Camarades du NPA, choisissez l’espoir et la responsabilité ! (Christian Picquet le 7 novembre, texte paru dans Le Monde)

jeudi 12 novembre 2009.
 

Chers camarades, nous avons longtemps partagé un combat commun. Jusqu’à la fondation du Nouveau Parti anticapitaliste, pour être précis... Avant qu’avec mes camarades de la Gauche unitaire nous décidions d’entrer dans le Front de gauche pour les élections européennes... Le résultat du 7 juin aura montré que la stratégie du "cavalier seul" était une impasse, une organisation ne pouvant, à elle seule, constituer une alternative à gauche. Aujourd’hui, alors que le conseil national du NPA va débattre de la proposition que lui font conjointement le Parti communiste, le Parti de gauche et la Gauche unitaire, celle d’un large rassemblement de la gauche de gauche pour le scrutin régional de mars prochain, c’est à un choix fondamental qu’il se trouve confronté.

C’est peu dire que nous entrons dans une période dangereuse. La crise du capitalisme, loin de s’acheminer vers son issue, met la planète à l’heure de terribles catastrophes sociales et écologiques. Face à l’avidité des possédants, le monde du travail manifeste une intense colère, mais celle-ci ne trouve pas le moindre répondant politique.

C’est que la gauche est menacée de Berezina. Traduction du marasme affectant toutes les social-démocraties, le Parti socialiste se décompose littéralement sous nos yeux, désormais polarisé par la recherche d’une alliance avec cette fraction de la droite qu’incarne François Bayrou et par cette présidentialisation à outrance de ses modes de fonctionnement qu’exprime la décision d’organiser des "primaires". Il est, dans cette voie délétère, suivi par les amis de Daniel Cohn-Bendit.

Le NPA le dit lui-même à juste titre, nous sommes menacés d’un délitement similaire à celui qui laisse, en Italie, un Silvio Berlusconi sans gauche ni opposition face à lui. Ce qui, à coup sûr, dégagerait au président de la République la voie de sa réélection en 2012.

Exigence de rupture

Si tel est bien le danger, le problème ne peut être simplement de faire exister une extrême gauche ou de faire assaut de radicalité pour mieux se distinguer de partenaires potentiels, mais de reconstruire une gauche tout court. Une gauche de gauche, pour tout dire ! Qui porte haut l’exigence de rupture avec les logiques capitalistes et productivistes. Qui ne recule pas devant la perspective d’une redistribution des richesses ou de la réappropriation sociale des secteurs de la société correspondant à des besoins vitaux de la population. Qui s’émancipe à cette fin de ce carcan libéral que représente le traité de Lisbonne. Qui place la démocratie, donc l’objectif d’une nouvelle République sortant des dérives du présidentialisme à outrance, au coeur de son projet.

Cette gauche, dont le Front de gauche a commencé d’esquisser les contours, peut s’affirmer avec plus d’ampleur grâce à la présentation de listes autonomes du PS et d’Europe Ecologie au premier tour des régionales. Il n’est que trois impératifs pour y parvenir.

Un, que ces listes, tournant le dos aux postures de témoignage, revendiquent clairement leur volonté de bouleverser la donne politique, autrement dit leur ambition de conquérir une majorité à gauche et dans le pays sur une perspective de transformation sociale profonde. Deux, qu’elles affichent leur engagement sans ambiguïté à empêcher la droite de reprendre des régions qu’elle a perdues en 2004, ce qui implique de rechercher la fusion des listes de gauche et écologistes au second tour, dans le respect de l’influence de chacune, sans alliance avec le MoDem. Trois, qu’elles ne se dérobent pas à la possibilité de diriger des régions, ou de participer à leurs exécutifs, dès lors que seraient réunies les conditions de la mise en oeuvre des points essentiels de leurs programmes.

Le rassemblement du maximum d’énergie sur cette démarche conquérante serait la meilleure réponse au désarroi de centaines de milliers d’hommes et de femmes, y compris ceux et celles qui se sentent toujours socialistes ou écologistes de coeur mais que désespère la déshérence de leurs familles politiques. Le NPA doit prendre toute sa place dans cette construction. Un autre choix ne ferait qu’aggraver les sentiments d’impuissance face à une droite de combat et de résignation devant la défaite dont nous menacent des sociaux-libéraux exténués à force de renoncements. Nous sommes nombreux à espérer que vous ferez le choix de la responsabilité. Et de l’espoir...

Article paru dans l’édition du 08.11.09


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