« Bâtir l’aile marchante à gauche » (Interview de Jean-Luc Mélenchon dans L’Humanité)

samedi 24 octobre 2009.
 

Jean-Luc Mélenchon estime que les négociations entre les formations de « l’autre gauche » avancent à grands pas vers un accord en vue du scrutin de Mars 2010.

Comment avez-vous réagi à l’agacement parmi vos partenaires du Front de gauche quand vous avez avancé, sur France 3, votre éventuelle candidature aux régionales en Ile-de-France ?

Jean-Luc Mélenchon. Pour être franc, j’ai été blessé par le ton inutilement agressif employé à mon égard. Je souhaite que plus jamais à l’avenir l’on ne se parle de cette façon. J’ai fait une offre de service pour affronter la droite après que des communistes l’eurent faite eux-mêmes. Cela n’est en rien une autoproclamation, qui n’est pas dans mon caractère.

Le PCF et le Parti de gauche n’ont visiblement pas la même appréciation sur les négociations en cours dans le cadre du scrutin régional, comment expliquez-vous ces différences ?

Jean-Luc Mélenchon. Je souhaite construire avec les communistes une grande force qui soit un acteur de la vie politique et non un simple complément électoral de telle ou telle autre grande formation. Nous avons donc besoin d’élargir notre alliance électorale et c’est évidemment du côté du NPA que se trouve la priorité. Sur deux questions essentielles, celle du deuxième tour et des exécutifs, je constate un mouvement. Toute l’autre gauche, NPA compris, accepte désormais de se regrouper au second tour sur une même liste de gauche pour battre la droite. Les communistes, quant à eux, estiment que la présence dans les exécutifs ne peut être automatique. A l’inverse, le NPA a signé le compte rendu de discussions dans lequel il est écrit en toutes lettres que l’on ne peut pas dire « jamais » : « il n’y a pas de refus de principe, dans toutes les circonstances, de gérer les régions. » C’est acté. Je trouve cette position plus sage. Si nous annonçons de manière inconditionnelle que nous allons dans les exécutifs dans les cas où les socialistes et les Verts sont en tête, ces derniers disposeraient de nous à leur guise. Je considère que nous avons fait un grand pas en avant. Mais il y a un préalable : il nous faut des listes autonomes de l’autre gauche au 1er tour.

La dynamique du Front de gauche peut elle être au rendez-vous des élections régionales ?

Jean-Luc Mélenchon. Pour moi, il y a le Front de gauche et l’alliance avec d’autres formations politiques, comme le NPA. Ce sont deux questions certes liées mais différentes sur le fond. Je dis et je maintiens -notamment compte tenu des progrès réalisés avec la constitution d’un comité de liaison permanent du Front de gauche et de la décision de rédiger des plate-formes partagées -que notre coalition peut et doit être l’aile marchante à gauche de ces élections régionales. Mais je mets en garde tous mes partenaires : si nous passons notre temps à discuter, nous perdrons l’initiative, l’attractivité, la crédibilité dont nous avons besoin.

Entretien réalisé par Mina Kaci


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