Libéralisme politique et politiques criminelles (par l’Association pour la reconnaissance de la souffrance des familles paysannes)

lundi 7 juillet 2008.
 

Lors du procès que nous engageons contre l’Etat nous nous attendons à ce que la défense plaide l’économie de marché et le libéralisme pour expliquer l’extermination économique de millions de paysans français. Nos responsables politiques ont en effet pris cette habitude et se cachent souvent derrière ces prétextes pour essayer d’échapper à leurs responsabilités.

Nous souhaitons montrer au contraire que leur responsabilité est pleinement engagée.

Même si à l’association nous ne faisons pas de politique et que nous nous méfions par avance de toute idéologie, nous allons nous intéresser à la genèse de la « philosophie » libérale pour bien montrer qu‘il y a vraiment un fossé entre ce que des philosophes comme John Locke ont écrit et l’utilisation qui en est faite par nos hommes politiques.

De la même manière que certain crimes ont été commis dans les pays communistes au nom du philosophe Marx, ou que certains aristocrates justifiaient les pires atrocités au nom du christianisme, nos élus sans aucun scrupule et n‘ hésitent pas à endosser les habits de bons apôtres de la pensée libérale pour exterminer économiquement les paysans.

1) Introduction : naissance du libéralisme

La pensée libérale se construit entre le milieu du XVIIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des philosophes des Lumières, en opposition à l’absolutisme politique légitimé par des conceptions religieuses. John Locke pose ce qui deviendra les fondements de la philosophie libérale moderne, en organisant et en développant ses thèmes principaux : théorie des droits naturels, limitation et séparation des pouvoirs, justification de la désobéissance civile, affirmation de la liberté de conscience, séparation de l’Église et de l’État.

2) Droit fondamentaux dits « droits naturels »

Locke énonce trois droits fondamentaux :

* droit à la vie et à fonder une famille

* droit à la liberté (Liberté d’échange en particulier)

* droit à la propriété

Ces droits définissent un domaine d’inviolabilité de la personne humaine. Selon Locke la propriété privée est nécessaire pour la conservation de la vie et l’exercice de la dignité humaine. Il a donc le droit de posséder tout ce qui est nécessaire à la subsistance.

MAIS... il y a une limite à ce droit d’inviolabilité de la propriété individuelle. Un propriétaire, même s’il est dans son droit, a le devoir de céder les biens inutiles à sa subsistance, dans la mesure où ces biens peuvent venir en aide à des individus démunis. L’appropriation privée des biens de la terre n’a en fin de compte sa véritable légitimité que si elle est au bénéfice de tous, car la terre est commune, et tout homme y a droit !

Pour Locke, l’Etat doit seulement être un instrument au service des citoyens et son rôle est réduit aux intérêts civils et temporels des hommes dont il doit protéger la vie, la liberté (la liberté d’échange en particulier) et les biens.

3) Influence : La révolution américaine

Impossible de parler de libéralisme sans faire référence aux pays anglo-saxons. En particulier de la première constitution américaine rédigée par Thomas Jefferson. L’idée centrale du texte est la liberté : pour la première fois, les idées des philosophes des Lumières sont mises en application, en particulier celles de John Locke. Il ne s’agit plus des libertés collectives des époques précédentes, mais de libertés individuelles qui sont proclamées haut et fort. La Déclaration est donc un texte universel, qui pose des droits. Extrait : « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. »

On retrouve dans la déclaration les droit fondamentaux, naturels établis par Locke :

1) la vie

2) la liberté

3) droit au bonheur ...?

A une petite différence prêt cependant.... Pour la troisième Locke n’a nullement parlé du droit au bonheur, concept un peu bateau et creux, mais du droit... à la propriété ! Et oui, Jefferson (comme la plupart de ceux qui ont rédigé la déclaration) étant esclavagiste n’avait pas envie de parler du droit naturel et fondamental qu’est le droit à la propriété à ces esclaves !! Ce droit à la propriété est pourtant à la base des droits fondamentaux définis par le philosophe Locke.

Pour ce qui est du deuxième : La liberté est de fait incompatible avec une société esclavagiste ! Cependant, l’esclavage aux États Unis d’Amérique ne fut aboli que plus d’un siècle plus tard en 1865 suite à la guerre de sécession qui opposa les États du Nord aux États du Sud.

4) Les criminels

Dès le début on peut mesurer le décalage entre d’un côté les idées des philosophes des Lumières et l’application qui en est faite par le pouvoir : Quand Jefferson enlève le droit à la propriété (pour tous !) des droits naturels il dénature et trahit complètement la pensée de Locke.

Pour revenir au cas qui nous intéresse, comment s’expliquer que nos responsables politiques qui se réclament de la pensée libérale aient empêché les paysans d’échanger librement leurs produits en subventionnant massivement les agri-managers (50% des aides européennes vont à seulement 5% des agriculteurs) ? On est donc a des années lumières de la "main invisible" chère à Adam Smith qui régulerait l’économie. Cela s’appelle du dumping et c’est en totale contradiction avec le droit fondamental et naturel qu’est la liberté d’échanger !

Comment s’expliquer qu’à cause du système qui leur est imposé, les agriculteurs s’endettent et n’ont plus d’autres choix que de vendre leur ferme et leur bien pour pouvoir faire face aux créanciers ? Là encore, c’est en totale contradiction avec les droits fondamentaux (droit à la propriété)

Que dire du droit à la vie et à fonder une famille quand des dizaines de milliers de victimes vivent dans la souffrance liée à la précarité qu’ils rencontrent au quotidien : Personnes cassées psychologiquement, dépressions, alcoolismes avec d’autres addictions, suicides, conflits conjugaux, violences familiales...

Que dire du droit à fonder une famille quand beaucoup d’agriculteurs par angoisse de l’avenir reste célibataire ?

5) conclusion

On le voit bien, c’est l’ensemble des droits fondamentaux qui ont été bafoués impunément par nos dirigeants. Ils ne peuvent invoquer une quelconque philosophie pour couvrir les crimes qu’ils ont commis. La fin des paysans a bel et bien été planifiée** par l’Etat français ! C’est cela que nous souhaitons montrer lors du procès.

Association pour la reconnaissance de la souffrance des familles paysannes

NOTES : * (traité du gouvernement civil, chap 14) J. Locke.

** Il y a eu 11 plans quinquennaux en France depuis 1945. Dont les fameuses lois d’orientation de 1960-62 qui programmèrent la fin des paysans.


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