Pax americana DE KARL MARX À BILL GATES par Eric Flapint (novembre 1998)

mercredi 29 juin 2005.
 

Il y a quelques mois, pendant le Mondial de football, les USA décidaient d’appliquer unilatéralement des sanctions à la Yougoslavie. Sans délai, les entreprises américaines s’exécutèrent, notamment Mastercard et Visa, les deux trusts monopolistes de la monnaie électronique. Conséquence, les accompagnateurs de l’équipe de football yougoslave, leurs supporters et les quelques touristes ou hommes d’affaires non américains présents en Yougoslavie se retrouvèrent, du jour au lendemain, avec leurs cartes bloquées, ne disposant plus de moyens de paiement ! Seuls les nationaux américains n’ont pas eu à subir cette décision. Voilà un résultat concret de la domination américaine et d’un monde monopolistique.

l Aujourd’hui, les américains, eux-mêmes se font peur, ils intentent donc un procès à Bill Gates, accusant Microsoft d’abus de position dominante. Cette firme contrôle le logiciel d’exploitation de 90 % des PC et elle en aurait profité pour évincer ses concurrents dans le secteur des logiciels de navigation sur le Web. Le principal accusateur est la société Netscape, les plaignants sont le gouvernement et vingt Etats américains.

l Ce type de pratique est évidemment beaucoup plus répandu qu’on ne veut bien l’admettre même si seul, Microsoft est accusé.

En 1857, Marx écrivait : "La tendance à créer le marché mondial existe donc immédiatement dans la notion de capital. Toute limite lui apparaît comme un obstacle à surmonter (Grundrisse)" et dans le Capital (tome 1) en 1867, "Dans une branche de production particulière, la centralisation n’aura atteint sa dernière limite qu’au moment où tous les capitaux qui s’y trouvent engagés ne forment plus qu’un seul capital individuel".

La logique de ce système est implacable, seuls les naïfs peuvent penser que le marché a des règles que les gens d’honneur que sont les capitalistes respectent !

La seule règle est le profit maximum, tous les moyens sont bons pour satisfaire cet objectif.

La loi antitrust appliquée au début du siècle à la Standard Oil puis en 1983 à ATT, remplace tout au plus un trust par deux ou trois, qui de toutes façons ensuite se partagent le marché (voir la situation des trusts pétroliers ou automobiles).

l La bataille actuelle est évidemment emblématique car il s’agit d’Internet, présenté abusivement par les libéraux-libertaires comme le "must" de la liberté.

Le pouvoir d’aujourd’hui, c’est le contrôle de l’information en temps réel : CNN pour la télévision (voire la guerre du Golfe comme vitrine de la propagande américaine) et Microsoft pour l’interactif. Et les affaires de demain, ce sont le commerce et les échanges par le web, les enjeux sont donc considérables et les lobbies affûtés.

Mais au-delà de ces batailles entre requins, nous assistons, là aussi, à un début de retournement idéologique. L’idée progresse selon laquelle le libéralisme économique ne peut prospérer sans un arbitre puissant : Coucou revoilà l’Etat !

Comme trop souvent, la commission de Bruxelles attend le résultat de cette confrontation pour aligner son attitude !

A Gauche n° 705 - 5 novembre 1998


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