Le dernier sommet européen tout comme la conférence des Nations-Unies sur le climat se sont soldés par un échec dramatique pour l’avenir de la planète.
Les enjeux et le contexte
L’enjeu mondial du dérèglement climatique
Sans rentrer dans le détail sur les conséquences dramatiques du réchauffement climatique, rappelons que celles-ci sont multiples : catastrophes naturelles, pollutions, migrations forcées, épidémies, perte de biodiversité… Le changement climatique menace les conditions de base de la vie pour de nombreuses populations : accès à l’eau, production agricole, santé... Les pays les plus pauvres sont les premiers touchés, alors qu’ils n’ont que très peu contribué au problème.
L’emballement du dérèglement climatique, selon les experts climatiques du GIEC (Groupe International d’Etude sur le Climat – rapport 2007), risque d’entraîner une diminution de la capacité de la mer et de la terre à produire de la biomasse pour l’alimentation, l’énergie, les matériaux, et à jouer leur rôle de puits de carbone et de réceptacle de la biodiversité. Au-delà de 2°C de réchauffement global, ce qui est prévu si on prolonge les tendances de ces dernières années en matière de gaz à effet de serre, on arriverait dès 2050 au-delà de la capacité de la planète à se régénérer et à assurer les conditions de vie sur Terre. Il y a donc urgence à agir.
2 événements ont eu lieu ces dernières semaines pour tenter de répondre à cet enjeu :
• Un Sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernements européens
Ce sommet vient d’avoir lieu à Bruxelles les 11 et 12 décembre sur ce que l’on appelle le « paquet énergie-climat » Il s’agissait de prendre des décisions concrètes pour mettre en œuvre des engagements pris par les 27 chefs d’Etat européens en mars 2007.
• Une conférence des Nations Unies sur les changements climatiques
Il s’agit de la 4e rencontre des parties au Protocole de Kyoto, entré en vigueur en février 2005. La conférence s’est tenue à Poznan (Pologne) du 1er au 12 décembre 2008.
Le sommet européen devait montrer l’exemple et déterminer pour partie la réussite de la conférence des Nations Unies.
L’échec total du sommet européen – un échec de N. Sarkozy
L’enjeu principal de ce sommet était de décliner concrètement les objectifs pris lors d’un précédent sommet en mars 2007 et notamment réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici à 2020 par rapport à ce qu’ils étaient en 1990.
Or, l’accord trouvé le 12 décembre par N Sarkozy correspond au pire scénario :
* 2/3 des réductions de GES pourront se faire hors du territoire européen, par des compensations carbone
* Le principe « pollueur payeur » ne s’appliquera quasiment pas puisque, sous couvert de sauvegarde de la compétitivité, les quotas de « droits à polluer » seront gratuits pour les industries de nombreux pays
* Aucun système de sanctions efficace ne sera mis en place pour inciter les pays à tenir leurs engagements
* De fait, l’accord, par la faiblesse des fonds de solidarité mis en place, acte un refus de soutenir financièrement les efforts des Pays en Développement pour limiter leurs émissions de GES
Greenpeace, Réseau Action Climat, WWF, Les Amis de la Terre déclarent : « c’est une journée noire pour l’Europe. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont tourné le dos à leur responsabilité de protéger le climat. Angela Merkel, Silvio Berlusconi, Donald Tusk devraient avoir honte. La Présidence française de l’Union européenne quant à elle a laissé l’Europe s’engluer dans les intérêts de court terme des Etats membres et des industries les plus polluantes, aux dépens de la volonté des citoyens européens et du sort de millions de personnes à travers le monde. »
L’échec total de la conférence des Nations Unies due en partie à l’échec du sommet européen
Pour les Pays en Développement, la réduction des émissions et l’adaptation représente un coût évalué à plusieurs dizaines de milliards de dollars par an.
Ces pays sont ceux qui actuellement pâtissent le plus du dérèglement climatique sans en être les responsables. L’enjeu essentiel de la conférence des Nations Unies était donc lié au financement… dont l’Union Européenne a expliqué qu’elle déciderait en mars 2009 la proportion des fonds issus du « paquet » qui seront affectés aux pays du Sud.
Il est temps de prendre la mesure de l’enjeu
Le Parlement Européen est théoriquement en capacité d’amender l’accord des chefs d’Etat. Néanmoins, l’orientation politique actuelle du Parlement et son acceptation du système capitaliste ne lui permettront probablement pas de réagir à la hauteur de l’enjeu.
Nous reprenons à notre compte certaines propositions des associations du Réseau Action Climat et du scénario Negawatt pour les mettre en débat et notamment :
* Réduire les émissions domestiques de GES de l’UE d’au moins 30% d’ici 2020
* Mettre en place de véritables mécanismes de solidarité en soutenant financièrement l’adaptation et la réduction des émissions des pays en développement
* Transférer massivement les investissements en recherche et développement vers le secteur des énergies renouvelables
* Mettre en place une politique d’économie d’énergie au niveau Européen, avec comme objectif d’économiser 20% de l’énergie consommée en Europe d’ici 2020
* Mettre en place une réglementation contraignante afin de développer une plus grande efficacité énergétique ( bâtiments, installations, appareils électriques…)
* Assurer, sur l’enjeu climat, la cohérence des politiques européennes au-delà des intérêts nationaux
* Intégrer le coût réel du transport de marchandises et mettre en place une fiscalité environnementale de type taxe carbone
* Réorienter les aides de la PAC vers une agriculture locale, paysanne et vivrière, peu émettrice de GES et respectueuse de l’environnement
* Assurer l’implication des citoyen-nes dans les choix énergétiques par un grand débat démocratique
* Assurer une gestion publique de l’énergie, préservée des intérêts marchands à court terme, par la création d’un pôle public de l’énergie
* Relocaliser l’économie et favoriser les circuits courts
* Mettre en place une planification écologique seule capable de gérer la période de transition sur le long terme.
Ces mesures doivent s’articuler autour d’un alterdéveloppement, ancré dans la remise en cause de la logique productiviste et construit sur une réflexion en profondeur sur nos modes de production et de consommation.
Nous devons affirmer notre identité écologiste, appeler au dépassement du système capitaliste, afin de de peser concrètement sur le cours de l’histoire de l’humanité. Il y a urgence.
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