De violents heurts ont éclaté lundi 29 juin dans la capitale du Honduras à Tegucigalpa, faisant plusieurs blessés au lendemain du coup d’Etat militaire contre le président Manuel Zelaya qui, en exil, a obtenu un soutien très ferme des Etats-Unis et de toute l’Amérique latine.
Ces violents affrontements interviennent alors que Roberto Micheletti, désigné par intérim à la tête du pays d’habitants jusqu’à la prise de fonction du prochain chef d’Etat en janvier 2011, a décrété un couvre-feu de 48 heures.
Jets de pierres et barre de fer
Les partisans du chef d’Etat déchu, expulsé manu militari du pays dimanche et des soldats qui gardaient l’accès au palais présidentiel à Tegucigalpa se sont violemment affrontés.
Les soldats ont tenté de déloger des barricades édifiées devant le bâtiment, en tirant des tirs lacrymogènes sur des centaines de manifestants qui ont riposté par des jets de pierre.
Des dizaines de jeunes au visage masqué, armés de barre de fer et de bâton, s’étaient réunis dès l’aube pour exiger le retour au pouvoir de leur président. Plusieurs commerces ont aussi été saccagés.
Toutes les télévisions et radios publiques, favorables au gouvernement déchu tout comme la chaîne américaine CNN, depuis qu’elle a mis en doute la version officielle sur le retrait volontaire du président élu, sont désormais passées sous silence.
Détour par New York puis Washington
Par ailleurs Manuel Zelaya a déclaré depuis Managua qu’il reviendrait dans son pays jeudi après une escale à New York ce mardi pour défendre sa cause devant l’Assemblée générale des Nations unies. Manuel Zelaya a affirmé qu’il se rendra "à Tegucigalpa (…) comme président élu".
Il effectuera "(son) mandat de quatre années", a-t-il ajouté lundi devant les responsables du Groupe de Rio réunis dans la capitale nicaraguayenne.
Il a également accepté l’offre du président de l’Organisation des états américains (OEA), José Miguel Insulza, de l’accompagner.
Mercredi, veille de son retour au Honduras, il a annoncé qu’il ira à Washington.
Obama dénonce un "précédent grave"
Depuis dimanche le concert de protestations de la communauté internationale contre le putsch des militaires honduriens n’avait pas tari.
A l’instar de ses homologues, Barack Obama, président des Etats-Unis a affirmé que l’éviction de Manuel Zelaya n’était "pas légale", dénonçant "un précédent grave". "Le président Zelaya a été démocratiquement élu. Il n’a pas fini son mandat", a-t-il lancé.
Les Etats-Unis possèdent toujours des installations militaires dans ce pays, utilisé comme base anti-guérilla en Amérique centrale dans les années 80.
Union de la gauche radicale latino-américaine
Les dirigeants de la gauche radicale latino-américaine ont eux aussi apporté un soutien encore plus marqué à Manuel Zelaya, venu leur rendre visite dans ce pays voisin du Honduras lors d’un sommet spécial au Nicaragua.
"Face au gouvernement dictatorial qui prétend s’imposer, les pays de l’Alba ont décidé de retirer leurs ambassadeurs et de réduire à sa plus simple expression leur représentation diplomatique à Tegucigalpa", précise l’Alliance bolivarienne pour les Amériques dans une motion. Les dirigeants d’Amérique centrale ont appelé à isoler le nouveau régime issu du putsch. Réunis pour un sommet du Système d’intégration centre-américain (Sica), également au Nicaragua, ils ont demandé aux organismes financiers internationaux de "suspendre immédiatement tous les prêts" au Honduras.
Manuel Zelaya, un dirigeant de gauche est au pouvoir depuis 2006. Il a été destitué pour avoir tenté d’organiser une consultation populaire ouvrant la voie à une possible réélection, un scrutin jugé illégal par la Cour suprême. Dimanche des militaires l’ont emmené au Costa Rica.
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