Billet d’humeur : De Burzek président du Parlement européen à Obama au Vatican : ça sent le roussi !

vendredi 24 juillet 2009.
 

Ça faisait un petit moment que je n’avais pas piqué de saine colère, de celles qui te rincent bien le mental, de celles qui font passer les orages de juillet pour des anecdotes sans intérêt. Il y avait bien eu les résultats des élections, ici dans nos régions hors normes, et leur cortège de déception, mais en gros, on se remet de tout, même si…

Alors là, depuis deux ou trois jours, avec cette rentrée du parlement européen, justement, je sens la rogne qui monte, qui monte, il manquait juste un petit rien pour faire déborder la coupe. Eh bien voilà, dîtes donc ! Ça y est ! C’était hier, en tout début d’après-midi, dans le tram qui mène au centre ville, à Strasbourg. Celui-là, de tram, il s’arrête devant le parlement. Et là, comme dans un mauvais rêve, me sont apparus les représentants les plus réacs qui soient, les militants « pro-vie », c’est comme ça qu’ils se nomment entre eux. Ça n’est pas pour me vanter, mais j’ai l’âge (ben oui, que voulez-vous…) d’avoir lutté contre ces gens-là, il y a déjà quelques lustres, figurez-vous. Alors, de les voir revenus, là, avec leur attirail de compète : soutanes, robes de bure, croix blanches, images sanguinolentes, chapelets et le toutim, ça m’a fait comme un choc. D’abord, tu n’y crois pas. Et puis, il faut bien te rendre à l’évidence, ils sont de retour… Et en force, évidemment.

Et là soudain, l’évidence m’a allumé une loupiote dans la boite à comprendre : tout est lié, ça et aussi le reste. L’élection de Jerzy Buzek à la présidence du Parlement. Ce type-là rassemble en un seul bonhomme tout ce que nous avons combattu depuis tant et tant d’années mes camarades : la détestation des homosexuels, la négation des droits des femmes, l’allégeance à la religion triomphante, la pensée rétrograde, et je vous passe les diatribes sur le communisme et ses « atrocités » en Europe de l’Est. Un homme de progrès, quoi ! Et qui s’en vante. Alors, de savoir qu’il a été élu avec des voix socialistes… Enfin, quand je dis socialistes, je me comprends, des voix de ceux qui auraient dû siéger au PSE. De là à se prétendre de gauche, il y a un pas que je ne franchirai pas, faut pas pousser non plus !

Comme on disait plus haut, tout est dans tout, mes pauvres amis, et ce qui suit également. Parce que, si on a suivi un minimum cette histoire depuis ses débuts, on sait que c’est au-delà de l’Atlantique qu’ils sont les plus forts, ces oiseaux-là. Avec Bush, ils se sentaient même carrément protégés. Alors, avec l’arrivée du chevalier Obama himself, on s’était pris à rêver, à se croire à l’abri des ligues de vertu et des fous de Dieu. Mauvaise pioche ! Le voilà parti en visite de courtoisie à Rome, ce grand garçon si sympathique. Que croyez-vous qu’il arriva ? Qu’il se montra déterminé à défendre les idées pour lesquelles il se trouve là où il est à présent ? Que non point ! Lui aussi y est allé de son couplet d’allégeance. Le père Lombardi, qui est au Vatican ce que Frédéric Lefebvre est à l’UMP, voyez le genre, tout en retenue et en délicatesse, le père Lombardi (lequel, si j’ai tout bien retenu des habitudes de ces personnes, n’a de père que le nom, ou bien… !) donc, a bien précisé que M. Obama avait exprimé « très explicitement son engagement à faire tout son possible pour réduire le nombre des avortements aux Etats-Unis ». Et pour faire bonne mesure, il a ajouté que le pape, Ben le seizième, avait été « extrêmement satisfait de cette entrevue ». Tu parles ! M. Obama, pour finir, a déclaré au pape, Ben le seizième, qu’il espérait « construire une relation forte entre leurs deux Etats ».

Et voilà comment on fiche en l’air les espérances qui s’étaient levées à la fin de l’année 2008. On s’était bien dit que c’était un peu trop beau pour être vrai, et que cette cérémonie d’investiture, avec Bible et Cie, ça sentait déjà le roussi. On n’aura pas attendu bien longtemps. Va falloir retourner au combat, mes petites camarades, comme aux plus beaux jours de notre jeunesse envolée. On n’aura qu’à se dire que la lutte, ça conserve. Ça nous consolera peut-être.

brigitte blang


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