Mohammad Mossadegh, mort en prison le 5 mars 1967, reste l’homme politique préféré des Iraniens

mercredi 6 mars 2024.
 

Mort en 1967, après avoir passé quatorze années privé de liberté, Mohammad Mossadegh reste, selon une enquête récente, la personnalité favorite des Iraniens, aussi bien dans le pays que dans la diaspora.

Il était né en 1882 à Téhéran dans une famille de hauts fonctionnaires de l’aristocratie Qadjar. Pendant la révolution constitutionnelle de 1906, influencé par des courants maçonniques, il fréquente le cercle réformateur Enasnyatte (« Humanité »). Alors qu’il a été désigné comme représentant de la ville d’Ispahan au premier Majlis (Parlement), il voit pourtant son mandat invalidé : il n’a pas l’âge requis.

Entre 1909 et 1913, il poursuit des études de science politique à Paris et obtient un doctorat en droit à Neuchâtel. De retour en Iran, il enseigne à l’Ecole des sciences politiques et publie des ouvrages sur le droit. Entré dans l’administration, Mossadegh occupe divers postes en province et dans des ministères. Il s’oppose aux accords de 1919 qui, pour lui, signifient la mise sous tutelle de son pays par le Royaume-Uni.Il s’élève également contre le coup d’Etat de 1921, qui amène Reza Khan au pouvoir.

Elu député de Téhéran au Majlis en 1925, il combat le nouveau pouvoir et refuse l’installation de Reza Khan (sous le nom de Reza Chah) sur le trône. Peu de temps après la destitution de celui-ci par les Soviétiques et les Britanniques, en 1941, il est réélu député de la capitale. C’est au cours de cette législature qu’il élabore sa politique d’« équilibre négatif », s’opposant à la fois à la mainmise britannique sur les installations pétrolières au sud et à l’octroi d’une concession pétrolière à l’Union soviétique au nord.

Durant les élections de 1947, il dénonce les fraudes et jette les bases du Front national, qui deviendra l’axe du mouvement en faveur de la nationalisation du pétrole. Le 15 mars 1951, il fait approuver la loi sur la nationalisation du pétrole et obtient l’investiture du Parlement pour faire appliquer cette loi et pour réformer le système électoral.

La vie politique intense, et les luttes en faveur de la liberté et de l’indépendance sont très nombreuses durant les vingt-sept mois de son gouvernement. Mais son exemple est jugé trop menaçant par les grandes compagnies pétrolières, notamment l’Anglo- Iranian Oil Company.

De plus, les Britanniques sont convaincus qu’il représente une menace pour leur domination sur le Proche-Orient. Londres recourt à tous les moyens pour faire tomber le gouvernement le plus démocratique qu’ait connu le pays : menaces militaires, blocus économique, utilisation des dissensions internes et des troubles tribaux, manipulation du chah, des groupes parlementaires du Majlis, de la hiérarchie religieuse, et même du parti prosoviétique Toudeh.

Mossadegh résiste par des moyens légaux et pacifiques au niveau national et international. Et c’est un coup d’Etat conçu par les services britanniques et exécuté par la CIA qui met fin à son pouvoir en 1953.

Cette tragédie hantera l’Iran et contribuera à enfanter la révolution de 1978-1979.

Ahmad Salamatian.

Ancien député iranien.


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