La crise et le Sud de L’Europe : réponse de la Gauche Européenne

mardi 9 mars 2010.
 

Déclaration à l’issue d’une rencontre internationale de la Gauche Européenne à Athènes, Grèce

La Gauche Européenne soutient la lutte des travailleurs et des citoyen(ne)s grecs et des autres pays d’Europe du Sud, pour la défense de leurs droits sociaux et économiques, qui subissent les attaques des marchés financiers et des politiques néolibérales autoritaires menées par les gouvernements et l’UE. Les problèmes grecs, portugais et espagnols n’ont pas un caractère national. Le problème est européen, et il remet en cause l’ensemble de la construction néolibérale de l’Europe.

La situation économique de la Grèce ne justifie pas les hauts cris de la propagande qui prétend que le pays serait au bord de la faillite, et ne pourrait pas s’en tirer sans aide extérieure et/ou économies du gouvernement. L’endettement de la Grèce est certes important, mais d’autres pays européens, comme l’Angleterre ou l’Espagne, sont aussi très endettés.

Il est inacceptable de prétendre que la stabilité de l’Euro exige que l’on prenne les mesures drastiques préconisées par les gouvernements des pays de la zone euro, l’Union Européenne, et des organisations internationales comme le FMI ou la banque mondiale. Toutes ces mesures ne font que servir les intérêts du capital, et contribuent à répandre chômage et pauvreté dans l’UE, tandis que dans le même temps les états aident les banques privées à sortir du pétrin à coup de millions d’euros. Aucune stratégie ne permettra de sortir de la crise si elle ne renforce pas l’économie réelle, si elle ne crée pas d’emplois, et si elle n’instaure pas plus de justice dans la répartition des revenus. La condition fondamentale de l’injection de fonds publics doit être la démocratisation des structures de pouvoir et de propriété.

Les gouvernements de Grèce et d’autres pays, principalement de l’Europe du Sud, sont mis en demeure d’engager des programmes de stabilité, prévoyant hausses d’impôts, diminutions des salaires et des prestations qui reposent sur la solidarité, ainsi que la privatisation de l’assurance retraite, tandis que les banques et les multinationales sont mieux traitées qu’elles ne l’ont jamais été. Les taux de profit des banques privées européennes ont connu une hausse sensible parce que l’écart entre les taux d’intérêts des crédits qu’elles obtiennent de la BCE (environ 1%) et les prix qu’elles pratiquent lorsqu’elles prêtent de l’argent aux états (dans le cas de la Grèce, 6-7%) est énorme.

Nous luttons contre ces programmes de stabilité, qui rackettent les états membres, et nous demandons une refondation sérieuse et fondamentale de l’UE, avec sa politique économique et sociale. La lutte pour la démocratie économique, l’exigence de solidarité et la défense des citoyens doivent être des priorités de tous les acteurs de gauche et de tous les acteurs sociaux.

Contrairement aux programmes néolibéraux, nous proposons cinq mesures d’urgence qui devraient faire partie de notre stratégie commune :

1 Faire de la défense de l’emploi, des salaires et des retraites le but prioritaire de toutes les institutions européennes

2 Imposition de toutes les transactions spéculatives et élimination des paradis fiscaux dans l’espace européen.

3 Création d’une agence publique européenne de conseil. Les agences de conseil privées, qui servent les intérêts des spéculateurs, ne seront ainsi plus en mesure de conseiller les états.

3 L’émission d’obligations européennes. Cela permettra aux états d’emprunter à un taux raisonnable.

La Gauche Européenne exprime sa solidarité avec tous ceux qui souffrent de la crise néolibérale capitaliste. La conséquence en est la dégradation des droits de l’homme et des conditions de travail, en particulier celles des jeunes, des femmes, et des immigrés. L’UE devrait se préoccuper en priorité de l’intérêt général des habitants de l’Europe, et non pas des banques et du grand capital.

Pour une première étape de ces activités communes, nous proposons les mesures suivantes :

1) Les partis de la gauche radicale de l’Europe du Sud et la Gauche Européenne décident en commun d’intensifier leur coordination contre les effets de la crise. En même temps, ils lancent un appel à toutes les forces politiques, aux syndicats, aux mouvements sociaux, et aux intellectuels progressistes d’Europe, pour qu’ils s’unissent, puisque la crise n’est pas un problème national, mais un problème global et européen.

2) La date du 24 mars a déjà été retenue par la Confédération Européenne des Syndicats pour une journée d’action européenne. Les partis de la gauche radicale de L’Europe du Sud et la Gauche Européenne participeront activement à cette journée d’action, en organisant plusieurs actions communes dans les Etats Européens, en particulier dans les capitales du Sud de l’Europe, et en faisant avancer leurs revendications et leurs propositions programmatiques.

3) Nous proposons le mot d’ordre commun suivant pour cette mobilisation : « Les peuples européens ne paieront pas pour la crise- Unissons nous pour l’Europe de la solidarité ! ».

Traduction : Claudine Girod


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