De la Cité (Antiquité, Moyen Age) à la République

jeudi 10 janvier 2019.
 

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En septembre 2005, l’association PRS (Pour la République Sociale) a édité le quatrième numéro de sa revue sur le thème "Une histoire, un projet La République sociale". Cet été 2006, j’ai été amené à discuter avec un responsable politique de tradition marxiste révolutionnaire du premier article présenté dans cette revue ; écrit et signé par René Revol, il s’intitule "De la République à la République sociale : histoire et dynamique".

Notre discussion a porté sur une question : Peut-il exister "une tradition de l’idée républicaine" par delà les bouleversements économiques, sociaux, politiques et culturels depuis l’Antiquité ?

Je soutiens la démarche de René considérant que "La République est une idée qui vient de loin". Je ne crois évidemment pas qu’une "idée" puisse traverser les siècles sans base matérielle. Quelle est donc la base matérielle de l’idée républicaine ?

A) A propos du support économico-social de l’idée républicaine

A mon avis :

- premièrement la Cité, ville (et campagne environnante) menacée de tous côtés par des sociétés rurales généralement aristocratiques et guerrières. Tant durant l’Antiquité qu’au Moyen Age, la ville représente une société particulière dont ne rend pas toujours compte la seule structure de classe du mode de production dominant.

- deuxièmement la classe des marchands et couches sociales vivant de la circulation monétaire et des échanges qui s’appuient sur la Cité, dans l’Antiquité et surtout au Moyen Age, comme cadre géographique et politique dans lequel leurs intérêts peuvent trouver une possibilité d’épanouissement.

- troisièmement l’aspiration des couches populaires à voir satisfaire leurs désirs de démocratie, de droit protecteur, d’égalité, de liberté, d’éducation, de protection collective... Il est intéressant par exemple de noter l’existence de "partis populaires" au 13ème siècle dans beaucoup de Communes du Moyen Age affrontant d’une part un "parti bourgeois", d’autre part les forces féodales arriérées. Oui, "cette histoire se confond avec l’histoire de l’émancipation politique, autrement dit l’histoire par laquelle des sujets politiquement dominés cherchent à devenir des citoyens libres et égaux".

- quatrièmement, de même que les humains ont sans cesse cherché à percer les secrets de la nature, certains d’entre eux ont choisi pour sujet la meilleure forme de gouvernement, le meilleur moyen de "faire société". De ce point de vue, les écrits d’Aristote, de Platon, des Gracques, de Cicéron, de Machiavel, de Rousseau... enrichissent indiscutablement la réflexion.

Les mots de démocratie et de république, forgés par l’Antiquité méditerranéenne, ont été repris ensuite pour décrire des réalités parfois fort différentes mais qui justifient l’affirmation de René Revol comme quoi l’histoire de la république et de l’idée républicaine... se confond avec l’histoire de l’émancipation politique", en tout cas jusqu’au 19ème siècle.

B) Ma conviction intellectuelle se fonde sur la connaissance précise de l’histoire de mon lieu de naissance et de vie

Entraygues sur Truyère fut un bourg antique (fouilles de la cité de Condat, église du début du 6ème siècle...) dont nous ignorons l’importance. Au 10ème siècle, il est caractérisé de castrum (ville fortifiée). Il est cité comme un archidiaconé dans les premiers textes occitans. A partir du début du 13ème siècle, nous disposons d’éléments pour suivre comment ce petit port fluvial a vécu l’histoire enthousiasmante mais tragique d’une Commune menacée par des sociétés rurales cléricales et féodales.

- mouvements démocratiques et sociaux pour sauvegarder les droits individuels et collectifs "antiques"

- vitalité des institutions communales comme le port, l’éducation (une loi appliquée jusqu’au 17ème siècle interdit toute autre école que celle de la Commune), la santé (hôpital de qualité vivant de ses biens), le moulin, la tour des archives, les bâtiments (ponts, chemins)...

- vitalité de la démocratie directe avec de nombreuses assemblées générales annuelles pour l’élection des consuls, pour l’élection du régent (directeur d’école) par les parents d’élèves.

Les luttes menées aux 13ème, 14ème, 15ème, 16ème, 17ème siècles permettent de valider localement la possibilité d’un humanisme émancipateur par opposition au cléricalo-féodalisme.

En cherchant des données précises, j’avoue avoir été confronté à de nouvelles questions plus qu’à des réponses définitives. Ainsi, partant à la découverte de textes sur la propriété de la terre au début du 13ème siècle lorsque le secteur caractérisé d’hérétique" a été écrasé par la Croisade contre les cathares, je suis tombé sur un document en latin concernant le Nord de la commune actuelle qui était en propriété collective totale (sans droit seigneurial).

Une certitude cependant : les traditions communales, les combats idéologiques anciens (catharisme, communalisme, protestantisme révolutionnaire..) et la réalité économico-sociale d’un lieu de communication et d’échanges expliquent ensemble que la culture des Lumières se soit facilement imposée ici dans la deuxième moitié du 18ème.

Le processus républicain local qui conduit aux félicitations votées par la Convention nationale montagnarde est également logique avec un nombre significatif de volontaires (d’où un gars du lieu élu lieutenant-colonel des volontaires de l’Aveyron), une forte association de Jacobins...

Dans beaucoup de régions française le lien entre les mouvements sociaux et idéologiques d’Ancien régime et le combat républicain du 19ème a été mis en lumière par des historiens. Or, les Révolutions françaises de 1789 à 1871 représentent évidemment un moment majeur d’affirmation de l’idée républicaine.


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