12 septembre 1980 : Coup d’état militaire en Turquie

vendredi 11 septembre 2020.
 

* 650.000 personnes ont été arrêtées et soumises à la torture.

* 210.000 procès politiques ont été ouverts devant les cours militaires

* 517 personnes ont été condamnées à la peine capitale. 171 personnes ont perdu la vie sous la torture. 299 personnes ont perdu la vie en prison en raison de mauvais traitements ou lors d’une grève de la faim

* 21.764 personnes ont été condamnées à de lourdes peines de prison.

Le 12 septembre 2014 est le 34e anniversaire noir du coup d’Etat militaire de 1980, deuxième phase d’un processus de militarisation dans tous les domaines du pays. Auparavant, le coup d’Etat du 12 mars 1971 avait déjà aboli ou détruit plusieurs droits et institutions démocratiques par l’application d’une répression sans précédent.

Le coup d’Etat de 1980 a complété la militarisation en imposant au pays une constitution raciste et despotique après une répression encore plus sauvage.

La Constitution de 1982 nie les droits fondamentaux du peuple kurde et des minorités arménienne, assyrienne et grecque de Turquie. Les articles 3, 42 et 66 prônent la supériorité et le monopole de la race et de la langue turques. L’article 4 déclare que l’article 3 ne pourra jamais être modifié et que même sa modification ne pourra jamais être proposée.

Depuis 29 ans, malgré les manifestations des forces démocratiques, les pouvoirs politiques ont toujours passé sous silence la demande de traduire devant la justice les auteurs de ce putsch criminel. La constitution imposée par la junte reste toujours en vigueur. Les gouvernements successifs gèrent le pays en se soumettant toujours aux menaces et chantages de la hiérarchie militaire.

Rappelons qu’en plus des coups d’Etat de 1971 et 1980, l’armée turque a effectué depuis douze ans deux autres interventions directes dans la politique, le 28 février 1997 et le 27 avril 2007. Par ailleurs, comme il est constaté à la lecture de l’acte d’accusation du procès d’Ergenekon, les officiers auraient préparé trois plans d’intervention en 2003 et 2004.

Alors que ces derniers sont actuellement jugés simplement pour tentative de coup d’Etat, les militaires qui ont réalisé les coups d’Etat de 1971 et 1980 ainsi que les interventions directes de 1997 et 2007 restent toujours immunisés contre toute poursuite judiciaire.

Les organisations démocratiques réclament que les putschistes de 1980 soient jugés pour les crimes suivants qu’ils ont commis après le coup d’état :

* En deux ans, plus de 650.000 personnes ont été arrêtées et soumises à la torture.

* Des fichiers ont été ouverts sur 1.683.000 personnes.

* 210.000 procès politiques ont été ouverts devant les cours militaires.

* 98.404 personnes ont été jugées en raison de leurs opinions.

* 71.500 personnes ont été jugées sous les articles 141, 142 et 163 de l’ancien code pénal.

* 6.353 personnes ont été jugées sous la menace de la peine capitale.

* 517 personnes ont été condamnées à la peine capitale.

* 50 personnes ont été exécutées à l’issue des procès politiques.

* 21.764 personnes ont été condamnées à de lourdes peines de prison.

* 171 personnes ont perdu la vie sous la torture.

* 299 personnes ont perdu la vie en prison en raison de mauvais traitements ou lors d’une grève de la faim.

* 348.000 personnes se sont vues refuser l’obtention de passeports.

* 30.000 personnes ont cherché asile politique à l’étranger.

* 14.000 personnes ont été déchues de leur citoyenneté.

* Les universités ont été placées sous l’autorité du Conseil Suprême de l’Education (YOK), dépendant du pouvoir politique.

* 15.509 personnes ont été chassées de leurs postes universitaires sous la loi N°1402.

* 3.854 enseignants ont été licenciés.

* Tous les partis politiques ont été dissous.

* Les activités de 23.667 associations ont été arrêtées.

* La presse a été soumise à la censure.

* 4.509 personnes ont été déportées par les commandants de la loi martiale.

* 937 films ont été interdits.

* 2.792 auteurs, traducteurs et journalistes ont été traduits devant les tribunaux.

* Le total des peines de prison prononcées contre journalistes et écrivains s’élevait à 3.315 ans et 3 mois.

* 31 journalistes ont été emprisonnés, des centaines de journalistes attaqués et trois abattus.

* 113.607 livres ont été brûlés.

* 39 tonnes de livres, de revues et de journaux ont été détruites par des usines de papier de l’Etat.

La dernière initiative timide lancée par le gouvernement sous l’appellation « ouverture démocratique » est tout à fait ridicule, car elle ne prévoit rien pour une véritable démocratisation digne des normes européennes par la modification radicale de la Constitution de 1982.

Comme nous l’avons annoncé depuis des décennies, une des premières choses à faire dans le processus de démilitarisation est de soumettre le chef d’état-major à l’autorité du ministre de la défense nationale, de raboter les pouvoirs excessifs du Conseil de Sûreté Nationale (MGK) et du Conseil Militaire Supérieur (YAS).

Les mesures suivantes doivent être prises pour éradiquer tous les vestiges de la dictature fascisante de l’Armée :

* Inculpation des responsables des coups d’état pour crimes contre l’humanité.

* Interdiction de l’ingérence des commandants actuels dans la vie politique, sociale et culturelle du pays.

* Eloignement immédiate de leurs postes des commandants qui poursuivent leurs menaces et provocations.

* Entière modification de la constitution actuelle imposée par les militaires ; suppression des articles 3, 4, 42 et 66 prônant la supériorité et le monopole de la race et de la langue turques.

* Diminution du budget des dépenses militaires utilisé pour opprimer le peuple kurde et menacer les pays avoisinants.

* Modification radicale du système électoral imposant un seuil national de 10% au détriment des partis politiques représentant des opinions différentes, notamment pro kurde ou de gauche.

* Une amnistie générale doit être déclarée pour tous les prisonniers ou inculpés politiques.

* Suppression de tous les articles anti-démocratiques du code pénal turc et de la loi anti-terreur et d’autres lois répressives.

* Arrêt des poursuites judiciaires contre des journalistes, écrivains, artistes, enseignants.

* Reconnaissance sans exception et sans restriction des droits fondamentaux du peuple kurde et des minorités assyrienne, arménienne et grecque.

* Reconnaissance du génocide commis au début du siècle contre les Arméniens et les Assyriens.

* Arrêt de toute ingérence d’Ankara dans la vie politique et sociale des pays accueillant des ressortissants de Turquie.

Ceci est également un rappel aux dirigeants de l’Union européenne et de ses pays membres qui flirtent toujours avec le pouvoir politique en Turquie. Pour des intérêts stratégiques, économiques et commerciaux, ils n’hésitent pas à promouvoir les serviteurs du lobby turc dans les partis politiques et dans les organes législatifs et exécutifs au détriment des valeurs démocratiques acquises grâce aux luttes historiques des peuples européens.

Fondation Info-Türk

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