Les sondages pris la main dans le sac (4)

jeudi 5 octobre 2006.
 

Fausse addition et grosse manipulation

Voila l’information fracassante que l’AFP, ensuite reprise par de nombreux journaux et radios, a cru trouver dans un sondage IFOP paru fin janvier dans Elle : « 59% des Français pourraient voter pour Ségolène Royal à l’élection présidentielle ». Problème : ce chiffre de 59 % n’apparaît absolument pas dans les résultats du sondage, qui se contente de dire que 16 % des personnes interrogées « voteraient certainement pour elle » et que 43 % d’entre elles « voteraient peut-être pour elle ». Or en probabilité, l’addition d’un « certainement » et d’un « peut-être » n’a rigoureusement aucun sens. Il est même certain que si le choix « pourrait voter pour Ségolène Royal » avait été proposé aux mêmes enquêtés, le résultat n’aurait pas été de 59 %. L’AFP et les médias qui ont repris son annonce choc ont ainsi carrément inventé un résultat en prétendant simplement relayer les résultats d’un sondage.

Comment expliquer aux gens qu’on ne peut pas faire autrement

Voici une question posée dans un sondage IPSOS pour France 2 et le Figaro, dont les résultats ont été annoncés lors de l’émission spéciale lors de laquelle François FILLON a annoncé le plan gouvernemental pour les retraites : « Parmi les mesures suivantes destinées à remédier au problème du financement des retraites, laquelle vous semble la moins acceptable : L’allongement de la durée de cotisations nécessaires ? La diminution du montant des retraites ? Une augmentation des cotisations ? » L’exemple typique du sondage qui arrive à faire dire aux gens des choses qu’ils ne penseraient pas s’ils n’étaient pas interrogés de cette manière.

La même question aurait en effet pu être posée ainsi, avec des résultats au sens très différent :

« Parmi les mesures suivantes destinées à améliorer le financement des retraites, laquelle vous semble la moins acceptable : la fin des exonérations et réductions de charges patronales ? La taxation des revenus financiers des entreprises à hauteur des prélèvements vieillesse acquittés par les salariés ? Le basculement sur la valeur ajoutée de l’assiette de calcul des cotisations sociale ?

Conclusions hâtives et catégoriques

Non seulement les chiffres avancés par les sondages sont artificiels, mais en plus leur analyse est parfois truquée. Comme sur cette une publiée par Le Parisien en novembre 2005, en pleine violences urbaines qui titre : « 73% des Français favorables au couvre-feu - 83% pour l’apprentissage à 14 ans - 86% scandalisés par les violences ou mécontents » - et conclut : « Massivement, les Français disent oui à la fermeté ».

Mais ce n’est pas au « couvre-feu » que 73% des sondés avaient en fait acquiescé, mais à « l’autorisation donnée aux préfets de recourir au couvre-feu ». Quant à l’apprentissage à 14 ans, la question évoquait « la possibilité d’offrir l’accès à l’apprentissage dès 14 ans pour les jeunes en difficultés » ce qui est très différent de la conclusion favorable au gouvernement qui en est tirée.


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