17 juillet 1942 : La rafle du Vel d’Hiv

jeudi 20 juillet 2023.
 

Il y a soixante et onze ans, en plein été de ces années de guerre, la France s’est rendue coupable de la pire abjection qui soit : la rafle du Vel’ d’Hiv. Retour sur ce qui devra à jamais rester une plaie ouverte à nos cœurs d’humains.

Depuis le mois de mai, on a imposé aux Juifs le port de l’étoile de David, cousue ou brodée sur leurs vêtements. Les 16 et 17 juillet, les bus bleus de la police française (4500 policiers feront partie de l’opération) vont charger 3118 hommes, 5120 femmes et 4115 enfants pour les emmener au Vélodrome d’Hiver, là où, normalement, on va en famille pour s’amuser, pour être heureux ensemble… À partir du 19, les premiers convois se dirigent vers Auschwitz. Des convois d’adultes. On imagine bien le désarroi des gamins séparés de leurs parents. Des petits mômes, pareils aux vôtres, tout pareils, qui pleurent quand leur maman s’éloigne un peu…

Je ne veux pas faire gémir les violons, ce n’est pas le but ici, mais recadrer un minimum ce qui fut, ce qu’on a laissé faire, ce qu’on a aidé à faire, ça peut être utile, non ? Ces petits-là, on va les trimballer de camps en camps, Drancy, Pithiviers, Beaune-la-Rolande, jusqu’à la mort, jusqu’à la nuit, jusqu’au brouillard. Il se trouvera, c’est vrai, des types formidables qui risqueront leur vie pour les cacher, des flics désobéissants qui s’élèveront contre ces lois iniques (lisez à ce sujet une BD très édifiante, « Il faut désobéir », de Didier Daeninckx et Pef édité chez Rue du Monde, qui raconte une histoire similaire, à Nancy), mais y en a-t-il eu assez ? Chaque année, à cette époque, ma pensée s’en va vers ces enfants terrorisés, jetés au petit matin dans un car de police, avec, comble de cynisme, une petite valise pleine de ces babioles qui font toute une vie. Bien sûr, les adultes aussi. Bien sûr…

Autant de douleur, autant de terreur, autant de carnage, mais je ne sais pas pourquoi, retour sur le mémorial évoqué ici ces derniers jours, ce sont les sourires des enfants qui me bouleversent. Ce n’est pas de la sensiblerie, les lâchetés de ceux qui ont obéi me révoltent autant pour leurs parents, mais les sourires de ces petits-là… Allez les voir, s’il vous plait, sur ces murs, au mémorial…

Allez revoir aussi ce film formidable qui raconte ce matin-là « Les Guichets du Louvre », de Michel Mitrani. Un jeune homme de 20 ans découvre comment les forces de l’ordre françaises ont prêté main forte à l’œuvre d’antisémitisme nazi. Il le racontera 25 ans plus tard, dans ce scénario. Le jeune homme, c’était Roger Boussinot. Tout est parfait dans ce film, y compris la reconstitution historique, costumes, bâtiments, véhicules. Un témoignage indispensable, qu’il faudra verser au dossier de ce gouvernement qui avait érigé les différences raciales en principe établi. Voilà, mes camarades, le mois de juillet a parfois l’art de te faire reprendre pied dans la réalité, dans l’ignominie (vous avez un autre mot ?), et c’est très bien comme ça.

Sur le monument édifié à l’emplacement de l’ancien Vél’ d’Hiv, en juillet 1994, François Mitterrand fit écrire :

« La République Française, en hommage aux victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité commis avec la complicité du gouvernement de Vichy, dit "gouvernement de l’État français" »

bb prs 57


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