Lutter contre l’idéologie dominante ( compte rendu de l’Ecole de formation PRS)

mardi 15 août 2006.
 

Compte-rendu de la séance 1 de l’Ecole de formation PRS sur l’idéologie dominante. En quoi consiste l’idéologie dominante ? Comment s’obtient le consentement à l’autorité ? Quels en sont les ressorts dans le capitalisme de notre époque ?

Où l’on apprend que toute domination est aussi culturelle et idéologique

Dans une société de classes, ceux qui produisent l’idéologie dominante ne sont pas en dehors de la société, au-dessus des rapports sociaux. Au 19ème siècle, les producteurs d’idéologie sont liés à la bourgeoisie dominante : ils en sont issus, en partagent le mode de vie, dépendent d’elle économiquement. Aujourd’hui, les instruments de production idéologique comme les médias sont la propriété de grands groupes capitalistes. La domination matérielle et économique se double donc d’une domination idéologique et culturelle.

Où l’on apprend que toute domination est d’abord culturelle et idéologique.

Mais on peut aller au-delà de ce qu’avait vu Marx en son temps. De nombreux exemples (l’implantation du capitalisme dans les colonies, cas de régimes qui s’effondrent brutalement...) montrent qu’aucun ordre social ne peut tenir par la simple détention de la force, de l’appareil d’État ou des moyens de production. Il lui faut impérativement obtenir le consentement à l’autorité de ceux qu’il soumet. On peut donc dire que toute domination est idéologique et culturelle avant même d’être matérielle.

Où l’on apprend que la clé de la domination est l’acceptation de cette domination par les dominés.

La domination dessine les contours d’un ordre social. Mais il ne peut subsister que s’il est conforté (légitimé) par l’acceptation de l’autorité qu’il implique. Ce qui signifie que si cet ordre est refusé, il bascule et s’écroule. Pour qu’il y ait domination, il faut donc faire accepter aux gens le système qui les domine. Il faut produire une adhésion de la majorité de la population. C’est le rôle de l’idéologie dominante.

Où l’on apprend que l’idéologie dominante fonctionne si elle est cachée.

Comment les gens incorporent-ils les valeurs et les normes de la société dans laquelle ils sont ? Le système actuel donne l’illusion du choix et de l’autonomie en faisant passer pour des choix intimes la soumission à des normes sociales. Les plus aliénés sont ceux qui se croient les moins déterminés et par là les plus libres.

Où l’on commence à décrypter l’idéologie dominante de notre époque.

Lutter contre l’idéologie dominante, c’est d’abord décrypter les mécanismes par lesquels la domination s’exerce. Ces mécanismes sont des modes de communication dont l’impact est massif, tels que les publications de masse (presse people notamment), la pub, l’industrie télévisuelle (sit com et télé-réalité par exemple), le « sponsoring éducatif », les marques, les valeurs d’entreprise... Ces exemples seront repris dans la séquence 2 sur « la culture de masse illustrée ».

La lutte contre l’idéologie dominante, c’est donc déconstruire les techniques médiatiques.

Où l’on apprend que la lutte contre l’idéologie dominante implique la construction d’une alternative.

Les questions suscitées par le passionnant exposé d’une heure de François Delapierre ont conduit à trouver « la morale de cette histoire » : lutter contre l’idéologie dominante n’est pas uniquement une déconstruction ; c’est aussi une construction qu’il s’agit de réaliser. Ce n’est pas parce qu’une contestation existe qu’une alternative se construit. Le fait de savoir qu’il existe une idéologie dominante ne suffit pas. Construire une alternative commence avec la lutte contre l’idéologie dominante, mais elle s’accomplit par la substitution de cette idéologie par une autre. Le tout est d’en élaborer une autre.

C’est bien le but que PRS s’est assigné. Il apparaît donc que la première séance de formation a mis à l’ordre du jour de PRS la tâche d’élaborer une alternative à l’idéologie dominante, mais que cette alternative ne sera constructible qu’à l’issue d’un processus de décryptage que la formation se propose aussi de mettre à la disposition de tous nos adhérents. Ce processus nécessite d’acquérir une autonomie de pensée qui permette de se rendre compte de la réalité sociale actuelle et en particulier des modalités de la domination.


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