Le mythe de la démocratie américaine (1) : on t’enlève ta maison, tu perds ton vote

samedi 18 octobre 2008.
 

Le dernier cri en matière de fraude électorale vient d’être conçu par l’imaginatif président du Parti républicain du comté de Macomb, au Michigan : James Carabelli fera réviser méthodiquement les listes de maisons saisies par les banques et les sociétés de crédit hypothécaire pour ainsi retirer immédiatement des listes électorales celles qui ont appartenu à des électeurs démocrates.

Le truc (le dernier d’une longue liste de pirouettes supposément démocratiques) a été confirmé au Michigan Messenger par Carabelli lui-même : « Nous allons obtenir les listes des maisons saisies et nous allons nous assurer qu’aucune personne inscrite à une de ces adresses ne puisse voter. »

Les lois de l’état autorisent les partis à disposer de représentants officiels chargés de dénoncer toute inscription prétendument suspecte sur les listes d’électeurs et d’éliminer ceux-ci sous le prétexte cynique qu’ils ont cessé de résider dans la circonscription, ne serait-ce que depuis quelques jours, après avoir été expulsés de leur résidence contre leur volonté par des créanciers.

Le Michigan est un des états surnommés "swing states", les seuls dont le vote n’est pas totalement prévisible et dont le poids en termes de Grands électeurs puisse affecter le résultat final. Et Macomb est également un comté "swing" de cet état.

Au milieu de la crise immobilière vécue par les étasuniens, alors que des millions de personnes sont expulsées de leurs maisons ou menacées de se retrouver à la rue, la stratégie des politiciens du Michigan est particulièrement cruelle. Comme s’il n’était pas suffisant de tout perdre avec la crise économique, des travailleurs confrontés au chômage et écrasés sous le poids de leurs dettes se voient piétinés par un système qui ne fait de cadeaux à personne.

Le cas de Macomb n’est pas unique. La technique développée par Carabelli s’étend férocement à d’autres régions, au cours de ces dernières semaines d’affrontement entre démocrates et républicains, virtuellement au coude à coude dans les sondages.

En Ohio, Doug Preisse, un membre du conseil électoral du comté de Franklin, a confessé au Columbus Dispatch que son organisme étudie la possibilité d’appliquer dans son territoire la technique Carabelli.

Le Michigan Messenger signale que l’élimination systématique des électeurs inscrits à des adresses où ils ont cessé de résider en raison de leur dette hypothécaire pourrait perturber sérieusement plusieurs bureaux de votation, comme celui de Wayne (Détroit) où 1 834 propriétaires de maisons ont perdu leurs biens au cours du seul mois de juillet ! Dans l’état du Michigan, au cours de la même période, plus de 62 000 familles ont dû abandonner leur lieu de résidence.

Dans un état "swing", le nombre d’électeurs représentés par autant de faillites hypothécaires représente la différence entre la victoire ou la défaite pour les stratèges des deux partis qui se disputent la Maison blanche.

Pendant ce temps, la technique du "vote caging" qui permet d’éliminer un électeur des registres pour la seule raison qu’il n’a pas reçu un avis envoyé par la poste continue à semer la controverse. (*)

La Secrétaire d’état de l’Ohio, Jennifer Brunner, a du avouer que cette stratégie a eu un effet hors de proportion dans les secteurs défavorisés ou de minorités ethniques.

Les irrégularités électorales dans le pays que Hollywood a converti en modèle de démocratie. Selon les plaintes exprimés au moment du scrutin de 2004, on a alors vu se multiplier les cas de suppression délibérée du vote dans les zones disputées, d’annulation arbitraire de votes exprimés, de comptage manipulé des résultats, de vote frauduleux par courrier et même de vol de bulletins de vote.

Tout indique que les élections de 2008 n’auront rien à envier, en termes de fraude, aux scrutins antérieurs.

Jean-Guy Allard


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