Région Limousin : L’union jusqu’au bout

samedi 4 décembre 2010.
 

J’ai été élue sur une liste Front de gauche + NPA + Alternatifs, « Limousin, terre de Gauche ». La campagne a été extrêmement unitaire et fraternelle, et a montré qu’au contact les uns des autres, les positions et les pratiques finissent par s’homogénéiser. Nous avons pu bâtir un projet régional en utilisant la méthode de l’élaboration collective. Il faut reconnaître que le sens des responsabilités de nos partenaires a facilité l’union.

Il faut aussi souligner le courage politique du PC qui a su accepter de passer de 5 à 3 élus, et de laisser à tête de liste en Creuse au PG (ainsi que le sens de l’éthique politique qui a été le leur entre les deux tours). Il faut enfin souligner que le NPA a permis l’union en acceptant de se situer dans le cadre du texte du Front de gauche du 28 octobre (et la position « ni toujours ni jamais » sur les exécutifs).

C’est la nature de cette campagne qui justifie sans doute (entre autres explications  !) le score enthousiasmant de 19,1 % que nous avons obtenu au second tour des régionales. Tout ceci est important pour comprendre la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.

Notre position au sein de l’institution est tout à fait particulière : nous n’appartenons ni à l’opposition (car nous sommes de gauche !) ni à la majorité puisque le PS a jugé entre les deux tours que l’union que nous représentons est incompatible avec une gestion socialiste.

Le premier viceprésident ayant même été jusqu’à dire que les socialistes ne voulaient pas « mettre le pyromane dans le camion de pompier » ! Il s’agissait d’exclure le NPA et, d’une façon bien plus large, la nouveauté politique que nous représentons. Il nous a été cependant proposé des viceprésidences à l’issue du second tour. Nous avons fait le choix de la cohérence  : en l’absence d’accord politique avec le PS, les assumer aurait signifié s’aligner sur la ligne du PS sans garantie de pouvoir peser sur les choix. Nous nous sommes cependant déclarés ouverts pour un travail constructif en commission et avons donc la charge de deux présidences de commission, développement économique et éducationformation.

J’ai en charge cette dernière et suis également membre de la commission agriculture et de la commission permanente.

Le travail de groupe s’engage bien : nous avons su préserver entre nous l’esprit de la campagne. En ce qui concerne notre travail dans les commissions, nous devons faire face à des attitudes diverses de nos collègues socialistes. Certains sont dans la tentative de dialogue, d’autressontfermés.Nousavonsdemandé une remise à plat des règlements d’attribution des subventions. Cela fait grincer des dents.

Nous avons déjà eu l’occasion de marquer notre différence par rapport à la majorité PSEE sur l’enjeu national des retraites mais également sur un dossier aux enjeux locaux. Il s’agit de la construction d’une usine de méthanisation à Guéret par une entreprise privée.

Ce n’est pas ce projet d’usine en soi qui nous pose problème mais le fait que l’entreprise privée en question ait acheté deux fermes (300ha et d’autres fermes seront peut être concernées) pour faire pousser des céréales afin d’alimenter de digesteur. Notre interrogation portait sur la maîtrise des prix du foncier (que de tels investissements ne peut que faire croître) et l’enjeu de la disparition d’un nombre toujours croissant d’hectares pour des usages autres que la production agricole alimentaire. Qu’on puisse laisser une entreprise privée investir dans l’achat de terres agricoles nous paraît dangereux. Nous avons demandé à ce que le conseil régional joue son rôle au sein de la SAFER. Nous pensons qu’une réflexion sur la maîtrise publique du foncier doit être menée afin d’éviter l’appropriation par de grands groupes de terres agricoles et pouvoir répondre à l’enjeu de la souveraineté alimentaire.

Laurence Pache

Laurence Pache

Née en 1974, Laurence Pache est professeure de philosophie et enseigne à des classes terminales technologiques et générales, ainsi qu’à des étudiants de BTS arts appliqués.

Elle a commencé à militer dès l’université en participant à des mouvements étudiants de différentes ampleurs.

La mobilisation en soutien à un étudiant marocain menacé d’expulsion de la fac Toulouse le Mirail et le grand mouvement de 1995 ont été des temps forts de cet engagement. « C’est à cette époque que j’ai rencontré des camarades de l’ADS et participé avec eux à la création de la CAP (Convergence pour une alternative progressiste). Le souci qui nous animait alors était de reconstruire une alternative politique crédible à la gauche du PS, qui ne renonce pas à remettre en cause la logique du capitalisme libéral », expliquetelle.

A la suite de nombreux militants de la CAP, Laurence a rejoint les Verts (en 2000), « pour créer les conditions de cette alternative autour d’un projet faisant de l’écologie un outil pour penser la question sociale ». Elle plaçait un grand espoir dans le parti historique de l’écologie politique, mais le débat autour du traité constitutionnel européen a joué le même rôle de clarification idéologique qu’il a joué à l’intérieur du PS et elle a quitté les Verts.

Début 2009, elle rejoint le Parti de gauche, qui entendait mettre l’écologie politique au centre de son projet : « la création du PG et l’impulsion donnée à un rassemblement politique à la fois sûr de ses valeurs et désireux d’être majoritaire dans le pays réalise une aspiration que j’avais depuis le début de ma vie militante : protester oui, mais pas seulement. Gouverner oui, mais pas n’importe comment. »


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