19 août Début de la crise révolutionnaire italienne de 1920

vendredi 21 août 2015.
 

Il semblait bien, à l’été 1920, que l’heure de la révolution sonnait pour l’Italie.

Le 19 août, à la suite d’une décision patronale de rompre des négociations engagées sur les salaires, la Fédération de la métallurgie avait lancé un ordre de grève. A la tentative faite par certains patrons de faire occuper leurs usines par les carabiniers, la classe ouvrière riposta en occupant elle-même des centaines d’entreprises. Des conseils de fabrique étaient élus, qui souvent entreprenaient de reprendre la production pour leur propre compte. La vague de grèves gagnait les campagnes dans toute la plaine du Pô. La bourgeoisie italienne s’avérait impuissante à reprendre la situation en main par la force.

La classe ouvrière avait fait tout ce qu’il lui était spontanément possible de faire. Pour aller plus loin, pour briser l’appareil d’État de la bourgeoisie et construire le sien propre, il lui aurait fallu une direction décidée à aller jusqu’au bout. Mais le parti socialiste tergiversait, et alors que le problème de l’heure était celui de la prise du pouvoir, la CGT engageait des négociations avec le gouvernement... sur le principe du contrôle ouvrier sur les entreprises. Un accord fut signé sur cette base le 20 septembre, mais deux semaines s’écoulèrent encore avant que les ouvriers n’acceptent de reprendre le travail, après plus d’un mois et demi de grève.

Le plus formidable mouvement social qu’ait connu l’Italie aboutissait à un projet de loi qui ne serait d’ailleurs jamais déposé devant la chambre. Le prolétariat avait usé ses forces dans des luttes stériles, perdu confiance dans ses directions, et la petite-bourgeoise allait se tourner vers un autre sauveur. Deux ans plus tard, ce serait la marche sur Rome et le fascisme.

A la fin de l’année 1920, la révolution semblait partout refluer. En Allemagne, le putsch de Kapp et von Lüttwitz avait bien été brisé, en mars, par la grève générale, mais le jeune parti communiste avait été incapable de profiter de la situation, laissant toute l’initiative à la social-démocratie. Les détachements rouges organisés dans la Ruhr pour lutter contre Kapp furent finalement les principales victimes du rétablissement de l’ordre par les troupes du général Watter. C’était une nouvelle saignée pour les révolutionnaires allemands.


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