Rencontre du PG avec Eric Woerth. Il fait froid à nouveau ! C’est la faute à la droite

lundi 10 mai 2010.
 

Le rendez vous au ministère du travail était à huit heures et quart ! On y était, pile poil à l’heure, à cinq, nombre maximum autorisés. Les cinq disponibles à cette heure et ce jour là. Mais on y était. Je m’amusais de nous voir préparer la rencontre comme des bleus, alors qu’il n’y avait pas un d’entre nous qui n’ai déjà mené des dizaines de délégations dans sa vie. Sans oublier ceux qui avaient déjà négocié avec des ministres et celui…qui a été lui-même ministre ! De toutes les façons on est comme ça ! On ne va pas changer. Maniaques de la démonstration avec des arguments vérifiés dix fois ! On nous avait dit que la rencontre ne servait à rien et ainsi de suite. Peut-être bien se disait-on mais nous on a décidé qu’elle nous servirait à quelques chose. Certes il n’y a pas besoin d’être très malins pour comprendre que ce n’est pas à nous que le ministre ferait des révélations. Pour autant est-ce une raison pour faire le pari que tout n’est qu’une comédie dans la vie publique ? Et cet état d’esprit a payé. Le dialogue a eu lieu. Dans la limite que le ministre avait prévue ? Et alors ?

On y a appris beaucoup de choses. A noter : le ministre du travail Eric Woerth est courtois et répond en s’avançant dans les raisonnements, ce qui est respectueux, à notre point de vue. Cette rencontre de plus d’une heure nous a permis de comprendre les grandes lignes du plan gouvernemental. On verra à la publication du document d’orientation promis pour le 15 mai prochain si nous avons vu juste. Alors nous avons fait le choix d’un compte rendu plutôt précis au lieu du communiqué de rigueur dans ce genre de circonstances qui nous aurait vus faire le service minimum de dénonciation traditionnelles. Je pense que cette attitude a été appréciée de la presse dans la mesure où la dépêche AFP a été assez nourrie et les reprises dans la presse sérieuse assez nombreuses

Pour Eric Woerth, l’augmentation de la durée de vie demande aux salariés de travailler plus longtemps pour financer leurs retraites. La principale réponse au déficit du régime de retraites serait un recul de l’âge légal de départ au-delà de 60 ans et un nouvel allongement de la durée de cotisation. « Le monde » a repris notre analyse. Le gouvernement a démenti « le Monde ». Rien ne serait dit assure-t-on ! N’empêche que le financement par l’allongement de la duré e de cotisation et le report de l’âge de départ est un parti pris clair, conforme a la philosophie gouvernementale. En effet il exclut par avance toute augmentation des ressources pour payer les besoins de financement des retraites. C’est là le cœur de son raisonnement. Pour autant, Woerth se dit d’accord pour envisager des recettes nouvelles. Que les riches se rassurent : tout ça ne va pas loin ! Elargissement de l’assiette à d’autres revenus (finance, épargne), sans plus de précisions, contribution des revenus les plus élevés, tout est flou, ambigu et semble bien symbolique.

Nouvelle ferme : Eric Woerth laisse ouverte à moyen terme le passage aux « comptes notionnels » envisagé par le COR. Autant se souvenir que ce type de « comptes », même enrubanné de vibrantes références à la Suède, paradis du social libéralisme, interdit aux salariés de savoir quel sera le montant de leur pension au moment où ils partiront en retraite. Le ministre promet également des mesures concernant la pénibilité. Tarte à la crème. Sa vision rejoint celle du MEDEF. Ce n’est pas surprenant ! La pénibilité serait attachée à la personne et non au métier. Et d’une. Elle combinerait exposition à des « facteurs de risque » et examens médicaux personnalisés. Et de deux. Bref c’est à la carte et a la tête du client. On peut même imaginer des cas ou un poste de travail exposé sera proposé avec comme appât la perspective d’un accès plus rapide a la retraite. Les futurs morts sont tous des braves types !

Face à notre argument sur le chômage élevé des seniors, le ministre fait le pari que l’allongement de la durée de cotisation et le recul de l’âge de départ en retraite provoquerait un changement culturel dans les entreprises conduisant à conserver plus longtemps les salariés âgés. On peut rire. Il vaut mieux. C’est assez faible par rapport à la réalité de la situation où 60 % des travailleurs qui prennent leur retraite sont déjà au chômage de longue durée. Mai surtout c’est de l’angélisme à propos des motivations des patrons quoi n’ont rien à voir avec « la culture de l’âge ». Et enfin ça ne tient aucun compte du fait que les gens n’en peuvent plus et sont demandeurs de partir et non de rester ! La vraie surprise est d’avoir entendu le ministre clairement écarté l’hypothèse d’une décote supplémentaire liée à l’âge de départ qui pénaliserait les salariés partant à 60 ans. Il reconnaît que cela multiplierait les petites pensions. Il préfère donc contraindre les salariés à travailler plus longtemps pour obtenir leurs droits ! C’est cohérent avec l’analyse qu’on faisait de sa position personnelle sur la question.

Concernant le système de retraite des fonctionnaires, le ministre a indiqué qu’il étudiait la remise en cause de la règle des 6 mois. Mais il a précisé que dans cette hypothèse, il faudrait intégrer les primes dans le calcul des retraites. Et c’est lui-même qui a dit : « cela pourrait coûter plus cher que le système actuel ». Son idée c’est donc plutôt d’aligner le taux de cotisation des fonctionnaires sur celui du privé. Aïe, aïe, aïe ! Concrètement cela ferait un prélèvement supplémentaire de 3 points de plus sur les traitements des fonctionnaires ! L’état lui y ramasserait plus de 10 milliards d’euros. Juteux. Mais très douloureux car cela équivaut à une baisse immédiate du pouvoir d’achat. De cet entretien ressort cependant une unique bonne nouvelle. Eric Woerth a déclaré écarter l’augmentation du taux de CSG des retraités.


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