Bettencourt femme la plus riche de France et la première fraudeuse fiscale (par Gérard Filoche)

samedi 17 juillet 2010.
 

150 000 euros donnés par Bettencourt à Woerth pour la campagne de Sarkozy. Woerth se dit « outré ». Sarkozy « dément ». Qui les croit ? Qui croit que ce n’est pas possible ? Qui croit qu’il n’y en a pas davantage ?

C’est rare qu’ils puissent être aussi spectaculairement démasqués, la main prise dans le sac. Ces gens qui nous gouvernent et veulent nous voler nos retraites - au nom de la pseudo « rigueur » réclamée par leurs amis banquiers, leurs copains des « agences de notation » et leurs pourvoyeurs de fonds secrets - sont aujourd’hui bien mal.

Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il n’y a pas de preuves au sens judiciaire du terme, ni de procès, ils ne sont pas, et ils s’en vantent, hors la loi, la loi est faite pour eux, c‘est leur monde réel, le rideau a été levé, cela fonctionne aux yeux de tous : entente, connivence, complicité entre gens du même monde. un prêté, un rendu, intérêts bien compris. Le pire, c’est qu’ils s’indignent qu’on puisse s’en indigner.

Ainsi la plus riche femme de France est une fraudeuse fiscale. Qui cela surprend-il ? Claire Chazal l’a interviewé pour TF1, elle l’a honoré des qualificatifs « lucide » « spontanée » « intelligente ». Mme Bettencourt détient 20 milliards (une part non négligeable des 500 premières familles de France qui détiennent 194 milliards). Qui croit que quand les riches s’enrichissent ils aident les pauvres ? Ces gens-là sont des rapaces insatiables, ils n’en ont jamais assez, elle ne paie que 40 millions d’impôts, même pas ce que le fameux « bouclier fiscal » de Sarkozy lui laisse à charge.

Alors elle a des « gens » à elle, chargés de maximiser ces immenses fonds accumulés depuis la fondation de L’Oréal, par Eugène Schueller qui avait mis ses moyens personnels au service du groupe d’extrême droite « Comité secret d’action révolutionnaire » (CSAR), plus connu sous le surnom de La Cagoule dont André Bettencourt faisait partie. Le siège de l’Oréal a abrité de nombreuses réunions de l’organisation. Il y a des traditions bien anciennes et bien solides [1].

Comment Bettencourt s’inscrit-elle dans cette tradition sinon en finançant Sarkozy et les siens ? Pas d’hésitation, elle fait embaucher carrément la femme du Ministre du Budget Eric Woerth, pour faire fructifier son argent. Elle reçoit celui-ci à dîner, fait décorer par lui son gestionnaire de fonds M. de Maistre, devenu patron de Florence Woerth. Elle verse 7500 euros officiellement à la caisse de l’UMP dont le même ministre est le trésorier, et comme cela ne suffit pas, elle verse la même somme à une autre petite caisse privée, dans l’Oise, qui soutient la carrière dudit ministre. Ça, c’est l’officiel, mais elle prélève 50 000 euros par semaine à distribuer en sus [2]. A qui ? Lorsque la secrétaire révèle que c’est aussi à Woerth pour Sarkozy, pas besoin de preuve, c’est ainsi que ce monde-là fonctionne. Sarkozy n’a t il pas dit qu’il fallait arrêter d’embêter Bettencourt, ne pas la faire partir ? N’est elle pas membre du « Premier cercle » des 400 donateurs de l’UMP ? De même que le directeur financier de l’Oréal, Marc Ladreyt Delacharriere (l’homme de Fitch ratings) que Sarkozy a nommé à la tête de l’office public qui vend « Le Louvre des sables » aux émirs d’Abou Dhabi…

N’a t elle pas échappé, elle, au fisc, jusqu’à récemment ? Woerth n’avait-il pas prétendu détenir une liste de 3000 fraudeurs fiscaux en Suisse, avec lesquels il avait choisi d’être discret, secret, et… indulgent ? Comment la femme du ministre qui se rendait fréquemment à Genève pour gérer les comptes de Mme Bettencourt pouvait-elle l’ignorer ? Comment Mme Bettencourt a t elle pu bénéficier d’une opacité fiscale qui lui permette de cacher autour de 78 millions d’euros, sans doute bien plus ? C’est elle-même, avant toute « enquête du fisc », quand le scandale éclate, bien tard, qui a proposé de « régulariser » sa situation…

Eric Woerth a déjà un passé chargé : il a connu des problèmes de gestion de fond financiers dans une association ADO dans l’Oise, il a été lié à Jean-Francois Mancel, dirigeant du RPR qui a été condamné par la justice pour abus de biens sociaux, dans son « micro parti » personnel de l’Oise il affiche Yvonne Cassetta, la trésorière condamnée de Chirac, puis il a été à la tête du cabinet Arthur Andersen Consultings qui a été obligé de fermer, entraîné par la chute du fonds de pension Enron, qui a coulé les retraites de millions d’américains… Dire que c’est à lui qu’est confié la mission de piller nos retraites.

De tout cela, Eric Woerth affirme n’avoir rien à faire, être blanc comme neige, et « outré » qu’on le soupçonne. Mais ce n’est pas du soupçon, c’est de l’évidence. Le peuple n’est pas aveugle. Même si la propagande gouvernementale se déchaîne pour nier tout cela, tout cela est lié, tout cela est logique dans leur monde.

Claire T., qui a travaillé pour la famille de mai 1995 à novembre 2008, soutient :

- que Mme Bettencourt donnait souvent de l’argent aux politiciens de droite, et qu’elle a notamment donné 150 000 euros (200 000 $) à Éric Woerth en mars 2007 ;
- que cet argent lui a été demandé par le conseiller financier de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre. Ce dernier aurait déclaré qu’il donnerait « discrètement » l’argent à Éric Woerth lors d’un dîner. Ce dîner, dit-elle, a eu lieu peu après ;
- que Nicolas Sarkozy a lui-même reçu des enveloppes d’argent au moment où il était maire de Neuilly, en banlieue de Paris, entre 1983 et 2002.

« Nicolas Sarkozy recevait aussi son enveloppe, ça se passait dans l’un des petits salons situés au rez-de-chaussée, près de la salle à manger. Ça se passait généralement après le repas, tout le monde le savait dans la maison. Comme M. et Mme Bettencourt souffraient tous les deux de surdité, ils parlaient très fort et de l’autre côté de la porte, on entendait souvent des choses que l’on n’aurait pas dû entendre. Encore une fois, tout le monde savait dans la maison que Sarkozy aussi allait voir les Bettencourt pour récupérer de l’argent. C’était un habitué. Le jour où il venait, lui comme les autres d’ailleurs, on me demandait juste avant le repas d’apporter une enveloppe kraft demi-format, avec laquelle il repartait. Je ne suis pas stupide quand même, inutile de me faire un dessin pour comprendre ce qui se passait... »

Claire T. a été interrogée à ce sujet lundi par des policiers de la préfecture de police de Paris. Ces derniers agissent dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nanterre après qu’il eut été révélé que des enregistrements pirates ont été réalisés au domicile de l’héritière de L’Oréal par son ex-majordome.

L’ex-comptable de la famille Bettencourt reconnaît d’emblée qu’elle ne peut étayer ces accusations avec des preuves matérielles définitives. Ces révélations n’en ont pas moins eu l’effet d’une bombe dans la classe politique française.

Woerth se dit « être une cible politique » parce qu’il met en cause les retraites. Mais bien sûr : 66 % des Français défendent la retraite à 60 ans, ils sont « choqués », totalement contre le hold-up que Woerth tente de faire, au profit de la finance, contre le niveau et l’âge de nos retraites. C’est insupportable que ce soit un individu comme celui-là qui mette en route la contre-réforme scélérate, qui organise la propagande mensongère sur l’obligation de remettre en cause nos retraites. Comment tolérer que Woerth-Sarkozy veuillent nous priver des meilleures années de retraite ?

Le symbole est là : ils ont protégé et tiré parti de Mme Bettencourt et de 400 autres. La « base » de ce pouvoir, c’est le Fouquet’s. Sarkozy gouverne pour 2% de privilégiés, ce sont ses amis banqueroutiers, et leurs copains notateurs charlatans, il est au service des « hordes de loups irrationnels des marchés » ennemis des peuples grecs, espagnols, portugais, et français, qui ont conduit le monde à une crise financière sans précédent et qui continuent chaque jour…

Il y a donc crise de régime, de légitimité, en France : tout le printemps, l’opinion majoritaire s’est forgée sur la réalité de la situation des retraites, en dépit du bourrage de crâne des grands médias, il y a eu 2 millions de manifestants le 24 juin et on en n’est qu’aux débuts, ça va déferler le 7 septembre… Ce n’est pas un hasard si c’est dans ce contexte que l’affaire Woerth-Bettencourt sert de révélateur.

C’est insupportable d’afficher une telle « affaire », dans notre pays aux salaires bloqués, aux droits du travail mutilés, aux services publics démantelés, soumis à une rigueur antisociale injuste alors que les richesses au sommet n’ont jamais été aussi immenses : cela explose, Woerth doit démissionner, mais Sarkozy aussi, ce n’est pas un remaniement sans enjeu qui est à l’ordre du jour, ce sont des élections anticipées qui s’imposent.

Gérard Filoche Notes

[1] selon Wikipédia, le 4 avril 1939, la société créée en 1909, prend le nom de L’Oréal. Elle s’installe au 14, rue Royale, prestigieuse artère parisienne reliant la place de la Madeleine à la place de la Concorde. Pendant la Seconde Guerre mondiale, André Bettencourt dirigera la revue française collaborationniste, « La Terre Française ». En 1942, Eugène Schueller envoie André Bettencourt en Suisse afin d’« aryaniser » la société Nestlé dont il est devenu l’un des principaux actionnaires. Après la guerre, André Bettencourt rejoint la direction du groupe. L’Oréal-Espagne est créée par Henri Deloncle, le frère d’Eugène, avec le concours de l’Opus Dei, elle employera le cagoulard Jean Filliol, condamné en tant que co-responsable du massacre d’Oradour-sur-Glane[4], lui permettant ainsi d’échapper à l’exécution de sa peine. André Bettencourt épouse Liliane, la fille unique d’Eugène Schueller, en 1950. Son bureau, situé rue Saint-Domingue, deviendra l’une des annexes de l’Opus Dei. L’homme sera secrétaire d’État à l’Information de 1954 à 1955.

[2] C’est une tradition dans ce monde-là. Denis-Gauthier Sauvaignac disposait d’une caisse noire secréte de 600 millions d’euros de l’UIMM pour casser les grèves, il faisait retirer par sa secrétaire des mallettes de 28 à 32 kilos d’argent liquide pour corrompre, acheter, financer les meilleurs serviteurs dévoués du patronat, du Medef. "Je me sens salie" avait dit Laurence Parisot, (trois ans après elle ne s’est pas lavée, elle a même perdu ses procès) avant d’avouer : "beaucoup savaient inconsciemment". C’est pareil, Sarkozy allait chercher ses mallettes chez Bettencourt, puis Woerth ses chèques et les petits à côtés... ils le nient tous mais "beaucoup savent inconsciemment"...


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