Romance de la lune. À Conchita (Garcia Lorca)

dimanche 8 février 2009.
 

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La lune vint à la forge

avec ses volants de nards.

L’enfant, les yeux grands ouverts,

la regarde la regarde.

Dans la brise qui s’émeut

la lune bouge les bras,

dévoilant, lascive et pure,

ses seins blancs de dur métal.

Va-t-en lune, lune, lune.

Si les gitans arrivaient,

ils feraient avec ton cœur

bagues blanches et colliers.

.

Enfant, laisse-moi danser.

Quand viendront les cavaliers,

ils te verront sur l’enclume

étendu, les yeux fermés.

Va-t-en lune, lune, lune,

Je les entends chevaucher.

Enfant, laisse-moi, tu froisses

ma blancheur amidonnée.

Battant le tambour des plaines

approchait le cavalier.

Dans la forge silencieuse

gît l’enfant, les yeux fermés.

.

Par l’olivette venaient,

bronze et rêve, les gitans,

chevauchant la tête haute

et le regard somnolent.

.

Comme chante sur son arbre,

comme chante la chouette !

Dans le ciel marche la lune

tenant l’enfant par la main.

.

Autour de l’enclume pleurent

les gitans désespérés.

La brise qui veille, veille,

la brise fait la veillée.

Federico Garcia Lorca

(Romancero Gitano, 1928 - traduction d’André Belamich)


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