L’Australie, première nation victime du changement climatique ?

mercredi 4 février 2009.
 

La vague de chaleur sans précédent qui frappe le sud de l’Australie manifeste-t-elle les prémices d’une évolution climatique rendant à terme la situation intenable sur ce continent qui est déjà l’une des régions les plus sèches du monde ? Une étude scientifique qualifie l’écosystème australien de « potentiellement le plus fragile » face à cette menace.

Par Geoffrey Lean et Kathy Marks, The Independent, 1er février 2009

Des feuilles qui tombent des arbres en plein été, des voies ferrées tordues par la chaleur, des habitants se réfugiant dans leur lit avec des thermos remplies d’eau glacée, voilà le spectacle qu’offrait l’Australie durant ces derniers jours où elle subit la pire canicule que le pays ait connue.

Ce vendredi, le thermomètre a dépassé 43°C a Melbourne pour le troisième jour consécutif, ce qui représente un record absolu, alors que dans le même temps la Tasmanie au climat normalement doux subissait la deuxième journée la plus chaude enregistrée avec une température atteignant 42.2°C. Deux jours avant, elle était montée jusqu’à 45.6°C en Adelaide. Après un répit ce week-end, on s’attend à ce que de nouveaux records soient battus cette semaine.

Les responsables attribuent cette vague de chaleur - qui fait suite à une sécheresse record - au réchauffement de la planète. Les experts craignent que l’Australie, qui émet plus de dioxyde de carbone par habitant que n’importe quelle autre nation sur terre, puisse aussi être la première nation à imploser sous l’impact du changement climatique.

La semaine dernière, il a semblé par moments que ce soit déjà le cas. Vendredi, le chaos régnait à Melbourne après l’explosion d’un transformateur électrique qui a provoqué l’arrêt de l’ensemble du réseau de transport de la ville, bloqué les ascenseurs et mis hors service les feux de signalisation. Un demi-million de foyers et entreprises ont été privées d’électricité, et les patients étaient refoulés par les hôpitaux.

Plus de 20 personnes sont mortes de la chaleur, principalement dans la province d’Adelaide. Les arbres dans les parcs de Melbourne perdent leurs feuilles, et les résidents d’une maisons de soins en ont été réduits à placer leurs vêtements au congélateur pour trouver un peu de fraicheur.

« Tout ceci est cohérent avec le changement climatique, et avec ce que les scientifiques nous ont prédit qu’il arriverait », a déclaré Penny Wong, le ministre du changement climatique.

L’Australie, qui est le continent habité au climat le plus sec sur terre, est considérée comme très vulnérable. Une étude menée par la Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation a qualifié son écosystème comme étant « potentiellement le plus fragile » sur terre face à cette menace.

De nombreux facteurs rendent la situation en Australie particulièrement précaire. Son climat est déjà chaud, sec et variable. Son agriculture, vulnérable aux aléas climatiques, joue un rôle particulièrement important dans l’économie. Et la plupart des habitants et des industries sont concentrées sur la côte, ce qui le rend le pays vulnérable à l’élévation du niveau des mers et aux violentes tempêtes qui accompagneront un monde devenu plus chaud.

La majeure partie de la région sud du pays est frappée par une sécheresse sans précédent depuis 12 ans. Les Alpes australiennes ont connu leurs trois années les plus sèches jamais observées, et l’eau du grand bassin hydrographique Murray-Darling ne parvient plus à atteindre la mer pendant 40% du temps. Les récoltes ont fortement chuté.

Et la situation va empirer avec le réchauffement de la planète. Une élévation même modeste de la température, désormais considérée comme inévitable, devrait accroître la sécheresse de 70% en Nouvelle-Galles du Sud, et réduire l’approvisionnement en eau de Melbourne de plus d’un tiers, et diminuer le débit du bassin Murray-Darling de 25% supplémentaires.

Le professeur David Karoly, de l’Université de Melbourne, a avertit la semaine dernière que « cette chaleur est inhabituelle, mais elle deviendra bien plus la normale dans 10 ou 20 ans. »


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