche, elle aussi, de reprendre l’offensive pour ses valeurs. Elles sont pour la plupart d’entre elles d’une grande actualité et doivent être déclinée de façon contemporaine. C’est ce que nous avons voulu entreprendre avec Gauche Avenir en publiant " Fier d’être de gauche". Lisez ce texte, commandez des livres pour les diffuser autour de vous, réagissez, participez à la bataille idéologique d’une gauche renouvelée et fidèle à ces valeurs.


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