Climat : Les dernières études scientifiques assombrissent le diagnostic

vendredi 3 décembre 2010.
 

Les négociations de la conférence de Cancún (Mexique), ouverte ce lundi 29 novembre, se fondent sur un diagnostic scientifique bien souvent obsolète. Celui-ci repose sur le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), rendu début 2007. Les nouvelles connaissances accumulées depuis dressent un tableau à bien des égards plus sombre.

Banquise arctique

Les modèles utilisés dans le dernier rapport du GIEC prévoyaient une disparition de la banquise arctique estivale autour de la fin du siècle. Le retrait de la glace de mer s’est cependant brutalement accéléré depuis le milieu de la décennie. En septembre 2007, l’étendue de banquise a connu un minimum de 4,2 millions de km2, très inférieur aux quelque 6,5 millions de km2 relevés en moyenne à la même époque de l’année, entre 1979 et 2000. Des travaux récents menés à l’université de Washington suggèrent que la masse totale de banquise chute plus vite encore que son étendue : son épaisseur se réduit, elle aussi, à vitesse accélérée.

Aujourd’hui, nombre de spécialistes considèrent que la banquise arctique pourrait avoir disparu en été bien avant le milieu du siècle, voire dans la prochaine décennie.

Niveau de la mer

L’élévation de la hauteur des océans est l’une des questions sujettes aux plus fortes incertitudes. En fonction des -scénarios de développement, le dernier rapport du GIEC tablait sur une élévation à la fin du siècle -comprise entre 20 cm et 60 cm environ.

Ces calculs ne tenaient pas compte du glissement des glaciers du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest dans la mer, alors nouvellement documenté. Or les dernières observations satellites montrent que ce phénomène s’accélère. Selon les récents travaux d’Isabella Velicogna (université de Californie à Irvine, JPL), les deux inlandsis perdraient actuellement à eux deux près de 500 milliards de tonnes de glace par an, près de deux fois plus que dans la première moitié de la décennie.

Les derniers travaux situent ainsi l’augmentation prévisible du niveau marin entre 50 cm et 150 cm environ en 2100, avec des disparités régionales importantes, dues à des phénomènes géologiques locaux.

Acidification des océans

Domaine de recherche encore marginal au début des années 2000, l’étude de l’impact du CO2 sur la biologie des écosystèmes marins n’a pas été l’un des points forts du dernier rapport du GIEC. Les travaux les plus récents montrent qu’une part du CO2 produit par les activités humaines se dissout dans l’océan et en acidifie les eaux de surface.

Cette acidification fragilise les organismes dotés d’exosquelettes de calcaire (planctons, coquillages, etc.), plus ardus à former lorsque l’acidité augmente. Ses effets à moyen et long terme sont désormais l’objet de nombreuses recherches, la difficulté étant, selon Jean-Pierre Gattuso, chercheur au Laboratoire d’océanographie de Villefranche (CNRS, université Paris-VI), « d’évaluer sur la durée la capacité de ces organismes à s’adapter à ce phénomène ». L’ampleur des effets sur la biologie marine est très débattue. Une récente étude suggérant un effet massif sur le phytoplancton déjà intervenu depuis un siècle est en particulier au centre d’une vive controverse.

Stéphane Foucart

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