Ségolène Royal s’éloigne du PS

mardi 22 décembre 2009.
 

Ségolène ROYAL joue vraiment avec le feu. En s’obstinant hier à vouloir passer un accord de premier tour avec le MoDem de François Bayrou pour les prochaines élections régionales en Poitou-Charentes, l’ex-candidate socialiste à la présidentielle ne bouscule pas simplement la direction du PS. Elle prend une nouvelle fois ses distances avec le parti, au risque d’alimenter le procès qui lui est régulièrement fait de vouloir larguer les amarres avec le PS qu’elle juge « dépassé » dans sa forme actuelle.

Pourquoi boude- t-elle le lancement de campagne des socialistes ?

Mi décembre, les socialistes ont ratifié leurs listes à Tours. Tous les présidents sortants de région étaient présents. Mais Royal a fait savoir qu’elle ne participait pas à la « photo de famille ». « J’ai toujours mené mes campagnes locales déconnectée des conventions nationales », justifie-t-elle. En fait, Royal n’a pas apprécié que certains de ses fidèles soient écartés des listes socialistes. Son absence est jugée comme « un manque de respect » par l’entourage de la première secrétaire, Martine Aubry. « Qu’aurait-elle dit si la direction du PS n’avait pas été là lors de sa désignation pour l’élection présidentielle ? » interroge un proche d’Aubry.

Lance-t-elle une OPA sur le MoDem ?

La « dame du Poitou » a réitéré son offre d’alliance… quitte à se faire humilier par François Bayrou, qui a qualifié son comportement de « souvent rigolo ». Royal cherche ainsi à assurer sa réélection en Poitou-Charentes. Surtout, elle prépare le terrain pour 2012 en réalisant concrètement « une coalition arc-en-ciel » (allant des centristes aux communistes) seule capable, selon elle, de battre Nicolas Sarkozy. « Quand Bayrou en reste aux déclarations de principe, Royal passe aux travaux pratiques », se félicite le député Gaëtan Gorce. Et tant pis si cette main tendue prend à revers la position du PS votée à l’unanimité : gauche rassemblée au premier tour puis ouverture au second tour. « Les alliances doivent rester l’apanage du parti. Sinon, chacun fait sa popote dans son coin et il n’y a plus de parti », gronde le député Pierre Moscovici.

Peut-elle être sanctionnée ?

Claude Bartolone, pilier de la direction du PS, a été clair : « Ce serait la pire des choses de procéder de telle manière, il faut éviter de tomber dans le piège de la victimisation », explique le député de Seine-Saint-Denis. Il oppose « le PS rassemblé » au… « monde de Ségolène Royal ». Si le risque d’une crise ouverte est écarté, l’ex-candidate à l’Elysée se heurte à la colère de certains socialistes locaux. Pour Pouria Amirshahi, le patron du PS charentais, l’accord avec le MoDem « passe très mal à la base ». « On ne peut pas se faire le chantre de la démocratie participative et tripatouiller les listes à sa guise », s’emporte ce proche de Benoît Hamon.

Peut-elle se présenter en 2012 sans le PS ?

« Ce n’est pas le sujet », conteste un de ses fidèles, le député Guillaume Garot. Mais en multipliant ces dernières semaines les gestes de défiance à l’égard de la direction, l’ex-candidate relance les spéculations sur son intention d’aller, avec ou sans le PS, à la présidentielle. Un jour, elle déplore son « étiolement idéologique ». Un autre, elle appelle à son « dépassement » par « un mouvement puissant et accueillant ». Hier, dans la Vienne, elle a fustigé « le retard des appareils politiques », PS compris. « Elle est dans une prise de champ permanent, mais sans assumer la rupture », décrypte un membre de la direction. Et pour cause : affaibli ou pas, le PS reste une puissante machine à campagnes.


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