Réponse à Jacques Bidet La tragique désunion de la gauche antilibérale par Yvon Quiniou Philosophe

mardi 2 janvier 2007.
 

... La désunion de la gauche anti-capitaliste a bien d’autres sources que le choix actuel des communistes, et M. Bidet n’en souffle mot. Elle vient d’abord de l’incapacité des trotskistes (Lutte ouvrière, Ligue communiste révolutionnaire, Parti des travailleurs) de dépasser un contentieux avec le PCF qui date de l’époque où il était stalinien et qui n’a rigoureusement aucun sens aujourd’hui. Ce sont eux qui, dès le départ, ont décidé de candidatures séparées, ont affaibli le camp antilibéral et lui ont interdit de peser réellement sur la politique d’un éventuel gouvernement socialiste par un score qui aurait pu dépasser largement les 10 %.

Plus profondément, leur analyse de la social-démocratie française bloque toute perspective de transformation sociale à court ou moyen terme : en l’assimilant purement et simplement au social-libéralisme, sans voir sa spécificité au sein du mouvement socialiste européen, ils s’interdisent et interdisent au mouvement antilibéral de contribuer, directement ou indirectement (à travers un soutien parlementaire, par exemple), à des réformes susceptibles d’inverser le cours actuel des choses.

Au nom d’un projet radical dont la réalisation, si elle est souhaitable, est subordonnée à un rapport de forces qui n’existe pas, ils risquent de renforcer le pouvoir de la droite en 2007 et de lui permettre de détruire les acquis sociaux que l’histoire commune des socialistes et des communistes avait patiemment obtenus au XXe siècle. Là est la vraie farce, sauf que dans ce cas elle sera suivie de la tragédie.

Yvon Quiniou est agrégé de philosophie et membre du comité de rédaction de la revue "Actuel Marx".


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