Limeil-Brévannes Le maire prêt à faire évacuer un quartier en raison de gaz toxiques(3 articles)

mardi 25 octobre 2011.
 

... Que risque-t-on en vivant à proximité de la montagne de déchets à Limeil ? Si la semaine dernière, lors de son déplacement sur le site, le préfet soulignait l’absence de risque pour la santé des riverains, le son de cloche est tout autre du côté de la mairie.

Aujourd’hui, le maire, Joseph Rossignol (Parti de gauche), n’envisage rien moins que l’évacuation du quartier des Musiciens, qui jouxte cette décharge à ciel ouvert, soit 26 pavillons.

L’Etat a commencé le processus d’évacuation de la butte de déchets industriels déposés illégalement par la société LGD Développement. Les déchets prenant feu régulièrement (en raison de la présence de méthane), l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) assure le refroidissement de ce brasier en l’arrosant.

Problème : les eaux de ruissellement sont chargées de soufre, à l’odeur caractéristique d’oeuf pourri, qui incommode depuis août la population. « En effet, ces eaux sont rejetées dans le réseau d’eaux pluviales et l’odeur de soufre se dégage des bouches d’égouts. Dès le mois d’août, j’ai fait procéder à des mesures d’H2S (NDLR : hydrogène sulfuré) par l’entreprise la Lyonnaise des eaux et la DSEA (Direction des services de l’environnement et de l’assainissement du Val-de-Marne). Ces mesures étant en contradiction avec celles de l’entreprise chargée du suivi du chantier (GRS Valtech, une filiale de Veolia), j’ai fait poser aux frais de la commune deux sondes paramétrées afin de récupérer une mesure toutes les quatre minutes.

Les résultats enregistrés sur deux semaines et qui m’ont été communiqués vendredi soir sont alarmants », alerte l’élu dans un courrier adressé hier à la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko- Morizet. L’hydrogène sulfuré est un gaz toxique qui pénètre par les voies respiratoires et y être exposé peut être fatal. « Manifestement, l’usine de traitement des eaux mise en place sur le site n’est pas efficace. Ils l’ont d’ailleurs déjà changée trois fois, constate l’élu. Les mesures de nos deux sondes sont prises dans les regards d’eau pluviale. Sur celle installée à proximité de la butte, nous avons des pointes à 1200 ppm (NDLR : partie par million, terme utilisé par les scientifiques) d’H2S, sur l’autre, posée près des habitations, la sonde enregistre parfois plus de 600 ppm. Tous mes interlocuteurs me disent que cela s’évacue rapidement mais... » Le risque mortel est en effet évalué à plus de 1000 ppm.

Du côté de la préfecture, le discours se veut toujours rassurant. « Il ne s’agit pas de teneurs mesurées à l’air libre : de ce fait, il n’y a pas de risque pour la population », insiste-t-elle dans un communiqué. Des mesures supplémentaires ont toutefois été prises : le processus de traitement des eaux mis en place va être renforcé pour abaisser encore plus le seuil des rejets de soufre dans le réseau des eaux pluviales, et les mesures de surveillance de la qualité de l’air vont être complétées par de nouveaux dispositifs, en complément de ceux déjà existants.

En effet, le maire veut faire poser aujourd’hui une nouvelle sonde en hauteur, à proximité des habitations. Si le seuil de 10 ppm apparaît, seuil de premières toxicités, l’évacuation des riverains sera diligentée par la ville.

Christine Mateus

Source : Le Parisien

3) À Limeil-Brévannes, que la montagne (de déchets) est laide

La société LGD et son gérant étaient poursuivis hier en correctionnelle pour avoir accumulé dans cette ville du Val-de-Marne un énorme amas de déchets qui provoque éboulements et départs de feu.

Une municipalité contre une montagne de déchets. À Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), des résidus de matériaux de construction, entassés par l’entreprise LGD dans la zone industrielle de la ville, forment un amas de 25 mètres de haut et 200 mètres de long. Cette montagne instable provoque des éboulements et des départs d’incendie « quotidiens », selon la municipalité. Constitués partie civile, l’État, la ville et une association de riverains, l’Adrerg, ont déposé plainte. Hier, la société LGD, en liquidation judiciaire, et son gérant étaient poursuivis devant le tribunal correctionnel de Créteil pour « dépôt illégal de déchets dangereux ».

« Complaisance » de l’état

Dans un courrier adressé à la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, daté du 7 juin, le maire en appelait à ce que l’État « assume ses responsabilités » et fasse « procéder dans les plus brefs délais » à l’évacuation des déchets de ce site. Selon les estimations officielles, il faut 9 millions d’euros pour dégager cette butte. « Il y a une situation extrêmement pénalisante pour l’environnement », a répondu la ministre, affichant le souci que « le problème ne dégénère pas en catastrophe locale ». « Cette entreprise a menti, sur le volume et la nature des déchets », a conclu la ministre. Mais, pour le préfet, qui rejette la faute sur l’exploitant, « ce n’est pas à l’État, dans un premier temps, d’assurer l’évacuation de ces déchets ».

Élus et riverains pointent la « complaisance » de l’État. En 2002, LGD s’était installée à Limeil sans autorisation. Au moment du changement de législation, alors que le gérant préparait sa régularisation, une enquête publique a été ouverte et l’association de riverains a dénoncé les nuisances occasionnées par la décharge. Mais le préfet de l’époque a suivi l’avis favorable de ses services. En 2008, le maire tirait de nouveau le signal d’alarme, sans que l’État ne remette en cause la conformité du site. Et, un an plus tard, le monticule commençait à se former. En novembre 2010, l’entreprise a été placée en liquidation judiciaire, laissant sur place ses détritus inflammables.

Mehdi Fikri

2) Limeil-Brévannes : Premières actions de l’Etat contre la montagne de déchets

Au lendemain d’une réunion publique qui a fait se déplacer 600 habitants de la ville réclamant son départ après une série d’incendies quasi quotidiens depuis le mois de mai sur cette butte de 25 m de haut, le préfet du Val-de-Marne, Pierre Dartout, a annoncé hier la mise en place d’un plan d’urgence pour répondre « provisoirement » aux inconvénients et aux risques éventuels liés à la présence de ces 150000 t de gravats en tout genre rue Albert-Garry.

L’annonce a été faite sur le site, au pied de la montagne qui dégageait encore ses fumées nauséabondes. Une annonce relayée au même moment à Guérande (44) par Nathalie Kosciusko- Morizet, ministre de l’Ecologie, en marge du comité interministériel de la mer (Cimer). Un plan d’urgence a effet immédiat puisqu’un premier canon à eau était arrivé sur les lieux pour arroser la montagne et 11 autres suivront mardi. En effet, le tas prend régulièrement feu en raison du méthane qui s’échappe des déchets. Désormais, aux premières fumées, un arrosage se déclenchera immédiatement. Un dispositif chapeauté par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), qui surveillera le site 24 heures sur 24. un coût de 150 000 €

Pour éviter toute intrusion et des éboulis, le représentant de l’Etat a également indiqué que le périmètre sera prochainement clôturé. Enfin, les services de l’Ademe poursuivront les analyses de l’eau, notamment celle qui ruisselle après les interventions, et des fumées dégagées par les incendies pour détecter d’éventuels « produits toxiques nocifs pour la population ». Les premiers résultats devraient intervenir avant la fin du mois. Coût de ce plan d’urgence : 150000 € pour une durée de trois mois renouvelable.

Parallèlement, et ce pour la première fois, un dispositif issu du Grenelle sera appliqué à Limeil (lire encadré). Il permet de demander aux industriels qui ont confié le traitement de leurs déchets à LGD, la société incriminée, de les reprendre, de les traiter eux-mêmes ou de financer leur traitement. «  Mon objectif est de trouver une solution le plus rapidement possible, a précisé Nathalie Kosciusko- Morizet lors de son déplacement en Loire-Atlantique. On est en train de rechercher ces producteurs de déchets initiaux et donc c’est difficile de donner un calendrier. »

« Je constate surtout qu’elle ne répond pas à notre demande de débloquer les fonds (NDLR : 9 M€) pour évacuer les déchets », analyse de son côté le maire de la ville, Joseph Rossignol (Parti de gauche). Cette semaine, l’élu lui a en effet adressé un courrier dans ce sens. « Ces premières mesures sont positives mais nous n’avons pas le temps d’attendre. Il faut enlever ce tas immédiatement. L’expert qui a été désigné par le tribunal administratif de Melun (après la demande de la mairie d’un référé constat) m’a confirmé qu’il faudrait entre six mois et deux ans pour enlever ces déchets. Cela représente 15000 camions pour le faire », ajoute l’édile. En attendant, la construction du futur quartier écolo des Temps-Durables, qui jouxte la butte, se poursuit. Les premiers lotissements sont attendus pour juillet 2012.

Christine Mateus

1) 600 personnes contre la montagne de déchets

Source : Le Parisien du 10 juin 2011

Mobilisation tous azimuts pour obtenir le départ de la montagne de déchets de Limeil-Brévannes. Hier soir, quelque 600 personnes ont assisté à la réunion organisée par la ville à la demande des associations pour faire un point sur le dossier et évoquer les actions à mener dans les semaines à venir.

Le maire, Joseph Rossignol (Parti de gauche), a ainsi rappelé toutes les démarches engagées depuis des années. Dernière en date : le courrier adressé à la ministre de l’Environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet. En ce sens, il a été rejoint hier par une élue voisine, Cécile Duflot, qui a pris sa plume en sa qualité de conseillère régionale. Tout comme l’opposition brévannaise, rappelant que «  l’Etat doit se substituer sans attendre aux éventuels coupables de cette situation », selon Françoise Lecoufle. Le député (UMP) Didier Gonzalès a également demandé une entrevue à NKM. « Nous devons aller chercher les 9 M€ nécessaires à l’évacuation du tas auprès de la ministre », insiste le maire de Limeil. Certains habitants étant prêts à aller manifester devant le ministère s’il le faut.

De son côté, les associations de riverains - l’Adrerg, la Soufrière - ont rappelé l’urgence à faire évacuer ces 150000 t de déchets. « Il faut que ça parte le plus vite possible », témoigne, la voix étranglée par les sanglots, Sarah Bartlett. La pétition et les 3000 signatures ont été adressées à «  tous les responsables politiques », souligne Jean-Claude Peter, de l’Adrerg. Y compris au président de la République. « Quand cette montagne ne sera plus là ? » se demande cette future habitante des Temps-Durables, le quartier écolo en construction juste à côté de la montagne de déchets. Une fois les 9 M€ débloqués, « l’évacuation peut se faire en deux ou trois mois », indique Joseph Rossignol. « 

Le préfet m’a assuré qu’en juillet ce serait fini », a-t-il également fait savoir, suscitant quelques ricanements de la salle.

Le Comité de défense des contribuables brévannais (CODB), qui par le passé a déjà bloqué les rues de Limeil, s’interroge : « Faudra-t-il revenir à ce moyen pour faire entendre notre désarroi auprès des autorités ? » D’autres habitants évoquent aussi le danger des fumées, notamment pour les enfants de l’école Marquèze, à proximité. « Ma fille de 3 ans et demi respire ces fumées. Ma femme aussi, avec un bébé de 2 mois. Si on évacuait l’école, ça pourrait faire bouger », suggère un père de famille. « Pourquoi ne pas équiper les habitants d’un masque, dans l’attente des résultats des analyses ? » avance cet habitant.

Un autre Brévannais n’y va pas par quatre chemins, s’adressant aux politiques. « Cela fait sept ans que ça n’avance pas. Sans nous, vous ne ferez rien. Combien de temps, on va accepter cela ? La population doit venir avec nous pour sonner les cloches de ces magouilleurs. »

Agnès Vives


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